Chapitre 60 : Des confidences dans l'infirmerie
Chapitre 60 : Des confidences dans l'infirmerie.
-Tu comptes faire quoi ? Me priver de sortie, m'empêcher d'aller en Roumanie ?
Percy Weasley soupira profondément. Ils s'étaient extraits de la gargouille et avançait dans le couloir avec vitalité. Il allongea le pas.
-On parlera de ça plus tard. Je ne pensais pas qu'ils avaient pris tant d'avance, comment on va ... ?
-Oh ... Attends, j'ai une idée.
Lucy fouilla les poches de sa cape. Ses doigts effleurèrent le parchemin, indécis. Elle jeta un regard troublé à son père, qui la lorgnait avec suspicion. Il finit par soupirer :
-Vas-y, je ferais comme si je n'avais rien vu.
Sa fille lui renvoya un sourire ravi et sortit la Carte de sa poche pour la déplier. C'était elle qui l'avait dans les mains quand Oncle Harry était arrivé et elle s'était empressée de la cacher dans sa cape. Les yeux de Percy roulèrent dans leurs orbites.
-Vous me prenez franchement pour un imbécile. Tu crois vraiment que je n'ai jamais vu Fred et George s'en servir ? Donne-moi ça !
Il prit le parchemin des mains de Lucy, et y plaqua sa baguette. Il récita la formule rituelle sans sourcilier, à la plus grande stupeur de sa fille.
-Je ne savais même pas qu'elle avait été à oncle George, s'étonna-t-elle alors que son père fouillait la carte. Je pensais qu'elle avait été faite par le père de Harry, puis ...
-Elle a été confisqué et Fred et George l'ont trouvée et donnée à Harry ensuite, expliqua succinctement Percy. Les idiots, ils pensaient que je ne voyais rien ... Je ne disais rien, plutôt. Qu'est-ce qui se serait passé si mes parents avaient su ...
-Grand-père n'aurait rien dit ...
-Oh détrompe-toi, ma chérie. Premier principe de ton grand-père : ne te fie pas à un objet si tu ne peux pas voir où se trouve son cerveau. (Il secoua la carte avec un sourire). Tu le vois, là ?
-Non, admit Lucy avec un certain malaise. En revanche, je vois que les Zabini ...
Percy consulta la carte et Lucy le vit hocher la tête. Ils accélérèrent le pas et il surprit une fois de plus sa fille en la faisant passer par des passages secrets – que parfois elle-même ne soupçonnait pas.
-Ne me regarde pas comme ça, s'agaça-t-il alors qu'il refermait le tableau d'une vieille sorcière devant un chaudron derrière lequel ils étaient passés. Quand tu es préfet, tu dois connaître toutes les techniques, avoir tous les bons tuyaux, c'est parfaitement normal. Sinon, comment veux-tu faire régner l'ordre ?
-Avoue que tu t'en servais aussi pour aller embrasser ma prof de potion dans les couloirs, railla méchamment Lucy.
-Par pitié, soupira-t-il, le coin des lèvres frémissant. Ne parle pas de ça à ta mère.
Lucy eut un sourire mutin et suivit son père dans les corridors. Elle savait que son père, plus que tout autre, était parfaitement au courant de leur enquête et de tout qu'ils avaient découvert – peut-être était-ce pour cela qu'il était venu, plus que pour elle. C'était pour cela qu'elle s'était permis cette blague – gratuite, certes, mais qui permettait s'évacuer la tension. Percy jeta un nouveau coup d'œil sur la carte et s'immobilisa.
-Ils ne sont pas loin, chuchota-t-il alors. De l'autre côté de ce couloir. Il ne faudrait pas qu'on ait l'air de les pister ...
-On fait semblant de se disputer, proposa Lucy avec un autre sourire. Ça ne devrait pas être trop compliqué ...
-Ne me tente pas, Lucy.
Les yeux de la jeune fille roulèrent dans leurs orbites. Elle prit la carte des mains de son père, marmonna « méfait accompli » avec la pointe de sa baguette et la rangea dans sa cape. Puis elle sourit et haussa la voix :
-J'ai quand même sauvé James. C'est ce qui compte, non ?
Percy lui jeta un regard dérouté, avant de comprendre. La commissure de ses lèvres se releva quand il entonna :
-Je ne dirais pas que ça ne compte pas, mais tu fais tout de travers, en ce moment, Lucy. (Il reprit sa marche en avant, vers le couloir où ils avaient localisé les Zabini). Franchement, tu as pensé à tes BUSE ?
Lucy leva les yeux au ciel. Les silhouettes des Zabini se devinaient au loin, mais elle s'efforça de ne pas trop les détailler pour répliquer :
-Et toi tu ne penses qu'à ça ! Si je ne faisais rien avec les informations que j'avais ...
-Que tu as caché ! Pourquoi tu n'en as pas parlé, Lucy ? Ça aurait été la chose la plus raisonnable à faire ...
-Pour qu'on me mette tout sur le dos et qu'on me croit coupable ?
Le regard de Percy s'adoucit légèrement. Lucy savait que c'était une dispute factice, mais leurs mots ressemblaient tellement à ce qu'ils auraient pu dire qu'elle en était troublée.
-Franchement, Lucy, reprit son père avec une douceur qui n'était ni factice, ni coutumière. Tu crois vraiment que je t'aurais considérée comme coupable ?
Lucy ouvrit légèrement la bouche, sa répartie la fuyant soudainement. Avant qu'elle n'ait pu réfléchir à une réponse décente, son père secoua la tête et leva les yeux sur le couloir. Son visage se crispa, pourtant ce fut d'une voix pleine de cordialité et de surprise qu'il s'exclama :
-Ah, Zabini ! Vous êtes partis beaucoup trop vite, je n'ai pas eu le temps de vous dire que je devais m'entretenir de certaines choses avec vous.
-Vous me cherchiez, Monsieur le sous-secrétaire d'état ? murmura le père de Luke.
Lucy sentit son sang se glacer dans ses veines quand le regard polaire d'Enoboria se posa sur elle. Les yeux de la jeune fille passèrent furtivement sur Luke, appuyé sur le mur, l'air trop digne pour être net.
-Absolument pas, mentit Percy avec un air étonné. J'emmenais Lucy à l'infirmerie, mon aînée nous y attend.
Lucy fit des efforts colossaux pour ne rien laisser paraître. Certes, la capacité de son père à mentir l'impressionnait – mais ils auraient peut-être dû s'accorder avant. Car Molly, ça changeait tout, et elle n'était plus si sûre de vouloir descendre.
-Mais puisque je tombe sur vous ... Puis-je m'entretenir de quelques sujets importants ? Lucy ma chérie, tu connais sans doute le chemin ...
-Bien sûr, s'empressa de répondre sa fille.
Le regard d'Enoboria Zabini ne laissa rien transparaitre, pourtant Lucy fut certaine qu'une ombre était passée sur son visage.
-Mais bien évidemment, Monsieur le sous-secrétaire d'état, déclara-t-elle avec aplomb. Luke, si tu veux bien nous attendre ...
-A vrai dire, je comptais sur Luke pour accompagner Lucy, enchérit alors Percy d'un air innocent. Par les temps qui courent, je ne préfère pas laisser ma fille seule dans les couloirs ... De toute manière, nous risquons d'en avoir pour un moment. Ça concerne les commissions qui auront lieu une fois que la loi d'Amnistie sera votée.
-Elle le sera ? s'enquit alors Luke d'une voix beaucoup trop rauque.
Lucy sentit son cœur s'emballer quand son regard sombre se posa sur elle. Elle ne sut rien déchiffrer, et cela l'angoissait davantage. Percy eut l'ombre d'un sourire.
-Il y a de grande chance pour la loi soit votée, mais comme vous avez dû le découvrir – il faudra que l'on reparle de cela également, Lucy – ce sera du cas par cas avec des commissions pour chaque personne touchée par les régimes spéciaux.
-En toute impartialité, je suis sûre, répliqua sèchement Enoboria.
Percy hocha la tête, comme si cela allait de soi et invita les Zabini à le suivre. Lucy tenta de ne pas lui sauter au cou quand il passa devant elle avec un sourire rassurant. Elle se retrouva rapidement seule dans le couloir avec Luke et attendit que les pas de leurs parents s'éloignent pour s'approcher de lui, un air innocent peint sur le visage.
-Alors, on va voir ma sœur ? Tu vas t'éclater, il paraît qu'elle veut me tuer, vous pourrez vous mettre à deux sur moi.
-Oh, la ferme Weasley. Je crois qu'il n'y a que mon imbécile de père qui n'a pas compris cette mascarade.
-Grillée, admit Lucy avec un sourire coupable. Il n'empêche que si on veut que la mascarade continue, il faut aller à l'infirmerie.
Luke lui jeta un regard noir. Maintenant qu'elle était face à lui, elle remarquait son teint blême et la lueur brisée dans ses yeux. Qu'avait-il pu se passer en si peu de temps ?
-Luke ...
-Weasley, non, refusa-t-il immédiatement en se redressant. On y va.
Lucy hocha tristement la tête, reconnaissant l'air buté sur le visage de son ami. Ils se mirent en route et la jeune fille se promit d'aller chercher Eléonore dès que possible. Mais il marchait lentement, comme s'il avait du mal à prendre son souffle. Sa tête se balançait et il ne cessait de passer une main sur son visage.
-Luke ...
-Ça va, Weasley.
-Non, ça ne va pas. Tu veux qu'on s'arrête, que ...
-Ça va !
Mais visiblement, ça n'allait pas. Son visage continuait de pâlir au fil des pas et il finit même par trébucher. Lucy lui rattrapa le bras in extremis, le cœur au bord des lèvres.
-Sinon ça va, siffla-t-elle alors qu'elle sentait Luke trop faible pour se dégager. Sinon, non, tu n'as aucun problème ...
-Weasley ... S'il te plait ...
Lucy remarqua alors que, loin de se dégager, il s'appuyait légèrement sur elle, comme si ses jambes ne pouvaient plus le soutenir. La jeune fille ravala ses commentaires et l'inquiétude lui serra le cœur. Elle passa un bras sur sa taille pour le soutenir et elle fut consternée de voir qu'il ne protesta pas le moins du monde. Elle n'y tenait plus.
-Luke ... Qu'est-ce qui s'est passé ? Et ne me dit pas « rien » !
Elle lui jeta un bref coup d'œil. Son teint était toujours blafard et il semblait respirer avec difficulté. Ses yeux étaient fixés sur un point à l'horizon, sans doute pour s'éviter de vaciller.
-Je pourrais te dire ... quand on sera au calme ?
-D'accord, accepta-t-elle à regret. L'infirmerie, ça te va donc ?
Luke hocha la tête avec lenteur. Lucy tenta d'allonger le pas – son ami commençait à s'appuyer de plus en plus sur elle et son poids se faisait sentir – mais Luke avait visiblement du mal à retrouver sa vitalité. Ils descendirent les escaliers avec difficultés et Lucy crut que son cœur allait s'arrêter de battre quand la pointe de son pied se posa sur la marche piégée. Finalement, quand le couloir de l'infirmerie fut en vue, Luke était si affalé sur Lucy qu'elle-même ne tenait plus franchement sur ses jambes et menaçait de s'effondrer. Elle leva le regard sur la porte et vit trois personnes en faction devant, dont une qui bondit sur ses pieds, le regard aussi flamboyant que ses cheveux.
-Molly ! gronda Lucy d'une voix sourde. Si tu veux m'engueuler, attends un peu et viens m'aider !
Ce ne fut pas Molly qui se précipita vers elle, mais Fred, qui prit résolument le bras de Luke pour le passer derrière sa nuque et l'enlaça.
-Qu'est ce qui s'est passé, cette fois ? s'étonna la dernière personne présente, à savoir Gethin Scampers.
-Ouvre, on en discute après !
Gethin s'exécuta et lui et Molly tinrent les portes de l'infirmerie alors que Fred, Lucy et Luke s'y engouffraient. Une certaine agitation régnait dans la pièce et la préfète comprit pourquoi quand sa tante Ginny sortit des rideaux qui dissimulaient James, le feu dans les yeux.
-Fred ! Je pensais t'avoir dit de ... Oh Par Merlin qu'est-ce qui se passe encore ?!
-Ginny ! la réprimanda Hannah en la suivant. James se repose, baisse d'un ton !
Le visage de la femme de Harry Potter se colora de la même couleur que ses cheveux. Hannah se précipita vers Luke, qui s'était affalé sur le lit en se prenant la tête entre les mains, le souffle court. Elle le força à s'allonger, posa une main sur son front, et ses poignets.
-Luke Zabini, soupira-t-elle avec un regard pour Ginny. Oui, il fallait s'en douter ...
Elle palpa le visage du préfet, malgré les maigres efforts de celui-ci pour le repousser.
-Lucy peut rester, évalua-t-elle alors. Le reste sort.
Molly et Gethin ouvrirent la bouche pour protester mais la décision d'Hannah était sans appel et ce fut Ginny Potter en personne qui les mit dehors. Avant qu'ils ne passent la porte, Lucy réussit à retenir Gethin et à lui glisser à l'oreille :
-Tes frères sont chez McGonagall.
Elle n'en n'ajouta pas d'avantage et le regard profond et déterminé que Gethin lui jeta lui donna raison. La présence d'Alan n'avait pas l'air de le surprendre – peut-être en parlait-il avec Molly ? – et il devait deviner quelle était la teneur de l'entretien de ses frères avec la directrice. Avant de décamper, il prit Lucy dans ses bras et la jeune fille put constater à quel point il avait grandi. Il lui arrivait à peine en dessous du menton et elle ne doutait qu'il ne la rattrape l'an prochain.
-Merci Lucy.
C'était soufflé, à peine murmuré, mais Lucy l'entendit. C'était étrange, mais entendre ça lui donna les larmes aux yeux et elle serra le petit frère d'Adam contre elle. Depuis ce matin, c'était la première personne qui la remerciait pour ce qu'elle avait fait, sans lui crier dessus, sans ironiser, sans lui dire qu'elle était inconsciente, sans lui jeter des regards vexés. Finalement, Gethin finit par s'arracher et par suivre Fred à l'extérieur. Molly fut la dernière à sortir, les yeux plissés.
-Je n'en ai pas fini avec toi, la prévint-t-elle avant de suivre les garçons.
-Lucy ma grande, va me chercher la Potion de Force sur l'étagère là-bas, demanda alors Hannah en pointant distraitement le doigt vers un coin de l'infirmerie. La fiole orange. Et Ginny donne-moi le chocolat qui est sur la table de nuit de James.
-Ça a des vertus thérapeutiques le chocolat ? s'étonna-t-elle alors que Lucy se précipitait vers les étagères.
-Non, mais ça fait toujours du bien au moral.
Lucy finit par trouver la fiole orange dont lui parlait Hannah et la saisit avec précipitation. Son cœur battait la chamade. Elle voulait savoir ce qui se passait dans la vie de son meilleur ami, définitivement. Elle tendit la fiole à l'infirmière, qui la versa dans un verre avant de la donner à Luke. Le jeune homme se redressa infiniment mais repoussa le verre de la main. Hannah claqua la langue, agacé.
-Tu vas arrêter de faire ton coq fier, jeune homme, tança-t-elle avec humeur. Allez, bois avant que je ne te fasse avaler ça par la force ! Et après tu vas nous raconter ce qui s'est passé – tu nous crois toutes stupides, ou non ?
Luke dévisagea l'infirmière avec des yeux éberlués. Un mince sourire s'étira avec difficulté sur ses lèvres.
-Un peu ?
-L'arrogance de son père, soupira Ginny en secouant la tête. Hannah je te le laisse – excuse-moi jeune homme, mais ton père et moi on ne s'aimait pas franchement à l'école. Lucy ? J'ai deux mots à te dire.
-Ça ne peut pas attendre ? gémit la jeune fille, autant par désir de rester avec son ami que par souci d'éviter une confrontation avec sa tante.
Car à bien des égards, Ginny était la plus effrayante de toute – sauf peut-être Fleur, l'unique qui avait réussi à faire pleurer James en le grondant, ce qui restait un exploit à ce jour. Son regard était animé de la même lueur qui flambait dans les yeux de Mamy Weasley. Mais elle désigna sèchement le coin qui dissimulait James et Lucy la suivit, la mort dans l'âme. Son moral remonta quand elle vit son cousin dans son lit, ronflant toujours allégrement, en position fœtale. Quelqu'un – tante Ginny sans doute – lui avait coupé les cheveux et avait vainement tenté de les dompter.
-Comment il va ? ne put s'empêcher de demander Lucy.
-Il est dans le gaz. Il se réveille de temps à autre sans trop rien reconnaître et en marmonnant des choses étranges, mais c'est normal, selon Hannah. Il lui faut le temps d'émerger.
Malgré le visage impassible qu'elle abordait, Lucy entendit l'infime tremblement dans la voix de sa tante. Elle passa une main sur le visage de son fils avec une infinie douceur, avant de se tourner vers Lucy.
-Qu'on soit clairs, jeune fille. Je n'approuve pas la moitié de ce que tu as fait – seulement la moitié, parce que l'autre j'aurais sans doute fait pareil, à ton âge. Et avec tout ce qui s'est passé cette année, je suis franchement tentée de te secouer comme un prunier, mais je vais laisser ce loisir à ton père.
Lucy rentra la tête dans les épaules. Le regard de Ginny était à nouveau devenu inflexible.
-Pour autant ... Je te remercie de l'avoir fait.
Et sur ce, malgré son air réprobateur et ses yeux durs, elle l'enlaça doucement. Cette fois, Lucy se sentit craquer. Ginny sentait le Terrier, la douceur de vie, la course de longue haleine sur un balai. Elle sentait chez elle. La Weasley, tout ce qu'était Lucy. Les larmes dévalèrent sur ses joues sans qu'elle ne puisse l'arrêter et elle se laissa aller contre sa tante, qui raffermit sa prise sur elle.
-Chut ... Doucement Lucy, c'est fini, la rassura-t-elle en caressant ses cheveux. C'est fini ma belle, calme-toi, tu as réussi ...
-Je n'ai rien réussi du tout, hoqueta Lucy, la gorge serrée. C'est Shannon et Lysander qui ont fait l'antidote. Moi j'ai juste ... j'en ai juste fait qu'à ma tête. J'ai cru que j'en étais capable, mais j'ai juste ... j'ai juste écouter mon orgueil, comme papa ... J'ai juste réussi ... A me mettre tout le monde à dos. Molly et papa attendent juste que les choses se tassent pour me sauter à la gorge – comme la moitié de la famille ... J'ai voulu faire retrouver son frère à Adam et il doit sans doute me détester maintenant pour ça, d'avoir fait ça dans ton dos, sans le consulter. J'ai ... j'ai réussi à entrainer Luke dans un complot qui risque de lui faire passer le pire été de sa vie. Je n'aurais pas dû, j'aurais dû penser qu'il ... Que la directrice elle ... elle appellerait ses parents. Que ça aurait des conséquences, je sais que ça se passe mal chez lui, mais je ne sais pas ce qui se passe, j'ai ... juste réussi à le mettre en danger.
Un sanglot lui échappa. Elle ne sut pourquoi elle racontait tout cela – ni pourquoi elle le racontait à Ginny. Elles n'avaient jamais été particulièrement proche – sa tante l'était plus de Rose, ou même de Roxanne. Tout ce qu'elle savait, c'était que ses mots avaient besoin de sortir. Ginny ne disait pas un mot, se contentant de caresser ses cheveux, avec des gestes lents, doux et apaisants, attendant que sa nièce ait fini de vider son sac. Lucy prit une grande respiration.
-Je ... je suis juste fatiguée, acheva-t-elle alors. Je ... je viens de passer une nuit blanche, je jongle sur plein de fronts depuis les vacances – la potion, le Quidditch, les BUSE – J'en ai marre, je veux juste ... rentrer à la maison.
Mais elle n'avait jamais vraiment eu de maison. Ce qu'elle avait, c'était un grand appartement sinistre dissimulé au cœur de Londres et qui était vide et froid la plupart du temps. Ce n'était pas un lieu dans lequel elle souhaitait aller. Elle avait envie du Terrier. Cette constatation fit redoubler ses pleurs et Ginny la prit à bout de bras. Elle sécha une larme sur le visage de sa nièce et repoussa une mèche qui s'était collée à sa joue.
-Tout cela, ça va s'alléger. Tu n'aurais plus à penser à la potion. Ni à l'enquête. Harry se chargera de tout et si tu as le moindre problème, tu sais que tu peux lui faire confiance et aller lui en parler. Et le Quidditch ... Oh Lucy, je sais que ça peut paraître important, j'étais comme toi à ton âge, je vivais pour le Quidditch. Mais n'oublie pas que ... ce n'est qu'un sport, d'accord ? Le jour où le Quidditch devient plus une pression qu'une passion, c'est qu'il est temps d'arrêter. Alors voilà ce que je te conseille : concentre-toi sur tes BUSE, d'accord ? Je sais que c'est déjà une pression en soit, mais évacue tout cela en jouant. C'est un équilibre à trouver.
Lucy hocha mollement la tête et essuya les larmes d'un revers de main. Ginny lui tendit un mouchoir qu'elle accepta pour enfuir son nez dedans et y souffler comme une trompette. Cela arracha un sourire à sa tante.
-Tu te mouches comme ton père – et comme Grand-père, aussi, une vraie fanfare ! Ne t'inquiète pas pour eux. Je sais que, malgré ce que tu laisses penser, ton père t'intimide – le grand Percy Weasley très humble et très sérieux. Mais ce n'est qu'une façade. Il est venu plusieurs fois me voir, depuis que James ... (sa voix se brisa et elle secoua la tête). Il s'inquiétait pour toi, Lucy. Enormément. Il aurait voulu t'envoyer plus de lettre mais il ne savait pas quoi écrire. Il est juste un peu maladroit. Alors quand il viendra te voir ... Ne monte pas sur tes grands chevaux, d'accord ? Laisse-le parler. Ce ne sera pas si terrible que tu ne le crois. Quant à Molly, elle est mignonne et j'adore sa nouvelle amie – elle nous l'a présenté la semaine dernière, une fille charmante – mais ce n'est pas à elle de te faire des réprimandes, d'accord ? C'est ta sœur, pas ta mère.
Lucy opina du chez et gratifia sa tante d'un sourire mouillé, mais reconnaissant. Ginny le lui renvoya et l'embrassa sur le front. La porte de l'infirmerie s'ouvrit alors à la volée et la plus jeune des Weasley s'arracha à sa nièce pour retourner en furie vers l'infirmerie.
-Fred, j'espère que cette fois ce n'est ... Oh Percy !
Lucy sentit son cœur manquer un battement et émergea doucement des rideaux pour voir son père dans l'encadrement de porte. Il n'était pas seul. Eléonore Zabini l'accompagnait, et elle se précipita sur son frère dès qu'elle le vit dans le lit. Lucy vit d'ici ses yeux se charger de larme et de fureur.
-En plein Poudlard, cracha-t-elle en prenant les mains de son frère. En plein Poudlard cette vieille harpie ...
-Norie, la supplia Luke d'une voix encore faiblarde.
-Non ! Franchement, là elle dépasse les bornes ! Ce que tu as fait c'était quelque chose de bien, de juste ! Quelque chose qui redore le blason des Zabini au lieu de le souiller comme elle le fait ! Pourquoi elle voulait ... qu'est-ce que ... ?
La voix s'Eléonore fut réduite à un filet de voix alors qu'elle levait le regard sur Percy, qui les contemplait avec des yeux sombres.
-Désolée, monsieur Weasley, bredouilla-t-elle avec contrition. Je ... Je me suis laissée emportée, je crois ...
-Il n'y a pas de problème, Miss, l'excusa Percy avec délicatesse.
Il prit une chaise et s'assit aux cotés de Luke. Lucy ne bougea pas d'un pouce, figée par le regard grave que son père adressait à son meilleur ami.
-Maintenant, nous allons parler en toute franchise, Luke. Il n'y a personne dans cette infirmerie, si ce n'est mon neveu endormi et l'infirmière dont je veux qu'elle entende ce que vous avez à nous dire.
-Qu'est-ce qui vous dit que j'ai quelque chose à dire ? répliqua Luke.
-Oh tu vas t'adresser à ceux qui veulent t'aider sur un autre ton, jeune homme ! s'indigna Hannah avec un regard assassin. Et cessez de nous prendre pour des idiots, je suis infirmière et pas aveugle : à chaque retour de vacances je te retrouve dans le même état : faiblesse, esprit perdu, manque de sommeil flagrant ... Tu crois que je n'ai pas remarqué que c'était pour toi qu'Henry Llod venait chercher des Potions de Force à chaque début de trimestre ? Maintenant il est temps d'arrêter de nous prendre pour des imbéciles. Si tu veux que ça s'améliore, il faut nous en parler.
-Si vous voulez que Lucy et ma sœur sortent, je pense qu'elles y consentiront, ajouta Percy avec bienveillance. Mais il vous faut nous parler de ce qui se passe chez vous – de ce qui s'est passé dans le couloir. Ça ne sortira pas de cette pièce.
Le regard de Luke passa de Hannah à Percy, et Lucy vit vaciller la résolution dans ses yeux. Eléonore lui pressa la main.
-Ils ont raison, Luke.
-Mais, protesta-t-il néanmoins. Ce ... Ce n'est rien ...
-Si, c'est quelque chose.
Lucy n'aurait pas voulu intervenir, mais pourtant, les mots s'échappèrent de sa bouche sans qu'elle ne puisse l'en empêcher. Le regard de la pièce se tourna vers elle et à sa plus grande horreur, elle sentit les larmes lui remonter aux yeux. Elle les chassa d'un battement de cil. Luke posa les yeux sur elle et elle soutint son regard sombre. Il était épuisé, tiraillé. Finalement, après une minute de silence insoutenable, il lâcha du bout des lèvres, sans quitter Lucy du regard :
-Ma mère est une legilimens.
Lucy fronça les sourcils sans comprendre. En revanche, Percy hocha la tête l'air compréhensif et Hannah lui fit des gros yeux.
-Et ... elle force ton esprit, c'est ça ?
Luke hocha laconiquement la tête et détourna les yeux de Lucy. Eléonore serra un peu plus les doigts de son frère. Ses yeux brillaient.
-Elle est assez douée, continua Eléonore, la voix brisée. Avec moi ça va ... Je la laissais effleurer mon esprit, voir ce qu'elle voulait voir. Quand je sentais son esprit effleurer le mien ... Je pensais souvent à mes cours ou à Marcus. Au Quidditch, à la limite. Elle était satisfaite et me laissait tranquille.
-Je ne suis pas aussi tranquille que Norie, ricana amèrement Luke. Je ne supportais le moindre effleurement, de sentir sa présence. Alors je résistais. Si je résistais, elle partait du principe que je lui cachais quelque chose et ... elle forçait.
-En même temps tu l'as toujours cherché, répliqua Eléonore avant de se tourner vers Hannah. Luke n'a jamais su faire profil bas ... Il fallait toujours qu'il trouve le moyen de faire enrager nos parents. Ça a empiré, quand il est entré à Poudlard.
Son regard passa brièvement sur Lucy avant de retourner sur Hannah. Lucy sentit ses doigts se crisper sur les rideaux, et son cœur montait à ses lèvres.
-C'est grave ? demanda-t-elle timidement. Quand on force ton esprit ?
-Lucy, entonna doucement Ginny en la prenant doucement par l'épaule. Ça a des impacts physiques, quand on force ton esprit. Ça te demande beaucoup de force de résister, je pense ... (elle leva son regard brun sur Luke). Je suppose que ça explique ta faiblesse, non ?
Luke haussa les épaules.
-Je vous avais dit, c'était rien.
-Rien ? répéta Percy d'une voix sourde. Enfin Luke ... La violation de l'esprit, ce n'est pas rien et si ça n'en tenait qu'à moi, la légilimentie serait strictement encadrée pour éviter des abus de ce genre. Forcer l'esprit de quelqu'un, ça peut finir par le briser psychologiquement. Si à chaque vacance elle te fait subir ce traitement ... Par Merlin, Luke. Ça prouve que tu as une grande force mentale, pour avoir tenu jusque là.
Luke rougit jusque la racine des cheveux et jeta un regard incertain sur Percy. Lucy sentit son cœur se gonfler de reconnaissance pour son père.
-Bien ..., entonna alors son père. Entamé une procédure serait longue, mais ...
-Une procédure pour quoi ? s'enquit brusquement Luke. Pour que vous me retiriez de chez moi ?
Les sourcils de Percy se haussèrent devant le ton ouvertement hostile du préfet.
-Pourquoi pas ? Ça t'éviterait à subir tout cela vacances après vacances, tu pourrais ...
-Je ne veux pas de votre pitié.
-Luke ! sifflèrent Lucy et Eléonore en même temps.
Cette dernière agrémenta sa remarque d'une tape derrière la tête. Ses yeux flamboyaient quand elle se tourna vers Percy.
-Ecoutez monsieur Weasley ... Je vous remercie de votre proposition, elle nous touche. Mais comme vous le dites, une procédure serait beaucoup trop longue. En avril prochain, Luke aura dix-sept ans. Je pense que ... (ils échangèrent un bref regard). Oui, on peut tenir jusque là.
-Vous ne voulez même pas que l'on interfère ? s'étonna Ginny, les yeux écarquillés. Que j'aille rappeler à Zabini à quel point je jette bien les sortilèges de Chauve-Furie ?
-Ginny, ne t'en mêle pas, répliqua Percy en levant les yeux au ciel. Néanmoins, je suis d'accord sur le fait qu'on puisse prévenir vos parents que s'ils se passent quoique soit ... La loi d'Amnistie ne s'appliquera pas à eux. Un des critères est une exemplarité irréprochable du point de vue de la citoyenneté.
-Vous êtes gentils, reprit Eléonore avec un sourire amer. Mais qu'est-ce qui se passera pour nous si nos parents savent qu'on vous a parlé ?
-Je serais plus subtil, promit Percy solennellement. Bien évidemment, je me baserais sur les rumeurs, et parlerez plus de violence physique si cela peut brouiller les pistes.
Luke et Eléonore échangèrent un nouveau regard, avant que l'aînée ne hoche la tête en signe d'acceptation.
-Et faites peser les soupçons sur mon père, conseilla Luke, visiblement à contrecœur. C'est comme ça qu'on fait depuis des années.
-Et ça marche très bien, ne put s'empêcher de grommeler Lucy.
Un mince sourire s'étira sur les lèvres de Luke.
-Ne râle pas, Weasley.
-Et en attendant ..., poursuivit enfin Percy avec un regard sévère pour Luke. Fais attention. Adopte la méthode de ta sœur. Fais profil bas. Quand tu sens ta mère effleurer ton esprit, pense à des choses bégnines. Essaie de faire comme si tu t'étais assagi.
-Et laisse-nous sauver tes fesses quand on te le propose, ajouta vertement Lucy. Parce que là franchement, ce n'était pas faute d'essayer.
-Je sais. Désolé Weasley.
Les yeux de Lucy roulèrent dans leurs orbites alors qu'Eléonore jetait un regard incendiaire à son frère. Percy eut un mince sourire.
-Néanmoins, soyez-en certain. Si j'ai écho du moindre incident, j'interviendrais, que vous le vouliez ou non.
Le frère et la sœur Zabini baissèrent le nez et Hannah les regarda en secouant la tête, l'air réprobatrice. Lucy comprit que si cela ne tenait qu'à elle, elle aurait retiré les enfants à leurs parents sans tarder. Quelques coups furent toqués à la porte de l'infirmerie et la tête de Fred passa doucement dans l'entrebâillement.
-Non tante Ginny promis je viens pas voir James ! promit Fred en levant les mains en signe d'innocence. Les Scampers sont là et ils disent que la directrice vous réclame, Mônsieur le sous-secrétaire d'état auprès de Mâdame la Ministre.
-Ça suffit, Fred, soupira Percy, plus las qu'agacé. J'arrive. (Il se tourna vers Luke et Eléonore, le visage grave) Au moindre problème, n'hésitez pas à me contacter, je ferais tout pour me rendre disponible.
-Moi aussi venez me voir, proposa Hannah avec empressement. A toute heure, de tout temps. Dois-je prévenir la directrice, peut-être ?
-Vous n'allez pas prévenir la terre entière non plus ? s'agaça Luke en se redressant brusquement.
Mais cet effort parut trop grand et il se laissa retomber dans ses coussins. Percy eut un sourire indulgent.
-Seulement votre directrice. Ça je n'ai pas le choix, je suis désolé. Comme je dois aller la voir maintenant. Je vous les laisse, d'ailleurs, Hannah. Lucy ? Tu m'accompagnes ?
-Bien ... Ça dépend, je peux frapper Luke avant de partir ?
-Lucy !
Près de la moitié de la salle avait prononcé son nom d'un air agacé mais Luke éclata d'un rire étranglé. Lucy eut un petit sourire et Ginny la poussa dans le dos pour l'inciter à avancer. La jeune fille rejoint son père, et après un dernier sourire pour Luke, elle s'engouffra dans le couloir à la suite de son père. De l'autre côté, Fred était assis en tailleur sur le sol, Molly adossée au mur juste à côté d'eux. Gethin et Alan étaient en face, parlant à voix basses, une distance pourtant abyssale entre eux. Gethin semblait avoir les yeux rouges quand il les posa sur Lucy.
-Adam est là-bas, indiqua-t-il d'une voix étouffée en pointant l'autre bout du couloir. Je crois que ta cousine le dispute.
-Roxanne ? devina Lucy en discernant les éclats de voix plus loin.
-Ouaip, confirma Fred avec un sourire. Elle avait l'air assez remontée. Et elle l'est aussi contre toi, si tu veux savoir.
-Comme tout le monde, ricana Molly.
Lucy lui jeta un regard noir et fut surprise de voir son père faire de même. La main de Percy se plaça au creux du dos de sa fille, et l'incita à avancer.
-Je vais voir la directrice, dit-il à Molly. On se reverra sans doute au Ministère – si vous n'oubliez pas d'y aller, ton cousin et toi.
-T'inquiète, oncle Perce, le rassura Fred avec un sourire goguenard. Je n'emmènerais pas ta fille sur les chemins de l'école buissonnière.
-Oh droite comme elle a l'air, ça doit être un sacré défi, commenta Alan.
-On vous a demandé votre avis à vous ? répliqua Molly. Occupez-vous de frères.
-Oh, je crois que je ne peux rien faire pour Adam, dans l'immédiat. Dites-moi, Fred, elle est dangereuse, votre sœur ?
-Moins que Lucy.
-Va te faire voir.
-Lucy !
Pour marquer sa réprobation, Percy la poussa encore plus et ils avancèrent dans le couloir. Lucy jeta un regard noir à Fred. Au détour d'un couloir, elle aperçut Roxanne, qui agitait les bras d'un air énervé et Adam, les bras croisés devant elle, stoïque. Elle accrocha à peine son regard avant qu'il ne soit hors de sa vue.
De toute manière, il fallait qu'ils parlent.
Son père lui donna un mouchoir et Lucy le fixa dans comprendre. Il sourit doucement.
-Tu n'arrêtes pas de renifler. Enrhumée ?
-Mouais, marmonna-t-elle en acceptant le mouchoir. On va dire ça.
Elle se moucha bruyamment, provoquant le léger éclat de rire de son père. Puis son visage se fit à nouveau grave et il entonna :
-Je pense que je n'aurais pas le temps que j'aurais voulu pour te parler. Ma chérie, ce n'est pas que je ne veux pas m'occuper de toi mais ... Je dois retourner au Ministère au plus vite, je ne sais pas si nous aurons une autre occasion de parler ...
-Tu as plus important à faire, le coupa Lucy, le nez toujours dans le mouchoir. Je comprends, t'inquiète.
Elle se mordit immédiatement la langue en remarquant la lueur presque blessée dans les yeux de son père. Le conseil de Ginny lui revint alors en mémoire et elle regretta de l'avoir interrompu.
-Lucy, je ne suis pas venu pour me battre avec toi. Je suis venu parce que je sais qu'en père je n'ai pas toujours été très présent et qu'il me semblait important que je le sois là. Non, pas pour t'engueuler, comme tu peux le penser. Parce que je sais que les choses n'ont pas dû être facile pour toi ses derniers temps.
Il marqua un temps d'arrêt. Lucy se tut religieusement, malgré les dizaines de piques qui lui venaient à l'esprit.
-J'ai commencé à m'inquiéter après la parution de l'article dans La Gazette ... Je sais que vous avez toujours eu connaissance de mon ... passé, toi et ta sœur, mais le voir étalé sur au vu et au su de tout Poudlard ... Et puis toutes ses histoires qui me sont parvenues au compte-goutte ... Le dragon, l'inondation ... Et chaque fois, ma fille qui se jetait dans l'œil du cyclone ...
Lucy se sentit rougir face au regard intense de son père. Maintenant qu'elle y réfléchissait, c'était un miracle qu'elle soit sortie indemne tout cela avec les risques qu'elle avait pris. Ses parents avaient dû se ronger les sangs ... Elle resongea à tous ces moments, ces moments où elle avait cru écouter son courage pour arranger la situation ... mais si c'était une autre voix qu'elle avait écoutée, toutes ces fois où elle avait fait quelque chose de dangereux ? Les larmes lui montèrent aux yeux et elle les chassa d'un battement de cil. Elle avait l'impression de réaliser pour la première fois ce qu'elle avait réellement vécu ces dernières semaines.
-Tu avais raison ... j'en ai vraiment un brin ...
-Un brin ? répéta Percy, surpris. Mais de quoi ?
-D'orgueil ... D'hybris ... Je pensais que c'était du courage mais en fait ... J'étais trop sûre de moi. Trop certaine d'avoir la solution, d'être la seule à l'avoir et ... j'ai fait tout ça mais papa ... ça aurait pu tellement mal tourner ... ça tourne mal – regarde Luke ...
Sa voix s'étrangla à moitié au nom de son meilleur ami. Elle ignorait pourquoi elle se livrait ainsi à son père. Sans doute parce qu'il était le seul à comprendre ce que c'était, d'être poussé par cette voix intérieure et de comprendre qu'elle l'envoyait dans des mauvaises directions. Peut-être parce que cette voix venait de lui. Une lueur entendue s'alluma par ailleurs dans les yeux de Percy. Il retira ses lunettes pour en nettoyer le verre d'un pan de sa cape.
-Ah .... Le fameux défaut familial ... Oui, j'ai toujours su que tu en avais un brin et que c'était en partie pour ça que tu as atterri à Serpentard. Je ne mentirais pas en disant que je n'avais pas peur de te voir devenir exactement comme moi ...
La gorge de Lucy se ferma et elle détourna les yeux en attendant que le couperet tombe. Mais la seule chose qui tomba fut la main de Percy sur son épaule. Ses doigts la serrèrent avec une surprenante douceur.
-Mais tu n'en as qu'un brin, en fin de compte, souffla son père. Tu n'as pas la flamme que j'avais : tu as juste qu'il te faut pour voir mieux, plus loin sans que cela ne te détruise. Et c'est contrebalancé par tellement de choses positives chez toi ... Tu as des valeurs, Lucy. Tu es loyale, intelligente, courageuse. Ce sont des moteurs aussi puissants que l'orgueil chez toi : il ne faut pas que tu sous-estimes leur rôle.
Lucy observa son père, une boule au fond de la gorge. Elle n'avait jamais autant reçu de compliments venant de lui ... qu'il vint atténuer en ajoutant l'air un peu plus sévère :
-Alors évidemment ce que tu as fait c'est inconsidéré et stupide. Bien sûr que si tu étais venu me voir avec les informations que tu avais, je t'aurais cru et je t'aurais aidé. Et ça m'a fait mal de constater que ... tu n'avais pas assez confiance en moi pour cela. Que tu préférerais te débrouiller toute seule plutôt que me demander de l'aide.
Il ricana un peu.
-Je pense que ça illustre parfaitement comment j'ai échoué en tant que père.
-Echouer ... Oh papa.
Lucy lui prit le bras pour le forcer à s'arrêter et à lui faire face. Son père, si stoïque, si sûr de lui, si froid, si obsédé par la réglementation de la taille des fonds de chaudrons ... Sa carapace de parfait politicien commençait à se fendiller.
-Mais enfin, bien sûr que non, non tu n'as pas échoué ... Au contraire, tu ...
-C'est gentil de me remonter le moral, ma fille, soupira Percy en reprenant sa marche en avant. Mais cesse de m'interrompre, je ne compte pas te faire monter tous les étages de Poudlard, il faut que tu t'occupes de ton ami.
-C'est bien ce que tu as fait, ne put s'empêcher de dire la jeune fille. Pour Luke.
-La moindre des choses.
Lucy le dévisagea un instant. Puis, sans réfléchir outre mesure, elle lui sauta au cou et déposa un baiser sur sa haute pommette.
-C'est beaucoup. Merci, papa.
Percy resta un instant figé, sans réagir. Puis ses bras se refermèrent sur sa fille avec automatisme et elle se laissa aller contre son torse. Il était grand et filiforme. Et il avait maigri depuis la dernière fois qu'elle l'avait enlacée – et quand était-ce ? Lucy n'avait aucun souvenir. Ça devait faire une éternité ... Et ça n'arriverait plus de ci-tôt. Alors elle se contenta de profiter, de respirer son odeur. Il sentait le vieux parchemin, le Ministère. Mais aux fins fonds de sa cape, au cœur des fibres de tissu, au sein même de son être, lui aussi sentait le Terrier. Il sentait la maison. Il était chez elle.
-Merci à toi, ma chérie, murmura alors Percy à son oreille. De ramener le courage dans notre famille.
Lucy sentit les larmes lui monter aux yeux. Elle serra son père un peu plus fort contre elle. Tant pis.
McGonagall attendrait.
***
Allez, fin de la salve ! Je posterais de nouveau quand j'aurais le temps - je taffe à une heure de chez moi, quand je rentre je suis HS et en ce moment j'ai envie d'écrire pour de vrai (oui, O&P. Oui, du Simoria. Je vais changer ma fic et ne faire que du Simoria si ça continue. Vous n'imaginez pas à quel point j'aime les écrire)
BREF. A plus les gens !
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