Chapitre 46 : Réveiller Poudlard
OK, j'ai essayé de rallonger au maximum mais je n'ai pas trouvé. Donc ça fait un chapitre un peu court ... Mais j'espère qu'il vous plaira quand même. Bonne lecture !
***
Chapitre 46 : Réveiller Poudlard
Lucy avait échappé de peu à l'interrogatoire de Shannon en partant avant elle avec Adam de la Salle sur Demande. Ils avaient passé la soirée à cuisiner Gethin et avaient réussi à lui faire répertorier toutes les fois où elle avait essayé de s'en prendre à lui et son carnet. C'était sûr, la préfète de Serdaigle en voulait à se carnet mais pourquoi ? Quel intérêt avait-il pour elle ? La seule conclusion qu'ils avaient pu en tirer était que celui qui commandait à Laureen savait ce que contenait ces pages et par extension, avait connaissance du don de l'enfant.
Cette pensée avait alerté Lucy et elle commençait sérieusement à songer qu'il y avait un raccord à faire entre ce qui se passait à Poudlard et Gethin. Quelqu'un était au courant de son don de Voyance – et voulait s'en servir. S'ils voulaient protéger efficacement Gethin, il fallait informer les autres de sa particularité, mais Adam refusait toujours cette possibilité, et Gethin n'était pas rassuré de mettre entre les mains de gens qu'ils ne connaissaient pas son destin. Alors Lucy était descendue dans sa Salle Commune frustrée et fâchée contre son buté de petit-ami qui ne voulait entendre aucun de ses arguments. Même quand elle le croisa le lendemain avant d'aller déjeuner, son visage était fermé comme lors de leurs pires moments de froid, pendant ces temps où elle voulait encore étriper Gethin Scampers.
-Je ne dirais rien aux autres, fit Adam avant que Lucy n'ait pu ouvrir la bouche.
-Je venais juste te dire bonjour, mais c'est ton droit de me sauter à la gorge, railla Lucy avec froideur.
Elle voulut entrer dans la Grande Salle d'un air digne, mais Adam l'attrapa par le bras, et la mena plus loin, à l'abri des regards pour planter ses yeux dans les siens.
-Je suis désolé, je ne veux pas être désagréable, et encore moins me disputer avec toi. Mais Gethin a le droit à la tranquillité.
-Mais il ne l'a pas, Scampers ! Tu crois que ce que Laureen fait ça lui donne sa tranquillité ? La quiétude ?
-Non, mais je pense que Laureen a vraiment eu peur de Shannon, l'autre fois. Elle le laissera tranquille.
-Shannon, parlons-en ! Elle n'est pas idiote, Scampers et plus subtile et droite que moi. Elle ne va pas tarder à venir te harceler pour savoir ce que sa cousine voulait à Gethin. Et comme ça la touche personnellement, je pense qu'elle voudra vraiment savoir ce qui se trame. Sans compter que je vois sa cousine Arwen coller aux basques de Gethin. Et Lily ! Tu sais que je la vois rôder autour de Gethin, en ce moment ? Et si je peux te dire une chose c'est que c'est ma digne cousine !
Adam laissa échapper un infime grondement et lâcha Lucy pour se prendre la tête entre les mains. Cette histoire semblait le dépasser totalement depuis que Laureen était apparue dans l'enquête et qu'ils tentaient de la raccrocher au reste. La préfète s'engouffra dans la brèche.
-Shannon est loyale et intelligente. Comme tu l'as dit, elle est capable de garder Laureen loin de Gethin. Luke se pose de plus en plus de question, ce n'est pas un imbécile, déjà hier j'ai échappé de peu à un interrogatoire – dis merci à Dorothy qui m'a kidnappé pour savoir quelle couleur de ses cheveux il fallait enlever ! Et il sait garder un secret. Lui aussi c'est quelqu'un de loyal. Et je ne m'appesantirais pas sur les nombreuses qualités de Lysander. Si tu veux protéger efficacement Gethin – et donc qu'il soit tranquille – il faut que tout le monde ait les cartes en main. Toi et moi, on ne peut rien faire.
-On se débrouille assez bien.
-La preuve, c'est Shannon qui a dû le sauver à la Salle des Trophées, et Lily la dernière fois.
Adam jeta un regard à Lucy où se mêlait désarroi et obstination. Lucy soupira profondément. Elle adorait Adam. Il se pouvait même qu'elle s'attache de plus en plus à lui, de manière toujours plus tendre, avec des palpitations étranges qui la prenait chaque fois qu'il lui souriait. Mais Merlin qu'elle avait envie de l'agripper par le col et de le secouer comme un prunier dès qu'il était question de Gethin ...
-Je ne vais pas me battre contre toi. De toute manière, la décision ne revient pas à toi, mais à Gethin. Je t'expose juste mon point de vue.
-Gethin a trop souffert de ça, Lucy, rappela Adam d'un air penaud.
-Justement, la souffrance, ça semble être un peu la spécialité de notre groupe.
Il ne répondit pas, se contentant de passer une main dans ses cheveux. Lucy voyait qu'elle voulait simplement le bien de son frère, mais selon elle, il s'y prenait mal.
-Je vais y réfléchir, marmonna-t-il en haussant les épaules. Mais bon. Comme tu dis, ce n'est pas à moi de prendre la décision.
-Et Gethin saura prendre la bonne. Après tout, il est un peu aidé. Même pour trouver ses chocolats de Pâques.
La vanne qu'elle pensait pitoyable ne devait pas l'être tant que ça, car Adam esquissa un demi-sourire.
-Désolé pour hier, s'excusa-t-il alors en frottant sa nuque d'un air contrit.
-Ton inquiétude pour ton frère fait ressortir ce qu'il y a de pire en toi, j'y suis habituée, répondit la jeune fille d'un air digne. Mais j'aimerais que tu arrêtes de me considérer comme si je ne connaissais rien et n'y comprenais rien. Je comprends très bien ce qui se passe.
Le visage d'Adam était légèrement incliné, et il la regardait à travers ses cils d'un air gêné. Il ne le faisait pas exprès, mais le résultat était plus adorable qu'autre chose et Lucy pesta contre sa faiblesse quand elle s'avança pour poser un baiser de dépit sur sa joue.
-Ça va, ne me regarde pas avec ses yeux de chiens battus. Mais arrête ça, s'il te plait.
-De te regarder ou de t'engueuler à cause de Gethin ?
-Les deux.
Adam eut un léger sourire et ouvrit les bras dans un geste de réconciliation. Lucy le contempla avec défiance et consentit à l'enlacer de mauvaise grâce. La main d'Adam caressa ses cheveux et la jeune fille commença à se détendre.
-Ça va être difficile pour la première et je vais faire des efforts pour la seconde, promit-t-il. Je vais essayer d'être plus agréable, parce que tu risques de m'avoir sur le dos ces prochains jours ...
-Ah non ! refusa Lucy en s'écartant vivement. Hors de question que tu me couves comme tu couves Gethin, je ne le supporterais pas !
-Ne t'en fais pas, je ne vais pas risquer une rupture, rit Adam en lui prenant la main. Mais en tout cas, il est hors de question que tu restes seule. Evite juste les endroits qu'on voit sur les photos. Et s'il te plait, ne reste pas seule. Fais attention à toi.
Lucy eut un sourire, à la fois touchée et soucieuse qu'il s'inquiète. Elle ne voulait pas être baby-sitter. Elle noua tranquillement ses bras autour du cou d'Adam, un sourire enjôleur aux lèvres. Elle était plutôt grande pour une fille, et même si son petit-ami était grand lui-même, elle était heureuse de ne pas avoir à se tordre le cou pour le regarder dans les yeux. Elle n'eut même pas à se mettre sur la pointe des pieds pour s'emparer de ses lèvres et l'embrasser avec douceur. Adam parut réticent d'un prime abord avant lentement céder. Il se laissa aller sur le mur derrière lui et Lucy glissa ses mains sur sa nuque pour approfondir le baiser. Il fallut que des rires et des bruits de pas se fassent entendre depuis le couloir pour qu'ils se s'écartent sans pour autant se séparer. Lucy jeta un coup d'œil au groupe d'élève de Serdaigle qui s'en allait manger et qui les dépassa sans leur accorder un regard avant de sourire de nouveau à Adam.
-Ça va aller, la rassura-t-elle en caressant les cheveux sur sa nuque. Entre Luke, l'équipe de Quidditch, mes cousins et toi, je devrais rester en vie.
Les lèvres d'Adam esquissèrent un sourire penaud et sa main caressa doucement sa hanche.
-Je vais essayer de m'en persuader ... Ah, en parlant de Luke ... Faut qu'on parle du plan ... comment il a appelé ça ? « Voler la réserve de l'ex-copine du père de ta copine ».
-Un problème ?
-Non. Mais dans le plan qu'on a conçu on aurait besoin d'une diversion et on sait que, en tant que Weasley ...
Lucy eut un sourire plus franc, mutin. Voilà qui la rendrait moins coupable de ne rien faire et qui était parfaitement dans ses cordes. Enfin, en réalité, pas dans les siennes, mais elle avait une petite idée de quoi faire. Et de qui missionner.
-Je crois que Poudlard a besoin de gaieté en ce moment, cette école est vraiment moribonde, enchérit-t-elle avec malice. Je devrais être capable d'organiser quelque chose qui attirerait les professeurs et redonnerait le sourire aux élèves.
-Je le sais très bien. (Il embrassa Lucy sur la tempe). Je te laisse, j'ai promis à Daniel de lui filer ce devoir avant que les cours ne commencent.
Lucy lui fit un rapide baiser sur la joue en retour et il s'engouffra dans la Grande Salle sans demander son reste. Elle le regarda partir, tiraillée entre plusieurs sentiments contradictoires. Dans son ventre s'était diffusée une chaleur bienfaisante et pourtant, elle restait inquiète. Inquiète pour l'enquête si Gethin et Adam continuaient de s'obstiner. Inquiète pour elle-même parce que plus elle y réfléchissait, plus elle faisait en effet figure de cible idéale. Louis Weasley fit signe à Adam au passage alors qu'il sortait dans le Hall avec Catherine Jones. Lucy sourit, ravie d'avoir cette distraction – et de ne pas rester seule – fondit sur son cousin.
-Louis ! Je peux te parler deux minutes ?
-On a cours, répondit Catherine à sa place. Et Campbell en plus.
-Navrée de prendre le risque que tu sois transformée en têtard mais je dois vraiment parler à mon cousin.
Louis eut un vague sourire et Lucy sut que l'idée que Catherine soit transformée en têtard lui plaisait. La préfète de Gryffondor piqua un fard.
-Vas-y, Cathy, je te rejoins, fit le Mousquetaire avec un haussement d'épaule.
La jeune fille eut une moue, mais se dirigea vers les escaliers, le dos droit et la tête haute. Lucy grimaça en se tournant vers son cousin.
-Ce n'est pas vrai, combien de temps cette mascarade va encore durer ? Elle est ennuyeuse à mourir, et tu mérites mieux que de choisir une copine « par défaut » !
-On va avoir souvent ce début longtemps ? râla-t-il d'un air suprêmement ennuyé.
-Jusqu'à ce que tu la quittes et que tu trouves quelqu'un à ta hauteur.
Louis secoua la tête, dépité. Ses cheveux blonds étaient mal coiffés et peut-être était-ce une illusion mais ils semblaient également manquer d'éclat, comme son regard. Il se passa une main sur le visage et soupira :
-Je ne suis pas sûr que tu veuilles me parler de mes déboires amoureux alors je t'écoute, Luce.
Il avait dit ça d'un ton détaché, mais cette indifférence blessa quelque peu Lucy. Louis s'était complétement replié sur lui-même depuis l'agression de James et elle n'avait pas réellement pris le temps de discuter avec lui. La jeune fille se mordit la lèvre, penaude, avant de poursuivre avec prudence :
-Je voulais simplement savoir comment tu allais. Je ne t'ai pas beaucoup vu depuis la rentrée ...
-Tu es trop occupée avec Scampers, plaisanta-t-il – et Lucy vit avec soulagement un sourire passer sur ses lèvres. Tu vois que j'avais raison ! Faut me faire confiance, en amour.
Lucy essuya un petit rire. Elle était occupée, certes, mais plus à trouver une solution pour faire revenir James que pour passer du temps seule avec Adam.
-Il faut quand même je rattrape ça. Alors ?
Louis haussa les épaules d'un air indifférent.
-Bien. Se lever, manger, cours, manger, cours, devoirs, dormir. La routine.
-Ça manque d'action de Mousquetaire pour être la routine, fit tristement remarquer Lucy.
Louis ricana et Lucy sentit un poids lui tomber sur le cœur. Les Mousquetaires n'étaient que l'ombre d'eux-mêmes et ça faisait peine à voir.
-Je parle à peine à Roxanne depuis la rentrée alors non, effectivement, les actions des Mousquetaires sont un peu sorties de la routine.
C'était bien ce que Lucy songeait. Parfois, elle le voyait trainer avec Roxanne mais la vérité, c'était que même le duo se délitait. Ils étaient un trio, n'avaient de sens qu'à trois. Lucy imaginait bien que chaque fois qu'ils se retrouvaient à deux, ils songeaient à leur membre manquant. De fait, Louis s'était replié sur Catherine et sa relation aussi vide et triste que factice pendant que Roxanne errait plutôt seule, le nez plongé dans un carnet dans lequel, Lucy le savait, elle préparait ses futurs coups. Et malgré son énergie, aucun coup n'était à déplorer.
-C'est dommage. Je pense que l'école en a besoin – et vous aussi.
D'accord, elle voulait bien admettre qu'elle se sentait coupable. Certes, voir les Mousquetaires ainsi lui fendait réellement le cœur, sans compter que leur humeur influençait celle de Poudlard. Mais si elle intervenait aujourd'hui, c'était qu'elle avait besoin d'une distraction et que Louis était parfait pour cela. Il dressa un sourcil.
-Lucy, je vais être honnête, je suis déterminé à tout, sauf à faire le bordel. Je suis d'ailleurs surpris que ce soit toi qui me dises ça, sachant la scène que tu nous as fait la dernière fois qu'on a fait quelque chose.
Aïe. C'est vrai. Lucy se remobilisa et se força à lever les yeux au ciel avec nonchalance.
-La neige dans ma Salle Commune, c'était vraiment de mauvais goût. Et sinon je sais que ton objectif à toi, ce n'est pas de foutre le bordel. C'est faire sourire les gens. Et là, désolée de te le faire remarquer, mais personne ne sourit ...
Louis regarda autour de lui de façon comique.
-Oh, regarde, Teresa Parker sourit ! Ah mince, c'est parce qu'elle est en train de me faire signe ... (il se retourna vers Lucy avec une moue). Fais comme si on est en train de parler, qu'elle ne vienne pas me voir.
-On est en train de parler, Louis, s'agaça Lucy en toisant Teresa Parker, une sixième année blonde qui était effectivement en train de faire les yeux doux à son cousin. Insupportable.
-Une véritable plaie. Tu sais qu'en plus elle est super pote avec Catherine ? Un jour, j'ai failli lui dire qu'un de ses filtres d'amour a fini par atteindre Roxanne et lui faire lire toutes les juteuses citations. Je ne suis pas sûr qu'elle recommencerait de ci-tôt. Mais Roxy m'a interdit de le faire.
-Roxy. Elle va bien aussi ?
-Elle passa la moitié de son temps à se disputer avec le Farfadet. Il a eu l'excellente idée – et je suis sincère – de jeter un sort à son oreiller. Dès que le soleil est entré en contact avec le tissu, l'oreiller s'est transformé en porcelet. Je suis admiratif. Roxy a hurlé, mais au moins ça a détendu tout le monde.
Louis sourit à l'évocation de ce souvenir et Lucy réprima un rire. Décidemment, la dignité de Roxanne était mise à rude épreuve cette année, mais ses rires et ceux qu'elle provoquait maintenait littéralement Poudlard en vie.
-La pauvre, fit mine de compatir Lucy. Au moins, ça a fait rire tout le monde.
-Ouais. Ça faisait du bien.
Lucy eut un sourire entendu et Louis grogna, l'air de comprendre où elle venait en venir. Il secoua la tête.
-Ce n'est pas à nous de faire ça. Nous, on est en colère. Roxanne arrive à peine à dormir la nuit, parfois elle fait des cauchemars, je suis obligé de la border comme une enfant. On n'est pas en état, Lucy. Je suis d'accord, tu as raison, l'école est triste, ravagée, méfiante – et la présence des Aurors n'arrange rien, j'ai l'impression d'être à Azkaban et je n'ose plus rien faire. Alors certes, il faudrait que quelqu'un détende tout ça parce que c'est vraiment pesant. Mais ce quelqu'un ce ne sera pas nous. On ne peut pas.
-Le Farfadet ? proposa Lucy en désespoir de cause. Vous pourriez en faire votre « D'Artagnan » s'il tient tant à vous imiter ...
-Zephan ? Mais ...
Louis s'interrompit brusquement et fixa brusquement Lucy comme si c'était la première fois qu'il la voyait. Il resta un moment comme ça, interdit, avant de prendre le visage de sa cousine en coupe et de lui embrasser bruyamment le front.
-Hey ! protesta Lucy, peu habituée aux gestes d'affection de son cousin.
-Merci Luce, tu viens de me donner une idée brillante ! Une idée ... Ah par Merlin cette école n'est vraiment que l'ombre d'elle-même et tu es vraiment une Weasley ... A ton avis, quel est le meilleur jour pour agir ?
-Pour agir ? Mais je pensais que tu étais ...
-Pas en état ? Mais je ne vais rien faire. Je vais me contenter de coordonner. Je te demande juste le jour qui te dérangera le moins. Autant ne pas avoir tes critiques, parce que je t'avoue que je ne sais pas ce que ça va donner, en termes de bordel.
Lucy réfléchit au ralentit, déboussolée par le soudain revirement de Louis. Lui qui encore une minute plus tôt semblait moribond, presque en colère, semblait soudainement resplendir. Ses cheveux avaient retrouvé un éclat argenté et son teint était passé de gris à ivoire. C'était comme si un feu intérieur s'était rallumé en lui.
-Pas mercredi, s'entendit-t-elle répondre. J'ai Quidditch. Et je refuse que ce soit spécifiquement contre Serpentard.
-J'y veillerais. Une autre idée ?
-Bien, entonna-t-elle, prise d'une aspiration soudaine. Si ça pouvait attirer Campbell et l'embêter un peu ... Elle m'a foutu un A en potion la semaine dernière.
Evidemment, c'était faux – le jour où elle avait une telle note en Potion, elle se jetait dans le Lac Noir car c'était censé être sa matière forte. Louis eut un demi-sourire, l'air d'y croire à moitié. Elle voyait bien qu'il se retenait de se moquer d'elle, soit d'avoir eu un A car elle était excellente, soit d'avoir eu un A car en réalité, c'était une note correcte.
-Ne plaisante pas, marmonna Lucy pour donner plus de crédibilité à son mensonge. Elle exige presque un Optimal pour passer en ASPIC.
-Je suis passé avec un Effort Exceptionnel – et ne me demande pas comment j'ai fait, c'était un miracle. Alors ne t'en fait pas, tu vas redresser la barre. (Son regard s'adoucit). C'est à cause de tout ce qui se passe, les accusations, tout ça ? Tu as du mal à suivre en cours, en ce moment ?
Le cœur de Lucy se serra et elle jeta un regard à la ronde. Quelques élèves se dépêchaient de rentrer dans la Grande Salle pour déjeuner. Avec agacement, elle constata que certains d'entre eux la fixaient encore et elle finit par leur tourner le dos pour faire face à son cousin.
-Non, se pressa de répondre Lucy. Non ça va un peu mieux, comme il n'y a pas d'agression et que les profs sont en train de chercher le remède ... ça s'est calmé. Et de toute manière, je fiche de ce que tout le monde pense ... l'important c'est ce que pensent ceux à qui je tiens. Et ça va mieux. Je me suis même réconciliée avec Dom.
-Je sais, elle est venue me le dire. Ecœurant, on aurait qu'elle avait fait sa BA de la journée.
Louis et Dominique ne s'étaient jamais entendus. Ça avait beaucoup posé de problème à leur mère, Fleur, qui avait eu tendance à prendre la défense de Dominique – et de ce fait, entériner des tensions entre la mère et le fils. Louis se passa une main sur le visage, l'air songeur.
-Et pour cette histoire de remède ... Si tu veux mon avis, c'est assez compromis. On a surpris une conversation avec Roxanne la semaine dernière, entre Hannah et Neville. Leur onzième tentative était encore un échec. Et ce n'est pas beaucoup mieux du coté de Ste-Mangouste. C'est assez étrange, je ne sais pas ... les meilleurs sorciers collaborent à cet antidote : tante Hermione, Campbell, McGonagall, même un vieux professeur de Potion de Poudlard, en vie par je ne sais quel miracle ... Un certain Horace. Bref, pas de solution. C'est assez inquiétant, quand on y pense. C'est même très inquiétant.
Le visage de Louis se crispa, et le cœur de Lucy s'alourdit dans sa poitrine. Son cousin venait de lui confirmer ce qu'elle savait déjà : les profs n'arrivaient pas à trouver un antidote. Il fallait vraiment que Shannon et Lysander accélèrent sur la potion et pour ça, ils avaient besoin des ingrédients. Ils avaient besoin de cette diversion. Elle s'efforça de sourire.
-Ils vont bien finir par trouver. C'est forcé. Je ne vois pas tante Hermione renoncer.
-Moi non plus mais ... Elle est Ministre, Lucy, elle a d'autre chats à fouetter tu ne crois pas ? Elle va finir par être débordée. Et les autres ... Je ne sais pas, ça fait plus d'un mois qu'ils cherchent et ils n'ont pas de solution, c'est bizarre ?
-Oui, admit Lucy. Oui, ça l'est.
-Enfin, conclut Louis en haussant les épaules. On verra. Je te tiens au courant pour mon idée ?
-Oui, et surtout dis-moi quand, que je me tienne prête. Et quels endroits à éviter.
-Bien, déjà, la classe de Campbell. Ou son bureau – je te repréciserais. On peut attaquer la réserve aussi ... (le cœur de Lucy manqua un battement mais Louis se rétracta immédiatement : ) Non trop risqué et pas utile, ils ont besoin de cette réserve pour faire l'antidote. Bref, je te redirais tout ça.
-Merci, Louis.
Le jeune homme sourit, ce sourire insolent et charmeur que toutes les filles leur croyaient adressés, mais qui n'était en réalité qu'une façade. Lucy, elle, percevait la lueur de tristesse dans son regard et les marques de fatigue sous ses yeux.
-En tout cas je ne serais pas à la baguette, alors je ne peux pas te garantir du résultat. Mais je te promets que ça redonnera le sourire à Poudlard.
-J'espère que ça n'implique pas de faner nos plantes.
Les deux Weasley tournèrent la tête sur Shannon Finnigan, qui toisait Louis de la tête aux pieds avec suspicion. Le sourire du Gryffondor s'élargit.
-Milady ! s'écria-t-il, l'air ravi. Non, je te promets, cette fois on ne touchera pas à vos plantes. (Il tourna le visage vers Lucy). Tu pourras la prévenir, elle aussi. Je l'aime bien.
-Et j'ignore si je dois m'en réjouir, murmura Shannon à Lucy.
-J'ai entendu. Et tu me vexes, Milady.
Shannon fixa le Mousquetaire les yeux plissés, l'air exaspéré. Elle croisa les bras sur sa poitrine et asséna d'un ton sec :
-Shannon. Je m'appelle Shannon. Tout comme mon frère s'appelle Zephan, pas le Farfadet.
-Oh, il est venu se réfugier dans les jupes de sa grande sœur ? Remarque, c'est assez mignon. Ça prouve que tu as du pouvoir (il plissa les yeux en observant la jeune fille). Ce qui est assez étrange, ça ne paraît pas comme ça – mais je suis bien placé pour savoir que les apparences sont trompeuses. Quels sont tes talents cachés, Lady Sharon ?
Shannon était tellement occupée à rougir qu'elle ne pensa pas à rectifier son prénom. Lucy eut un léger sourire en avisant la curiosité dans les yeux de Louis. Aussi étrange que cela paraissait, Shannon semblait réellement l'intriguer. Sans doute parce qu'elle était une des rares à ne pas tomber à ses pieds quand il faisait ce sourire stupide. Malicieuse, Lucy tenta une approche :
-Je pense qu'elle joue très bien aux échecs.
En réponse, elle reçut un coup de coude peu discret de la part de son amie. Le visage de Louis s'illumina.
-Sérieusement ? C'est fantastique ! On fait une partie ?
-Pas question, répondit immédiatement Shannon, passant outre sa gêne apparente. J'ai des BUSE à préparer.
-Tu n'as pas juste peur de te faire battre par moi ? Je veux bien croire que ce serait la honte de se faire battre par Louis Weasley vu la réputation que j'ai ...
-Non c'est juste que ... Ce n'est pas ...
Shannon recommençait à bredouiller et à rougir. Elle inclina la tête et ses cheveux blonds recouvrirent son visage, comme pour la cacher – et Lucy soupçonnait que c'était précisément ce qu'elle cherchait à faire.
-Bref, ne touche pas à mes plantes.
-Sinon ?
-Louis, intervint Lucy en se retenant de rire. Je te jure, ne la tente pas, tu vas le regretter.
Si Shannon pouvait tuer d'un regard, alors la préfète de Serpentard serait tombée raide morte à cet instant. Louis contempla la jeune fille d'un air fasciné.
-Intéressant ... Tu es vraiment capable de me tenir tête ?
-Fiche le camp, rétorqua durement Shannon en relevant la tête.
-Non mais vraiment ? Je ne sais pas, d'habitude, je fais faire ce que je veux aux filles, c'est rare que l'une d'entre elle me tienne tête.
Shannon dévisagea Louis, outrée et Lucy vit dans ses yeux qu'elle ne laisserait pas passer une telle insinuation – qu'elle était une fille faible dont il pouvait faire ce qu'il voulait. Ni une, ni deux, sa baguette était sortie. Un grand « BANG » retentit alors et le Mousquetaire se retrouve quelques mètres plus loin après un véritable vol plané. Shannon rangea sa baguette d'un geste souple et se mordit la lèvres, l'air de déjà regretter sa hardiesse.
-Désolée Lucy. Mais ton cousin ... Je déteste qu'on soit aussi sûr de soi !
-Je comprends, la rassura la jeune fille avec un éclat de rire. J'avoue qu'il est pénible. Et ne t'en fais pas pour tes plantes, je contrôle. C'est pour le plan ... Comment il s'appelle déjà ?
Shannon eut un petit sourire entendu, faisant comprendre qu'elle avait saisi. Puis contre toute attente, elle empoigna un livre qui dépassait de son sac pour frapper le bras de Lucy.
-Aïe !
-Ne me refais plus jamais ça ! Déjà qu'en temps normal je déteste qu'on parle à ma place et me mette en porte-à-faux, mais alors là c'était le bouquet !
-Promis, je le ferais plus.
Shannon hocha la tête d'un air satisfait. Louis était en train de s'agiter dans le Hall et elle décida de décamper avant qu'ils ne reprennent ses esprits. Lucy comprit ce que la Poufsouffle voulait dire quand Louis se redressa avec d'immenses oreilles d'éléphants de part et d'autre de son visage. Elle éclata d'un rire peu charitable.
-Oublie, je sais qui je vais missionner pour faire rire Poudlard ! s'esclaffa-t-elle en aidant son cousin à se relever.
-Moins fort, ça m'a donné mal à la tête ! râla Louis en tâtant ses longues oreilles qui pendaient sur son épaule. Pas très original mais j'admire le sort et l'idée – et la volonté par Merlin, s'attaquer à un Mousquetaire !
-A ce propos. Qu'est-ce qui t'a pris de jouer le Mousquetaire débile et sûr de son charme – ce que tu n'es pas, quoi ?
Louis haussa les épaules, agitant ses longues oreilles.
-J'avoue que je voulais la pousser dans ses retranchements. Lucy, il y a un volcan qui bouille sous ce visage timide. Je trouve que ce serait intéressant de ... Je ne sais pas, le faire entrer en éruption.
-Louis, gronda Lucy de façon plus sérieuse. Sois gentil avec Shannon quand tu la croises, d'accord ? C'est mon amie, elle est vraiment adorable. Alors ... Ne fais pas ton Mousquetaire bellâtre et débile, elle ne le mérite pas.
-Je te l'accorde, admit Louis en hochant la tête. Je serais gentil, promis.
Lucy sourit et son cousin lui ébouriffa les cheveux avant de partir courir aux cachots par peur de se faire transformer en têtard par la professeure de Potion qui venait de traverser le Hall. Pénélope Campbell hocha la tête à l'adresse de Lucy avec un claironnant bonjour mais la jeune fille eut du mal à lui rendre son salut. Elle se surprit à la dévisager, elle, sa petite taille, ses longs cheveux bouclés et plein d'images qu'elle n'aura pas voulu imaginer s'entremêlèrent dans son esprit. Campbell embrassant son père dans les couloirs de Poudlard, Campbell à Saint-Mangouste soignant des malades, Campbell fuyant la tyrannie de Voldemort, Campbell se retrouvant dans les geôles du Ministère, et enfin, Campbell derrière un masque blanc, courant dans la neige après avoir tenté d'agresser Maeve Macmillan. Elle n'avait pas une tête de tueuse, mais comme l'avait rappelé Louis, il ne fallait pas se fier aux apparences.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro