Chapitre 4 : Le dernier espoir
C'est mon dernier espoir car cet espoir, c'est toi bien que tu ne sois pas prêt pour l'Olympiiaaa ! J'ai vu tant de tocards tomber dans les choux : t'es mon seul espoir ne rate pas ton coup !
Voilà ce que m'inspire mon nouveau titre.
Nouveau chapitre, sans aucune modification ou presque ! Je vous demande pour les chapitres suivants de garder à l'esprit que j'ai quand même pris du temps et fait des efforts pour cette réécriture : Lucy, c'est plus de 900 pages word écrites sans saut de ligne. Voilà je pose ça là : je comprends la déception de certains mais ne fustigez pas mon travail pour autant !
***
Chapitre 4 : Le dernier espoir
Greengrass et McGonagall arrivèrent furieuses dans la Salle Commune, et envoyèrent tous les élèves dans la Grande Salle sous la conduite de Lucy et Luke (qui avait réussi à sécher une chemise pour avoir l'air relativement crédible). Ils y avaient passé la nuit, inconfortablement installés dans des sacs de couchage à même le sol, et ceux qui avaient pris l'eau grelottaient encore. Le lendemain, les trois-quarts des garçons s'étaient précipités à l'infirmerie, et Greengrass et les préfets avaient interrogé les premières années pour savoir ce qui avait causé la brèche. Les pauvres n'en avaient aucune idée, et l'examen de la pièce n'avait permis aucune conclusion. Tout ce qu'ils savaient, c'était que ce n'étais pas le moins du monde dû à une usure quelconque des fenêtres. La piste de farce fut alors avantagée et ce fut un James Potter fulminant que Lucy retrouva dans le Hall, une semaine après l'inondation.
-Je reviens du bureau de Greengrass, grommela-t-il en se positionnant à coté de sa cousine.
-Je pensais qu'elle vous avait convoqué en hier, s'étonna Lucy en fronçant les sourcils. C'était ce que Roxanne m'avait dit ...
-Elle nous a convoqué séparément, on mode comme ça j'aurais des versions différentes et je pourrais vous piéger. Sauf qu'on n'a rien fait, cette fois. Fanfreluche rose, oui. Inondation dangereuse, non. Sérieux, il y a mon petit frère dans ces dortoirs. Ils me prennent pour qui, tes potes de Serpentard, un dangereux criminel ? Ils se sont vus, eux ?
-Jim, pour dire ça, tais-toi. Ton petit frère fait partie de Serpentard, comme tu viens justement de le souligner. Et moi aussi.
Un éclair de compassion passa dans les yeux de son cousin. Lucy venait de passer une très mauvaise semaine. Un tiers à courir partout avec Luke et Greengrass pour retrouver les coupable, un tiers contre sa Maison à tenter de les persuader que les Mousquetaires n'y étaient pour rien, et un autre tiers à convaincre lesdits Mousquetaires de faire profil bas et que oui, elle les croyait quand elle disait qu'elle pensait qu'ils n'y étaient pour rien dans cet incident. Qui était le responsable, elle se déchargeait entièrement sur Greengrass – et Luke. Elle avait d'autres chats à fouetter pour le reste de la semaine.
-Jina arrive bientôt ? demanda-t-elle à James, l'air de rien.
-Jina met toujours deux plombes à arriver, grommela-t-il en levant les yeux au ciel. C'est pire que toi, parce que toi, tu ne le fais pas exprès, d'être en retard.
-En attendant, si elle ne se dépêche pas, je pars sans elle. L'équipe va m'attendre.
Elle rejeta sa queue de cheval rousse sur son épaule et lissa sa robe de Quidditch émeraude. Les derniers essais qu'elle s'autorisait avaient lieu aujourd'hui, séance au terme de laquelle elle devait trouver coûte que coûte un poursuiveur. Elle avait tenté de convaincre Albus qu'elle savait à l'aise sur un balai, mais il s'était défilé. Il n'était pas prêt, arguait-il. Pas prêt quand on est le fils de Ginny Weasley : il se fout du monde, songea amèrement Lucy.
-Tu ne pourras pas convaincre ton frère ?
James lui jeta un regard oblique, un sourire en coin accroché aux lèvres.
-Tu penses que ce n'est pas déjà assez la guerre entre Albus et moi ? Il faut aussi qu'on s'affronte au Quidditch ?
-Ce ne serait pas au même poste ! Et je te jure, James, c'est le seul qui a le niveau pour remplacer Montague mais il refuse de se présenter aux essais !
-Albus est allergique à la lumière, tu ne pourras rien y faire. Depuis qu'il est entré à Serpentard, il fuit tout ce qui le met en valeur. Je pense que ça l'a traumatisé d'avoir été au centre des attentions à sa répartition ...
-Et ça ne m'a pas traumatisée, moi ? rétorqua Lucy avec amertume.
James éclata de rire et tapota l'épaule de sa cousine d'un air condescendant.
-Mais toi, Lucy, tu as les épaules pour ça.
Lucy leva les yeux au ciel, dépitée. Sincèrement, elle pensait que James sous-estimait son frère – tout le monde sous-estimait Albus, de manière générale. Lui le premier.
-Tiens, je crois que Jina t'a entendu, commenta joyeusement James en pointant le haut des escaliers. KANE ! On se dépêche, une deux, une deux !
-Oui, oui, j'arrive, marmonna la Serdaigle en se débattant avec son écharpe. On y va, on y va ...
James et Lucy échangèrent un regard exaspéré, et les trois capitaines sortirent, dans le froid, le vent, et la brume automnale. Lucy resserra sa robe de Quidditch sur elle en frissonnant. Les essais de la dernière chance. Jina et James avaient spontanément proposé de venir l'aider, à titre consultatif, et malgré les remarques haineuses qu'elle prendrait sans doute de ses camarades de Serpentard, elle avait accepté. Elle avait déjà assisté aux essais de Serdaigle pour aider Jina (elle avait perdu près de la moitié de son équipe, et elle avait passé une semaine à hurler dans les oreilles de James et Lucy que c'était une catastrophe, si bien qu'ils lui avaient proposé tous deux de venir l'aider dans les essais, chose qu'ils faisaient à présent pour Lucy). James n'avait pas eu à changer grand-chose, puisqu'il ne lui manquait qu'un poursuiveur et qu'il n'avait pas éprouvé les difficultés de Lucy.
Jina et James la quittèrent aux vestiaires pour aller sur le terrain, et Lucy entra voir les membres restant de son équipe. Elle fut accueillie par les regards noirs d'Eléonore et de Leroy Oxlade.
-Tu es obligée d'aller chercher des capitaines adverses pour nos essais ? Ils vont tout faire foirer, tout saboter !
-Ce n'est pas ça le problème, c'est simplement qu'il est hors de question que je fasse quoique soit devant James Potter, enchérit Eléonore d'un air très digne. C'est bon, même si je suis parfaite, il va trouver manière à se moquer, et ça c'est ...
-On en a déjà parlé, s'agaça Lucy en levant les bras au ciel. On a besoin d'un poursuiveur, et c'est notre troisième séance d'essais, la dernière que je nous autorise. J'ai besoin d'aide !
-On est là, nous, intervint Mark Ashon, le nouveau batteur.
-Oui, et on voit comment on a été efficace les deux séances précédentes, railla Will, qui était nonchalamment appuyé contre un mur, l'air de s'ennuyer prodigieusement. Moi je ne suis pas contre. On a besoin d'aide.
-Merci Will ! soupira théâtralement Lucy. D'autres contestations ?
-C'est Potter, grommela Eléonore.
-Oh, Norie, je te jure que si James fait la moindre remarque, je le jetterais personnellement dans le Lac Noir. Foi de Serpentard – et de Weasley.
Sa poursuiveuse lui lança un regard dubitatif, mais parut rendre les armes devant la détermination de son capitaine.
-Parfait, alors on y va !
Ils se levèrent tous de mauvaise grâce, et Lucy les poussa de force sur le terrain, balai en main. Une petite dizaine d'élèves les attendaient, le balai à la main, certain l'air anxieux, les autres l'air sûr d'eux. Lucy souffla dans le sifflet qu'elle portait autour du cou, et tout le monde se tourna vers elle. Elle repéra quelques têtes, et élimina d'entrée la moitié d'entre eux psychologiquement – tout ceux qu'elle avait déjà recalé par deux fois.
-Bon, faites déjà deux ou trois tours de terrain pour que je puisse voir comment vous volez. L'équipe vous accompagnera.
Tous les candidats hochèrent la tête, et se mirent en place, l'équipe à leur côté. Lucy retint juste Will au dernier moment.
-Toi, tu restes avec moi. J'ai besoin de l'esprit d'un McColley.
Will lui lança un regard surpris, mais se dirigea docilement avec elle vers les gradins où James et Jina avaient pris place. L'ancienne Capitaine de l'équipe, Daphnéa, manquait terriblement à Lucy dans ces instants-là. Elle avait été une vraie capitaine, dynamique, intelligente, et charismatique. Son frère lui ressemblait en bien des points, et c'était pour cela qu'elle préférait garder Will près d'elle – et également parce qu'elle savait qu'il la remplacerait un jour. Ils s'installèrent au rang devant Jina et James, examinant, les candidats tourner autour du stade, leurs équipiers déployés en escorte autour d'eux. Au bout de deux tours de terrain, Lucy enfuit sa tête dans ses mains, et James lui tapota l'épaule avec compassion.
-Je vais me jeter dans le Lac Noir, gémit la jeune fille.
-Je crois devoir admettre être désespéré aussi, commenta Will, la tête appuyée sur sa main avec flegme. Aucun d'eux ne sait correctement voler. Comme ça se fait qu'on ait une génération si pourrie ?
-J'en sais rien. Au pire, le vol, ça s'améliore. On va voir s'ils savent marquer.
Sur ce, elle prit son balai, ordonna à Will de les observer d'ici et décolla des gradins. Une nouvelle fois, ce fut catastrophique. Les deux poursuiveuse n'avaient réussi à aligner plus de deux passes avec aucun des candidats. Lucy ne sut déterminer ce qui était le pire : les deux deuxièmes années qui s'étaient foncées dessus, provoquant leurs chutes respectives avec force de cri, un sixième année qui envoyé le souafle dans la figure d'Oxlade alors que celui-ci repoussait un cognard, une fille qui passa son temps à se disputer avec Eléonore et à lui faire des crasses, à cause d'une vieille rivalité (si Lucy avait bien compris, la fille en question était une ex de Montague ...), et un garçon relativement vicieux et psychotique qui avait brisé le Nimbus 2101 d'une candidate (esprit de concurrence). Après deux heures infructueuses, Lucy retourna vers Will, James et Jina, le feu dans les yeux.
-Retenez-moi, je veux aller tuer Montague ! Ou Albus, selon le premier que je trouve ! Comme voulez-vous que je constitue une équipe correcte avec des bras cassés pareils ? Même le molosse d'Hagrid monté sur un balai ferait mieux !
-Je pense que tu exagères, opposa pragmatiquement Jina en regardant les notes qu'elle avait griffonnées sur un morceau de parchemin. La fille au brassard numéro 3 n'avait pas l'air trop mal ...
-Tu veux rire ? Si on les met face à face avec Eléonore, elles s'entretueront, ricana sombrement Will. Lucy a raison, je suis désespéré.
-Merci Will, soupira Lucy avec reconnaissance.
Elle s'écroula sur un banc, dépitée, et se prit la tête entre les mains. Elle venait de passer deux heures à hurler sur le terrain, et s'étonnait d'avoir encore de la voix pour pester. Jina essuya un petit rire, et se glissa à côté d'elle pour la prendre par les épaules.
-Aller petite puce, ne t'en fais pas. Tu vas bien réussir à trouver quelqu'un qui fait l'affaire. Ils ne sont pas tous si mauvais ...
-Elimine déjà en quelques-uns, proposa Will. On y verra peut-être plus clair.
Lucy soupira profondément, et se redressa. Elle discuta quelque seconde avec James, Will et Jina pour faire une petite liste de trois noms. Quand James la relut, il eut un sourire désabusé.
-Avec ça, sûr que la coupe est à Gryffondor.
-La ferme, le tacla Lucy.
Will agrémenta la pique de son capitaine d'un coup de balai sur la tête du mousquetaire. Elle descendit ensuite des gradins son balai à la main pour rejoindre son équipe réunie au milieu du terrain. Eléonore était en train de soigner le visage d'Oxlade avec sa baguette magique.
-Une catastrophe, grommela-t-elle en baissant sa baguette une fois la plaie refermée. Quelle bande de crétin...
-Pire que ça, enchérit Oxlade d'une voix pâteuse en essayant le sang sur son visage. Fais quelque chose, Weasley, c'est la séance de trop, là.
-Reste au sol, lui ordonna-t-elle alors qu'il tentait de se relever. Repose-toi, je n'ai plus besoin de toi, normalement. Henry ? (Le nouveau Gardien se redressa, l'air inquiet). Une petite séance de pénalty ?
Henry ne parut pas rassuré le moins du monde, ce que Lucy pouvait aisément comprendre. Il était le seul de l'équipe à être de la même année qu'elle, et avait réussi à gagner le respect de son capitaine en bloquant un de tirs les plus vicieux qu'elle n'avait jamais fait. Il décolla pour se mettre devant ses buts, et Lucy rejoignit la troupe de candidats qui se disputait un peu plus loin. Les entendre faillit lui faire faire demi-tour.
-C'était mon frère qui me l'avait offert, tu vas vite me rembourser ça ! hurla Samantha, la fille au Nimbus cassé, à un garçon de septième année.
-Et puis quoi, encore ? Ton père travaille au département de la Justice, et assez haut placé, tu dois avoir largement moyen de t'en repayer un, petite princesse !
-C'est pas faux, ça, Samantha.
-Vous êtes horrible ! Mon père va vous coller un procès !
-Tu es ...
-FERMEZ-LA ! s'époumona Lucy.
Le groupe entier sursauta, et Samantha serra les débris de son balai contre sa poitrine, comme un talisman.
-Bien, maintenant que j'ai votre attention, je vous annonce qu'une première sélection a été faite.
Lucy énuméra le nom des trois candidats qu'elle avait gardé, et ce fut une tempête de protestation. Samantha continua à geindre sur son Nimbus cassé, et l'ex de Montague cracha littéralement sur Eléonore et le manque d'impartialité de Lucy. Certains refusèrent de quitter le terrain, et les deux batteurs durent les bouter dehors avec fermeté (oui, batte à la main. Ça en avait découragé certain). Lucy laissa les trois derniers candidats passer la séance de pénalty face à Henry, qui avait la tête de quelqu'un pris dans une toile d'acromentule. Lucy s'éleva sur son balai pour pouvoir les suivre de plus près, et crut qu'elle allait définitivement aller casser sa baguette pour aller vivre avec les Centaures dans la Forêt Interdite. Le premier ne parvint pas à cadrer une frappe. Le second perdit le contrôle de son balai, et fonça sur Henry, qui se rattrapa à ses buts pour ne pas tomber. Lucy réprima un cri de rage, congédia le candidat sans ménagement, et s'élança pour aider son coéquipier à se remettre sur son balai. Sauf que le dernier candidat trouva que profiter du moment de faiblesse du Gardien pour foncer sur les buts était une excellente idée. Malheureusement, pour la première fois de la séance, la tentative fut cadrée, et Lucy reçut le souafle en plein visage alors qu'elle aidait Henry.
-Aïe !
Elle lâcha la main de son gardien pour porter la sienne à sa joue endolorie. Par chance, le lancer n'avait pas été assez fort pour lui casser la mâchoire, mais la douleur sourde lui indiquait qu'elle était quitte pour un beau bleu. Mais la douleur fit monter la colère en elle, une colère qu'elle réprimait depuis le début des essais. Henry cria en se cramponnant aux anneaux des buts.
-Capitaine !
-Non mais tu pensais à quoi ?! s'agaça Lucy à l'adresse du candidat.
Un goût de sang emplit sa bouche quand elle parla, décuplant son courroux, et elle déglutit pour le faire passer.
-Je ... Je ..., bredouilla le pauvre garçon, l'air contrit. Je ne sais pas, quand le gardien est indisposé, on fonce ...
-On fonce ? répéta Lucy avec hargne. On est dans une séance de pénalty en essaie, pas à la finale de Coupe du Monde de 1492 !
-Capitaine ! gémit Henry. Je ne vais pas tenir longtemps !
-Tiens une minute de plus, répliqua-t-elle en foudroyant le candidat du regard. Et puis qu'est-ce qu'il t'a pris de tirer quand quelqu'un se trouve dans l'axe de tir ?
-Mais j'ai cadré ...
-Lucy !
-Quoi ?
Lucy se retourna à temps pour voir Henry lâcher prise d'une main. Son cœur tomba dans sa poitrine, et elle se précipita pour jucher le gardien sur son balai.
-Désolée, Henry, s'excusa-t-elle, soudain honteuse. Avec le coup, je n'ai pas fait attention ...
-De toute façon, c'était un sombre crétin, grommela son gardien contre son dos.
Lucy approuva silencieusement. Elle ordonna au pauvre garçon de déguerpir, et ramena Henry sur les gradins. Le premier candidat se ramena tranquillement vers elle alors qu'elle montait rejoindre les autres, un sourire extatique aux lèvres.
-Ça veut dire que je suis pris, ça ?
Lucy le dévisagea en écarquillant les yeux. James, Jina, et son équipe vinrent l'entourer, attendant sa décision. Evidemment, puisqu'elle avait congédié les deux autres, ne restait que lui. Elle sentait le monde autour d'elle retenir sous souffle. Elle sentit un filet de sang couler de sa bouche, et le fer emplit ses papilles. Elle l'essuya, et serra les poings en se souvenait du commentaire qu'avait fait James en voyant la liste. « Avec ça, sûr que la Coupe est à Gryffondor ». Non, refusa-t-elle fermement. Pas sous mon capitanat.
-Non, refusa-t-elle simplement, la détermination faisait trembler sa voix.
Sur ce, elle fit volte-face, et descendit quatre à quatre les marches des gradins, balai à la main.
-Weasley ! hurla Oxlade alors qu'elle atteignait le terrain. On a besoin d'un poursuiveur !
-Je sais ! s'écria Lucy sans s'arrêter, prenant la direction du château. Je vais en chercher un !
Car pour elle, il n'y avait qu'une seule personne dans tout Poudlard qui pouvait décemment prendre ce poste. Une unique personne avait laquelle elle accepterait de jouer.
Marcus Montague.
Serpentard n'avait que des bras cassés, Albus faisait l'autruche : qu'à cela ne tienne, Lucy irait chercher son dernier espoir. Eléonore parut comprendre ses intentions, parce qu'elle poussa un petit cri, et rejoignit son capitaine au pas de course. Lucy ne se rendit pas compte de qui la suivait, l'esprit embué parce qu'elle allait dire à Montague pour le convaincre de revenir. Elles arrivèrent au Hall, et Eléonore la tira vers la bibliothèque dans laquelle, selon elle, son petit ami travaillait la potion. Lucy y entra en trombe, et repéra le septième année, assis à une table au milieu d'une dizaine de livre. Mais avant qu'elle ne puisse rejoindre l'ancien Capitaine, la voix de Mrs Pince fusa :
-Cette tenue ! Un balai ! De la boue ! Ici ! Sortez toute suite !
-Ça ne prendra que deux minutes, promit Lucy, pas impressionnée pour deux noises.
Eléonore et elle se précipitèrent vers Montague, sans prendre compte de la bibliothécaire qui tentait vainement de leur faire barrage. L'ancien capitaine, alerté par les éclats de Pince, releva les yeux, et croisa le regard de Lucy fugacement. Il parut y lire sa demande sans qu'elle n'ait à la formuler. Il referma son livre d'un geste sec et secoua la tête avec obstination.
-Pas question.
-Ça tombe bien, ce n'est pas une question, c'est un ordre de ton capitaine, et de ta préfète.
-Et de ta copine, enchérit Eléonore en se plantant devant lui.
Les deux filles le surplombaient, le regard identiquement impérieux, mue d'une même détermination. Marcus parut de recroqueviller sur sa chaise, et faire de son possible pour avoir l'air dédaigneux.
-Tu vas me faire croire que tu n'as pas été capable de trouver quelqu'un ?
-Personne, répondit Eléonore à la place de Lucy. Je te jure, le nez d'Oxlade est en sang, Lucy va avoir un bleu à la mâchoire, et Henry a joué au singe sur les anneaux des buts.
-Et Samantha va nous coller un procès pour son Nimbus, ajouta sombrement la jeune fille.
-Qui ça ? se troubla Montague.
-Peu importe, c'est une catastrophe. On a besoin de toi dans l'équipe, Montague. Je ne plaisante pas, et je ne bougerais pas d'ici tant que tu n'auras pas accepté de revenir.
Le septième année les contempla toute les deux pendant quelques secondes, avec un air de contrariété contenu. Sa mâchoire se contracta, et il empila rageusement et bruyamment ses livres.
-Je t'ai déjà dit non, Weasley, trouve quelqu'un d'autre. Je refuse de retourner sur le terrain.
-Tu refuses de retourner sur le terrain, répéta Lucy avec un sourire narquois. Donc le problème, ce n'est pas les ASPIC, c'est le terrain ?
Montague sursauta, pris de court, et en fit tomber sa pile de livre. Il vrilla ses yeux bleus sur Lucy, suspicieux, et ouvrit la bouche pour répliquer, mais n'en n'eut pas le temps, par Mrs Pince hurla derrière eux :
-Ni batte ni balai ici !!
-Bonjour Madame Pince, comment allez-vous ? Vous êtes de toute beauté aujourd'hui ! Ce n'est pas le cardigan que vous portiez la première fois que vous m'avez viré, en première année ?
-Comment osez ...
-Ferme-la, McColley, on a d'autres chats à fouetter.
-Et il s'appelle Marcus Montague !
Lucy et Eléonore se tournèrent à temps pour voir, interdites, une flopée de robes vert émeraude passée la porte de la bibliothèque, balai, souafle et battes à la main. Oxlade maintenant toujours un mouchoir contre sa narine, et Will servait un sourire enjôleur à Mrs Pince, qui paraissait sur le point de faire une crise de nerf. James et Jina arrivèrent derrière eux, hilares. Les quatre autres membres de l'équipe repérèrent leur capitaine, et convergèrent vers elle. Bientôt, Montague fut encerclé par une armée de robes vertes munie de balais et de battes menaçantes.
-Reviens Montague, je veux gagner la coupe avant de partir !
-Nous infliger Weasley en Capitaine, c'est déjà limite, mais j'ai accepté. Mais je n'accepterais aucun autre poursuiveur que toi !
-Je n'ai pas signé pour passer mes séances d'entrainement cramponner aux buts !
-Et moi pour nous faire ridiculiser de la sorte !
Lucy observa les visages des garçons de son équipe, et une vague de fierté et de reconnaissance la submergea quand elle vit leur détermination. Même la pique d'Oxlade ne l'atteint pas. Elle échangea un regard triomphal avec Eléonore, d'autant plus que Montague ne disait rien, trop abasourdi par l'apparition de l'équipe au grand complet pour réagir. Un instant, il parut même paniqué, et Lucy profita de la brèche :
-Montague, on sait que l'année dernière a été dure. Ta blessure, je comprends que ça ait été un coup dur, mais c'est différent, cette année. On a besoin de toi.
Montague darda un regard dubitatif vers elle, remis de sa surprise. Si les éclats de l'équipe semblaient l'avoir momentanément désarçonné, le rappelle de sa blessure avait de nouveau fermé son visage. Il rassembla ses livres.
-Je suis vraiment désolé, les gars. J'aimerais vraiment pouvoir vous aider ... Mais je ne peux pas.
-Tu ne peux pas ? (Eléonore rattrapa son petit ami par le bras alors qu'il tentait de se frayer un chemin pour ranger ses livres). Qu'est-ce que tu veux dire ?
Montague se dégagea, et se faufila dans les rayons pour ranger ses livres. Ce fut sans compter la volonté de l'équipe, qui le suivit dans les rayonnages, tout en babillant :
-Attends, tu crois sérieusement que tu vas t'en tirer comme ça ?
-Marcus, s'il te plait, parle-moi !
-Mais vous allez me foutre la paix, à la fin ? Je ne reviendrais pas !
-Parce que tu as la frousse de retourner sur le terrain ? avança sournoisement Lucy.
Montague la fusilla du regard, et Lucy sut qu'elle avait visé juste. Le silence tomba sur l'équipe, et ils dévisagèrent tous Montague avec incrédulité, assez pour que celui-ci secoue la tête et sorte de sa torpeur pour se défendre.
-Ce n'est pas ça le problème, c'est mes ASPIC !
-A d'autre ! s'égosilla Eléonore alors qu'il s'éloignait une fois de plus.
Mais une fois plus, ce fut avec l'ensemble de l'équipe sur ses talons. Ils dérangèrent ainsi Adam Scampers, tranquillement en train de lire dans un coin de la bibliothèque. Il leva les yeux sur l'équipe de Serpentard, perplexe.
-Euh, c'est quoi cette réunion ?
Lucy ignora son rival pour retenir Montague par le col.
-C'est le cognard que t'as pris l'an dernier qui t'as traumatisé à ce point ?
-La ferme, Weasley !
-C'était un accident ! OK, ce n'était pas sympa – ça ne l'ai jamais de se prendre des coups – mais tu t'en es remis, non ?
-Je t'ai dit de la fermer !
Il se dégagea de Lucy, et se retourna vivement pour partir. Mais c'était sans compter Will McColley, qui se dressa devant lui tel un rempart infranchissable, le visage comiquement crispé, frappant contre sa paume une batte menaçante sans doute volée. Il n'empêche que ça suffit à faire reculer Montague, surpris, et Lucy en profita pour lui attraper le bras. Elle tenta d'accrocher son regard, et vit une pointe de panique brillait dans ses yeux habituellement si vides d'émotion. Elle sentit quelque chose se briser au fond d'elle, comme un mythe qui s'écroulait.
-Alors c'est ça ? murmura-t-elle, assez bas pour que cela échappe aux oreilles des autres. Tu renonces au Quidditch parce que tu as peur de te reprendre un cognard ?
Montague lui lança un regard venimeux, mais dont la hargne était atténuée par la résignation.
-Va te faire, Weasley.
-Montague, on peut t'aider, tu sais. Ce genre de peur, ça peut se guérir ...
-Ce n'est pas toi qui as passé un mois dans un hôpital à Ste-Mangouste ! ragea-t-il entre ses dents. Ni qui continue à avoir des vertiges à cause du coup. Imagine que j'en ai un pendant un match ?
Lucy garda le silence. Eléonore lui avait parlé des légers malaises qu'avait subi Montague après sa blessure, mais d'après elle, ça s'était beaucoup atténué. Ce n'était pas assez dangereux pour justifier le départ précipité de Montague. Non. Le seul problème, c'était la crainte qu'il avait de se reprendre un cognard.
-Je te fais confiance là-dessus. T'es l'unique personne en qui j'ai confiance dans ce domaine. On va trouver une solution, Montague. J'ai besoin de toi.
Montague la dévisagea un instant, impassible. Lucy avait pris sur elle pour lui dire ça. Montague et elle, on ne pouvait pas dire que c'était une grande histoire d'amour. Encore maintenant, elle se demandait si elle l'appréciait. Mais pour pouvoir battre Gryffondor en fin de saison, elle voulait bien mettre sa fierté au placard. Et pour battre Gryffondor, elle avait besoin de Montague. Pour la première fois depuis des semaines, Lucy sentit sa carapace se fendiller. Son regard passa sur visage de Lucy à celui d'Eléonore derrière elle, puis il s'attarda sur le souafle que tenait sa petite amie entre ses mains, et une lueur de convoitise y brilla. La ferveur du poursuiveur n'était pas morte.
-Je peux dire quelque chose ? intervint alors une voix timide.
Le regard de Lucy et Montague se baissa sur Adam Scampers, toujours assis tranquillement avec son livre au milieu de tout ce raffut. Lucy lui réserva son regard le plus dédaigneux.
-Oui ?
-L'an dernier, on a eu aucun mal à vous battre. Je veux dire, vous n'étiez que l'ombre de vous-même, c'était trop facile.
-Scampers, tu veux te prendre un coup ? grommela Will en caressant sa batte d'un air menaçant.
Comme Lucy, il en voulait à Adam de l'avoir fait tomber de son balai, parce qu'était lui avait dû la rattraper, laissant ainsi la voie libre à James pour attraper le Vif d'or. Le Gryffondor essuya un ricanement gêné devant le regard haineux dont le gratifier toute l'équipe.
-OK, je ne suis pas exempt de tout reproche...
-Tu crois ? cingla froidement Lucy.
-Mais il n'empêche que ce n'était pas une vraie victoire pour nous. On a été extrêmement frustré. Et c'est désagréable en tant que poursuiveur de n'avoir que deux adversaires devant nous ...
-Surtout quand tu en fais tomber l'un des deux ...
-Lucy, arrête de te plaindre, où la prochaine fois je te laisse faire les calculs d'Arithmancie seule.
La pique eut pour mérite de rabattre le caquet à la jeune fille. Adam était le seul Gryffondor à faire Arithmancie dans son année, et elle la seule Serpentard. Ils étaient donc également partenaire dans cette matière, et elle devait admettre que les dons d'Adam en terme de calculs lui avaient été salutaires.
-Ce qu'il veut dire c'est qu'en refusant de revenir dans l'équipe, tu nous facilites la tâche, enchérit James en se glissant avec Jina derrière Will et sa batte. Déjà ça, je ne pense pas que ce soit dans l'idéologie de Serpentard...
Toute l'équipe grommela son approbation.
-Et en plus tu nous gâches notre plaisir de vous achever, continua Adam.
Lucy leva les yeux au ciel, et donna un petit coup de pied dans la cuisse du Gryffondor.
-Tss Tss ! Attentat contre mon poursuiveur, ici ! Pas touché, Lulu !
-La ferme, Jim, le rembourra Jina en ébouriffant ses cheveux. Montague, même nous, on te supplie de reprendre ton poste. Sérieusement, le spectacle piquait les yeux.
-Et ton ex s'est présentée, grommela Eléonore.
-Quoi ?! s'étrangla Montague.
L'ensemble des personnes présentes lui lancèrent un regard incrédule. Même Will cessa de caresser sa batte.
-Non mais tu plaisantes ? L'équipe entière vient te supplier, bravant courageusement la démoniaque Mrs Pince, Lucy est presque à tes pieds, des Gryffondor te comblent de louanges, et le truc qui te fait réagir, c'est que ton ex aurait pu reprendre ton poste ?
Ils s'échangèrent des regards gênés, et Montague eut un sourire embarrassé. Il passa sa main dans ses cheveux et fit quelque pas en arrière pour tous les embrasser du regard. Finalement, ses yeux tombèrent sur Adam Scampers, et il soupira profondément.
-Pourquoi t'es intervenu ?
-Par pur égoïsme. Je veux une vraie finale de Quidditch. Pas une correction.
-Et qu'est ce qui te dit que la finale sera Gryffondor-Serpentard ? s'insurgea Jina. J'ai une très bonne équipe cette année.
-Tu dis ça tous les ans, mon cœur. Et tous les ans, tu n'atteins pas la finale.
Jina lui jeta un regard torve et Eléonore lui tendit machinalement son balai qu'elle attrapa avec un sourire sadique.
-Jim, appelle-moi encore une fois « mon cœur », et tu auras un manche à balai où ...
-Vous allez vous la fermez ? gronda Montague en leur lançant un regard peu amène.
Puis il se retourna vers Adam. Il paraissait méditer ses paroles, et une lueur de respect brilla dans ses yeux. On pouvait dire ce qu'on voulait de l'ancien Capitaine, mais on ne pouvait lui reprocher d'avoir l'amour du beau jeu. Adam venait de gagner ses galons.
-Alors tu l'auras. Mais fait encore une fois tomber Weasley de son balai, et je te jure que je te donne à bouffer au chien de Hagrid.
Un silence abasourdi tomba sur le rayon, et tout le monde scruta Montague, comme pour s'assurer qu'il était sérieux. Puis ce fut l'effervescence, et des cris semblable à ceux de Mandragore dépotées se répercutèrent dans la bibliothèque et couvrirent les frénétiques « Silence, ou je vous pends la tête en bas dans les cachots ! » de Mrs Pince. Eléonore et Lucy abandonnèrent leur dignité pour sauter au cou de leur coéquipier, et Will se mit à sautiller partout comme un petit fou.
-Ça va ça va, un peu de dignité ! réclama Montague en repoussa gentiment les filles. Je promets d'essayer, je ne vous garantis rien. Et tu gardes le brassard, Weasley. Les ASPIC, ce n'était pas une fausse excuse, il faut que je bosse.
-Oui, oui, t'inquiètes ! exulta Lucy en sautillant joyeusement. On y va ?
-Ou ça ?
Un sourire sadique s'étira sur les lèvres de la jeune fille. Son cœur battait à tout rompre, et l'excitation la gagnait, amenant l'adrénaline. Une sensation d'euphorie qui lui faisait adorer le Quidditch.
Elle avait gagné son pari.
-Entrainement, pardi ! Le premier match est dans un mois, tu crois vraiment qu'on a une minute à perdre ?
L'équipe entière poussa un cri de triomphe, et tira Montague vers la sortie sans le laisser ranger le reste de ses livres, trop heureuse de retrouver son attaque complète et sans attendre leur capitaine. Mrs Pince menaça les joueurs de toute sortes de torture s'ils s'avisaient de remettre ainsi les pieds dans la bibliothèque et James et Jina s'éloignèrent pour se chamailler. Lucy échangea un regard avec Adam Scampers, qui s'était redressé, et ils pouffèrent discrètement.
-Je crois que je n'ai pas intérêt à te refaire tomber, cette fois.
-Parce que si Montague n'était pas revenu, tu l'aurais fait ? ragea Lucy.
Mais un sourire effleura ses lèvres, démentant son ton courroucé. Après l'acceptation de Montague, rien ne pourrait la mettre de mauvaise humeur, pas même Adam.
-Merci pour ton aide, Scampers.
Elle se dressa sur la pointe des pieds, et posa un petit baiser sur sa joue. Sa fierté étant au placard depuis qu'elle était entrée dans la bibliothèque, elle pouvait se le permettre. Adam ne réagit pas, choqué par la gentillesse, et Lucy eut un sourire sarcastique.
-Ne te bile pas, je t'en veux toujours. Mais ça s'appelle un geste de réconciliation, Scampers. Du moins, les prémisses. Pour te remercier.
Adam la dévisagea un instant, et Lucy vit avec plaisir ses joues s'empourprer. Malgré les années écoulées et l'assurance accumulée, le Gryffondor restait d'une timidité maladive. Trait qu'il semblait avoir en commun avec Gethin. La jeune fille éclata de rire, et le planta là, rouge comme un souafle et figé, pour rejoindre son équipe. Elle adressa un sourire éblouissant à Mrs Pince quand elle la foudroya du regard, et poussa le vice jusqu'au bout en claironnant un rageant : « désolée pour le dérangement ! ». L'air frustré de la bibliothécaire fut pour elle presque plus jouissif que la gêne d'Adam Scampers.
Aujourd'hui, elle se sentait invincible.
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