Chapitre 38 : You'll never walk alone
Hé ! Je vous ai manqué durant ces deux jours?
En fait je suis rentrée chez moi, avec un sacrée clichée : c'est que je suis arrivée dans le Nord, il s'est mis à pleuvoir. J'adore ma région, vraiment, je suis une vraie nordiste amoureuse des terrils, de l'architecture des flandres et du welsh : mais sérieusement on on ne pourrait pas changer de climat? Je ne demande pas grand-chose, juste un peu de soleil !
BREF. Chapitre - et certainement le suivant dans la foulée.
PS : je sais qu'on est censé être en période de Covid mais j'ai écris le chapitre avant l'apparition de l'épidémie donc il se peut qu'il y ait deux trois incohérences que j'ai eu la flemme de corriger (une famille qui va à l'hôpital, par exemple. Bref, vous verrez bien !)
***
Chapitre 38 : You'll never walk alone.
Lucy tourna une page tranquillement. Devant elle, Adam, Gethin, Morgan, Martin, Laura et Callum essayaient d'apprendre les fondamentaux du foot à la petite Debbie. Crampés en cercle sur le terrain de foot, situé au sommet de la colline sur laquelle le village s'étendait, ils passaient chacun leur tour la balle avec douceur à la fillette, qui la prenait dans ses mains en gloussant. Fidèle à sa promesse de ne jamais toucher un ballon de foot, Lucy s'était une nouvelle fois installée au bord du terrain, moitié lisant son grimoire, moitié couvrant la petite famille d'un regard attendri. Les vacances passaient à une vitesse folle. Demain, c'était l'anniversaire d'Adam, et le lendemain, la moitié de la famille allait à Liverpool voir un match de foot. Dans quelques jours, ils retournaient à Poudlard. Elle soupira profondément et se replongea dans son grimoire de métamorphose, prêté par Greengrass avant les vacances. Sa directrice de Maison lui avait une nouvelle fois rappeler à ce moment que l'ouverture de Poudlard à la rentrée n'était pas acquise, et qu'il fallait guetter le hibou de l'école. Ainsi, Adam, Gethin et Lucy pâlissait à la vue du moindre animal à plume à proximité de la maison Scampers, mais soit c'était un simple volatile, soit il s'agissait d'une lettre des parents de Lucy, de Roxanne, ou encore de Luke. Gethin n'avait quant à lui pas eu la moindre intuition depuis qu'ils étaient rentrés. Ses cauchemars restaient les mêmes : deux silhouettes masquées : une noire et une blanche. Et s'il avait fait des dessins, il n'en n'avait pas touché mot à Lucy. La jeune fille n'était pas inquiète. Maintenant qu'elle était au courant du secret de l'enfant, elle savait qu'il viendrait la voir le jour où il sentirait quelque chose de vraiment urgent.
Elle était presque arrivée à la fin de son volume quand elle entendit quelqu'un s'asseoir sur le banc auquel elle était adossée. Elle leva les yeux sur Meredith, qui tenait son ventre rond, son front trempé de sueur.
-Mon dieu j'avais oublié que c'était si haut, haleta-t-elle en écartant une mèche humide de son visage. Tu ne joues pas toi ? Tu n'aimes pas le sport ?
-Oh non, ce n'est pas ça. Je suis joue au sport des sorciers, le Quidditch. Mais le foot moldu me laisse ... perplexe.
-Moi je n'ai jamais été très forte, lui avoua Meredith avec un sourire. J'ai toujours préféré regarder qu'être sur le terrain.
-Je peux comprendre.
Elles observèrent un instant Debbie tenter de shooter dans le ballon, sans parvenir à le faire bouger de plus de deux centimètres. Elle finit même à se retrouver à terre et commença à pleurer.
-Oh pauvre choupette, s'inquiéta Lucy alors que Martin prenait immédiatement sa fille dans ses bras.
-Ne t'en fais pas, rit Meredith. Martin s'occupe d'elle comme une princesse. C'est un ange avec elle. D'ailleurs s'il avait pu porter celui-là à ma place il l'aurait fait !
Elle passa sa main sur son ventre rebondit, avec le sourire comblé dont les futures mamans avaient le secret. Puis tout aussi brusquement, elle grimaça et se courba avec un gémissement. Lucy se dressa, inquiète mais Meredith leva la main en signe d'apaisement. Déjà elle allait mieux.
-C'est juste une contraction. Ça arrive de plus en plus et c'est douloureux. Rien de grave. Le bébé a hâte de sortir.
-Ce sera une fille ou un garçon ?
-On n'a pas voulu savoir. Mais vu comment cet enfant bouge, je parierais sur un garçon. Tout ce que j'espère, c'est qu'il sera moins énergique que Morgan.
Lucy s'esclaffa doucement et Meredith sourit avec tranquillité.
-L'idéal, ce serait un petit Adam. Il était vraiment adorable quand il était petit. Oh, il est toujours adorable, ceci dit.
-Vous n'auriez une anecdote croustillante pour moi ?
Meredith éclata de rire et Lucy rosit d'avoir été si audacieuse. Même si elle avouait qu'avoir des histoires gênantes sur l'enfance d'Adam Scampers lui plaisait bien plus qu'elle ne voulait l'admettre.
-Tu ne perds pas le nord, toi ! Déjà, vouvoie-moi encore une fois, et je te jette de la colline. Je ne suis pas si vieille, enfin ! Et non, je ne trahirais pas si lâchement mon frère. Pas question !
-D'accord, d'accord ... Dommage.
Meredith rit encore et se leva avec difficulté. Lucy fit de même pour l'aider, mais l'ainée des Scampers refusa d'un geste de la main.
-Je ne suis pas handicapée, juste enceinte de huit mois. Ce n'est rien, on y survit. (Puis elle mit ses mains en porte-voix : ) Les enfants ! Tous au jardin !
Comme s'ils n'attendaient que ça, toute la troupe, y compris Laura et Callum, se précipita vers Debbie. Martin la mit sur ses épaules et ils remontèrent vers Meredith et Lucy.
-Le lapin de Pâques est peut-être passé, ma puce ? susurra Martin à sa fille. Tu veux voir s'il t'a laissé du chocolat ?
-Le lapin de Pâques ? s'étonna Lucy en se tournant vers Meredith, troublée.
-Quoi, même ça, ça n'existe pas chez vous ?
-Bien ... A Pâques, mamy Weasley nous offre toujours du chocolat, mais je n'ai jamais entendu parler d'un lapin ...
Meredith eu un sourire indulgent et expliqua que c'était une légende pour les enfants : à chaque Pâques, un lapin cachait des œufs en chocolat dans le jardon et les enfants se livraient à une chasse aux œufs. Ils descendirent ensemble vers la maison d'Elen Donovan et Lucy en profita pour se rapprocher d'Adam.
-Vous avez des traditions bizarres, marmonna-t-elle. Une chasse aux œufs en chocolat ?
-Oh arrête Lucy ! s'esclaffa Adam. Le plaisir de mon anniversaire, c'est qu'il tombe dans les alentours de Pâques ! Et tous les enfants aiment les chasses aux œufs. Dans le monde moldu, du moins. A la prochaine partie, tu viens jouer avec nous ?
-Tu veux que Montague me frappe ? Hors de question.
-On ne jouait même pas au foot, on s'amusait avec Debbie.
-Elle ne peut pas s'amuser avec un souafle ?
Adam soupira profondément, l'air désespéré, et Lucy eut un sourire satisfait, ravie d'avoir eu le dernier mot. Ils entrèrent chez Elen, qui était exceptionnellement à la maison (« Le lundi de Pâques est férié, les gens ne travaillent pas », expliqua Adam à Lucy) et qui les attendaient dans le jardin. Aussitôt, toute la famille aida Debbie à trouver ses chocolats, disséminés dans le petit jardin, et la fillette accueillait chacun d'entre eux avec des cris émerveillés. Elen, sortant un appareil photo de sa poche, prenaient des clichés de sa petite-fille et de sa famille. Etrangement, les grands aussi avaient leurs chocolats à chercher, caché par les soins de Meredith et d'Adda et Gwen, qui avaient traversé la rue pour prendre un gouter avec eux.
-C'est pas juste, geint Morgan en observant le jardin. Papy il est trop fourbe pour les cachettes.
-Il m'a même perdu mon chocolat l'année dernière, bougonna Adam en fouillant un buisson. Tellement il l'avait bien caché.
-Ne soyez pas dégoûtés ! annonça triomphalement Gethin en brandissant un paquet avec fierté.
-Je te déteste ! siffla Morgan.
-Tu triches, Geth.
Gethin alla s'asseoir à coté de Lucy, son chocolat dans les mains, un sourire malicieux aux lèvres. La jeune fille se pencha vers lui, amusée.
-Tu n'aurais pas eu une petite intuition pour découvrir la cachette de ton chocolat ?
Gethin eut un sourire coupable et Lucy lui tendit la main. Il la frappa de la sienne avec enthousiasme, ravi de son effet. Adam finit par trouver le sien en prenant une échelle, et le découvrait au-dessus de la petite cabane au fond du jardin et Morgan revint du parterre de fleur, les doigts couverts de terre : son grand-père l'avait enterré dans les rosiers.
-Lucy n'a pas cherché le sien, remarqua Morgan avec ressentiment.
-Lucy est notre invitée, on ne la fait pas chercher, chantonna doucement Meredith en sortant un paquet de son sac.
Elle tendit son chocolat, en forme de lapin à Lucy et la jeune fille le reçut, embarrassée.
-Merci. Il ne fallait vraiment pas ...
Mais Meredith balaya les objections d'un revers de la main. Maintenant que Lucy voyait évoluer la petite famille, elle était stupéfaite par la façon dont la jeune femme prenait la place de cheffe de sa famille, presque en lieu et place de sa mère qui s'était toujours tenue en retrait. Morgan se disputait avec elle non comme une sœur mais comme une mère et il était évident qu'elle avait pris un poids important dans l'équilibre d'Adam. Lucy se demandait sincèrement comment elle réussissait à gérer deux familles à la fois – la sienne et celle qu'elle construisait avec son mari.
Ils mangèrent le gâteau préparer (évidemment) par Adam, discutèrent encore un peu avant que les grands-parents ne retournent dans leur maison. Aussitôt, Morgan prit son ballon et exhorta ses frères à aller retourner jouer. Lucy aurait voulu rester travailler son Arithmancie, mais même à elle, Morgan ne lui laissait pas le choix et elle retourna en maugréant sur les hauteurs du village.
-Tu comprends maintenant pourquoi je veux que mon bébé soit comme Adam ? rit Meredith en les accompagnant.
-Il vaut mieux, oui ... Debbie ne vient pas ?
-Non, Martin est parti la mettre au lit un petit peu.
Elles s'assirent sur le banc et regardèrent Adam, Gethin, Callum, Laura et Morgan jouer. Ils avaient mis Laura, une fille grande et athlétique, dans les buts et se faisaient des passes pour tirer le ballon sur elle à tour de rôle. Bientôt, des amis de Morgan virent les rejoindre et ils purent faire deux équipes. Gethin se planta devant Lucy et sa sœur.
-Vous ne voulez toujours pas jouer ? s'enquit-t-il avec une certaine déception.
-Si Meredith joue, elle ne vient pas dans mon équipe ! intervint immédiatement Morgan.
-La petite a parlé, sourit l'ainée d'un air désabusé. Une femme enceinte et mauvaise en foot de surcroit ne joue pas, désolée Geth.
Gethin eut les épaules affaissées par la déception et tourna un regard plein d'espoir sur Lucy. La jeune fille brandit immédiatement un index réprobateur.
-Pas question ! Si tu me forces à jouer au foot, Gethin Scampers, je te jure qu'une fois de retour à l'école tu ne reverras plus jamais la lumière du jour.
-Lucy, soupira Gethin. Je crois que tu es la personne la plus bornée que je connaisse. Et pourtant, chez les Scampers on est pas mal loti.
-C'est pas si mal, le foot, ajouta Meredith avec un sourire de coin. Tu n'as qu'à ... shooter dans un ballon.
-Meredith ! s'indigna Morgan, ledit ballon sous le bras. Tu n'y connais vraiment rien ! Le foot c'est bien plus que ça ! C'est plus fin et subtile ! C'est un état d'esprit !
-You'll never walk alone ? enchérit Gethin avec un sourire pour sa sœur.
Meredith leva les yeux au ciel et expliqua à Lucy que You'll never Walk alone était l'hymne des supporters de Liverpool, l'équipe que les Scampers supportaient. Morgan sourit à son frère.
-Exactement ! Supporter une équipe, ou jouer dans une équipe c'est l'assurance que jamais tu ne marcheras seul !
-Morgan, va tacler tes adversaires au lieu d'embêter Lucy.
-Mais il nous manque un joueur ! Lucy s'il te plait !
La jeune fille secoua obstinément la tête. Non loin de là, Adam observait la scène les yeux amusés, sans intervenir. Mais Lucy le soupçonnait fortement d'avoir jeté Morgan sur elle.
-Je dois réviser, Morgan. J'ai un examen à la fin de l'année.
La jeune fille plissa les paupières, suspicieuse. Puis, de façon très soudaine, elle lança le ballon à Lucy. La préfète, mue par ses réflexes de Poursuiveuse, rattrapa la balle avec aisance mais Morgan profita de sa surprise pour prendre brusquement le grimoire que Lucy avait posé sur ses genoux, avant de déguerpir comme une flèche. Lucy lâcha la balle et sauta sur ses pieds.
-Morgan !
La collégienne ne s'arrêta qu'une fois de l'autre côté du terrain et fixa Lucy, ses yeux luisant d'un défi qui frisait l'insolence. Entre les deux filles, Adam riait. Furibonde, la préfète traversa le terrain pour donner une tape sèche sur le torse du Gryffondor.
-Aïe ! protesta-t-il.
-Arrête de rire, ce n'est pas drôle ! Morgan ! Rends-moi ça, ce n'est pas à moi !
-Si tu joues une partie, je te le rendrais.
-Pas question !
-Une partie, Lucy, tenta de l'apaiser Adam, l'air visiblement de se retenir de rire. Ce n'est pas la mort.
-Montague va me jeter dans le Lac Noir dès que je vais rentrer, mais non, ce n'est pas la mort, maugréa Lucy en jetant un regard noir à Morgan.
Adam dressa un sourcil, l'air provocateur. Lucy se sentit rougir sans raison particulière, mais soutient le regard du Gryffondor, fière.
-Alors tu refuses de jouer au foot parce que Montague te l'interdit ?
-Oui ! Enfin non mais ... Question de principe !
Adam eut un sourire de coin qui n'augurait rien de bon et Lucy lut dans son regard qu'il avait l'argument qui la ferait plier. Il se rapprocha d'elle, de façon à ne pas être entendu par Callum et Laura non loin.
-J'ai une question, souffla-t-il à son oreille, la faisant frissonner malgré elle. En refusant de jouer au foot parce que c'est un sport de moldu, justement parce que c'est un sport de moldu, ce n'est pas considéré que le Quidditch est un meilleur sport, donc que les sorciers ont un meilleur sport que les moldus ? Une façon d'affirmer la suprématie sportive des sorciers sur les moldus, donc. Tu ne ferais pas le jeu de ceux qui me traite de Sang-de-Bourbe en affirmant cela ?
Pour toute réponse, Lucy s'écarta et lui administra une cinglante gifle. Si tout le monde regarda la jeune fille avec surprise et horreur, Adam, lui, éclata de rire, comme si c'était la réaction qu'il espérait.
-Je t'avais prévenu, Scampers, cingla Lucy avec sècheresse. Je fais payer chaque personne qui prononce ce mot, toi compris.
-Je me souviens, sourit Adam, en portant la main à sa joue. Bon sang, tu n'y vas pas de main molle !
-Lucy ! s'exclama Morgan, qui était précipitamment revenue vers le terrain, le visage décomposé. Mais qu'est-ce qu'il t'a pris ? Si c'est pour ton livre ...
-Non Morgan ce n'est rien, soupira Lucy, sans quitter Adam du regard. Donne-moi le ballon. Je veux bien jouer mais à une condition.
-Tu veux bien jouer ? s'enthousiasma Morgan, oubliant instantanément que Lucy venait de gifler son frère. Toutes les conditions que tu veux !
-Je joue contre Adam. Jamais je n'accepterais d'être dans la même équipe que lui, j'ai une revanche à prendre.
-Rancunière, la tacla-t-il, avec néanmoins un sourire approbateur.
Morgan laissa à Meredith le grimoire de Lucy et ils décidèrent de jouer simplement les filles contre les garçons. Laura prit sa place dans les buts, et un ami de Morgan dans l'autre. Lucy eut du mal dans un premier temps à jouer avec les pieds, elle qui était habituée au Quidditch, mais elle ne s'en sortait pas trop mal. Elle réussit même à ajuster une frapper et mettre un but au bout d'une dizaine d'essai. L'équipe d'Adam gagnait d'un but d'avance, malgré les trois buts de Morgan et les beaux arrêts de Laura (si un jour la jeune fille se réorientait dans le Quidditch, Lucy serait ravie de faire appel à elle), et cela était difficilement supportable pour la jeune fille. D'autant plus qu'à chaque but marqué, il lui lançait un sourire de défi qui lui donnait envie de réitérer la gifle. Morgan venait d'égaliser à deux minutes de la fin du temps (Meredith, qui faisait office d'arbitre depuis son banc, laisser s'écouler trente minutes). Adam avait repris le ballon, et se diriger droit sur Laura, déterminé. Claire, une amie de Morgan, tenta de l'arrêter mais Adam la dribbla avec facilité. Par instinct, Lucy intervint alors et se lança, le pied en avant jeté sur le ballon pour le botter en touche. Elle réussit son coup, dérapa et s'égratignai les mains, et Adam trébucha sur sa jambe tendue pour s'écrouler face contre terre. La jeune fille, malgré son état pitoyable, éclata de rire et Meredith siffla la fin du match, provoquant un tonnerre de protestation chez les garçons :
-Tu veux rire ? enchérit Gethin. C'est un attentat, ce que Lucy a fait !
-Non c'est tout à fait dans les règles, elle ne touche pas Adam, elle touche le ballon ! C'est un tacle propre ! la défendit Morgan.
Adam se redressa, couvert de poussière, les genoux verdis après sa chute dans la pelouse. Lucy, toujours hilare, s'épousseta passivement et frotta ses mains égratignées.
-A charge de revanche, Scampers ! pouffa-t-elle. Tu m'as fait tomber au Quidditch, je t'ai fait tomber au foot !
-Moque-toi, grommela Adam en se relevant difficilement. Je me ferais un plaisir de dire à Montague que tu as joué au foot et que tu as aimé ça ...
Lucy s'empourpra et donna un coup de poings dans l'épaule du garçon. Adam sourit tranquillement, et partit séparer Gethin et Morgan, qui avaient recommencé à se battre. A l'issue de la partie, les amis de Morgan, ainsi que Callum et Laura étaient repartis et Lucy se rapprocha de Meredith avec un grand sourire.
-Après tout tu avais raison. Il suffit juste de frapper dans un ballon.
Meredith rendit à Lucy un sourire crispé. La jeune fille remarqua alors que son visage était blanc comme linge, que la sueur coulait sur son front et qu'elle haletait.
-Meredith ? s'inquiéta Lucy. Ça va ?
La jeune femme tenta de répondre mais une grimace déforma ses lèvres et elle se plia une nouvelle fois, comme en début d'après-midi. Le regard de Lucy passa sur les jambes de Meredith et elle remarqua son pantalon humide et tâché. Comprenant en un éclair ce qu'il se passait, elle se précipita sur la jeune femme pour la soutenir, le cœur battant.
-Scampers ! s'époumona-t-elle alors, alors que Meredith peinait à reprendre son souffle. Je crois que ta sœur va accoucher !
***
Ils avaient attendu toute la nuit dans le salon, Morgan, Gethin, Adam et elle.
Le cadet s'était précipité dans la rue pour aller chercher Martin, qui était revenu en voiture avec Elen pour prendre Meredith et filer à la maternité la plus proche. Ils avaient laissé Debbie à ses arrière-grands-parents, encore assez énergique pour s'occuper d'elle, et Morgan et Gethin aux soins de Lucy et Adam. S'ils s'étaient tous mis en pyjama et avaient rejoint leurs chambres respectives, le sommeil avait été dur à trouver. Ils s'étaient tous retrouvé devant la télé, trop sonné pour faire quoique soit, à manger le reste des muffins d'Adam, devant un film qui se trouva étrangement plaisant. A minuit, Gethin et Lucy avaient sortis des bougies du fin-fond des tiroirs pour fêter les seize ans d'Adam. A cinq heures et demie du matin, ils avaient reçu un appel de sa mère annonçant la venue d'un petit garçon en bonne santé. Adam avait failli lâcher son téléphone, sous le choc. Son neveu était né le jour de son anniversaire. Il avait fixé le vide avant d'exploser de joie avec ses frères et sœurs. Ils avaient mis un moment à se calmer, et ils avaient fini par s'endormir plus d'une heure plus tard, Lucy la tête posée sur l'épaule d'Adam.
Adda les avait menés à la maternité le lendemain, avec Debbie. Gwen, qui supportait mal la voiture, était restée chez elle. L'entrée dans l'édifice ne fut pas facile : ils durent tous se soumettre à un test de température, se laver trois fois les mains et étaient forcés de garder un masque sur le nez tout le long. L'hôpital faisait un étrange effet sur Lucy : elle avait l'impression d'entrée dans une bulle étrange où tout s'arrêtait, où le temps semblait presque suspendu, rythmée par les bourdonnements des néons et par les cris des enfants. L'odeur lui donnait la nausée. Les autres à côté d'elle n'en menait pas larges : ils semblaient vouloir trouver Meredith au plus vite pour quitter ce couloir infernal. Finalement, Adda poussa une porte et ils entrèrent rapidement. Mais la chambre n'était pas d'avantage rassurante : tout était blanc, l'odeur était toujours étrange et il faisait presque froid. Meredith, dans son lit chargé de différentes machines qui laissèrent Lucy perplexe, lisait un magazine, le visage très pâle et les yeux cernés. Elen et Martin dormaient dans les chaises à côté, le nez dépassant du masque. Enfin, un poupon somnolait dans un petit berceau transparent à coté de Meredith. Celle-ci eut un sourire épanoui, mais fatigué quand elle les vit.
-Maman ! s'écria Debbie en montant sur le lit de sa mère.
-Alors, où est la petite merveille ? s'enquit Adda en embrassant sa petite-fille sur le front.
-Juste ici, répondit Meredith en lissant la couverture qui emmailloté l'enfant. Tu dis bonjour à ton frère, Debbie ?
Elen avait été réveillée sur l'éclat de sa petite fille, et s'étira comme un chat. Elle avait mauvaise mine. Morgan, sans dire bonjour à sa sœur, se précipita vers le bébé, de grands yeux émerveillés rivé sur ses traits.
-Il est trop mignon ! s'extasia-t-elle avec un grand sourire. Dis Meredith, je peux le prendre ?
La jeune femme eut un sourire fatigué et Martin, qui s'était réveillé, força Morgan à se mettre dans le fauteuil pour lui mettre le bébé dans les bras. Il s'agita un instant dans les bras de son père et ouvrit des yeux sombres sur sa tante. Lucy eut un sourire attendri alors qu'Elen prenait une nouvelles fois des photos de cet instant. Debbie levait un regard plein de curiosité sur son nouveau petit frère. Gethin le prit ensuite dans ses bras. Malgré son masque, on devinait facilement le sourire qui réchauffait son regard et illuminait son visage, effaçant ainsi son air maladif. Il leva les yeux sur Martin.
-Vous allez l'appeler comment ?
-On a eu du mal à se décider, admit Martin en toisant sa femme, qui eut un sourire angélique.
-Et j'ai gagné, fanfaronna Meredith avec un regard tendre sur son enfant. Il s'appellera Arthur Adam Barry.
Adam, qui venait de s'asseoir au bout du lit de sa sœur, sursauta et lui renvoya un regard surpris. Meredith eut un grand sourire et posa la main sur celle du jeune homme.
-Joyeux anniversaire, petit frère.
-Tu lui donnes sérieusement mon nom ?
-Et celui de mon grand-père, chuchota Lucy à Gethin et Morgan. Croyez-moi, le mixte des deux, ça peut être dangereux.
Les cadets pouffèrent mais Meredith hocha sereinement la tête. Elle échangea un autre regard avec Martin avant de se tourner vers son frère :
-Et on veut que tu sois son parrain. Tu n'es pas obligé d'accepter. Mais j'aimerais beaucoup. Adam ouvrit des yeux ronds comme des Gallions, l'air d'avoir pris un coup sur la tête. Lucy comprenait quelque peu sa démarche : elle avait avoué vouloir un petit Adam. Quelle meilleure façon qu'en faisait de son frère le parrain de son fils pour le guider ? Au final, Adam, abasourdi, accepta la voix enrouée et Martin lui mit son tout nouveau filleul dans les bras. Le Gryffondor le tint comme s'il était la chose la plus précieuse et la plus fragile au monde. Arthur agita ses petits bras, et commença à gémir doucement. Adam lança un regard désemparé à sa sœur, ne sachant quoi faire. Meredith reprit l'enfant avec un sourire, devinant qu'il avait sans doute faim et Elen pria tout le monde de quitter la pièce pour laisser la famille en intimité. Elle partit chercher quelque chose à manger avec Adda, Morgan et Gethin, laissant Lucy et Adam seuls dans le couloir de l'hôpital. Le jeune homme regardait un point dans le vide, hébété. Ses cheveux étaient encore couverts d'épis après la nuit courte qu'ils venaient de passer. Lucy se planta devant lui, amusée.
-Ça va Scampers ?
-Je suis parrain, lâcha Adam, sans bouger d'un pouce.
-Effectivement. Joyeux anniversaire.
Ses yeux se vrillèrent enfin vers Lucy, mais ne semblait pas la voir. Il resta un instant comme ça, fixant la jeune fille l'air interdit, avant que son visage ne se fende d'un immense sourire. Il éclata alors comme Lucy ne l'avait jamais vu éclater, pas même quand il avait gagné la Coupe l'an dernier : il éclata de rire de façon incontrôlée, et commença à s'agiter, faire les cents pas devant la chambre de sa sœur de façon frénétique.
-Pour l'amour du ciel, Lucy ! J'ai un filleul ! Et il est né le même jour que moi ! Bon sang je suis tellement heureux que j'ai l'impression que mon cœur va exploser !
-Je pense que le manque de sommeil te fait aussi péter les plombs, Scampers.
Malgré ces paroles sarcastiques, elle était amusée et heureuse de voir Adam ainsi, complétement lâché et détendu, un grand sourire éclairant son visage. Elle ne l'avait jamais vu aussi épanoui. Il était tellement excité qu'il se précipita vers Lucy sans hésitation et la souleva comme si elle ne pesait rien avant de la faire tournoyer.
-Scampers ! Non lâche-moi ! fit-elle mine de protester, mais riant malgré elle.
-Pas question ! Je lâche plus personne, là, je suis complétement euphorique !
Lucy s'esclaffa et renonça à éteindre l'ardeur d'Adam, le laissant la faire tourner avant que sa propre tête ne tourne et qu'il s'affale sur le sol, dos au mur, toujours un immense sourire sur le visage.
-Je crois bien que ça va rester le meilleur anniversaire de ma vie.
-Désolée, d'ailleurs, s''excusa Lucy en replaçant dignement ses cheveux. J'ai su ça tard, je n'ai pas de cadeaux ...
-Quoi ? Oh ne t'en fais pas, ce n'est pas grave. Ta présence est un cadeau.
Le ton était ironique, mais Lucy ne put s'empêcher de rougir, et donna un coup de pied dans la jambe d'Adam. Il eut un petit sourire, un peu timide. Lucy s'installa à côté de lui, et ils restèrent murer dans un silence agréable, pendant qu'Adam reprenait son souffle.
-Tu viens avec nous demain ?
-Où ça ?
-A Anfield.
Lucy secoua la tête, dépitée. Même s'il l'avait fait jouer, les frères Scampers ne perdaient pas espoir de faire voir un match de foot à Lucy.
-Je ne vais pas prendre la place de quelqu'un, quand même ?
-Meredith devait venir, sauf qu'elle est ... indisposée. Tu peux prendre sa place sans problème. En plus c'est le derby de la Mersey, le match le plus important du calendrier. On y va avec tout le monde, même ma mère et Adda – son père est originaire de Liverpool, alors ...
-Scampers, soupira Lucy. Je vais y réfléchir, mais je ne te promets rien.
Adam eut un petit sourire entendu, comme s'il savait qu'elle allait accepter. Au final, elle l'entendit fredonner doucement un air inconnu de la jeune fille, mais dont elle reconnut vaguement les dernières paroles :
-Walk on, walk on, with hope in your heart, and you'll never walk alon ... you'll never walk alone ...
***
-Admets-le !
-Pas question.
-Allez Lucy, admets-le !
-Non.
-Tu veux que je te re-vole ton grimoire ?
Lucy lança un regard acéré à Morgan. Les trois enfants Scampers présents, Adam, Gethin et Morgan, écharpes écarlates munie du logo « Liverpool Football Club – Est 1892 – You'll Never Walk Alone », accompagnée d'un drôle d'oiseau, au cou, immense sourire aux lèvres. Son regard se leva sur le stade d'Anfield, que les supporters des deux équipes quittaient en masse. Elle avait encore cédé à Adam (avec l'aide de Morgan qui avait adroitement caché son grimoire) et s'était retrouvée elle aussi avec l'écharpe de Liverpool au cou, à observer les joueurs d'un stade qui était très éloigné de celui de Quidditch. Liverpool affronté son frère ennemi Everton, l'autre club de la ville et l'avait battu par trois buts à deux, exaltant la famille Scampers à chaque fois. Lucy ne pouvait s'empêcher de trouver une certaine tristesse dans le football – de longues périodes d'inactivité des joueurs, peu de buts, des actions qu'elle trouvait peu spectaculaire – mais la passion du sport restait la même. Le moment, à l'entrée des joueurs, où tout le stade avait entonné le You'll never Walk alone, brandissant drapeaux et écharpes avait fait frissonner Lucy. Adda avait été comme un petit garçon dans le stade, hurlant à chaque action des hommes en rouge. A présent, les enfants Scampers attendaient que Lucy admette que le foot était aussi bien que le Quidditch.
-C'est ... moins pire que je ne pensais, déclara-t-elle finalement par soucis de ménager la susceptibilité des Scampers.
-Je pense qu'on ne pourra pas en obtenir plus, évalua Adam en avisant le visage buté de Lucy.
-En effet.
Adda, derrière eux, éclata de rire et posa un regard tendre sur le stade. Son œil pétillait comme celui d'un petit garçon.
-Mon père m'y emmenait tous les week-ends quand j'étais petit. Un moyen d'échapper à la Mine de temps à autre. Et pour les Anglais, c'était un moyen s'échapper aux docks.
-Les docks ?
-Je vais lui montrer, proposa Adam. On se rejoint à la voiture ?
Elen accepta d'un signe de tête et Adam entraina Lucy dans les rues de Liverpool, sans lui demander son avis. Elle ne protesta pas, à la fois perplexe et curieuse. Elle ne comprenait pas ce qu'il y avait à voir dans cette ville sale et d'apparence industrielle, mais elle se laissa guider.
-On va où ?
-Sur les docks de Liverpool. Que tu vois un peu de pays, espèce de Londonienne.
-Bien le merci Scampers. Maintenant tu m'expliques pourquoi un Gallois soutient Liverpool ?
Adam soupira profondément, alors qu'ils s'enfonçaient dans la ville, au milieu des routes, passants et voitures. Il avait posé une main au creux du dos de Lucy, pour la guider, et la jeune fille sentait presque sa paume la brûler à travers la veste.
-Le père de mon grand-père est originaire de Liverpool. Il travaillait dans les docks avant de rencontrer sa future femme et il l'a suivie au Pays de Galles pour travailler dans la mine. Mais il n'a jamais oublié Liverpool et a transmis ça à mon grand-père.
-Et c'est quoi le pire entre les docks et la mine ?
-Aucune idée. C'était deux travaux très durs, nés de la Révolution Industrielle au Royaume-Uni ... Tu veux que je te fasse un topo de l'histoire anglaise ?
Lucy grimaça. Elle n'était déjà pas très friande de l'Histoire des Sorciers, alors celle des moldus ... Elle se contenta donc de suivre Adam dans les rues de Liverpool, les bras noués sur son ventre, la main d'Adam toujours au creux de son dos. Ils prirent un bus, qui fut plus reposant que pouvait l'être le magicobus sorcier – voir même beaucoup trop lent. Lucy s'installa sur le siège miteux face à Adam et plongea son regard par la fenêtre. Après quelques minutes, elle remarqua que le jeune homme la couvrait d'un regard amusé, et dressa un sourcil. Le sourire d'Adam s'agrandit.
-Je pensais que tu n'aimais pas les robes.
Lucy fronça les sourcils et baissa ses yeux sur la robe bleue de Daphnéa. Elle ne tombait pas parfaitement, la journaliste était plus pulpeuse, tout en jolies courbes, alors que Lucy était plus maigre et faite d'angle. C'était pour cela qu'elle était heureuse d'avoir la veste pour masquer les imperfections. Elle haussa les épaules avec une indifférence feinte.
-Je supporte bien les jupes de l'uniforme. Et puis ... C'était l'occasion de la mettre.
-C'était un match de foot, Lucy, pas un bal. Mais elle te va très bien, ajouta-t-il précipitamment quand la jeune fille lui jeta un regard noir. Tu es très jolie. Et l'écharpe embellit le tout.
Pour toute réponse, Lucy lui jeta ladite écharpe à la figure – geste qui lui évitait de répondre au compliment, et qui faisait diversion de la rougeur qu'il avait occasionné. Pour éviter de s'embourber dans cette conversation, elle s'intéressa à nouveau à la fenêtre. Durant le reste du trajet, Lucy regarda à travers la vitre avec fascination. Adam disait vrai sans le vouloir. Elle n'était que très peu sortie de Londres, si ce n'était pour aller à Poudlard. Son seul voyage restait celui qu'elle avait fait au Pays de Galles, dans la réserve de dragon, et elle se rendait compte en observant les voitures et les bâtiments qui semblaient moins inintéressant qu'elle n'avait pensé d'un prime abord qu'elle avait peut-être raté quelque chose en restant clouée à Londres, telle la petite citadine qu'elle était.
Une vingtaine de minutes plus tard, ils descendirent, et Lucy sentit immédiatement qu'on changeait d'atmosphère. Ils n'étaient plus dans le stades bouillants et cacophonant d'Anfield, mais près d'un espace beaucoup plus ouvert, moins sale, plus aéré. Elle suivit Adam qu'à des bâtiments de couleur rouge et Lucy compris ce qui avait changé : ils étaient au bord du de la Mersey, le fleuve qui traversait la ville. La foule y était nombreuse mais n'avait pas la même densité. Adam la guida sur les quais et se planta au cœur des bâtiments rouges.
-Bienvenu à Albert Docks, Lucy.
La jeune fille n'avait rien vu de semblable. Les bâtiments semblaient s'avancer sur le fleuve, y flotter, créant un espace réduit de promenade, dégageant légèreté et sérénité. D'anciens bateaux y étaient accostés, donnant aux quais un charme particulier. Au loin on apercevait des constructions majestueuses qu'Adam présentant comme étant Pier Head, l'ancien port marchand de Liverpool. Le soleil brillait sur la Mersey et leurs cheveux étaient agités par le vent. C'était extrêmement agréable. Adam la menait à un quai au bord du fleuve. Les touristes passaient autour d'eux, mais d'après le jeune homme s'était plutôt calme. Ils restèrent un instant, laissant le soleil de printemps réchauffer leur visage. Adam alla même jusqu'à s'allonger sur les pierres, les doigts noués derrière la nuque, avant de rompre la quiétude :
-Alors, comment tu trouves les docks ?
-Pas trop mal. Il y a beaucoup de monde mais c'est joli.
Adam lui lança un regard torve devant l'air faussement sceptique de Lucy. Elle eut un sourire carnassier et laissa ses jambes pendre, jouer presque avec les bords de la Mersey.
-Au fait. (Il plongea la main dans sa poche et en retira une feuille de papier qu'il donna à Lucy). Regarde ça.
Lucy prit la feuille et la déplia avec un petit sourire. Il se fana immédiatement quand elle vit un coup de crayon familier esquissait les traits d'une jeune fille aux cheveux bouclés, dont la frange lui couvrait le front. Mais ce qui était le plus marquant était l'immense « CAFARD » qui la défigurait.
-Un dessin de Gethin ?
-Oui. Il l'a fait cette nuit et m'a demandé de te le montrer. Tu sais qui c'est ?
-Ce n'est pas croyable, souffla-t-elle en reconnaissant vaguement la jeune fille. On dirait ... la mère de Lionel. En beaucoup plus jeune.
Adam se figea et se redressa pour regarder le dessin par-dessus l'épaule de Lucy, les sourcils froncés.
-Hum ... C'est vrai qu'il lui ressemble ...
-Absolument pas, il a tout de son père.
Adam fit une étrange grimace, et Lucy se figea, ses doigts se crispant sur le papier. Les yeux morts de toutes les victimes passèrent un instant dans son esprit avant qu'elle ne se reprenne.
-Donc. La mère de Lionel. Avec un gros « Cafard » sur le visage. Pourquoi ?
-Elle a peut-être « cafardé » quelque chose, se moqua Adam avec flegme.
C'était dit sur le ton de la plaisanterie. Mais c'était loin d'être idiot. La lumière se fit alors sans l'esprit de Lucy. Son regard se fixa sur l'horizon, alors que les rouages de son esprit se mettaient en marche.
-Euh. Lucy ? s'inquiéta Adam.
-J'ai compris.
-Pardon ?
Elle se releva brusquement et se mit à faire les cents pas devant le quai. Adam la regarda faire, perplexe.
-J'ai enfin compris pourquoi Léo a été agressé ! A cause de sa mère ! (Elle montra le dessin à Adam). Marietta était dans l'A.D., on la voit sur la dernière photo que Gethin a trouvé. Mais Lionel ... Quand je suis allé chez lui, elle a été abjecte avec moi. Elle me détestait parce que j'étais une Weasley, d'après Lionel : elle n'a jamais été une héroïne et a même presque collaboré avec le régime de Thicknesse pour sauver sa peau, l'année où elle était au Ministère.
-D'accord, ce n'est pas un enfant de cœur. Quel rapport avec la photo ?
-Ma théorie : elle faisait partie de l'A.D. à ses débuts. Pourtant elle ne partageait pas leurs idées. Et si elle les avait « cafardés » ?
Lucy résuma la genèse de l'A.D. lors de la cinquième année de l'oncle Harry pour lutter contre une envoyée du Ministère qui ne croyait pas au retour de Voldemort. Et comment ils avaient dû brusquement stopper leurs activités quand elle avait su ce qui se tramait. Adam se redressa complétement, à présent parfaitement sérieux.
-Oui. Une fille qui cafarde l'A.D. et qui après aide le régime en place ... Ça peut expliquer Lionel.
-Mais je ne comprends toujours pas Maeve et ...
Sa voix se bloqua dans sa gorge et elle se laissa tomber sur le quai, laissant à nouveau ses jambes flotter au-dessus de la Mersey. La main d'Adam couvrit la sienne. Lucy tourna le visage vers lui et lui servit un pauvre sourire.
-Ça va. Je ... je veux juste qu'il revienne.
Elle avait dit ça d'une petite voix, un filet minuscule qui s'était échappé de ses lèvres. La poigne d'Adam se fit plus ferme et il serra ses doigts.
-Ne t'en fais pas, la rassura-t-il d'une voix extrêmement douce. Les profs ont la Potion, ce n'est qu'une question de jour avant qu'ils ne trouvent l'antidote ...
-Mais si l'agresseur était lié aux profs ? Scampers ! Il aurait accès à cet antidote et pourrait le saboter !
Sa voix s'était élevée et quelques passants avaient tournés la tête vers elle. Lucy passa une main sur son visage, troublée, alors qu'Adam serrait un peu plus sa main.
-C'est ... une possibilité, admit-t-il sans détour. J'avoue qu'avec Gethin, on a toujours pensé que ... ça devait être un groupe, sous la houlette d'une figure d'autorité. Un prof ou juste un membre de l'administration. Il utilise peut-être les élèves, comme Laureen semble avoir utilisé Pucey pour avoir le carnet. Elle a joué sur la corde « persécuter un né-moldu » et il a mordu sans poser de question. Peut-être que le gars a fait la même chose avec Wallace ... C'est pour ça qu'il y aurait eu une dispute, devant les toilettes, comme l'avait dit Mimi. Wallace avait peut-être compris qu'on le menait en bateau.
Lucy sentit son visage se décomposer complétement. Tout ce que disait Adam semblait d'une logique implacable, mais c'était précisément ce qui lui faisait peur. Si un prof était impliqué ... Alors l'idée d'un antidote rapide s'amenuisait. Les potions les plus longues se faisaient sur un cycle complet. Le cycle serait fini pendant les vacances. Si l'antidote n'était pas prêt à ce moment-là ... Lucy passa une main dans ses cheveux. Elle voulait revoir James avec des yeux normaux et vivants. Adam serra ses doigts.
-Mais ça ne veut rien dire. Peut-être quand on reviendra, l'antidote sera là.
-J'espère que tu as raison, finit par soupirer Lucy, expirant tout l'air de ses poumons pour se détendre. James, Lionel ... Je commence à avoir trop perdu dans cette histoire. Même mes cousins.
Lucy la revit alors, la petite moue sur les lèvres d'Adam quand elle évoqua Lionel. Elle dressa un sourcil, intriguée. Malgré son trouble, elle remarquait que ce n'était pas la première fois que le Gryffondor réagissait au nom de Lionel, et ce fut pour cela qu'elle prolongea son regard. Adam finit par détourner les yeux pour les river sur la Mersey.
-Ce n'est rien, finit-il par grommeler en se frottant la nuque. C'est juste que ... Je ne savais pas que tu tenais encore autant à Lionel. Comme ... Je ne sais pas, ça faisait un moment que vous n'étiez plus ensemble, non ?
-On s'est quitté en avril dernier, confirma Lucy, perplexe par la tournure que la conversation prenait – tout comme la teinte rouge que commençait à prendre les joues d'Adam. Mais ... On a passé quelques mois ensemble, et même si ça c'est très mal fini, bien ... J'en garde un bon souvenir. Et on a fini par dépasser ça.
-Pourquoi vous vous êtes quittés, en fait ?
Lucy garda un instant le silence, gênée. La vérité, c'était que la jalousie et la condescendance intestine de Lionel vis-à-vis des autres fréquentations de Lucy avait eue raison de leur couple. Et en première ligne, Luke. Les deux garçons ne s'étaient jamais entendus, et la proximité de la jeune fille avec le préfet de Serpentard n'avait rien arrangé. Un jour, Lionel lui avait demandé de choisir et elle avait choisi. Elle avait considéré que Luke était plus important à son système que ne l'était Lionel.
-On ne s'entendait plus vraiment, dit-elle alors, ce qui était également vrai. Il a fini par m'agacer à la longue ... Je ne sais pas si tu as remarqué, mais il était ... arrogant.
-Non, sans déconner.
Lucy rit devant l'air ironique d'Adam. L'arrogance de Lionel était l'une des légendes de Poudlard, mais il avait également su être tendre et drôle avec elle, avant que ces mauvais côtés ne le rattrapent. Elle finit par lorgner Adam, longuement, avec un sourire tordu qui fit gémir le Gryffondor.
-Oh non ...
-En fait Scampers ... Maintenant que j'y pense, je ne t'ai jamais vu avec une fille, à Poudlard.
Adam rougit violemment et lâcha la main de Lucy. Il passa une main dans ses cheveux en secouant la tête.
-Joker. On ne peut pas revenir sur la mère de Lionel ?
-J'ai besoin de me changer les idées, prétendit Lucy avec un autre sourire. Tu veux bien m'aider ?
Elle le contempla avec un sourire qu'elle espérait adorable, et battit des cils pour l'attendrir. Adam dévisagea la jeune fille et soupira profondément, résigné.
-Ce n'est pas parce que tu ne m'as jamais vu que je n'ai jamais eu de copine.
-Qui ?
-Lucy, gémit Adam en enfouissant son visage dans ses mains.
-Oh allez ! Tu sais déjà que j'ai été quelques mois avec Lionel et il n'y a rien d'autre à savoir. Ne me dis pas que c'était une de mes cousines ?
-Oulala, bien sûr que non.
Lucy sentit son sourire s'élargir et se teinter de malice devant l'air parfaitement embarrassé d'Adam.
-Balance un nom, Scampers.
Adam gémit entre ses mains et releva le visage. Sa peau avait repris sa couleur naturelle mais il semblait toujours aussi adorablement gêné.
-Tu vas te moquer de moi.
-Balance un nom, Scampers.
-Pas de moquerie ?
-Pas question Scampers. Un nom.
-Lyanna Sterling.
Lucy ne put s'en empêcher : elle éclata de rire, de façon incontrôlée. Les passants se tournèrent sur elle et Adam rejeta son visage en arrière, le visage cramoisi.
-Je t'avais demandé de ne pas me moquer ...
-Lyanna Sterling ? La glousseuse d'Arithmancie ? Tu te fiches de moi ? Combien de temps ?
-Trois mois. Et c'est justement ses gloussements qui ont eu raison de ma patience.
-Trois mois ? Je te bats sur la longévité, Scampers.
-Et avec Emma Robins, c'était sept, ajouta-t-il avec un petit sourire de coin.
-Sept mois avec Emma Robins ?!
Adam sourit doucement, à la fois amusé et gêné. Lucy n'en revenait pas de ne jamais l'avoir vu avec aucune de ces filles, alors que cela avait tout de même durait quelques mois. A priori, Adam Scampers était quelqu'un qui aimait la discrétion.
-Je ne savais pas que Monsieur Scampers était un tombeur, se moqua-t-elle doucement.
Adam lui donna un petit coup dans le bras, les joues rougissantes.
-La ferme, Weasley.
-Peuh ! Tu n'as toujours pas trouvé le moyen de me faire taire, Scampers.
Adam eut un sourire énigmatique, à la fois moqueur et empreint d'une timidité qui lui était coutumière. La lueur dans ses yeux vacilla, et Lucy se figea quand il pencha doucement le visage vers elle. Elle ne bougea pas d'un pouce, troublée par sa proximité, son visage si proche qu'elle ne savait plus où poser les yeux. A défaut de trouver un point d'ancrage, elle planta son regard dans le sien, ce qui n'eut pour effet que d'accélérer les battements de son cœur. Son sourire s'élargit.
-En fait, j'ai une idée depuis un moment, chuchota-t-il, son souffle lui caressant la joue. Mais j'avoue que j'ai peur de l'essayer.
Lucy aurait voulu être cinglante, répliquer quelque chose de sarcastique. Mais toutes ses belles paroles s'étouffèrent dans sa gorge. Elle comprenait ce qu'il avait en tête. Et la teneur de ce moment.
Oh par Merlin ...
Elle ne bougea pas d'un pouce. Elle était paralysée, ses yeux rivés sur ceux d'Adam. Elle ignorait ce qu'elle voulait. Elle était attirée par Adam Scampers, elle s'en rendait comte. Mais quelque chose la bloquait. Sa fierté ? Son appréhension ? Sa peur ? Car oui, elle voulait bien admettre qu'elle était effrayée par la perspective, et ce pour diverse raison. Elle avait bien trop peur, et elle était bien trop fière pour faire le premier pas. Sa chance fut qu'Adam était l'inverse. Les années à Gryffondor avaient forgé son caractère, dissipé une partie de sa timidité, et le fait d'être en terre connue lui donnait le courage qui lui manquait. Alors, avec une lenteur mesurée, comme pour tester la réaction de Lucy, il se rapprocha. Elle ne bougea pas. Alors il franchit la faible distance qui le séparer des lèvres de la jeune et y posa les siennes avec douceur. Ce fut furtif. Léger comme une brise. Pourtant Lucy passa par tous les états : indignation, angoisse et enfin l'apaisement. C'est à ce moment qu'elle s'autorisa à répondre au baiser d'Adam, le cœur battant à tout rompre. Elle ne sut combien de temps ils s'embrassèrent ainsi, avec douceur, sans précipitation, mais le jeune homme finit par se détacher, sans s'éloigner. Il détailla le visage de Lucy, comme s'il le voyait pour la première fois, avant de sourire d'un air amusé, sans être moqueur.
-Eh bien voilà. J'ai réussi à te faire taire.
Lucy plissa les yeux, mécontente qu'il craque ainsi sa bulle, et répondit à la pique en lui donnant un coup de poing dans le bras. Adam s'esclaffa en s'éloignant quelque peu, loin des coups de Lucy.
-Ne fais pas le malin, Scampers. Avec des mots, ça veut dire quoi ce que tu viens de faire ?
-Euh ... (Il se frotta la nuque en laissant son regard voguer vers le fleuve). Je pense que c'est assez explicite.
-Scampers.
Adam soupira profondément, la main vissée à sa nuque. La timidité semblait refaire surface, et ce fut avec un sourire adorablement empreint de gêne qu'il déclara :
-Que tu es une jolie peste ?
Lucy ricana de dépit. Elle observa un instant Adam, ses cheveux cuivre que le vent ébouriffait, ses yeux noisette s'éclaircissant sous le soleil, son air serein malgré son embarras apparent. Elle s'était toujours persuadée que rien n'arriverait car elle était trop fière et lui trop timide. Il lui avait prouvé que pour elle, il était capable de dépasser ce cap. Était-elle capable de mettre sa fierté au placard pour lui ? Elle ignorait ce qui allait se passer. Elle ignorait même ce qu'elle ressentait. Ce qu'elle savait en revanche, c'est qu'elle appréciait Adam Scampers, qu'elle aimait beaucoup sa compagnie, et que ce baiser était loin de lui avoir déplu. Elle réfléchit encore quelques secondes et prit sa décision. Elle se glissa vers Adam, et il eut un mouvement de recul, craignant surement qu'elle ne dégaine un autre coup. Bien au contraire, elle planta un baiser furtif sur ses lèvres, scellant ce qui venait de se passer. Puis elle s'écarta et eut un sourire moqueur.
-Et toi un « Gryffondor mignon ». Et plus question que tu te mettes avec Lyanna Sterling en Arithmancie.
-Promis, souffla Adam avec un sourire incertain. Euh, ça veut dire que ... tu es d'accord ? Avec ça, enfin je veux dire ... avec nous ?
Lucy eut un sourire à la fois amusé et attendri. A vrai dire, elle ne savait absolument pas ce que ça allait donner. Elle n'était même pas sûre d'être ... amoureuse. En revanche, ce qu'elle savait, c'était qu'elle s'en voudrait de ne pas essayer, juste parce qu'elle était trop fière. Alors elle sourit et hocha la tête. Adam sourit à son tour, un sourire à la fois heureux et soulagé. Ses doigts glissèrent jusque ceux de Lucy et les effleurèrent doucement. La jeune fille les prit et observa un moment leurs doigts entrelacés. Elle n'arrivait pas à croire ce que cela signifiait. Puis elle en prit toute la conscience et elle poussa un gémissement en laissant aller son front sur l'épaule d'Adam. Il essuya un petit rire.
-C'est si terrible ?
-Oui ! Enfin non, pas du tout ... Mais Montague va me jeter dans le Lac Noir quand je vais revenir en te tenant la main !
Adam s'esclaffa et Lucy lui donna un coup sec sur le poitrail.
-Ce n'est pas drôle, Scampers !
-Ce qui me fait rire, c'est que l'avis de Marcus Montague semble te tenir bien à cœur ...
Elle lui donna une petite tape derrière la tête, ce qui ne fit que renforcer l'hilarité d'Adam. Elle secoua la tête, dépitée et songea à un instant aux ragots que provoquerait cette nouvelle à Poudlard. Elle n'était pas sûre de vouloir affronter cela, encore moins alors qu'elle était déjà l'objet de la plupart des rumeurs à l'école. Adam parut comprendre ce qui l'effrayait – à savoir pas Marcus Montague en tant que tel ... Son regard s'adoucit.
-Si c'est la réaction de Poudlard qui t'inquiète, ne t'en fais pas pour ça. Comme tu l'as dit, tu ne m'as jamais vu avec une fille alors que j'ai eu deux copines. J'aime la discrétion, et je déteste sentir tous les yeux de l'école posés sur moi. Alors la discrétion, je suis désolé Lucy mais je l'impose.
-Sortir avec moi ce n'est pas la meilleur garantie ..., bougonna Lucy en rougissant. Tu l'as dit toi même, les Weasley font beaucoup parler d'eux, surtout moi, en ce moment. Mais sinon, le principe me va parfaitement, Scampers.
Adam sourit doucement, et serra la main de Lucy.
-Je prends le risque. Mais une dernière chose ...
Elle dressa un sourcil, intriguée. Adam la regarda dans les yeux, l'air boudeur.
-Tu peux arrêter de m'appeler « Scampers » ?
Lucy laissa un rire lui échapper. Elle s'approcha d'Adam, un sourire mutin aux lèvres et posa un petit baiser sur sa joue.
-Même pas en rêve.
Adam leva les yeux au ciel, un sourire résigné s'étirant sur ses lèvres, comme s'il s'était attendu à cette réponse. Malgré sa déception, il se pencha vers Lucy et l'embrassa doucement. La jeune fille se laissa faire, grisée par cette sensation de bien-être qui la saisissait quand Adam posait ses lèvres sur les siennes.
Finalement ... C'était loin d'être si terrible.
A présent, elle en était sûre. Elle ne marcherait plus seule.
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