Chapitre 31 : D'inquiétants murmures
Et on retrouve Lucy pour ce chapitre ! Peu de modification, il est simplement coupé en deux par rapport à l'original. Bonne lecture !
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Chapitre 31 : D'inquiétants murmures.
Son verre de jus de citrouille tremblait toujours entre ses mains. Agacée, Lucy le repoussa pour enfoncer ses doigts dans ses cheveux, plantant ses ongles dans son crâne pour empêcher ses mains de trembler.
-Hey, Weasley ...
Luke mit une main sur son épaule. Une main glacée. Ses cheveux étaient encore couverts de neige et sa lèvre était bleuie par le froid. Venait-il de dehors ? Que nenni.
Il avait neigé dans leur chambre.
Et elle n'avait pas besoin de ça.
La seule chose qui rassurait Lucy, c'était qu'il avait fait quelque chose de spécial dans toutes les chambres de Poudlard. Les Serpentard étaient remontés de leurs dortoirs en grelottant et avaient découvert au sol un épais tapis de neige et leurs chandeliers emprisonnés dans la glace. Les Gryffondor s'étaient réveillés par une chaleur étouffante, une de celles qu'on avait en plein cœur de l'été. Les Poufsouffle avaient retrouvé toutes leurs belles plantes fanées par l'automne et une couverture de feuille morte aux couleurs vives sur le sol. Quant aux Serdaigle, certains avaient eu des réactions allergiques au pollen qui était apparu et leurs boissons avaient été remplacées par des filtres d'amour, parce que (et elle citait le message qui avait remplacé la célèbre citation « tout Homme s'enrichit quand abonde l'esprit » au pied de la statue de Rowena Serdaigle) : « le printemps c'est la saison des amours ». Ainsi, certains élèves dont Laureen Bones, Charles Corner, et même Dominique, avait été amené à l'infirmerie car ils déclaraient leur amour aux ...
-Mousquetaires, grommela Lucy en serrant plus fort son verre de jus de citrouille de ses doigts tremblants. Je vais les tuer, cette fois.
-Au moins, on n'a pas été les seules cibles, commenta Luke en s'en servant un verre.
-Et puis j'ai trouvé ça drôle, commenta Will, assis plus loin. C'était plus fin que d'habitude. Et honnêtement, quelle magie ... ça ne vous impressionne pas, vous ?
-Peut-être, mais il a fallu qu'on récolte l'hiver, marmonna Eléonore, emmitouflée dans un pull de Montague, le nez dans une écharpe émeraude. Je n'arrive pas à me débarrassera du froid.
Elle lança là-dessus un regard entendu à son petit-ami, qui soupira en se rapprochant d'elle pour la prendre dans ses bras – un miracle quand on connaissait l'amour de Montague pour les gestes tendres. Ils étaient à présent tous sur leurs tables respectives pour le petit-déjeuner. Chaque Maison de Poudlard s'était réveillée sous une saison différente, et d'une manière générale, chacun avait trouvé la situation plus amusante qu'autre chose – sauf les Serpentard et certains Poufsouffle qui regrettaient la mort de leurs plantes. La rumeur disait que Zoey Londubat avait coursé Roxanne le long du deuxième étage. Les Mousquetaires ne s'étaient pas cachés et avait revendiqué leur exploit grâce aux filtres d'amour des Serdaigle, et autres divers messages, mais n'étaient inquiétés par personne, pas même par les professeurs. De l'avis de Lucy, ils devaient être, comme Will, impressionnés par la prouesse magique. Ce n'était pas facile de créer un microclimat à Poudlard.
Mais Lucy n'avait pas été amusée. Pas du tout, même.
Elle n'avait pas besoin de cela.
Dix jours avaient passé depuis l'attaque de Maeve Macmillan. Et Lucy n'arrivait pas à dormir sans avoir l'image de cette silhouette à la cape blanche, masquée, qui glissait vers la jeune fille, des étincelles que sa baguette avait jetées quand elle avait voulu protéger sa camarade, de ses pleurs quand Molly et Daphnéa l'avaient retrouvée. Apparemment, la silhouette à la cape blanche n'avait eu le temps d'injecter assez de Sérum à Maeve pour la mettre dans le même état que les autres victimes, mais assez tout de même pour l'envoyer à Ste-Mangouste. D'après le professeur McGonagall, les Médicomages étaient intervenus à temps pour pomper le Sérum. Maeve était à présent consciente et reviendrait dans quelques jours, ce qui avait soulagé tout le monde. Une petite victoire, mais qui inquiétait l'école : celui qui agressait les élèves courait toujours, et il courait dans Poudlard. Greengrass avait même avoué à demi-mot à Lucy, la mort dans l'âme, que la fermeture de l'école commençait à être envisagée.
La préfète de Serpentard avait été longuement interrogée par McGonagall et les quatre directeurs de Maison, mais, à sa plus grande frustration, elle n'avait pas reconnu son adversaire. C'était juste une silhouette à la cape blanche et au masque immaculé, sans nom. Avec le blizzard, Lucy n'avait même pas pu établir si c'était un homme ou une femme : juste une petite silhouette, au teint clair et à la baguette longue au bois sombre. Il avait essayé d'attaquer Maeve, l'avait immobilisé, et Lucy avait réussi in extremis à l'empêcher de mener son action à bien. Maintenant que cette histoire était finie, Lucy aspirait plus que tout au calme et à retourner à son enquête.
Et à coincer un certain Gethin Scampers, qui semblait prendre un malin plaisir à lui glisser entre les doigts ces temps-ci.
Cette histoire était extrêmement frustrante pour Lucy. Car elle avait enfin décidé de laisser le garçon en paix qu'il redevenait immédiatement suspect. Elle savait que le blizzard avait été épais sur le terrain de Quidditch. Mais si Gethin Scampers y était allé, elle l'aurait su. Et il n'y était pas, elle était formelle. Alors comment avait-il pu indiquer à Molly où elle se trouvait ? Elle avait essayé d'en parler avec Adam, en Arithmancie. Mais étrangement, le Gryffondor s'était lui aussi fait plus distant, et avait à peine adressé la parole à la jeune fille. Elle s'était sentie blessée par cette indifférence mais s'était efforcée de ne pas le laisser paraître. La famille Scampers semblait en ce moment extrêmement suspecte. Et cela faisait enrager Lucy.
Elle était à présent gelée, son verre de jus de citrouille entre les mains, l'esprit bouillonnant. Elle n'avait pas besoin de la farce de ses cousins. Pas en ce moment.
-Arrête de faire cette tête, Weasley, s'agaça Dorothy en faisant un vaste geste pour désigner la Grande Salle. Tu es la seule à ne pas être amusée par cette vanne. Avoue que c'est du génie !
-Et beaucoup moins désagréable que d'habitude, admit Montague, récoltant le regard noir de sa petite amie. Quoi ? Tu préférais les lutins de feu, peut-être ?
Personne ne répondit rien, et ils retournèrent tous à leur petit-déjeuner. Beaucoup considéraient l'incident comme clos, mais Lucy lorgnait toujours James, Louis et Roxanne, qui riaient à la table des Gryffondor. Dorothy finit par lui jeter un journal au visage.
-Lis ça plutôt. Ça va te remonter le moral ...
Lucy lui jeta un regard torve mais déplia l'exemplaire de La Gazette. Contre son gré, un petit sourire s'étendit sur ses lèvres.
HERMIONE GRANGER-WEASLEY ELUE MINISTRE DE LA MAGIE
Après le troisième recomptage des voix demandé par Eleen Tremblay, l'ancienne sous-secrétaire d'état d'Ereba Millaners, le Mangemagot a officiellement validé le scrutin et donné Hermione Granger-Weasley vainqueur de l'élection Ministérielle.
L'attente a été longue en raison d'une peur des fraudes de la part d'Eleen Tremblay, qui se présentait également en tête de file d'un mouvement conservateur sous la devise « cultivons notre propre identité ». La réaction de la vaincue se fait attendre – nous avons en revanche pu joindre Percy Weasley, le porte-parole de campagne d'Hermione Granger-Weasley et actuel chef du Département des Transports Magiques. « Nous sommes satisfaits de cette victoire. La démocratie a parlé, dans le respect absolu de ses règles. Nous avons été patients lors du recomptage exigé par Eleen Tremblay, mais à présent nous allons pouvoir nous mettre au travail ». Quand nous lui avons annoncé la décision du Magemagot, le mari de notre nouvelle Ministre, Ron Weasley, a préféré ironiser : « ça valait le coup de recompter, tiens ! ».
-59,6 pourcents des voix, lut Luke par-dessus l'épaule de Lucy. J'avoue, pourquoi ils ont recompté ? C'est plutôt écrasant ...
-Tremblay craignait des fraudes, expliqua patiemment Eléonore. J'ai lu un article qui disait qu'elle pensait les services électoraux acquis à la cause du (Elle fit des guillemets avec ses doigts) « Clan Weasley ». Je vous jure, j'ai l'impression que ça devient un véritable épouvantail ... Presque une expression toute faite ... Après la « Génération Potter » pour désigner toute la génération d'après-guerre, on a le « Clan Weasley ».
Lucy se trémoussa, mal à l'aise. Pourtant, le ton d'Eléonore était assez neutre – elle lisait énormément de livre de sociologie ou d'histoire. Lucy ignorait même qu'il existait cette expression de « génération Potter » pour désigner les enfants nés après la guerre. Mais l'idée que sa famille devienne une sorte d'épouvantail sur lequel les médias allaient s'abattre la chagrinait. Elle préféra fermer son journal et laissa son regard vagabonder. Dominique venait de revenir dans la Grande Salle, l'air de très mauvaise humeur après avoir été forcée à boire un filtre d'amour. Laureen Bones suivait, froide comme la glace, avec un regard féroce pour les Mousquetaires. La vue de la préfète de Serdaigle raviva un autre souvenir dans l'esprit de Lucy et ses yeux se déportèrent sur la table des Gryffondor. Gethin Scampers mangeait, seul, l'air pâle et maladif, comme toujours. Quelques chaises plus loin, Lucy remarquait que son frère le couvrait d'un regard inquiet entre deux bouchées de toast. L'incertitude quant à ses deux-là lui laboura les entrailles. Elle s'était décidée à parler clairement avec Adam, quitte à tout lui révéler sur le Sérum de Basilius – tout, du moment qu'il lui disait ce qui clochait chez Gethin. Car quelque chose clochait réellement. Elle prit son courage à deux mains et prit congé de ses camarades.
-Frappe fort Potter pour moi, articula Eléonore, toujours couverte par son écharpe. Je lui dédie mon rhume.
Lucy hocha la tête, et abandonna son petit-déjeuner, mais à peine avait-elle fait un pas en direction de la table de Gryffondor que Gethin se levait soudainement, comme ayant un haut-le-cœur et se mettait à courir entre les tables de Serdaigle et Gryffondor pour sortir de la Salle. Adam le suivit deux secondes plus tard. Toujours à hauteur de la table de Serpentard, Lucy étouffa un juron en voyant ses deux proies s'échapper ainsi. Elle s'apprêtait à sortir de la Grande Salle à leur suite, bien décidée à obtenir des réponses, mais une poigne timide attrapa son bras au moment où elle sortait. Lucy se retourna et avisa avec stupeur les yeux verts de Shannon Finnigan. Un petit sourire retroussa ses lèvres.
-Salut, fit la jeune fille, l'air à bout de souffle. Euh ... On peut parler, s'il te plait ?
-On a Potion ensemble, rappela Lucy, les sourcils froncés. Maintenant.
-Je sais ... Mais, avant. Il faut qu'on ... parle de Maeve.
Lucy sentit un coup invisible frapper son cœur et elle hocha la tête, vaincue. Elle savait que Maeve Macmillan était une camarade de dortoir de Shannon et la jeune fille avait été affectée par son agression. De même que toute la Maison Poufsouffle. Ces dix derniers jours, la préfète avait remarqué certain regard de travers qui lui était jeté car c'était elle qui avait retrouvé Maeve. Lucy conduisit Shannon dans une salle vide et referma la porte derrière elles avant de considérer la Poufsouffle avec un certain amusement.
-C'est pour commenter la victoire de ma tante ? Pas mal de choses vont changer chez toi si ta mère est nommée à la Justice Magique ... tu as besoin de conseils ?
Shannon ne daigna pas sourire et Lucy se souvint honteusement que sa mère avait elle aussi été victime de l'attaque du Magenmagot, et qu'elle en garderait des cicatrices. Sa nomination prochaine à la tête de la Justice Magique ne devait pas être dans les priorités de la jeune fille. Lucy se passa une main dans les cheveux.
-Désolée ... Elle va mieux ?
-Quoi ? Oh oui, ça fait un moment qu'elle est rentrée chez nous, tout va bien. Prête à prendre possession de son nouveau bureau. Non, si je voulais te parler c'est pour ... autre chose.
-Quoi ? Qu'est-ce qui ne va pas ?
Shannon tripotait son farfadet qui agitait son trèfle sur son sac avec nervosité. Un air contrit se peignit sur son visage.
-Ce n'est pas grand-chose ... Juste ... Des murmures que j'entends dans ma Salle Commune. Je pense que tu aurais aimé savoir ...
-Des murmures ? répéta Lucy, perplexe. Sur Maeve ?
-Non, affirma doucement Shannon. Sur toi.
Lucy dressa un sourcil, surprise par le ton catégorique et entendu de Shannon.
-Sur moi ? Pourquoi ? Ils m'en veulent parce que je n'ai pas su arrêter celui qui a agressé Maeve ?
-Non, fit Shannon, l'air de plus en plus mal à l'aise. J'entends ... je veux dire que certain disent ... pensent ... Oh, je ne sais pas pourquoi, je ...
-Shannon, crache le morceau, s'il te plait.
-D'accord, céda la jeune fille, tripotant encore plus son badge. Certains pensent que c'est toi qui as fait ça à Maeve.
Lucy dévisagea Shannon, abasourdie. Puis ses nerfs lâchèrent complètement ; entre l'attaque du Mangenmagot toujours pas résolue, la blessure de sa mère, les déboires de Molly et l'attaque de Maeve, tout lui paraissait absurde. Alors elle éclata de rire, prenant Shannon de court.
-Moi ? s'esclaffa Lucy, incapable de se contrôler. Agresser Maeve ? Il y en a vraiment qui pensent ça ?
-Je penserais que ça t'inquièterait, dit Shannon d'un ton légèrement pincé. Certains sont persuadés que c'est toi qui es à l'origine des agressions, mais pas uniquement celle de Maeve. Et pas que les Poufsouffle.
-Vraiment ? Mais c'est quoi leurs arguments ?
Lucy n'arrivait pas à prendre ce que Shannon au sérieux. Elle, agresser les élèves ? Alors qu'elle s'arrangeait depuis le début pour démasquer le coupable ? C'était risible.
-Beaucoup de chose, entonna doucement Shannon en prenant place sur une table. D'abord, beaucoup trouvent suspect que tu aies été présente quand on a découvert les victimes. Tu as découvert Alexandre Wallace, tu étais là quand on a trouvé Lionel Boot, et Maeve ... Chaque fois tu étais là.
-Je n'y peux rien, grommela-t-elle, s'installant elle aussi sur une table. Je suis une Weasley, les ennuis ont relativement tendance à me trouver sans que je ne les cherche.
-Ensuite, tu as un lien avec toutes les victimes, ajouta Shannon, l'air soulagée que l'hilarité de Lucy se soit calmée. Tu avais une dent contre Alexandre Wallace avant qu'il ne se fasse agresser, Lionel Boot est ton ex-petit-ami ...
-Et Maeve ? Elle était peut-être la même année que moi, mais je ne lui ai jamais parlé ...
Shannon haussa les épaules, comme si ça lui passait à elle aussi par-dessus la tête. Lucy commença alors à trouver la situation nettement moins drôle au fur et à mesure que ce que lui disait la jeune fille s'insinuait dans son esprit.
Des gens la soupçonnaient.
Elle.
Une peur irrationnelle lui glaça le cœur et elle fit un signe de tête à Shannon de continuer.
-Certains trouvent que tu t'inquiètes trop de cette affaire ... Que tu enquêtes trop ... (elle s'interrompit, et finit par soupirer : ) notamment parce que certain t'ont entendu me demander des informations sur Maeve la semaine dernière, en Potion.
Lucy se mordit la lèvre inférieure. Dans l'optique de son enquête avec Luke, ils avaient tenté de faire la lumière sur tous les parents des victimes. Si ça avait été facile pour ceux d'Alexandre Wallace, Lionel avait posé, et posait toujours beaucoup de problème. Jina n'avait rien su lui dire : Terry était quelqu'un de très respecté et Marietta quelqu'un de discret, d'après elle. Après l'attaque de Maeve, elle avait demandé effectivement à Shannon des détails sur ses parents. Ça lui avait été utile car le père de Maeve, Ernie Macmillan était un ancien de l'armée de Dumbledore et à présent un imminent membre du Magenmagot. L'attaque de sa fille semblait être aussi incompréhensible que celle de Lionel et Luke et Lucy cherchaient encore le lien. Mais celui qui unissait les agressions à la Seconde Guerre ne semblait plus à faire.
-J'essaie de trouver des réponses, se défendit-t-elle avec une certaine sècheresse. On est tous inquiet, on cherche tous à comprendre ...
-Mais de manière moins insistante que toi, continua Shannon en tripotant son badge de plus belle. Et le coup de grâce, c'est que certains Serpentard qui pensent que c'est toi qui sabotes votre Salle Commune.
-Je quoi ?!
Les doigts se Shannon se figèrent sur son badge suite à l'éclat de Lucy. La préfète n'en revenait pas.
-Et pourquoi, cette fois ? Quoi, après quatre ans, je suis toujours amère d'être à Serpentard ?
-Quelque chose comme ça, oui, laissa échapper Shannon dans un filet de voix, comme si moins fort elle le disait, moins ce serait pénible pour Lucy.
Lucy étouffa un cri de rage et se mit à faire les cent pas devant la porte, tourmentée. Après être devenue préfète, après le fait d'enchainer les victoires au Quidditch en tant que Capitaine ... Encore maintenant, on pensait d'elle qu'elle ne voulait pas être à Serpentard ? Shannon la regardait faire, sans un mot. Lucy finit par s'appuyer sur le mur, à côté de la porte et passa une main rageuse dans ses cheveux.
-Désolée, finit-t-elle par dire à Shannon.
-Ne t'en fais pas, la rassura la Poufsouffle d'un ton qui se voulait clame et positif. Je comprends que ... ça te frustre. C'est pour ça que je te l'ai dit ... Je penserais que tu devrais être ... au courant.
-Oui, soupira Lucy en tentant de réprimait la hargne qui montait dans sa poitrine. Merci, Shannon, c'est ... prévenant que ta part. Mais qui pense ça ? Je veux dire, des gens qui m'en veulent ou des ...
Elle s'interrompit quand elle se rendit compte que Shannon avait détourné le regard pour fixer la porte d'un air suspicieux. Lucy fronça les sourcils et voulus parler, mais Shannon secoua la tête en sortant sa baguette :
-Homine ...
-Ça va, ça va, je suis là !
Lucy fit un véritable bond sur le côté en entendant une voix proche de la porte. Soudainement, une tête blonde surgit du vide et la cape glissa sur le sol. Shannon ne baissa pas sa baguette et Lucy sortit rageusement la sienne pour la pointer sur le font du nouveau venu. Celui-ci gratifia les deux jeunes filles d'un sourire, creusant ses adorables fossettes.
-Surprenant (ses yeux lorgnèrent la baguette de Shannon). Comment tu as su que j'étais là ?
-Intuition, répondit la Poufsouffle avec une certaine défiance. Tu as marché dans la craie, je crois, tes pas se voient.
Louis baissa les yeux sur ses chaussures, effectivement couverte d'une poudre blanche qui rendait de ce fait ses pas visibles. Il éclata de rire.
-Le Mousquetaire démasqué ! s'esclaffa-t-il avec un regard admiratif pour Shannon. Bien joué, blondinette.
-Ne m'appelle pas comme ça, rétorqua Shannon d'un ton digne et ferme qui ne lui ressemblait pas.
Louis sourit et s'inclina moqueusement.
-Toute mes excuses, milady. (Il se tourna alors vers Lucy, un sourcil dressé, la cape argenté sous le bras) ça va ma cousine ?
-Toi, gronda Lucy, la baguette toujours pointée sur le front du Gryffondor, je te fais la tête.
Elle avait sorti ça sans trop réfléchir, de manière puérile, encore abasourdie par les révélations de Shannon et courroucée par la farce de ses cousins. Louis haussa les sourcils, l'air amusé par la réplique de sa cousine.
-Quoi, tu me boudes ?
-Tu as fait neiger dans ma chambre, feula Lucy, baguette toujours tendue.
-Et vous avez fané nos plantes, marmonna Shannon. Londubat nous avait trouvé un magnifique arbre aux prunes dirigeables qu'on a dû lui rendre parce qu'il était en train de mourir. De votre faute.
-Et quoi ? Tu vas me le faire payer ? Me jeter un sort ?
Shannon ne répondit pas, mais Lucy lut sur l'air inhabituellement volontaire de son visage qu'elle avait bien un sortilège ou deux qui lui venait à la tête. Elle fut satisfaite de constater qu'elle n'était pas la seule que la blague des Mousquetaires n'avait pas fait rire. Louis leva les mains en l'air, un petit sourire insouciant aux lèvres.
-Allez les filles, on fait la paix. De toute façon, je vous promets que je n'ai pas participé à cette farce. J'avais un devoir de Sortilège à rendre et je suis resté bosser dans ma chambre – ne me regarde pas comme ça, Lucy, évidemment que ça m'arrive de bosser. Surtout pour Bones, quel prof ! Si vous êtes sceptique, je vous en prie, demandez à Wayne, il est resté dans le dortoir avec moi.
Shannon et Lucy échangèrent un petit regard. La préfète pouvait lire dans les yeux de sa camarade un agacement similaire au sien. Elle ne pensait pas que Shannon était capable de s'énerver pour quelque chose d'aussi trivial que des plantes, mais ce visage plein de détermination lui plaisait. Finalement, elles s'accordèrent pour baisser leurs baguettes. Louis sourit encore, et s'assit à même le sol avec flegme.
-Alors, entonna-t-il en faisant tournoyer sa baguette en l'air. Ça ne demande pas pourquoi je me cache pour vous écouter ? D'ailleurs ! (Il pointa Shannon de sa baguette, la lorgnant avec intérêt). Qui est-ce ?
-Shannon, une amie, éluda Lucy en contemplant son cousin avec irritation. Donc, pourquoi tu nous écoutais ?
-A l'origine je voulais voir si ça allait, et te dire que j'étais contre cette farce : j'étais pour quelque chose d'encore plus léger, qui aurait fait rire tout le monde. Je me doutais que les Serpentard râleraient de se réveiller sous la neige, et j'ai une trop mauvaise expérience avec les filtres d'amour pour les utiliser – une idée de Roxanne, du reste, je pense qu'elle a voulu se venger. Par contre, j'avoue que les Poufsouffle qui râlent pour les plantes, je ne l'avais pas vu venir.
Shannon ne dit rien, se contentant d'un regard mauvais pour Louis. Celui-ci l'ignora, et reprit d'un ton badin avec un geste pour la Poufsouffle.
-Et j'ai entendu votre conversation ... Et force est d'avouer que lady Charlotte et moi ...
-Shannon.
-Peu importe. On était en phase parce que je devais te parler de la même chose. Donc j'approuve tout ce qu'a dit milady. Y'a des gens qui murmurent que tu serais derrière toutes ses attaques. Je n'y aurais donné aucune foi, en temps normal. Ça fait un moment que j'entends ça. Mais j'ai commencé à m'inquiéter quand cette infamante rumeur s'est mise à infecter la famille.
Lucy eut l'impression de se prendre cinq sortilèges de stupéfixion en pleine poitrine. Infecté sa famille ? Ça voulait dire ... dire ... ?
-Ne me dis pas qu'il y a des cousins qui pensent que je suis derrière tout ça ? s'assura-t-elle d'une petite voix qui lui fit horreur.
Louis perdit son sourire et se laissa aller contre la porte avec défaitisme. Le cœur de Lucy tomba dans sa poitrine et elle passa une main troublée dans ses cheveux.
-Qui ça ? Qui dit quoi ? Et pourquoi je le sais que maintenant ?
-Je te l'ai dit, Lucy, fit Louis avec plus de douceur. J'ai surtout entendu ça cette semaine. Dans notre famille, en tout cas.
-Qui, Louis ?
Lucy jeta un bref regard à Shannon, et vit sur son visage désolé qu'elle avait une petite idée des membres de sa famille qui la croyaient potentiellement coupable. Cette idée lui donnait la nausée, alors elle se laissa glisser sur le sol, complétement défaite.
-Qui ? répéta-t-elle d'un souffle.
Shannon et Louis échangèrent un drôle de regard, comme s'ils cherchaient le meilleur moyen de rendre la nouvelle moins désagréable. La Poufsouffle semblait avoir oublié son animosité envers le Mousquetaire.
-Personnellement, entonna-t-elle d'une petite voix, j'ai entendu Rose et Albus en parler. Ils avaient Botanique juste avant nous et je les ai entendus alors qu'ils sortaient ...
-Rose et Albus, répéta Lucy d'une voix morte.
-Mais ils avaient l'air d'en parler sans y croire, ajouta précipitamment Shannon, s'asseyant elle aussi aux coté de Lucy. Ils sont vite passés à autre chose.
-Mais ils y ont pensé quand même.
Elle avait le cœur au bord des lèvres. Elle n'en revenait pas. L'idée qu'elle soit coupable effleurait même l'esprit de ses propres cousins. Celui d'Albus, qui avait retrouvé Wallace avec elle. Qui était à Serpentard, avec elle. Rose avec laquelle elle avait passé tant de temps dans les couloirs, pour la consoler d'être la future fille d'une Ministre ... Elle leva mollement les yeux sur Louis.
-Qui d'autre ?
-On discute souvent avec les Mousquetaires, de cette histoire, expliqua le Gryffondor, un bras nonchalamment appuyé contre son genou. James s'inquiète beaucoup, et je pense que Jina n'y est pas pour rien : comme elle tenait à Lionel, elle est un peu mal et James le supporte difficilement. Alors il essaie de trouver des coupables et ... Il a cité ton nom.
Lucy sentit la bile lui monter à la gorge. Comment James pouvait-il ... comment osait-il ... ? Ses yeux emplis de détresse durent faire de la peine à Louis, car il rampa vers elle pour lui prendre la main et planter ses yeux envoutant dans les siens.
-Lucy, il essaie de trouver des solutions, il explore toutes les pistes ... Et il faut avouer qu'il y a des choses troublantes : tu as un lien avec presque toutes les victimes, à chaque fois tu étais là quand on les a trouvés ...
-Et à chaque fois j'étais horrifiée ! (A sa plus grande horreur, des larmes de rage lui montèrent aux yeux). Albus l'a vu quand on a trouvé Wallace ...
-Non, justement, murmura Shannon, avec l'air de quelqu'un qui voudrait disparaître dans la pierre pour ne pas dire ce qu'elle avait à dire. Quand je l'ai entendu, il disait que tu avais eu un sang-froid remarquable quand tu as retrouvé Wallace. Tu n'étais pas ... bouleversée.
-Mais ... (Lucy se défit de Louis pour passer ses deux mains dans ses cheveux avec angoisse, avant de tourner les yeux vers son cousin). Lionel ... Tu étais là ... Tu as bien vu ... Je ...
Louis pressa son genou pour la rassurer.
-Oui j'ai vu, Lucy. Et je suis complétement en désaccord avec cette théorie. C'est parfaitement stupide. Mais le fait est, comme te l'a dit Sharon ...
-Shannon, siffla la concernée avec un regard torve pour le Mousquetaire.
Louis soupira et plissa les yeux à l'adresse de la Poufsouffle.
-Tu sais quoi ? Je vais t'appeler Milady, ce sera plus simple. Bref, comme le disait Milady, il y a des choses qui se tiennent. Tu es une excellente sorcière qui avait la possibilité d'avoir une dent contre toutes les personnes agressées – enfin, je ne sais pas pour la dernière, mais Lionel et Wallace, ça me semble évident. Tu étais là à chaque fois qu'on les a retrouvés, ce qui est suspect. Et tu t'intéresses de beaucoup trop près à cette affaire, ce que les gens pourraient interpréter comme une personne qui voudrait cacher ses traces.
-Mais tu sais bien que c'est faux !
-Evidemment que je le sais, Lucy, c'est ce que je me tue à te dire. Mais pour d'autre, l'agression de Maeve est la preuve ultime que tu n'es pas toute blanche dans cette affaire.
Lucy eut la vague impression de tomber au ralenti de la Tour d'Astronomie. Elle regarda ses mains avec horreur, songea un instant que certain pensait que ses doigts avaient affligés ça, injecter ce Sérum dont personne ne savait rien, cette Potion expérimentale qui la terrifiait, à ses pauvres gens. Jamais elle ne pourrait faire ... pas même à des gens qu'elle haïssait, pas mettre à Alexandre ou à Liam Pucey ... Jamais ça n'effleurerait son esprit ... C'était de la pure malfaisance ... L'idée que des gens la pensait capable d'une telle barbarie lui donnait la nausée. Shannon s'assit prudemment à coté de Lucy mais ne fit aucun geste. La préfète leva les yeux sur elle. Ses cheveux blonds pendaient tristement autour de son visage et sa lèvre esquissait une moue contrite.
-Je pensais ... que tu devais être au courant. C'est stupide, comme l'a dit ton cousin. Mais ...
-Non, ne t'en fais pas, Shannon, la rassura Lucy en prenant difficilement sur elle. Tu as eu raison, c'est mieux de savoir ... Je comprends mieux pourquoi certaines personnes me regardait de travers depuis le début de la semaine.
Shannon et Louis s'accordèrent pour lever sur elle un regard désolé. La Poufsouffle tenait toujours sa main dans la sienne, comme pour la rassurer. Un silence pensant s'installa dans la petite pièce. Même Louis paraissait avoir perdu de sa superbe. Il se contentait de scruter Lucy, l'air vaguement inquiet. La sonnerie interrompit leur conversation et Shannon sursauta violement. Louis retrouve un sourire espiègle.
-Tiens, la Poufsouffle a peur d'être en retard en cours ?
Les joues de Shannon rosirent, trahissant le fait que c'était exactement ce à quoi elle songeait. Lucy passa outre son malaise pour défendre sa nouvelle amie :
-On a Campbell, et tu es gentil, mais on n'a pas très envie de devenir des têtards.
-Elle menace toujours avec la Potion de ratatinage ? Ne vous en faites pas, avec toutes les conneries qu'on a faites avec James et Roxanne, ça fait longtemps qu'on serait en train de nager dans le Lac Noir.
Lucy eut un semblant de sourire et Louis se leva. Il tendit ses mains aux deux jeunes filles. Si la préfète attrapa la sienne sans hésiter, Shannon préféra se relever sans son aide, les joues de plus en plus rouges. Ils sortirent de la Salle discrètement pour se fondre parmi le flot d'élève qui se précipitait vers les classes. Maintenant qu'elle y prêtait attention, Lucy remarquait les petits regards qui glissaient rapidement sur elle, suspicieux, interrogateurs, timides, assez discrets pour qu'elle ne le remarque pas en temps normal, mais bien présent quand elle y faisait attention. Son cœur se serra si fort qu'elle fut obligée de s'arrêter, et Louis la heurta.
-Hey !
-Je ne ferais jamais ça. Comment ils peuvent croire que je suis capable de faire ça ?
-C'est parce qu'ils ne te connaissent pas, souffla doucement Shannon en se remettant à tripoter son badge.
-J'approuve ce que dit Milady, acquiesça Louis. Bien bien, nous semblons en phase ! D'ailleurs, une question, il n'y a pas une Milady dans Les Trois Mousquetaires ? Je pense que si, j'avais lu le livre. Ce serait drôle !
-Si, approuva Shannon en rosissant – et Lucy se rappela que son grand-père était moldu, elle devait en avoir une certaine culture. Milady de Winter. Mais ce n'est pas une personne recommandable. Tu as vraiment lu Les Trois Mousquetaires ?
-On s'en fiche. Je te nomme Milady des Mousquetaires. On va finir par reformer le roman ici ! Et oui, j'ai lu le livre, tu as l'air de me prendre pour un illettré. Je voulais vérifier qu'on ne m'assimilait pas à quelqu'un qui ne me correspondait pas. Et force est d'admettre que j'adore Aramis. Et puis j'en ai appris plein de truc sur les moldus. Ils auraient dû rester au XVIIème siècle, les épées avaient bien plus de charmes que leurs actuels ... comment on appelle ça ? Pissolé ?
-Pistolet, marmonna Shannon.
-Ah, c'est ça ! Bref. Finalement, Papy Weasley n'est pas si fou que ça.
-Papy Weasley n'a jamais été fou, se rebiffa Lucy.
-Un peu quand même.
Ils sursautèrent tous les trois en entendant James derrière eux. Accompagné de Roxanne, il fronçait du nez. Lucy remarqua que Shannon s'était encore plus repliée sur elle-même à l'arrivée du reste des Mousquetaires, même si elle les gratifiait de petits regards méfiants.
-Sa fascination des moldus, je n'ai jamais compris. Même si j'adore Papy, évidemment.
Sur ce, il passa un bras autour des épaules de Lucy, un sourire enjôleur aux lèvres.
-Ma petite cousine ! Comment tu vas ?
-Et toi ? rétorqua Lucy sans répondre, un sourire forcé aux lèvres. Tu files toujours le parfait amour avec Jina ?
-Tu les verrais, ricana Roxanne, qui avait le nez dans un parchemin. Un jour tu l'entendras déclamer « ses cheveux d'un noir corbeau sont telles des plumes obscures et douces qui caressent mon visage ... »
-La ferme, la fit taire James avec un coup derrière sa tête. Mais ouais, pour l'instant ... C'est pas mal.
Mais le ton suggérait que c'était mieux que « pas mal ». Un sourire sincère effleura les lèvres de Lucy. Elle était ravie que James et Jina aient fini par se mettre ensemble, ils formaient un couple bien assorti.
-Tant mieux. J'espère qu'elle te donne toujours des coups de balais quand tu le mérites.
-Ouais, de temps à autre, elle est pénible. C'est pour ça que je me venge en profanant sa Salle Commune. D'ailleurs, comment tu as trouvé la neige ? Du génie, non ?
Lucy se renfrogna immédiatement, et James parut sentir le vent tourner dans l'esprit de sa cousine. Sa main se referma sur son épaule et son sourire se fit plus enjôleur.
-Ah. Ça ne t'a pas plu ?
-Je n'avais pas besoin de ça, on va dire.
-Cette fois, tout Poudlard a été touché, fit remarquer Roxanne avec un sourire rassurant. Pas que les Serpentard.
Shannon laissa échapper un infime grognement, le nez toujours baissé, le visage caché par un rideau de cheveux blond. Louis la scrutait d'un air amusé, comme s'il contemplait un animal étrange et nouveau pour lui. Lucy sentit un grondement sourd remonter dans sa gorge.
-Même. De la neige dans la Salle Commune, ça ne fait plaisir à personne ... Norie te dédit son rhume, d'ailleurs, Jim.
James eut un sourire insolent qui fut difficilement supportable à Lucy. Elle se dégagea sèchement de l'étreinte de son cousin, qui la contempla avec étonnement.
-Ça t'a tant énervé que ça ? Franchement c'était drôle par rapport aux autres fois ! Même McColley est venu nous féliciter !
-Ce n'était pas drôle ! Il se passe des choses graves ici, Jim ! Des choses qui nous mettent tous sur les nerfs ! Et au lieu de les apaiser, tu continues à nous faire rager ?
-Tu es la seule à rager, rétorqua James en perdant son sourire.
-Dominique doit être ravie de son filtre d'amour, persiffla Lucy en plissant les yeux. Et Lorcan aussi, il a dû adorer la voir s'extasier sur les cheveux d'or de Louis ...
-En fait, c'était plus les fils de soie de Roxanne, intervint celui-ci avec une grimace. C'est ma sœur, quand même, ça aurait été bizarre ...
-Parce que sa cousine c'est mieux ? Et toutes les plantes des Poufsouffle que vous avez fait mourir avec l'automne ?
-C'est sérieux, ça ? Ils nous en veulent vraiment pour ça ?
Lucy glissa un bref regard à Shannon. Devant les trois Mousquetaires, la belle assurance qu'elle semblait avoir eu contre Louis semblait mourir, comme son arbre aux prunes dirigeable. La préfète refusait d'intégrer Shannon à sa dispute avec son cousin, de toute manière.
-Apparemment. Réfléchis la prochaine fois.
-« Réfléchis la prochaine fois », répéta James en imitant sa voix. Non mais vraiment, Lulu ! Quoi qu'on fasse, tu vas râler ?
-Je suis préfète, rappela-t-elle avec dignité. C'est mon devoir de râler.
-Sauf pour demander d'agresser quelqu'un pour sauver ta peau.
Lucy eut l'impression de recevoir une nouvelle gifle en plein visage. Elle s'immobilisa net, et força James à faire de même. Ses ongles s'enfoncèrent dans son bras, comme pour faire passer physiquement le message, et elle fut ravie de voir son cousin grimacer.
-Tu ne vas pas remettre ça sur le tapis, chuchota-t-elle avec force. On en a déjà parlé ... Wallace ...
-... était un crétin de première, oui. Il n'empêche que ça ne te dérange pas mes blagues quand elles sont contre tes ennemis ...
-Par Merlin, James ! On ne va pas encore se disputer là-dessus ? Plus jamais je ne te demanderais quelque chose comme ça, je ...
-Quoi ? ricana James. Tu vas préférer le faire toi-même ?
Lucy sentit son cœur tomber dans sa poitrine. Les paroles de Louis flottèrent un instant dans son esprit, comme un spectre. « James s'inquiète beaucoup, et je pense que Jina n'y est pas pour rien : comme elle tenait à Lionel, elle est un peu mal et James le supporte difficilement. Alors il essaie de trouver des coupables et ... Il a cité ton nom. » Elle lâcha alors le bras de son cousin et le scruta, horrifiée.
-Tu n'y songes pas vraiment, là ? Dis-moi que tu n'y songes pas ...
James fronça les sourcils, perplexe, et interrogea les deux autres Mousquetaires du regard. Si Roxanne était aussi déboussolée, Louis regardait en l'air, la mine innocente Alors le Gryffondor parut comprendre et donna un coup de pied dans le tibia de son cousin.
-Je pensais qu'on devait parler de ça à personne ?
-Pas ma faute, se défendit passivement Louis. C'est Milady qui a entamé les hostilités.
Shannon le fusilla du regard, et Louis lui servit un sourire charmeur. James posa vaguement les yeux sur la Poufsouffle, décida sans doute qu'elle ne valait pas la peine qu'il s'attarde, et se retourna vers Roxanne. Elle haussa les épaules.
-Tu te débrouilles, Jim.
-Mais tu ne le penses pas vraiment ? s'enquit Lucy, agacée par leur aparté. Vous ne pensez pas réellement que je puisse être responsable de ces agressions ?
-Bien sûr que non, assura Roxanne, avec néanmoins un regard appuyé pour James.
Celui-ci leva les mains pour se défendre, un air innocent peint sur le visage.
-Je ne fais que chercher des solutions. Oui, ton nom est apparu dans la conversation ...
-Mais comment ça a pu t'effleurer l'esprit ?! Comment tu as pu ...
Louis se glissa derrière elle et posa une main prévenante sur sa bouche pour étouffer la fin de sa phrase. Lucy ne se rendit compte qu'elle avait crié que lorsqu'elle vit plusieurs têtes se tourner vers eux. Elle se dégagea de Louis et les fusilla du regard.
-Quand des gens pensaient que c'était vous qui agressiez les gens, je vous ai défendu. Pas une seule seconde j'ai cru ...
-Pourquoi on aurait agressé Lionel ? s'enquit James avec un haussement d'épaule. Avoue que toi, c'est plus crédible. Mais ça ne veut pas dire que j'y crois, ajouta-t-il précipitamment en observant les yeux écarquillés de sa cousine.
-Mais tu t'es posé la question !
James balança la tête, l'air indécis, mais son silence était le plus poignant des aveux. Lucy n'en revenait pas. Même s'il n'y croyait pas, il y avait réellement songé ... Alors qu'elle avait tout fait pour les protéger de sa Maison, et ce alors qu'ils ne l'avaient pas toujours mérité. Elle serait restée figée à contempler son cousin pendant un moment si une petite main se serrer sur son bras.
-Lucy, intervint la voix timide de Shannon. On a cours. Viens.
Elle tira gentiment le bras de la préfète, et celle-ci remarqua le regard suspicieux qu'elle jeta aux Mousquetaires. Incapable d'articuler le moindre mot, Lucy se laissa entrainer par Shannon. Elle capta le regard dépité et désolé de Roxanne avant de partir, et celui réprobateur de Louis à l'adresse de James. Même celui-ci semblait gêné par la situation et se balançait d'un pied à l'autre. Finalement, ils allèrent en cours sans demander leur reste alors que les deux jeunes filles remontaient le couloir.
-Crétins, grommela Shannon, qui tenait toujours le bras de Lucy.
La Serpentard eut un pâle sourire, encore déçue par la discussion qu'elle avait eu avec James.
-Tu n'aimes pas les Mousquetaires, pas vrai ?
-Ce n'est pas ça, déclara doucement la jeune fille, les joues rosissantes. Je ... On est incompatible. Ils sont l'opposé de moi alors ... voilà.
-Tu sais, même si je n'ai qu'une envie, c'est de leur jeter un sort, je t'assure, ils ne sont pas si terribles quand on les connaît.
Shannon eut un vague mouvement d'épaule. Lucy n'insista pas. De toute manière, elle n'était pas sûre d'avoir envie de parler. Ni d'affronter les foudres de Campbell quand elles arriveraient en retard. Alors elle s'immobilisa au milieu du couloir et sourit doucement à Shannon.
-Tu peux dire à Campbell que je suis malade ? Je crois ... que j'ai besoin de prendre l'air.
-Merci de me laisser affronter la Potion de Ratatinage seule, plaisanta la Poufsouffle. Pas de problème, je comprends. A plus tard.
-Salut. Et merci.
Lucy regarda Shannon descendre les escaliers et sa chevelure blonde disparaître dans les cachots. Puis elle se tourna vers l'extérieur. La neige s'était figée dehors, et de pâles rayons de soleil avaient remplacé le blizzard. C'était de grand air qu'elle avait besoin. Alors elle s'engagea par-delà les immenses portes.
***
Une petite indication :
"Génération Potter" : c'est un concept développé par Annabethfan dans son projet de fic sur la NextGen, pour désigner tous les enfants nés après-guerre. Ce sera présenté et développé chez elle !
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