Chapitre 18 : Le dernier rempart
Ah ouais il est un peu long ce chapitre. Bon, je vous le donne quand même en une, il se passe pas assez de chose pour que je le coupe !
Je suis littéralement en train de trembler pour Renaud Lavillenie qui boite le pauvre. Armand Duplentis a intérêt à avoir l'or pour me consoler (oui j'aime beaucoup Armand Duplentis)
So well, peu de modification encore ! Bonne lecture !
***
Chapitre 18 : Le dernier rempart.
-Rentrez bien ! leur dit Hermione en enlaçant Rose.
-Et pas bêtise à Poudlard, ajouta Ginny avec un regard pour James. Je ne veux pas recevoir de lettre de McGonagall disant que vous avez fait exploser les toilettes du deuxième étage ...
-Maman, on l'a déjà fait il y a deux ans, ça, mets-toi à jour ! Mais s'il n'y a que ça pour te faire plaisir, on t'enverra un joli siège de toilette !
Le regard de Ginny l'empêcha de plaisanter plus. Lucy se retourna pour que sa tante ne voie pas son sourire. Ils étaient le quai 9¾, devant la locomotive écarlate qui déversait sur eux un panache de fumé blanche. C'était l'heure de rentrer à Poudlard. Presque tous les parents étaient là, sauf évidemment Percy et Audrey, qui avaient dû retourner au Ministère. Lucy lança un regard amer à Hermione qui enlaçait à présent Hugo. C'était elle qui se présentait et pourtant elle était si sereine, si souriante ... Et présente, malgré la charge de travail. Etait-elle trop dure avec ses parents et Hermione une super-héroïne ou était-ce eux qui ne faisaient aucun effort ? Mais en guise de compensation, Molly et Charlie avaient tenu à accompagner Lucy. Celle-ci les rejoignit pour leur dire au revoir, et son parrain l'étreignit à lui rompre les os.
-Je suis heureux de t'avoir revu, ma petite filleule.
-Tu n'avais qu'à pas rester si longtemps en Roumanie.
-Ton père n'avait qu'à pas t'empêcher d'y aller, rit Charlie en lui tapotant doucement la tête. Mais cette fois, on ne laissera pas écouler deux ans avant de se voir. Tu te prépares pour cet été ?
Lucy eut un grand sourire, et embrassa son parrain, qui se détacha d'elle pour saluer le reste du Clan Weasley. Il repartait en Roumanie le lendemain. Lucy et Molly échangèrent un regard, l'une en face de l'autre, gênées. La jeune fille n'en revenait pas : c'était la première fois que sa sœur venait la chercher, et la raccompagner au train. Et d'un point de vue global, la première fois qu'elles étaient si proches depuis leurs cinq et dix ans.
-Tu n'étais pas obligée de venir.
Molly dressa un sourcil, l'air légèrement vexée par la déclaration de sa sœur.
-Il est temps que je prenne mon rôle de grande sœur au sérieux.
Lucy voulut répondre quelque chose du genre « après tout ce temps ? » d'un ton dubitatif, mais elle n'en n'eut pas le courage. Après tout, Molly avait été adorable avec elle. Alors elle se contenta de sourire, et sa sœur lui prit délicatement le bras.
-Lucy ... Si ... S'il y a quelque chose qui ne va pas – comme l'Arithmancie – n'hésite pas à m'écrire, d'accord ?
-J'y penserais, répondit-t-elle avec un faible sourire, se doutant qu'au fond, elle ne parlait pas d'Arithmancie. Merci, Molly.
Sa sœur sourit aussi, et se pencha vers elle pour l'embrasser sur le front – sa plus grande marque d'affection depuis leur enfance. Le cœur de Lucy manqua un battement, mais avant qu'elle n'ait le temps de s'en remettre, une voix intervint :
-Molly Weasley deux fois de suite sur le quai de gare ! Je devrais demander à ton prince charmant de t'emmener à Ste-Mangouste, princesse !
-Oh non, gémit Molly en se tournant vers la personne qui les avait interrompus. Tu ne veux pas aller harceler quelqu'un d'autre, Daphnéa ?
Lucy leva immédiatement la tête sur son ancienne capitaine, qui souriait à sa sœur, une lueur familière de malice dans son regard.
-Je viens juste dire bonjour à mon ancienne Poursuiveuse, Molly, ne te bile pas. Mais si tu veux que je te harcèle, je peux t'emmener boire un verre, aussi.
-Bonne idée, ça la détendra ! rit Lucy en s'avançant vers Daphnéa pour la prendre dans ses bras. Comment tu vas, Capitaine ?
-Capitaine ! ricana Will, qui surgit derrière sa sœur. C'est toi la Capitaine, maintenant ! On se revoit à l'entrainement !
-Hey ! Willy, viens faire un bisou à ta sœur !
Mais Will tenta de se dérober, et Daphnéa tint sa tête comme elle tiendrait un souafle pour plaquer un gros baiser bruyant au sommet de son crâne. Lucy pouffa en remarquant le visage écarlate de son Attrapeur – ce qui accentuait sa ressemblance avec la balle.
-Daph ! Arrête, c'est gênant, j'ai une réputation à tenir, protesta-t-il en échappant enfin à la prise de sa sœur pour courir vers le train.
-Bien pour ça que je fais ça, sourit Daphnéa avant de se tourner vers Molly. Alors Weasley, un verre ?
-Je dois aller au Ministère, répondit-t-elle d'un air pincé.
Lucy les regarda un instant se chamailler, surprise de la réaction de Molly, mélange de colère froide, d'agacement, de gêne, mais aussi d'amusement, comme si une part très enfouie d'elle ne pouvait s'empêcher d'apprécier Daphnéa McColley. Finalement, Molly finit par accepter dans un filet de voix, et les deux jeunes femmes saluèrent Lucy avant de repasser la barrière. Lucy passa une main dans ses cheveux avant de secouer la tête, et prit sa valise pour dire au revoir à ses oncles et tantes. Puis elle prit la route pour le compartiment le plus proche, et fut surprise d'y trouver, discutant devant, Harry et Ron face à une belle femme aux longs cheveux noirs, et aux yeux sombres en amande.
-... était le fils de ma meilleure amie, Harry. J'ai le droit de savoir, disait-t-elle dans un chuchotement pressant.
-Ta meilleure amie ? répéta l'Auror avec un léger sourire amer.
-Très drôle, Harry, on ne va pas remettre ça, s'agaça la femme en plissant ses yeux noirs. Elle s'en est toujours voulu, et quand elle s'est mariée avec Terry ...
-Comment elle a pu se marier avec un cafard sur le visage ? ricana Ron.
Lucy fut certaine d'avoir mal entendu. Un cafard sur le visage ? La femme serra les poings et lança un regard brulant à Ron. Harry lui donna lui-même un petit coup de pied pour le faire taire avant de se tourner vers elle.
-Je fais ce que je peux, Cho. Je sais que tu es inquiète, on l'est tous. Les Aurors sont sur le pied de guerre, et je vais en envoyer certains patrouiller à Poudlard ... Quant à comment remédier à l'état des garçons ... Je ne sais pas. Neville et Hannah travaillent dessus – ainsi que Hermione et la moitié de Ste-Mangouste. On aura des réponses, je te le promets.
-Comme c'est rassurant, bougonna Cho, avant de soupirer. Mais est-ce que vous avez du ...
-Euh ..., intervint Ron en se dandinant. Chang ...
-Kane.
-Oui, bon, bref. Je t'arrête tout de suite parce qu'il faut qu'Harry et moi disions au revoir à notre nièce.
Le regard des trois adultes tomba alors sur Lucy. La jeune fille s'était efforcée de rester discrète pendant qu'ils parlaient, mais Ron l'avait remarquée. Maintenant qu'elle voyait la femme de face, elle se demandait comment elle avait pu faire pour ne pas deviner qui elle était : il s'agissait de la mère de Jina. Lucy se força à sourire d'un air espiègle.
-Je ne pouvais pas partir sans embrasser mes oncles préférés.
-Bien sûr, fit Harry, amusé. On n'en doute absolument pas, Lucy.
Elle s'avança pour enlacer rapidement Ron, le rouge aux joues, avant de se tourner vers Harry. Elle se mordit légèrement la lèvre inférieure en croisant son regard équivoque. « Je sais que tu as entendu des choses », disaient-ils avec amusement. « Tu ne peux pas me la faire à moi ». C'était impressionnant comment oncle Harry lui donnait l'impression de lire dans ses pensées. Elle l'embrassa rapidement sur la joue, mais lui souffla :
-Dis ... Il y aura vraiment des patrouilles d'Aurors à Poudlard ?
-Oui, confirma Harry sur un ton très bas. Pas beaucoup, une ou deux par semaine, et simplement une équipe de deux Aurors. Ne t'en fais pas, Lucy. On trouvera qui a fait ça à Alexandre et Lionel.
La préfète gratifia son oncle d'un sourire crispé, et celui-ci lui ébouriffa les cheveux dans un geste qui se voulait rassurant.
-Mais fais attention à toi quand tu seras à Poudlard, Lucy. Ne fais pas comme tes stupides oncle, ajouta Ron d'un air docte. Nous sommes de très mauvais exemples.
-Et qu'est-ce que je dois faire ? railla la jeune fille en se détachant. Prendre exemple sur mon père ?
-Ce n'est pas une mauvaise idée, remarqua Harry avec un semblant de sourire. Il a une belle trajectoire, ton père ...
Lucy afficha une moue dubitative. A dire vrai, elle ne savait toujours pas quoi penser du rôle de son père dans la campagne de tante Hermione. Contente pour elle. Déçu pour lui. Incapable de parfaitement comprendre comment il pouvait ne pas parvenir à contrôler son ambition. Serpentard le lui avait appris : l'ambition était quelque chose qui faisait grandir, s'affirmer. Pas qui devait vous détruire. Elle consulta sa montre et soupira :
-Je vais y aller, sinon le train va finir par partir sans moi ...
-Je vais y aller aussi, annonça Cho avec un dernier regard lourd de sous-entendu à l'adresse de Harry. Au fait ... J'aimerais bien que ton fils cesse d'embêter ma fille.
-Ah bon ? J'ai des retours inverses, très personnellement.
-Typique.
-De toute façon, ne vous bilez pas, commenta Lucy avec un semblant de sourire. On sait tous comment ça va se finir.
Et sans laisser à Cho Kane et Harry le temps de lui demander ce qu'elle entendait par là – ce n'était pas très difficile de deviner – elle grimpa dans le Poudlard Express, trainant sa valise derrière elle. Elle s'attendait à devoir chercher seule un compartiment, mais une voix l'interpella derrière elle :
-Weasley !
La jeune fille sentit un sourire ravi naître sur ses lèvres en entendant son nom de manière si familière. Elle se retourna pour voir arriver Luke, qui tentait tant bien que mal de se frayer un chemin à travers la foule d'élève, jouant des coudes et de son insigne de préfet. Il sourit à son amie en arrivant à sa hauteur.
-Et bien, je t'ai manqué ? s'amusa Lucy. Alors, tes vacances ?
Luke haussa les épaules de façon évasive, et Lucy n'insista pas. Elle savait qu'il entretenait des rapports plus que conflictuels avec ses parents – plus particulièrement son père, il lui semblait. Et plus Luke et Blaise Zabini vieillissaient, pire c'était.
-Comme d'habitude. Mes Grands-parents m'ont accusé de trahir la noblesse de notre sang en trainant avec toi, une traite à son sang, et ma mère m'a fait une liste de toutes les jeunes filles de Sang Pur de mon âge qui pourraient m'intéresser. Belle blague. Mais on a eu la maison pour nous, un jour, avec Norie. Sache-le, c'est une cuisinière exécrable. Toutes ses gaufres étaient ratées, et elle a dû appeler Marcus à la rescousse pour qu'il fasse disparaître toutes les traces de brûlure de la cuisine. Ma cousine Pandora a dû venir aussi ... Assez comique. Et toi ?
-Pas mal. Un Noël normal chez les Weasley. Premier repas en famille restreinte depuis des années, la goule a failli manger les cadeaux de James et Louis, Charlie et moi on a été rendre visite aux Dragonneau et Lorcan a failli frôler la catastrophe quand il a voulu libérer des lutins de Cornouaille de leur cage, et Fred a littéralement transformé Roxanne en bonhomme de neige. Jusqu'à avant-hier, son nez est resté orange, et la semaine dernière, c'était encore une carotte.
Luke éclata de rire à la dernière phrase, si fort que quelques élèves se retournèrent sur eux, perplexe. Lucy eut un sourire soulagé. Elle n'aimait pas voir Luke broyer du noir, et c'était ce qui se passait trop souvent quand il revenait de chez lui.
-Oh par Merlin, ce que j'aurais payé pour voir ça ! s'esclaffa-t-il, avant de tapoter la tête de la préfète avec condescendance. Merci pour le calendrier des Flèches de Appleby.
-Et merci pour celui des Harpies.
Luke sourit, et prit le bras de son amie pour la forcer à avancer dans le couloir du train. Celui-ci venait de se mettre en marche, et nombre d'élèves se massaient aux fenêtres pour faire signes à leurs familles. C'était une tradition entre eux de s'offrir les calendriers de leurs équipes favorites pour Noël. Luke finit par s'arrêter devant un compartiment et se tourna vers Lucy avec un sourire.
-Alex, Dorothy et Henry. Ça te va ?
-Parfait. Au fait, Luke ... A la dernière sortie à Pré-au-Lard, comment ça avait été Madame Pieddodu avec Henry ?
Luke venait d'ouvrir le compartiment, et jeta un regard noir à son amie. Heureusement, Henry, qui l'avait entendu, le prit bien et sourit pour répondre :
-On n'est pas allé chez Madame Pieddodu, je crois que je suis allergique au rose, mais Luke m'a emmené faire une longue balade romantique au pied de la cabane Hurlante.
-La ferme, crétin.
Luke lui donna un coup de pied avant de s'asseoir à côté de lui, face à Alexandra Fellandry. Leurs regards se croisèrent, et ils baissèrent d'un même geste la tête, les joues rougissantes. Lucy réprima un gloussement en prenant place à coté de Luke. Ils n'avaient pas oublié la venue inopinée de Luke dans le dortoir des filles. Dorothy, assise dans un coin, rompit la glace en demandant comment avait été les vacances et Lucy se crispa en jetant un regard circonspect à Luke, sachant pertinemment que ce n'était pas son sujet de prédilection. Mais fort heureusement, Henry s'engouffra dans la brèche en racontant comme ta tante Virginia avait fait un scandale à ses parents après avoir découvert la robe de sorcier de Henry dans sa valise ; de ce fait, elle avait cru que Henry se travestissait et était homosexuel. Les accusations de sa tante avaient failli donner lieu à une crise familial. L'anecdote les fit rire de bon cœur et Luke et Alexandra en oublièrent leurs gênes respectives.
-Ta tante est moldue ? s'enquit Lucy envers son Gardien.
-Toute ma famille. Je suis l'un des rares né-moldus de Serpentard ! ajouta-t-il avec une certaine fierté.
Lucy eut un vague sourire, et se sentit vaguement honteuse. Henry était dans sa classe depuis plus de quatre ans, et pour autant, elle n'avait jamais su ses origines. Mais son Gardien eut un sourire rassurant à son égard. C'était un garçon bien bâti, aux cheveux bruns mordorés et aux yeux verts mousse. Il avait toujours été d'un naturel gentil et égal, ce qui faisait qu'il n'avait jamais eu d'ennui au sein de Serpentard : malgré son ascendance, tout le monde l'appréciait.
-Et même si tu étais gay, qu'est-ce que ça aurait bien pu faire ? rétorqua Dorothy avec mauvaise humeur.
-Ma tante est plutôt vieille école. Mais de toute façon, je ne le suis pas, donc ça règle la question !
-Ça dépend de comment on voit les choses, déclara alors Alexandra, un sourire mutin retroussant ses lèvres. Je t'ai toujours dit que tu étais l'ami gay sans être gay, Henry.
Henry devint rouge comme un souafle, et Lucy pouffa discrètement dans ses mains. Luke ne fut pas si charitable et éclata de rire en s'écroulant sur la banquette. Henry lui lança un regard peu amène et lui donna un coup de pied rageur.
-Oh, ça va un peu, toi ! Tu pourrais me défendre !
-Pas question, s'esclaffa Luke en tentant de se redresser. Dix points pour Alex !
-Quoi ?! Oh, stop ! Déjà on n'est pas encore à Poudlard, et ensuite, tu ne vas pas lui donner des points parce qu'elle m'a clashé ? ragea Henry avec un regard noir pour le préfet.
-Une manière de draguer comme une autre, commenta Lucy avec un méchant sourire.
Ce fut au tour de Luke de s'étrangler d'indignation, et de Henry de pouffer de rire. Le Gardien et sa capitaine toquèrent leur poing l'un contre l'autre en riant, alors que Luke se relevait en fusillant Lucy du regard. Alexandra, elle, ne disait rien, se contentant de regarder le paysage comme si ce qui se passait ne l'atteignait pas. Mais la rougeur suspecte de ses joues démentait sa mine impassible. Dorothy et Lucy échangèrent un regard complice. Les yeux de Dorothy firent plusieurs fois la distance Luke-Alexandra, d'une manière assez équivoque pour que celle-ci décide de frapper son amie avec un livre. Lucy sourit alors que Henry et Luke commençaient une discussion sur le Quidditch, et que ses camarades de dortoir se pressaient pour savoir comment s'étaient passé ses vacances. C'était dans ses moments-là qu'elle se sentait chez elle à Serpentard.
***
-Dorothy ! Debout, les cours commencent dans dix minutes !
La voix de Lucy claqua comme un fouet dans le dortoir. Elle-même s'était levée en retard, uniquement réveillée par la porte claquée par Athénaïs quand celle-ci partie au déjeuner, et venait de sortir de la douche, ses cheveux humides retombant en une cascade roux sombre dans son dos. La salle de bain était à présent occupée par Alexandra, et Lucy tira sèchement les rideaux de Dorothy pour la forcer à se réveiller. Un oreiller atterrit alors sur son visage, et elle le repoussa en grondant :
-Dorothy !
-Me lèverais demain.
Lucy leva les yeux au ciel, et leva sa baguette en pensant fort « Levicorpus ». Un instant plus tard, Dorothy se retrouvait pendue par la cheville, les bras serrés sur son tee-shirt pour éviter qu'il ne tombe.
-Abus de pourvoir ! protesta-t-elle, à présent parfaitement éveillée. Repose-moi tout de suite !
-Mais certainement.
Dorothy atterrit lourdement sur son lit, pêle-mêle avec ses couettes, quand Lucy leva le sort. La préfète ne s'émut pas outre mesure du sort de sa camarade, et s'empressa de finir de s'habiller. Quelques minutes plus tard, elles courraient toutes les trois dans les corridors de Poudlard en direction des cachots.
-Pourquoi on se dépêche ? On était à côté ! Je pouvais dormir cinq minutes de plus !
-Avec Campbell ? Si on arrive une seconde en retard, elle nous fera avaler une potion de ratatinage !
-Exactement, approuva la professeure, qui attendait les élèves devant sa porte, sa baguette dans une main et une fiole de potion dans l'autre.
-On est à l'heure, se défendit immédiatement Lucy alors que ses amies passaient la porte, le nez baissé.
La cloche sonna à ce moment, et Campbell haussa un sourcil à l'adresse de Lucy, l'air suggestif. Ses boucles blondes s'agitèrent comme des serpents autour de son visage. Un sourire presque sadique retroussa ses lèvres et elle agita sa fiole, la mine entendue.
-Si vous n'êtes pas à votre place à la fin de la sonnerie, Miss Weasley ...
Lucy ne se fit pas prier, et se glissa le plus rapidement que possible à sa table, posant bruyamment son chaudron à côté de celui de Luke. Celui-ci lui lança un regard moqueur.
-Panne de réveil ?
-Hum. Rappelle-moi de ne pas laisser l'accès aux pétards de Farce pour Sorciers Facétieux à Dorothy. On en a eu jusque deux heures du matin.
Luke pouffa discrètement et Lucy le foudroya du regard. Campbell ferma la porte à la fin de la sonnerie, et s'avança à pas rapide vers son bureau. Les élèves commencèrent alors à sortir leurs ingrédients, mais elle fit immédiatement :
-Laissez vos affaires dans vos sacs pour l'instant ! Grande nouvelle, chers élèves j'ai décidé d'innover un peu dans cette classe !
-On va avoir de nouveaux tabourets ? s'enquit Luke, qui s'était toujours plaint des sièges du cachot.
La classe fut prise d'un petit, rire, et Campbell gratifia le préfet d'un regard mi-amusé, mi-agacé.
-Pas exactement, Monsieur Zabini. Mais je vais changer la disposition de cette salle et les places, afin que vous arrêtiez de saboter l'excellent travail de Miss Weasley.
Une nouvelle fois, la classe partit d'un éclat de rire, mais Luke ne se laissa pas démonter et répondit à Campbell avec un sourire enjôleur. Pour autant, quand il se repencha sur son chaudron, il chuchota à l'adresse de Lucy :
-Je rêve, ou c'est la période « tout le monde clash Luke Zabini » ? Henry, Campbell ...
-Si c'est le cas, il faut que je prévienne Rox !
-Bah bien sûr. Et depuis quand je sabote ton travail ? C'est faux. J'expérimente. Je n'y peux rien si Campbell ne voit pas le génie dans ce que je fais ...
-Oh, Luke, met ta modestie en sourdine ...
-Oh les mouettes, silence !
Luke et Lucy baissèrent la tête et se turent. Pénélope Campbell avait beau être petite et assez marrante avec ses expressions moldues, mais elle n'en n'était pas moins sacrément intimidante, notamment quand elle tenait sa fiole de potion de ratatinage dans les mains et qu'elle vous fusillait du regard de ses yeux intenses.
-Monsieur Zabini, je pense que vous avez assez embêté Miss Weasley pour les années qui restent. Venez ici (elle tapota la place devant son bureau avec un sourire presque sadique). Miss Londubat, venez ici et inondez le d'ondes positives ... A monsieur Chambers ...
S'en suivit une valse de place, ou tout le monde fut bousculé, chaudrons et parchemin à la main. Au terme d'une interminable séance de débat entre Alexandra et Athénaïs Stones, pour savoir laquelle des deux bougeraient de leurs places, et une légère crise d'angoisse de la part Maeve Macmillan qui se retrouvait à coté de Liam Pucey, Campbell poussa Shannon Finngan vers Lucy.
-Voilà, ici, c'est très bien, vous êtes toutes les deux brillantes, vous ferez de merveilleuses partenaires, commenta distraitement la Maitresse des Potions avant d'hurler d'une voix stridente : Monsieur Pucey, veuillez poser immédiatement le chaudron de Miss Macmillan, ou je vous fais redevenir un têtard sur l'heure !
Lucy dressa un sourcil, et échangea un regard avec Shannon. La Poufsouffle eut un pâle sourire et posa prudemment son chaudron à côté de celui de Lucy en marmonnant un vague « salut ». Campbell finit de placer les élèves, et inscrit une liste de consigne au tableau avant de se laisser tomber sur sa chaise de bureau, une main sur la tempe. Lucy et Shannon se mirent docilement au travail, et force était d'admettre que Shannon était une partenaire très efficace : elle était minutieuse, précise dans ses mesures, perfectionniste, et ne laissait rien au hasard. Elle était loin la fillette qui faisait exploser systématiquement son chaudron. Sûr que ce cours fut le plus studieux que Lucy n'ait jamais fait (la plupart du temps, Luke sabotait ses potion – intentionnellement ou non). Shannon usait même de techniques, que ce soit sur la potion ou les ingrédients, dont Lucy n'avait jamais entendu parler. Décidemment, la Poufsouffle était pleine de surprise ...
***
-Alors ? s'enquit Luke une fois le cours terminé. Avoue que tu t'es ennuyé, sans moi ?
-Luke, mon monde ne tourne pas autour de toi, tu sais.
-Me voilà atrocement déçu.
Puis, il se pencha sur elle pour ajouter plus bas :
-Au fait, ce n'est pas lui le gosse qu'il faut que tu scalpes ?
Lucy redressa la tête et fouilla les environs du regard pour apercevoir les cheveux cuivrés et la silhouette menue de Gethin Scampers. Le première année parlait à une fille – la fille de Victoria Bennett, reconnut Lucy en tentant de ne pas trop la dévisager – l'air de crouler sous le poids de son sac. L'image de la photo que l'enfant avait trouvée devant la Salle Commune de Gryffondor lui revint en mémoire, immédiatement suivie des yeux froids et vides de Lionel. Le cœur de Lucy se souleva. Gethin leva les yeux vers Lucy, et la jeune fille vit ses pupilles s'agrandir. Avant qu'elle n'ait pu faire un pas, vers lui, Gethin courrait à l'autre bout du Hall en criant :
-Adam !
-Malin, le gosse, ricana Luke alors que Gethin se précipitait vers son frère, qui attendait avec Daniel et Roxanne au pied de l'escalier. Il sait que tu vas l'interroger et il va se cacher derrière les jambes de son frère.
-Mais Scampers n'a pas conscience d'être un rempart.
-Peut-être que si. Lucy, réfléchis, qui de mieux que des né-moldus – qui plus est, un né-moldus relativement brillant – pour venger des né-moldus ?
-Mais dans ces cas là ... Pourquoi Lionel ?
-Euh ... intérêt personnel ?
Lucy haussa un sourcil, dubitative. Après les vacances, la potentielle implication d'Adam Scampers dans ce qui se passait lui semblait absurde. Luke eut un sourire taquin.
-Bien ... Lionel était ton ex, non ? Peut-être que Scampers a voulu faire le ménage ...
-Le ménage ... Mais n'importe quoi, toi ! s'agaça Lucy en secouant la tête, les joues rougissantes. Allez, va manger, la faim te rend stupide ! File de là !
Luke émit un petit ricanement, et Lucy le poussa vers la Grande Salle pour le faire partir. Quand elle se retourna, elle vit Adam, penché sur Gethin. De loin, il avait l'air relativement troublé. Malgré elle, le doute lui serra le cœur. Adam avait-il réellement quelque chose à voir avec tout ça ? Protégeait-il Gethin, ou se servait-il de lui ? Perdue, Lucy s'engouffra dans la Grande Salle où elle déjeuna aux cotés de Luke, Eléonore et Montague. Celui-ci avait l'air relativement maussade, et Eléonore lui apprit à voix basse que l'approche des ASPIC commençait à l'angoisser. Ce qui angoissait Lucy, en l'occurrence, c'étaient les conséquences que cette soudaine peur aurait sur les performances de Montague au Quidditch. Ils avaient un entrainement dans la semaine, et elle n'avait pas eu le temps de le croiser pour en parler. Le repas fut assez morne, et Lucy regretta de ne pas s'être cachée au Terrier, comme elle l'avait projeté avec Roxanne à la fin des vacances de Noël, pour rester là-bas et éviter les BUSE qui se profilaient cette année. Luke partit en avance car il devant rendre un livre à la bibliothèque, et Lucy se retrouva seule avec Montague et Eléonore. Celle-ci leva les yeux sur la jeune fille avec un sourire :
-Alors Capitaine ? Entrainement quand ?
-J'ai réservé le terrain pour jeudi ce matin. Il faudra que je prévienne les autres, d'ailleurs – McColley serait capable de ne pas venir, le connaissant ...
Montague s'étrangla dans le jus de citrouille qu'il venait de porter à ses lèvres, et Eléonore lui donna des coups dans le dos en l'observant, l'air inquiet. Il vrilla ses yeux incroyablement clairs sur Lucy.
-Jeudi ?
-Oui, répondit-t-elle en haussant un sourcil. Un problème ?
-Bien ... J'ai un devoir de Sortilège à finir, et un examen de Potion vendredi, et les ASPIC ...
Lucy fronça les sourcils, et rongea intérieurement son frein. Elle savait qu'à un moment où à un autre, Montague allait remettre la question des ASPIC sur la table.
-Et bien tu as une semaine pour t'avancer, répliqua-t-elle d'un ton qui n'admettait aucune réplique. Mais je te jure que si tu n'es pas sur le terrain jeudi à dix-sept heures, je te donne à bouffer à Crockmou.
-Je suis terrifié, ironisa Montague avec une grimace. Sans déconner, Weasley, tu ne peux pas décaler ? Juste pour cette fois ...
-Non, je m'y suis prise tard, et James et Jina ont réservé le terrain pour mardi et mercredi. Donc entrainement jeudi, et ce n'est pas négociable.
-Mais je vais prendre un retard monstre !
-Tu n'avais qu'à t'avancer pendant tes vacances !
-Hey les gars ! intervint Eléonore en mettant une main rassurante sur le bras de Montague, dont les yeux lançaient des éclairs. Ça va, on se calme, ce n'est pas un drame ... Je vais t'aider pour les Sortilèges, Marcus, ne t'inquiète pas. Pareil, Lucy, on sera là pour l'entrainement, ne monte pas si vite aux créneaux.
-Je ne ...
-Oh si, ricana Montague avec un sourire amer. T'es à cran, Weasley.
-C'est Ste-Mangouste qui se moque de la charité ?
Eléonore tapa sèchement de ses deux mains sur la table en les fusillant tous les deux du regard.
-Vous allez arrêter, oui ? Si vous continuez comme ça, ça va être joyeux, jeudi !
Lucy leva les yeux au ciel, et Montague détourna le regard. Eléonore s'énervait rarement, elle était le principe même de la sérénité.
-D'accord. J'arrête, céda Lucy d'une voix morne.
Eléonore sourit, et lança un regard appuyé à son petit-ami. Celui-ci mit du temps à y accorder de l'importance, mais il daigna de baisser les yeux sur la jeune fille. Un vague grognement monta alors de sa gorge, et Eléonore dut prendre ça pour un assentiment, car elle sourit à nouveau, et déclara :
-Maintenant, vous vous serrez la main.
-Norie, gronda sourdement Montague sur le ton de l'avertissement.
Quant à Lucy, elle écarquilla les yeux, éberluée. Elle se demandait si son amie parlait sérieusement, mais si elle en croyait le regard grave qu'elle posait sur elle et Montague, elle était on ne pouvait plus sérieuse. Le mutisme lourd de sens d'Eléonore finit par avoir raison de leur réticence, et Montague leva lentement la main vers Lucy. La jeune fille observa un instant la main tendue, et Eléonore finit par lui donner un coup de pied sous la table.
-Aïe, Norie !
-Ne te fais pas prier, Weasley, s'agaça Montague en plissant les yeux.
-C'est toujours marrant. Genre, tu vas te mettre à genoux ?
-Rappelle-moi pourquoi je t'ai filé le brassard ?
-Parce que tu as un devoir de Sortilège et un examen de Potion, et que tu ne sais pas t'organiser. Et t'avais la frousse des cognards, aussi.
-Par Merlin, tu es une plaie !
-Il a raison, Lucy, enchérit Eléonore, qui n'avait pourtant pas pu retenir un petit sourire amusé. Serre cette main, ou c'est moi qui te donne à manger à Crockmou.
Les yeux de Lucy roulèrent dans leurs orbites, mais elle consentit à serrer la main de son Poursuiveur. Eléonore frappa plusieurs fois dans ses mains avec un petit sourire ravi, et Montague laissa à son tour échapper un petit sourire.
-Qu'est-ce que je ne ferais pas pour toi.
-Je le sais, c'est pour ça que je t'en demande tant, susurra Eléonore.
Montague leva les yeux au ciel, et sa petite-amie eut un petit rire, et l'embrassa tendrement sur la joue, arrachant un nouveau sourire au Poursuiveur. Lucy sentit alors un spectre romantique s'abattre sur ses coéquipiers, et songea qu'il était tant de quitter la table. Son cœur se serra et elle leur servit un sourire crispé en arguant qu'elle devait aller chercher ses affaires avant de se lever. Elle remonta la Grande Salle entre les tables de Serpentard et Serdaigle, et croisa justement Lorcan et Dominique, assis l'un devant l'autre, les doigts entrelacés sur la table. La gorge nouée, Lucy accéléra le pas. Elle ne pouvait pas s'empêcher de se dire qu'un jour, elle avait pareillement tenu la main de Lionel. Et qu'il était à présent dans un lit à Saint-Mangouste. Perdue dans ses sombres pensées, elle ne fit pas attention à ce qui se passait devant elle, et heurta quelqu'un de plein fouet. Elle fut momentanément déséquilibrée, et aurait vacillé si la personne devant elle ne l'avait pas attrapée par la taille.
-Hey la ! Regarde ou tu vas, préfète-parfaite !
Adam. Lucy reprit son équilibre en s'accrochant à son épaule pour arrêter définitivement de vaciller, mais Adam la tenait parfaitement. Comme elle ne répondait pas, il demanda :
-Lucy ? Ça va ?
La jeune fille mit quelque instant à retrouver ses esprits, trop occupée à pester contre elle-même. Il fallait vraiment qu'elle arrête de penser à Lionel. Cette histoire allait la rendre malade. Elle finit par lever les yeux sur Adam, et se força à sourire.
-Parfaitement bien. Désolée, je ... réfléchissais.
-J'ai vu ça, rit Adam. Je me doute parfaitement que tu ne me rentrerais pas sciemment dedans.
-Certainement pas, effectivement. Enfin, peut-être au Quidditch.
Adam eut un sourire, et Lucy ne put s'empêcher de lui rendre. Puis elle eut alors conscience de leur proximité, de l'épaule d'Adam sous sa paume, et de ses mains rassurantes sur sa taille. Elle sentit une rougeur suspecte gagner ses joues. Pour peu, on croirait qu'ils allaient entamer une valse. Or, la valse était une danse qui se dansait de façon un peu trop serrée. Il fallait rétablir une distance de sécurité, sinon son souffle risquait fortement de rester bloqué dans sa gorge.
Non mais qu'est-ce qu'elle racontait ?
Elle se donna une bonne gifle mentale, et gratifia Adam d'un petit sourire sarcastique.
-Mais c'est bon, Scampers, je ne vais pas m'effondrer, tu peux me lâcher.
Lucy vit sur son visage la prise de conscience de leur proximité, et ses joues rosirent quelque peu. Ses mains quittèrent immédiatement sa taille, et il recula d'un pas en se frottant la nuque. Lucy ne put réprimer un petit sourire attendri. Malgré l'assurance qu'il avait pris ses dernières années, Adam restait le petit garçon timide qu'elle avait rencontré dans la barque avant la répartition. Un silence gêné s'insinua entre eux, et elle choisit de briser la glace avec douceur.
-Merci pour les Chocogrenouilles à Noël. C'était ... vraiment gentil de ta part.
Adam parut soulagé qu'elle ait reprit pareillement la conversation, car ses épaules se détendirent, et il cessa de se frotter la nuque.
-De rien, un plaisir. De toute façon, des cartes de Pikachu, j'en ai plein.
-Pikachu. Il faudra que je retienne ce nom. C'est gallois aussi ?
Adam bloqua un instant, avant de laisser échapper un petit rire.
-Absolument pas ! s'esclaffa-t-il. Je crois que c'est japonais. Mais pourquoi tu me demandes ça ?
-Nadolig Llawen. C'est « joyeux Noël » en gallois, non ? Et tu as un accent, aussi.
-Alors là, c'est faux. Je n'ai pas d'accent.
-Je t'assure que si.
-Alors tu n'as jamais entendu mes grands-parents. Eux, ils ont un accent à couper au couteau, même moi j'ai du mal à les comprendre, parfois. C'est ma mère qui fait la traduction.
-Mais donc tu es gallois ?
Adam leva les yeux au ciel, et un sourire amusé effleura ses lèvres.
-Je n'écris pas « Nadolig Llawen » pour le plaisir, Lucy. Evidemment que je suis gallois.
-Mais Liverpool, c'est en Angleterre.
Adam fronça les sourcils d'un air interrogateur. Lucy s'en voulut d'aborder le sujet, car c'était de ceux qui finissaient en dispute idéologique. Elle prit sur elle pour lâcher du bout des lèvres :
-L'écharpe de foot dans ta chambre. C'était celle de Liverpool. Et Liverpool c'est en Angleterre, pas au Pays de Galle.
-D'accord. Gallois du Nord. Je suis plus près de Liverpool que de Swansea. Mais pourquoi ça t'intéresse ? Tu veux en savoir plus sur le foot ?
-Alors là, certainement pas.
Adam rit encore, et croisa les bras avec nonchalance sur sa poitrine avant de secouer la tête, dépité. Aucun sorcier digne de ce nom n'accordait du crédit au foot, exception faite de Jina, dont le père était moldu et l'avait encouragé dès son plus jeune âge à supporter un club anglais (Leicester, il semblait à Lucy).
-Les sorciers pur-sang ont quand même l'esprit vraiment fermé, à fortiori les Anglais.
-Le Né-moldu gallois à quelque chose à dire ? répliqua sèchement Lucy, piquée au vif.
Adam eut un petit sourire entendu.
-Un jour, je t'emmènerais voir un match, à Anfield, et tu verras que le foot vaut quelque chose.
Lucy lui lança un regard profondément dubitatif, qui agrandit le sourire d'Adam. Puis elle se souvint que Gethin lui avait dit quelque chose de similaire, et son humeur s'assombrit. Il fallait qu'elle mette la main au collet du petit Gryffondor. Avant que son esprit ne puisse faire le lien entre Gethin et Lionel, la cloche se mit à sonner au-dessus d'eux, annonçant le retour au cours. Adam grimaça.
-Avec tout ça, je n'ai pas mangé, moi.
-Navrée de t'avoir retenu.
-Oh, ce n'est pas ta faute. J'ai parlé avec mon petit frère, il ... avait un problème.
Il n'avait pas l'air de vouloir s'épancher plus sur la question. Il avait le même regard voilé et résigné que lorsque Lucy l'avait interrogé sur sa famille. Une nouvelle boule se forma dans la gorge de la jeune fille, et elle se garda de répondre. Elle préférait ne pas parler de Gethin avec Adam, simplement parce qu'elle ne pouvait pas l'évoquer sans sortir de ses gongs, ni penser aux yeux vides de Lionel. Elle déglutit pour faire passer la boule d'amertume et de malaise pour articuler :
-J'ai des gâteaux dans mon sac, si tu veux. On a Sortilège, on est à côté. On partagera.
Adam baissa les yeux sur elle, et leva un sourcil, surpris.
-Et je paierais quoi, pour cette gentillesse ?
-Rien, répondit spontanément Lucy, avant d'avoir un sourire amusé. Il m'arrive parfois d'être gentille gratuitement, tu sais. C'est rare, mais ça arrive.
-Ça, je veux bien croire que c'est rare. La dernière fois que tu as été gentille, tu m'as demandé un mois de Chocogrenouille.
-Scampers, si tu n'es pas content, alors je réclame encore des Chocogrenouilles.
Adam la contempla un instant en silence, puis un petit sourire se dessina sur ses lèvres, empreint d'une timidité qui commençait à être familière à Lucy.
-Alors je vais me taire, et me contenter de te dire merci, préfète-parfaite.
-Arrête de m'appeler comme ça, sinon je te jure qu'au prochain match tu fais une chute de quinze mètres. On y va ?
-Ça tombe bien, parce que le prochain match est contre Serdaigle, répliqua Adam en se mettant en route pour la Salle de Sortilège. Ça va être sympa, d'ailleurs. Match entre Jina et James.
Un sourire effleura les lèvres de Lucy quand elle repensa à l'échange entre Harry et Cho Kane devant le Poudlard Express. Il était vrai que les matchs Gryffondor-Serdaigle étaient toujours intéressants de ce point de vue – notamment parce que Jina gagnait toujours contre James, et que cela était bénéfique pour l'égo de celui-ci. Adam parut deviner ce à quoi elle pensait, car il ajouta :
-Mais l'an dernier, on a quand même gagné. Lizzie et moi, on avait marqué trop de but. Ce sera la même chose cette année, ne te bile pas.
-Bien sûr.
Ils avaient atteint la salle de cours, et Bones les attendait, presque assis en tailleurs sur son bureau, des lunettes plantés sur son nez. Dès sa première année, le jeune professeur avait réussi à s'imposer dans le cœur des élèves : drôle, piquant mais très pédagogue tout en demeurant proche d'eux, peu de voix s'élevaient contre lui, et Adam moins que les autres. Adam et Lucy se glissèrent rapidement à leur place, et leur cours commença une minute plus tard, consacré aux sortilèges de mutisme. Lucy mit son sac entre eux pour qu'Adam puisse accéder aux sablés que Mamy Weasley lui avait donné avant de partir. C'était un cours pratique et ils alternèrent entre deux exercices sur un corbeau, ils piochaient allégrement dans le sac en prenant soin de ne pas être vu par le professeur, au chevet des élèves plus en difficulté. Mais quand la cloche sonna et que la moitié des élèves eut quitté la salle, le professeur leva les yeux du tableau pour appeler :
-Scampers, Weasley. Bureau, tout de suite.
Lucy et Adam échangèrent un regard perplexe. Bones avait beau d'être d'une humeur plutôt gaie et joyeuse, il n'en demeurait pas moins intimidant. Quelque chose dans son ton, dans le fond de ses yeux verts qui semblaient avoir vu trop de choses et dans la voix qui pouvait laisser échapper des piques aussi véridiques que mordantes. Ils se dépêchèrent donc de ranger leurs affaires pour se planter devant son bureau. Lucy profita du trajet pour faire un signe discret à Luke, qui l'attendait à l'entrée de salle, de partir sans elle, avant de se tourner vers le bureau. Le professeur les regarda tout deux successivement, impassible, avant de lâcher :
-Croyez-moi, je suis ravi que vous n'échangiez plus de regard assassin tout le long de mon cours. Cependant, mon cours n'est pas un salon de thé : il est hors de question que l'on y mange impunément.
-Désolé, professeur, mais Adam n'avait pas ...
-Weasley, laissez-moi terminer, la coupa-t-il d'un ton sec.
Lucy se tut, et croisa le regard peu amène d'Adam, qui semblait lui dire « dis aussi que c'est de ma faute, tant que tu y es ! ». Elle haussa imperceptiblement les épaules, et attendit nerveusement la sentence de Bones.
-Je disais, il est hors de question de manger impunément dans mon cours. Ce n'est ni digne d'une préfète, ni digne des excellents élèves que vous êtes. Et extrêmement impoli de ne pas en proposer à votre professeur.
Lucy et Adam échangèrent un nouveau regard éperdu, et Bones quitta son masque d'impassibilité pour sourire franchement d'un air mutin.
-Quoi, vous n'avez pas entendu parler de la taxe professorale ? Au nom du poste que j'occupe j'ai le droit à dix pourcents de ces biscuits, Weasley, et que ça saute !
Soulagée, Lucy ne put s'empêcher d'éclater de rire et offrit de bon cœur quelques sablés à son professeur qui mordit immédiatement dans l'un d'entre eux. Il ferma les yeux avec délice.
-Ah par Merlin ... on reconnait la patte de Molly Weasley.
-Vous connaissez ma grand-mère ? s'étonna Lucy, choquée.
Bones hocha la tête en achevant son sablé, amusé par l'air ébahi d'Adam et Lucy.
-Pour tout vous dire ... J'ai très bien connu George – et Fred, bien sûr ... On était dans la même année.
-C'est vrai ? Donc oncle George connait Vict ... ?
Lucy n'eut pas besoin du coup de coude insistant d'Adam pour avaler sa langue au dernier moment mais c'était trop tard. Les yeux de Bones s'écarquillèrent sur le coup et un sourire penaud s'étala sur ses lèvres.
-Les rumeurs ont déjà couru ? Avec deux enfants, deux neveux et une nièce ce ne serait guère surprenant, remarquez ...
-Je pense que Lucy vous laisserez son sac de sablé pour un autographe, glissa malicieusement Adam.
La jeune fille tenta de lui écraser le pied de son talon pendant que Bones était trop occupé à rire pour l'en empêcher, mais Adam était habile et s'écarta souplement.
-Je transmettrais, ça fera plaisir à Vicky ! Elle se sent seule la journée à Pré-au-Lard, elle s'alimente des ragots que lui rapporte. Vous n'en avez pas pour moi, des fois ? Concernant tout : mes neveux, mes enfants ...
-Arwen commence à chanter dans la Salle Commune, avoua alors Adam avec un faible sourire. A la guitare, c'est devenu une sorte de rituel, c'est mignon. Mais sinon, je ne vois rien ...
Bones eut un sourire attendri et repoussa ses lunettes dans ses cheveux.
-C'est bien la fille de sa mère ... Bon, jeunes gens, c'est toujours un plaisir de discuter avec vous ! Et Lucy si vous m'amenez des sablés la semaine prochaine j'essaierais de convaincre ma femme de vous signer un petit quelque chose. Et peut-être que ça pourrait valoir un Optimal au prochain devoir s'ils contiennent du chocolat. Allez, filez avant que Minerva ne vous voie en pleine tentative – réussie, il faut le dire – de corruption. Oust !
Lucy rougit jusque la pointe des cheveux quand Bones ponctua sa moquerie d'un clin d'œil et qu'Adam s'esclaffa ouvertement. La jeune fille se dépêcha de quitter la pièce, à la fois amusée et embarrassée, un sourire étrange aux lèvres. Une fois dans le couloir, elle devança Adam avant de lui faire face, marchant devant lui à reculons :
-Et qui a gagné un Optimal au prochain devoir ?
-La ferme.
-Tiens ! Depuis quand tu es si méchant, Scampers ? Quel manque de reconnaissance envers la fille qui t'a sauvé de la famine !
-Rôh, tais-toi Weasley !
-Depuis quand tu m'appelles Weasley ?
-Depuis quand tu as besoin de corrompre les profs pour avoir de bonnes notes ? Oups, attention !
Elle marchait toujours à reculons, et Adam la prit vivement par les épaules pour l'empêcher de heurter de plein fouet Laureen Bones, qui venait en sens inverse. La Serdaigle leur jeta un regard venimeux avant de poursuivre sa route la tête haute. Les deux cinquièmes année la suivirent un instant du regard, silencieusement. Puis les yeux de Lucy tombèrent sur les mains d'Adam qui serraient ses épaules, et elle toussota.
-Hum hum. Scampers ?
-Oui ?
-Tu peux me lâcher.
Les yeux d'Adam se détournèrent de Laureen et se posèrent sur Lucy, l'air relativement perdu. Puis il sembla se rendre compte qu'il tenait encore la jeune fille, et retira ses mains pour les croiser sur sa poitrine. Cette fois, il n'y avait ni gêne, ni timidité : il regardait fixement l'endroit où la Serdaigle avait disparu. Surprise par ce mutisme, Lucy se permit de lui toucher doucement l'épaule.
-Hey, Scampers. A quoi tu penses ?
Les lèvres d'Adam se pincèrent ostensiblement, et il secoua la tête.
-A pas grand-chose. Juste ... Je ne sais toujours pas pourquoi elle s'en est prise à Gethin, et ça m'agace.
Moi aussi, songea Lucy, sans pouvoir le dire à voix haute. Elle garda le silence. L'histoire de Lionel lui avait complétement fait oublier la fois où Adam et elle avaient croisé Gethin, coursé par Liam Pucey et Laureen Bones. Un duo hautement étrange. Elle connaissait Pucey et ces vices, mais assez peu Laureen, si ce n'était qu'elle était préfète de Serdaigle, excellente en cours, et qu'elle avait la réputation d'être une fille extrêmement froide. Lysander affirmait qu'elle attirait particulièrement les Joncheruines. Et elle devait avoir un lien de parenté avec le professeur Bones, réalisa brusquement Lucy. Même si elle lui ressemblait moins que Shannon ... Et il avait évoqué « une nièce ». Pas deux ... Mais cela dit, rien ne pouvait expliquer qu'elle en veuille à Gethin.
-C'est quand même véritablement absurde, ce qui se passe, reprit Adam en un souffle.
Son regard se posa sur Lucy, et un éclair de compassion traversa ses iris noisette. Le cœur de la jeune fille manqua un battement, et elle détourna les yeux. Elle devinait qu'il ne parlait pas uniquement des motivations de Laureen Bones, mais aussi de ce qu'il s'était passé à Poudlard ses derniers temps. Les agressions. Et Lionel.
-Oui, c'est absurde.
Son ton était sec, sans réplique. Elle ne voulait pas parler de ça, et encore moins avec le frère de celui qui s'entêtait à lui mettre des bâtons dans les roues. Mais Adam ne parut pas entendre l'avertissement dans sa voix. Il s'adossa à un mur, les sourcils froncés, et entonna :
-Ça n'a vraiment aucun sens. On agresse un Serpentard en imitant le style d'un anti-Né-moldu – ce qui n'a pas de sens en soit – puis on agresse un Serdaigle ... Comme ça, en fait. Je veux dire, ce n'est pas ... Ce n'est pas logique. Déjà, pourquoi ne pas reprendre l'imitation ? Et pourquoi s'en prendre à Boot alors que ...
-Adam, s'il te plait.
Le ton était presque suppliant, et elle s'en voulut aussitôt. Mais le Gryffondor parut tout comprendre dans l'emploi de son prénom. Lucy ne voulait pas en entendre plus. Un nouvel éclair de compréhension traversa ses yeux, et il passa immédiatement une main sur sa nuque.
-Oh. J'avais oublié ... Tu es sorti avec, c'est ça ?
Le silence de Lucy donna sa réponse à Adam, de même que la pâleur de son visage. Elle s'efforça de se maitriser, et de chasser les yeux vides et froids de Lionel de son esprit. Ça allait véritablement la rendre malade un jour.
-Désolé, finit par lâcher Adam en posant une main sur son épaule. Je n'aurais pas dû en parler.
Non, il n'aurait pas dû. Pour autant, Lucy leva les yeux sur lui, et se força à sourire. Le sourire était crispé, mais c'était le mieux qu'elle pouvait faire.
-Ça va. Je veux dire ... Ce n'est pas facile, mais ça va.
-C'est pour ça que tu avais l'air ailleurs dans le Hall ?
Lucy haussa les épaules sans répondre. C'était inutile, Adam était assez intelligent pour comprendre. Ses doigts serrèrent son épaule, et son visage se fendit d'un sourire qui se voulait sans doute rassurant.
-Ne t'en fais pas pour Boot. De toute manière, Hannah et Londubat vont finir par trouver ce qu'ils ont et tout rentrera dans l'ordre.
-Tu crois ? ironisa Lucy. Encore faudrait-il qu'ils trouvent, et ça, je pense que ça va être difficile.
-Tu n'en sais rien.
Oh que si, Adam, je sais. Mais elle ne pouvait rien dire sur la Potion d'Acromentule ; elle préférait approfondir ses recherches avant d'en parler à qui que ce soit d'autre en dehors de Luke. Une nouvelle fois, elle garda le silence, passant une main troublée dans ses lourds cheveux roux. Elle se sentait mal à l'aise de cacher certaine chose à Adam alors qu'elle lui avait promis de le tenir au courant de son avancé. Le débat intérieur dura quelques secondes, puis, par acquis de conscience, elle lâcha du bout des lèvres :
-Lionel. Son agression. Ça reprenait ... Une scène de la vie de mon oncle. Harry, je sais si tu vois.
-Lucy, je suis ici depuis quatre ans, évidemment que je sais qui est Harry Potter. Tu veux dire qu'on avait déjà agressé la Grosse Dame avant ?
-Oui, quand il était en troisième année. Et quand la Chambre des Secrets avait été ouverte, il était en deuxième. Au fait, ils ont restauré le portrait ?
-Non. Il paraît que la Grosse Dame est trop choquée, c'est le Chevalier du Catogan qui a pris son poste. Une horreur. Donc pour toi, il y a un rapport entre ton oncle et ses agressions ?
-C'est possible, finit par admettre Lucy au bout d'une minute de réflexion. Mais je ne vois pas encore le lien.
-Voilà qui nous aide beaucoup.
Le ton dégoulinait d'ironie. Lucy lui lança un regard noir, et se dégagea sèchement de la main qui tenait encore son épaule.
-Si tu n'es pas content, tu fais tes recherches toi-même, Scampers.
-C'est ce que je fais, mais tu as un réseau plus étendu que moi. Je n'aurais jamais pu trouver le lien avec ton oncle ...
-Mais pourquoi ça t'intéresse ? Les deux victimes ne sont pas né-moldues, Scampers, tu peux arrêter de t'inquiéter pour ton frère.
La mâchoire d'Adam se contracta soudainement, comme s'il retenait des mots qu'il aurait préféré laisser éclater. Il sembla se renfermer complétement, dans cette même attitude de réserve que lorsqu'elle évoquait sa famille.
-Ça, crois-moi Lucy, tu n'en sais absolument rien.
-Je ne sais pas grand-chose, alors, rétorqua la jeune fille avec un sourire cynique. Qu'est-ce qui justifierait que tu t'inquiètes pour Gethin ? Pas les agressions, il est presque hors de danger.
-Laureen Bones, peut-être ?
-Quoi ? Il s'est encore fait agresser, récemment ? Et tu n'as pas qu'à en parler au professeur Bones, peut-être que lui peut aider !
Adam garda obstinément le silence, et Lucy vit dans ses yeux la même indécision que celle de son frère. Alors ça la frappa. Adam n'était pas innocent : il avait parfaitement conscience d'être un rempart pour Gethin.
-Mais qu'est-ce que vous cachez, tous les deux ? éclata-t-elle, ne pouvant plus se contenir. On dirait que vous avez peur de me parler !
-Vous ?
-Oui ! Toi, et ton frère ! Chaque fois que j'essaie d'aller le voir pour savoir pourquoi Laureen l'avait embêté, il s'enfuit comme un coupable, et tu fais la même chose !
-Depuis quand tu vas interroger mon frère dans mon dos ? gronda Adam, une lueur glacée dans les yeux.
-Je veux des réponses, Scampers !
-Et quel rapport entre Gethin et les agressions ? rétorqua alors Adam de sa voix la plus sèche.
Il s'éloigna d'un pas, et passa une main nerveuse dans ses cheveux aux reflets cuivre. Lucy tenta de trouver quelque chose à répondre sans évoquer les photos mais Adam reprit sans qu'elle n'en n'ait le temps :
-Ce qui se passe de ce point de vue là, ça ne te regarde pas, Lucy ! C'est entre Geth et moi, et crois-moi, ça n'a aucun rapport avec les agressions !
-Alors pourquoi il détale comme s'il avait peur ?
-Mais parce qu'il a peur, bon sang, Lucy ! s'écria Adam, faisait sursauter la jeune fille. On a tous peur ! Peur que ça arrive à l'un d'entre nous !
La jeune fille resta figée devant l'éclat du Gryffondor, muette de stupeur. S'il y avait bien une qualité appréciable d'Adam Scampers, c'était bien qu'il ne s'énervait jamais. Il n'élevait jamais la voix. Adam Scampers qui criait, c'était James Potter qui se mettait à porter des lunettes et à suivre la voix de Percy en travaillant dur et envisageant une carrière ministérielle. En clair, impensable. Adam parut s'en rendre compte seul, parce qu'il passa une main sur son visage, et sa colère brusque laissa place à de la lassitude sur son visage.
-On est vraiment en train de se disputer sur ça ?
-Apparemment, répondit Lucy d'une voix prudente, quoiqu'un peu froide. Mais ...
Adam se redressa, et le regard glacial qu'il lui servit étouffa les mots que Lucy s'apprêtait à sortir dans sa gorge.
-Laisse tomber Gethin, Lucy. Ce qui se passe, c'est entre lui et moi. C'est tout. Il n'y a aucun lien avec les agressions.
Si. Il y en avait un. Les photos, celles que Gethin avaient trouvé. Combien d'autre en avait-il trouvé ? Adam était-il au courant ? Lucy pinça les lèvres d'un air sceptique qu'Adam interpréta sans mal. Il leva les bras au ciel.
-Il n'y pas de lien, Lucy ! Ou alors, s'il n'y a un, dis-le-moi, mais sinon, je vois deux solutions : soit tu fais une fixette sur Gethin sans raison, soit tu as quelque chose et tu ne me dis rien. Alors dans ces cas-là, qui cache quelque chose à l'autre ?
Lucy se tut un instant, soupesant ses options. Elle avait promis à Luke de ne pas parler des photos à qui que ce soit pour l'instant, le temps qu'ils y voient plus clair. Elle avait promis à Gethin de ne pas parler de sa première agression à Adam. Mais elle avait également promis à celui-ci de lui donner des informations.
En l'occurrence, ces trois promesses lui semblaient incompatibles.
Gethin cachait quelque chose. Et même si Adam était au courant des photos, en aucun cas il ne trahirait son frère. Il était son rempart, et avant pleinement conscience de cela. Ils se défièrent un instant du regard, un silence pesant, mais lourd de sous-entendu emplit l'espace autour d'eux. Lucy comprit au bout de quelques secondes qu'ils resteraient tout deux cramper sur leurs positions : Adam pour protéger Gethin, Lucy pour arracher la vérité à celui-ci. Cette discussion était stérile. Alors pour éviter une nouvelle confrontation dont elle ne voulait pas, elle fit ce qu'il y avait de mieux : elle jeta un dernier regard pénétrant à Adam, avant de détourner les yeux et de tourner les talons. Elle sentit le regard d'Adam sur sa nuque alors qu'elle remontait le couloir, ses pas claquants dans le silence, le cœur lourd.
Elle venait de mettre très sérieusement en péril la Paix des Chocogrenouilles.
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