Chapitre 15 : Le retour sur le quai
Bon, il est court (moins de 5000, c'est AFFREUSEMENT COURT pour moi, je suis pas bien). Mais je n'arrive pas à le rallonger, je trouve ça vain donc je vais le laisser tel quel ! Bonne lecture !
Chapitre 15 : Le retour sur le quai.
Cette fois, ce furent des cailloux à sa fenêtre qui réveillèrent Molly. Elle ouvrit difficilement un œil et s'ébroua en grommelant. Mais le jet de cailloux ne cessa pas pour autant, et ce fut autour d'Erik de grogner. Quand Molly ouvrit un œil, elle découvrit un ciel sombre où ne brillait que la lumière des réverbères. C'était samedi et elle s'était encore endormie dès son retour du travail. Mais cette fois, Erik avait décidé de l'accompagner dans sa sieste ...
-Pas maintenant, gémit Erik. On reste ici ...
Et il ramena Molly contre lui en enfouissant son visage dans ses cheveux. La jeune femme se blottit contre lui avec la ferme intention de se rendormir, mais une nouvelle volée de pierre toqua contre la vitre. Cette fois, Molly poussa un cri de rage et se redressa, agacée. En se relevant, elle aperçut sa montre sur la table de chevet, la montre que ses parents lui avaient offert pour ses dix-sept ans. Elle prit vivement le cadran, et lut l'heure, les sourcils froncés.
-Euh, Erik ?
-Huuuuuuum ?
-Le Poudlard Express ... Il arrive vers dix-huit heures, non ?
-Huuuum. Oui. Pourquoi ?
-Parce qu'on est en retard.
Cela ne parut pas émouvoir Erik outre mesure, car il se contenta de grommeler, et de rouler sur le côté pour se rendormir. Molly lui donna une tape sèche sur le bras pour qu'il se réveille et commença à s'habiller le plus rapidement que possible. Elle croisa son reflet dans le miroir et s'attacha les cheveux en une queue de cheval pour les dompter un minimum. Elle finissait de boutonner de sa chemise, sans cesser d'appeler Erik, quand de nouveau cailloux toquèrent contre sa fenêtre. Cette fois c'est trop, ragea Molly en ouvrant sèchement ses rideaux, le feu dans les yeux. Ce qu'elle vit en contre-bas lui fit bouillir le sang dans les veines.
-Erik ?
-Oui ?
-Est ce que tu as donné mon adresse à ... ton amie ?
-Euh. Non. J'ai oublié de la prévenir, hier. Tant pis, on ira en métro, je dois avoir de l'argent moldu ... Ou on transplanera ... Je n'aime pas trop ça mais bon ...
-Inutile, répliqua Molly en fusillant le contrebas du regard. Elle est là.
Elle ouvrit sèchement la fenêtre. Dehors, debout au milieu de la petite cour au sein de laquelle le bâtiment était dissimulé, se tenait une jeune femme aux cheveux bouclés, droite, une poigné de gravier à la main. Elle avait enfoncé un bonnet vert sur ses cheveux et des mitaines recouvraient ses mains. La lumière de la cour l'éclairait crûment dans la nuit qui tombait sur Londres. Quand elle vit Molly à la fenêtre, la fille sourit et mit sa main en visière.
-Salut Princesse ! Je ne veux pas savoir ce que vous avez fait pour être encore au lit à cette heure-ci, mais dis à ton prince charmant de bouger ton joli cul s'il ne veut pas avoir le droit à un réveil à la McColley ! Et tu demanderas à Lucy, ça a de quoi lui faire hérisser les poils. Je l'attends devant !
Et elle transplana sans laisser à Molly le loisir de répondre. Celle-ci ferma sa fenêtre en fulminant, et exhorta son petit-ami à enfin émerger. Elle les fit transplaner au pied de l'immeuble malgré les protestations d'Erik et ils sortirent discrètement de la cour. Devant une petite voiture noire, Daphnéa attendait, le pied frappant le sol avec impatience. Elle eut un sourire carnassier en remarquant Erik.
-Tiens tiens. Le beau gosse aux bois dormant est sorti de son lit ?
Rendu bougon par le transplanage qu'il n'appréciait pas, les pressions de Molly et les moqueries de Daphnéa, le jeune homme la gratifia d'un regard noir.
-La ferme, McColley, contente-toi de conduire.
-Bien sûr ... Oh, Weasley, tu peux rentrer, tu sais. Je vais prendre soin de ton prince charmant.
Le sourire avenant de Daphnéa et la pique permirent à Molly de se féliciter de sa décision. Elle eut un sourire crispé et ancra son regard bleu dans celui vert de Daphnéa.
-En fait, je vous accompagne.
Daphnéa dressa un sourcil, et un petit sourire retroussa ses lèvres.
-Ah oui ?
-Oui.
Elles s'affrontèrent un instant du regard. Les yeux de Daphnéa pétillaient, puis elle hocha la tête, et ouvrit la portière passager avec une révérence.
-Madame.
-C'est le mec devant, fit remarquer Erik, presque l'air sérieux.
-Hors de question, répliqua Daphnéa alors que Molly le fusillait du regard. Les mecs c'est à l'arrière, grouille sinon je te laisse sur le carreau. Tu montes, Molly ?
La jeune femme échangea un regard avec son petit-ami. Celui-ci articula le mot « jalouse » et elle darda un regard noir sur lui avant de grimper dans la voiture de Daphnéa. La journaliste attendit qu'Erik monte à son tour et mit le contact. Aussitôt, un son fort emplit aussitôt les oreilles de Molly. Elle y porta rapidement une main et tendit l'autre vers les boutons sur le tableau de bord. Elle avait fait Etude des moldus et elle pensait connaître les voitures, mais elle n'arriva qu'à augmenter le son.
-Attends !
Daphnéa avança sa main et la posa sur celle de Molly pour faire tourner le bouton qu'elle tenait dans l'autre sens. La musique devint alors écoutable.
-Ouf, on a frôlé la catastrophe, plaisanta Daphnéa en tapotant la main de Molly. J'écoute toujours la musique très fort, désolée pour vos délicates oreilles. Allez, en avant.
Lentement, Molly retira sa main et la frotta discrètement en lançant un regard suspicieux à la conductrice. Elle avait failli lui demander comment elle avait eu son adresse, mais Daphnéa l'avait dit la veille : elle était journaliste, c'était son travail de fouiner. Le trajet se passa en silence, et Molly s'empressa de sortir quand Daphnéa se gara devant la gare de Saint-Pancrass. Dès qu'Erik sortit, la journaliste mit son bras sous le sien avec un sourire enjôleur.
-Où tu vas comme ça, Kane ? On n'a pas fini de parler buisines !
-Où est Fred ? s'enquit froidement Molly.
-Il devait venir avec sa mère, je crois, répondit Daphnéa d'un air enjoué. Allons retrouver ma Poursuiveuse préférée !
Parce qu'en plus de me voler mon copain, elle veut me voler ma sœur ? s'insurgea Molly alors qu'Erik et Daphnéa partaient devant. Elle ne savait pas ce qui la faisait plus enrager : le fait que la journaliste s'approprie son petit-ami de la sorte, ou que ce petit-ami ne fasse rien pour la repousser. Ils arrivèrent rapidement à King's Cross à duit-huit heures quinze – presque à l'heure, donc – et passèrent discrètement entre les voies dix et neuf. La vue de la locomotive écarlate emplit Molly d'une vague de nostalgie. Elle ne s'était pas rendue compte d'à quel point Poudlard avait pu lui manquer.
-Mollyly !
Elle rejeta sa tête en arrière avec agacement, et fit volte-face pour voir arriver Fred et tante Angelina. Celle-ci lui sourit et prit de ces nouvelles avant d'aller retrouver sa fille qui l'attendait un peu plus loin. Fred s'avança alors vers sa cousine.
-Alors Molly Weasley est venue chercher sa sœur.
-Euh ... Oui. Comme quoi tout arrive.
-Pour peu, je serais fière de toi ! rit Fred en tirant sur la queue-de-cheval de Molly. Où est ton amoureux ?
La jeune femme se renfrogna. Depuis qu'elle avait passé la barrière, elle les avait perdu tous les deux de vue. Elle croisa les bras sur sa poitrine avec mauvaise humeur.
-Sans doute avec la dinde à laquelle il doit un service.
-Qui ça ? s'étonna Fred.
-McColley.
-McCo... Oh par les bottes de Merlin !
Et il éclata d'un four rire incontrôlable. Prise de cours, Molly le dévisagea, avant de lui donner un coup dans le bras.
-Fred ! Pourquoi tu ris comme ça ?
-Ne me dis pas que tu es jalouse de McColley ? s'esclaffa-t-il en mettant une main sur sa bouche pour contenir son hilarité.
-Pas exactement, protesta Molly en rougissant. Mais pourquoi c'est si drôle ?
Elle attendit patiemment que Fred réprime son rire, le sang bouillant dans les veines. Quand son cousin eut repris le contrôle de lui-même.
-OK. Bien. On va dire que ... Si Daphnéa devait draguer quelqu'un ... Ce serait plus toi qu'Erik.
Molly eut l'impression qu'une pierre lui tombait dans l'estomac. Elle dévisagea son cousin les yeux écarquillés, ce qui relança son hilarité.
-Oh, Molly, je t'en prie, ne fais pas cette tête !
-Daphnéa est ... lesbienne ?
Fred fronça du nez devant le terme.
-Le terme politiquement correcte, c'est « homosexuelle ». Oui, et elle ne s'en cache pas, c'est bizarre que tu ne le saches pas ! Erik le sait très bien, sinon il ne la laisserait pas se comporter comme ça avec lui.
-Il ne m'a rien dit, souffla Molly, pour elle-même.
Elle était abasourdie par sa découverte. Après avoir passé les dernières vingt-quatre heures à fulminer contre la journaliste parce qu'elle pensait qu'elle flirtait avec son petit-ami, à la jalouser ... Elle apprenait que la jeune femme préférait le sexe opposé. Molly mit une main sur sa tempe en rougissant furieusement, vaguement honteuse. Elle se sentait soudainement stupide. Fred avait cessé de rire et avait hausser les sourcils, interloqué.
-Erik ne te l'a pas dit ? C'est bizarre.
Oui, c'était bizarre. Pourquoi ne pas lui avoir parlé des penchants de Daphnéa quand il avait accusé Molly d'être jalouse ? Il était plus qu'évident qu'elle s'inquiétait, il aurait pu la rassurer ... Mais il s'était tu. Pourquoi ? Fred eut un sourire triste et un éclair d'inquiétude traversa ses iris brunes.
-Ecotue, Mollyly ... Je vous connais. Erik et toi, je vous connais depuis longtemps ... Tu es sûr de toi ?
-Fred ... On a déjà eu cette discussion.
Mais Fred paraissait tout de même soucieux. Il dévisageait sa cousine en se balançant d'avant en arrière, vaguement embarrassé.
-Je préfère être sûr. Tu es quand même ma petite cousine.
-Grande cousine, Fred. J'ai trois mois de plus que toi.
-Oui, bon ...
Ses yeux roulèrent dans leurs orbites et un sourire effleura les lèvres de Molly. Elle allait lui proposer d'aller chercher leurs sœurs quand une voix retentit plus loin :
-Jinette d'amour !
-Par le caleçon de Merlin, Erik, ferme-la !
-Je crois qu'Erik a retrouvé sa sœur, commenta Fred avec un sourire. Oh, et Daphnéa a retrouvé son équipe ...
Molly se retourna vivement. Effectivement, Erik serrait exagérément dans ses bras une Jina rouge de confusion, et elle aperçut même quelques mètres plus loin Louis et James qui se moquait peu charitablement d'elle. Un peu plus loin, Daphnéa parlait avec un garçon aux yeux très clairs que Molly reconnut vaguement comme faisait partie de l'équipe de Quidditch de Serpentard. Mais ce fut autre chose qui attira son regard. Deux personnes venaient de sortir du train, un garçon brun au teint chaleureux de métis et aux yeux sombres et une fille aux lourds cheveux roux, tous deux portant leurs uniformes aux couleurs de Serpentard. Le garçon aida la fille à descendre sa valise, et Molly ne put s'empêcher de remarquer qu'il la couvait d'un regard inquiet. Molly et Fred échangèrent un regard et s'avancèrent vers les deux Serpentard.
-... Es sûre que ça va aller ? disait le garçon alors que la rousse prenait sa valise.
-Fais attention, Luke, pour peu je vais croire que tu t'inquiètes, répliqua-t-elle avec un sourire.
Puis son regard croisa celui de Molly et elle se figea. Ses yeux s'écarquillèrent.
-Molly ?
Molly sourit doucement, son estomac se contractant douloureusement.
-Salut petite sœur.
Lucy ne répondit pas, l'air choqué par la soudaine apparition de sa sœur. Luke s'éclaircit alors la gorge et tapota la tête d'un air condescendant.
-Bien, euh ... Joyeuses fêtes, Weasley, à l'année prochaine !
Lucy ne répondit pas, se contentant d'un regard noir sur sa nuque alors qu'il s'éloignait avec une fille brune elle aussi de Serpentard, la laissant ainsi seule avec Molly. Elles se firent face quelques secondes silencieusement, chacune n'ayant pas l'air de savoir comment commencer la conversation. Molly prit une grande inspiration pour rassembler son courage et commença :
-Tu peux venir chez moi cet après-midi, si tu veux. Ça nous fera ... passer un peu de temps ensemble avant que tu n'ailles au Terrier.
-Sérieux ? s'étonna Lucy en haussant les sourcils. Pourquoi ?
-Parce ...
-Weasley !
Les sœurs sursautèrent et tournèrent la tête au même moment. Malgré ce que Fred venait de lui dire, Molly ne put réprimer un grondement sourd qui lui montait à la gorge. Daphnéa se détachait du garçon avec lequel elle était et d'avançait vers les filles de Percy. Lucy bloqua un instant, puis un sourire s'étala sur ses lèvres.
-Capitaine ! se réjouit-t-elle en lui sautant au cou.
Daphnéa éclata de rire en rendant son étreinte à Lucy. Molly hésita vaguement entre l'attendrissement et une nouvelle vague de jalousie. Elle n'avait pas eu le droit à une telle chaleur – juste une distance due au choc et à l'incompréhension. Mais en même temps, méritait-telle vraiment mieux ... ? Est-ce qu'elle en donnait, elle, de la chaleur ?
-Capitaine, tu parles ! s'esclaffa la journaliste en prenant la Serpentard à bout de bras. Regarde-moi ça ! (Elle pointa les insignes sur la poitrine de Lucy). Préfète et Capitaine ! Qui aurait parié dessus ?
-Pas moi, fit le garçon derrière Daphnéa.
-Non mais toi, tu ne voulais même pas d'elle dans l'équipe à la base, Marcus, répliqua Daphnéa en lui lançant un regard suspicieux. Rassurez-moi, vous arrivez à vous entendre maintenant que je ne suis plus là ?
-Comme larrons en foire, affirma un garçon aux boucles auburn qui arriva derrière Marcus. Je ne te raconte pas la coalition pour nous réveiller le matin du premier match. Comment ça ma grande sœur ne vient pas me dire bonjour ?
-Oh, je t'ai manqué, Willy ? rit Daphnéa en prenant son frère dans ses bras. Ils ont réussi à te sortir du lit ?
-Ne t'inquiètes pas pour ça, Daphnéa, on a été à bonne école, sourit Lucy d'un air vaguement nostalgique. Montague se souvient encore des sauts d'eau.
-La ferme, Weasley.
Molly observait les retrouvailles de l'équipe de Quidditch de Serpentard, l'air vaguement mélancolique elle aussi. Cette ambiance, des souvenirs communs dus à une longue expérience, des moments uniques qu'ils avaient passés entre eux, c'était quelque chose qu'elle ne connaitrais sans doute jamais. Tout ce qu'elle avait fait à Poudlard, c'était étudié pour être digne de ses parents. Peut-être que sa sœur avait raison de plus profiter de ces jeunes années. Fred s'était précipité vers Roxanne quand celle-ci était sortie du train et la faisait tournoyée dans les airs. Erik se chamaillait toujours avec Jina et James se joignait à la partie. Deux garçons presque parfaitement identiques s'avançaient vers eux pour aller à la barrière. Celui aux cheveux les plus courts sourit à Molly.
-Salut Mollynette !
-Lorcan, tais-toi s'il te plait !
Lorcan Dragonneau éclata de rire. Son jumeau ébouriffa les cheveux de Lucy en passant et lui dit :
-N'oublie pas ta promesse, Lucette ! Et joyeux Noël !
-Joyeux Noël, Lys ! cria Lucy alors que les jumeaux Dragonneau s'éloignaient vers la barrière.
Molly haussa les sourcils en croisant le regard de sa sœur.
-Euh... Quelle promesse ?
Lucy eut un sourire penaud et laissa son équipe pour s'approcher de sa sœur, valise à la main.
-Charlie revient pendant les vacances, et Lys m'a fait promettre de venir chez eux avec lui. Ne t'inquiète pas, tu ne seras pas obligée de venir.
-De toute façon, on passe le Nouvel An avec eux, rappela Molly avec un soupir. Combien je te parie que Lorcan va encore lâcher des crabes de feu sur moi ?
-C'était un accident.
-C'est ce qu'il dit.
Lucy eut un sourire désabusé et leva les yeux au ciel. Maintenant qu'elle avait quitté son équipe, une ombre s'était abattue sur son visage, et ses yeux d'un bleu habituellement si limpide s'étaient glacés. Molly fronça les sourcils. Elle et Lucy n'avaient jamais été très proches, il n'empêchait qu'elle connaissait sa sœur. Quelque chose n'allait pas. Molly l'interrogea du regard, mais Lucy secoua discrètement la tête. Pas ici. Elle opina du chef, respectant silencieusement le souhait de sa petite sœur.
-Alors ? s'enquit lentement Molly. Tu veux venir à l'appartement, ou tu préfères rentrer à la maison ? Je comprendrais ...
-Oh ... Non, ça me fait très plaisir que tu me le proposes ! assura Lucy en s'efforçant de sourire. Je veux bien venir chez toi.
Molly eut un sourire sincère, soulagée, et elle le lui rendit timidement. Elle se savait avoir du pouvoir sur Lucy, sans qu'elle ne comprenne. Au fond d'elle, elle savait qu'elle l'intimidait un petit peu. Elle avait toujours été la seule personne avec laquelle Lucy n'arrivait pas à faire semblant.
-Mais je veux prendre le métro, affirma la Serpentard en plissant des yeux. C'est mon seul plaisir de retour de vacances.
-Vendu. On y va ?
Lucy sourit doucement et salua son équipe en leur rappelant de ne pas perdre la forme pendant les vacances. Elle embrassa Daphnéa sur la joue et se glissa aux cotés de Will et Montague. L'ancienne Capitaine en profita pour se glisser vers Molly.
-Je te félicite, princesse.
-Arrête de m'appeler comme ça, répliqua-t-elle avec un regard noir.
Daphnéa eut un sourire tranquille, et leva les yeux au ciel, l'air innocente. Malgré le profond agacement que lui évoquait cette fille, Molly ne put retenir elle aussi un sourire, et prit sur elle pour marmonner :
-Merci.
Daphnéa dressa un sourcil, surprise. Molly détourna le regard. Même si elle avait du mal à l'admettre, c'était parce que la journaliste était venue lui parler qu'elle était ici.
-De rien. Je ferais n'importe quoi pour la fille qui m'a fait gagner la Coupe en troisième année. Même me disputer avec son insupportable grande sœur.
-Insupportable, hein ? répéta Molly en grimaçant.
-Euh. Oui ? Franchement tu t'es vue depuis hier, Weasley ? Tu es infecte. Et je pèse mes mots.
Molly haussa les sourcils, indignée par la franchise de la jeune femme avant de comprendre qu'en effet, son comportement avait été plus que limite. Elle recula d'un pas pour se soustraire au regard de Daphnéa, pourtant loin d'être accusateur malgré ses dires. Elle se fendit même d'un petit sourire.
-Oh, on va dire que je comprends. J'ai l'air menaçante, je te fais la morale, bla-bla ... OK, il se peut que j'aie été un peu infecte également. Alors disons match nul et balle au centre ?
-Pardon ?
Daphnéa poussa un soupir à fendre l'âme et pointa un index parfaitement manucuré sur Molly.
-Une expression de moldu. Bon sang, arrêtez d'être aussi imperméable, bandes de sorcier. Vous avez des œillères, sérieux ! Tu n'as jamais écouté en Culture du monde moldu ?
-J'avais les meilleures notes en Culture du monde moldu, rétorqua-t-elle avec un mélange de sècheresse et d'orgueil.
Daphnéa eut un sourire désabusé devant le ton employé par Molly avant d'essuyer un petit rire.
-OK, j'ai continué à chercher et tu me trouves. J'arrête de jouer, princesse, désolée. C'est juste que les personnes qui ne font pas l'effort de comprendre me sortent par les yeux. Mais si tu avais de bonnes notes ... C'était que tu faisais l'effort.
Molly ne la détrompa pas, même si c'était un effort plus scolaire que passionnel. A dire vrai, il se pourrait qu'elle ait oublié la totalité de ses connaissances après avoir passé ses BUSE, et c'était un cours d'une heure par semaine qui n'appelait pas à l'approfondissement – sauf si on le prenait en option en troisième année. C'était davantage une discipline de sensibilisation et sur ce point Molly admettait que cela avait marché sur elle. Mais il fallait dire qu'elle avait un passionné des moldus comme grand-père.
Daphnéa finit par redevenir sérieuse et son sourire se fana sur ses lèvres.
-Conseil d'amie, Molly. Fais attention à ton prince charmant. Un gars comme Erik Kane ... C'est vicieux – j'en sais quelque chose, je suis sortie avec lui en cinquième année. Oh ça va, c'était il y a longtemps, rentre tes griffes, chaton, ajouta-t-elle en remarquant l'air indigné de Molly. Je veux dire qu'Erik est quelqu'un d'extrêmement ambitieux, et très honnêtement, je le pense capable de sacrifier énormément de choses pour son ambition. Y compris sa relation.
-Ben voyons ...
Daphnéa eut un rictus de dépit devait l'air sceptique de Molly.
-Quoi ? Tu ne l'as pas vu en cinquième année. Pour le Quidditch. Sincèrement, je me suis demandée s'il n'était pas avec moi juste pour saboter ma préparation – et même si la réponse est non, c'est sûr qu'il en a profité. Tu sais, le fameux match où Lucy a chuté à cause de lui ? Je te jure, je m'en suis voulue. C'est moi qui lui aie dit qu'elle était nerveuse lorsqu'on arrivait en dessous d'elle ...
Molly fronça les sourcils devait l'anecdote, qui jetait un éclairage nouveau sur l'incident qui valait la haine de Lucy pour Erik. Daphnéa haussa les épaules.
-En plus c'est un homme très convoité – beau garçon, belle position – et je le sais un peu regardeur. Alors attention, d'accord ? Je m'en voudrais que la sœur de ma Poursuiveuse préférée ait une peine de cœur sans que je ne la prévienne.
-Merci de ta sollicitude, petite fouineuse, mais je suis une grande fille. Je vais me débrouiller seule.
Daphnéa eut un sourire désabusé, tapota l'épaule de Molly avec condescendance, et s'en retourna vers son frère. La jeune femme la regarda s'éloigner, une drôle d'impression au creux du ventre, sans doute en rapport avec ses dires sur Erik. Molly avait su à quoi elle s'engageait en sortant avec. Fred lui en avait parlé pour s'assurer qu'elle avait toutes les cartes en mains. Mais le fait était que ses inquiétudes s'étaient avérées inutiles : Erik avait toujours été adorable avec elle, et jusque Daphnéa, elle n'avait jamais eu à être inquiète de ses agissements. Mais comme Daphnéa préférait les filles, la question ne se posait plus : Erik n'avait jamais eu de comportement déplacé. Quant à son ambition ... pour l'instant, cela rendait Molly plus admirative qu'autre chose. Alors pourquoi s'inquiéter ? Elle secoua la tête pour chasser ses pensées, et dépassa les McColley pour rejoindre son petit-ami. Ce fut Jina qui la vit en premier, et la jeune Serdaigle se planta devant elle, un grand sourire aux lèvres.
-Alors c'est toi ma future-belle-sœur, il paraît ?
-Il paraît, sourit Molly.
Erik les rejoint et posa une main sur la taille de la jeune femme.
-Jina-Molly, Molly-Jina, mais je pense que vous vous connaissez, déclama-t-il joyeusement avant de se tourner vers la rousse. Et ta petite sœur ?
-Derrière toi, Kane.
En effet, Lucy venait de se matérialiser derrière le couple, trainant sa valise d'une main. Son visage se fendit d'un sourire à l'adresse d'Erik, mais ses yeux brillaient d'un avertissement qui chagrina Molly. Sa sœur n'avait pas oublié sa chute. Néanmoins, elle eut l'intelligence de rester courtoise :
-Heureuse de revoir enfin mon futur-beau-frère. Le pire dans tout ça, c'est que je devrais presque te remercier de faire entrer Jina dans la famille – même si ce n'était pas de cette manière que j'espérais qu'elle y rentre.
-Hey ! Des protestations, Pucette ?
-Plein, confirma Lucy avec un sourire carnassier, avant de se tourner vers Molly. On y va ?
La jeune femme hocha la tête, salua Jina, embrassa son petit-ami, et s'éloigna avec sa sœur en direction de la barrière. Elle observa une nouvelle fois la locomotive rouge, et une nouvelle vague de nostalgie s'éprit d'elle.
Oui. Poudlard lui avait peut-être un peu trop manqué.
***
Une demi-heure plus tard, et après un périple infernal dans le métro qui semblait avoir néanmoins ragaillardi Lucy, Molly poussa enfin la porte de son appartement, la valise ensorcelée de sa sœur derrière elle. Lucy fit rapidement le tour du propriétaire avant de se laisser tomber directement dans le canapé.
-Papa pourrait te payer un truc plus grand, quand même.
-Je paye le loyer seule. Seule, Lucy, d'accord ?
La Serpentard vrilla ses yeux bleus sur sa sœur, et Molly fut heureuse de voir une lueur d'approbation y brillait. S'il y avait une personne capable de comprendre son besoin d'indépendance, c'était Lucy. Elle tapota la gazinière du bout de sa baguette et mit de l'eau à chauffer pour le thé. Quand elle se retourna, sa sœur était assise en tailleur, le regard dans le vide, faisant lentement couler sa cravate émeraude entre ses doigts. L'ombre était à nouveau apparue sur son visage, et ses traits s'étaient crispés. Molly fit deux tasses de thé bouillante et s'assit aux cotés de Lucy en lui en tendant une. Elle sirota silencieusement sa boisson, mais sa sœur n'y toucha pas, se contentant de contempler le liquide trouble entre ses mains. En revanche, elle leva les yeux sur Molly et lui adressa un sourire surprenant par sa timidité.
-Merci d'être venue me chercher. Vraiment, ça me fait plaisir. Je me voyais pas ... rester seule.
Ses ongles tapotèrent la tasse mais elle ne daigna pas la porter à ses lèvres. Molly la contempla, la gorge serrée. Sincèrement, elle avait toujours pris pour acquis que Lucy n'avait besoin de personne – et certainement pas d'elle. Qu'elle était même la dernière personne qu'elle attendait sur le quai. Elle-même n'avait jamais attendue personne. Visiblement, elle s'était lourdement trompée.
-J'essaierais de venir plus souvent, alors. En plus ça me manque un peu, Poudlard. C'est vraiment sympa de retourner sur le quai ... De retrouver un morceau d'enfance.
J'ai grandi trop vite, réalisa Molly, vaguement mélancolique. Petite, elle voulait déjà être grande. L'égale de ses parents, de la parfaite Victoire. Elle s'était tellement échinée à paraître parfaite et mature qu'elle ne s'était jamais autorisée à être une enfant. C'était trop tard pour regretter.
-Arrête, j'ai tellement peur du moment où je devrais quitter Poudlard ..., souffla Lucy, dépitée. Même si ...
Sa bouche se tordit et ses yeux se baissèrent vers le liquide brun de son thé. Il se brouillait légèrement, marquant le manque de fermeté de la poigne de Lucy.
-Papa et maman, finit-t-elle par lâcher, résolue. Ils vont bien ?
C'était réellement une fuite en avant, remarqua Molly, inquiète. Mais comme sa sœur ne semblait pas prête à dire ce qu'elle avait sur le cœur, elle alla dans son sens.
-Euh ... Je ne les ai pas beaucoup vu. Moi aussi je travaillais beaucoup. D'ailleurs, j'étais en train de faire une sieste avant de venir te chercher ...
Lucy laissa échapper un petit rire avant de lui jeter un regard moqueur.
-Et toute seule, la sieste ?
Molly ne put s'empêcher de pouffer et donna un petit coup dans l'épaule de sa sœur, qui s'esclaffa.
-Moque-toi, tiens. C'est bon, tu t'es faite à l'idée que je sors avec Erik ou tu vas continuer de faire la tête ?
-Ça dépend. Tu vas nous l'imposer à noël ?
Molly roula des yeux devant la formulation qui marquait parfaitement que Lucy était loin d'accepter – Merlin qu'elle était rancunière ... C'était peut-être son pire défaut avec son orgueil.
-Non, c'est beaucoup trop tôt. Et on est déjà tellement nombreux au Terrier ...
-Et tu n'as pas envie d'avoir les Mousquetaires derrière ton dos qui commentent le moindre baiser, ricana Lucy. Tu te souviens qu'ils avaient surnommé Lorcan et Dominique « les limaces » ?
Le rire qui les secoua s'éteignit bien vite dans leur poitrine. Lucy continuait de fixer sa tasse, toujours soucieuse et mélancolique malgré la discussion légère. Même les souvenirs du Terrier ne suffisait pas à l'égayer ... Molly finit par poser sa tasse et mit une main douce sur le genou de sa sœur.
-Allez, dis-moi ... Qu'est-ce qui ne va pas ?
Lucy la dévisagea un instant, sans répondre, l'air de se demander ce qu'elle pouvait bien lui dire. Puis sans que Molly ne comprenne, les mains de sa sœur commencèrent à trembler et ses yeux s'embuèrent. Prise de court, la jeune femme retira la tasse des mains de sa sœur et les prit dans les siennes.
-Lucy ...
La Serpentard leva la tête pour contenir ses larmes, sans y parvenir : une larme coula sur sa joue de porcelaine sans qu'elle ne puisse l'en empêcher. Molly l'essuya de son pouce, troublée par l'émotion apparente de sa sœur. Même avec elle, il était rare que Lucy se laisse aller.
-Poudlard ... Rien ne va, Molly... J'arrive pas à comprendre ... Tout est sans dessus-dessous...
Sa voix laissa échapper un léger sanglot, et elle porta une main à sa bouche pour les contenir. Molly contempla sa sœur, qui semblait si anormalement fragile, soudainement. Et elle réagit instinctivement : elle la prit doucement par les épaules et la ramena doucement contre elle. Lucy blottit son nez contre son cou et laissa libre court à ses larmes, les épaules secouées par les pleurs. Molly la serra contre elle en lui caressant les cheveux, son cœur saignant pour sa sœur.
Elle prenait enfin son rôle de grande sœur au sérieux.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro