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Chapitre 1 : La vie en vert et rose

Allez j'ai pitié je vous donne vite le deuxième chapitre. Infiniment moins de modification, juste quelques détails mais encore une fois c'est pour appréhender les changements. Les trois premiers sont intégralement corrigés donc je pense que je les posterais assez vite ! 

Allez maintenant je vais me préparer pour le mariage de ma pote. Bonne journée à tous ! 

PS : je précise de nouveau que le lien entre Rolf Dragonneau et Audrey Weasley est de mon invention. Par ailleurs, avant que vous ne me le demandiez, oui j'ai repris Dragonnneau parce que je privilégie la traduction française. 

***

Chapitre 1 : La vie en vert et rose.

Cinq ans plus tard ...

-Je n'en reviens toujours pas, commenta Percy Weasley, les yeux rivés sur l'uniforme de sa fille.

Lucy grimaça, et traina son chariot le long de la voie 10 de la gare King's Cross. Son père marcha à de grande enjambée à côté d'elle pour ne pas la perdre vue. Ou plutôt, pour ne pas perdre de vue le bel insigne de préfet de Serpentard qui brillait sur sa poitrine.

-Tu t'attendais à quoi ?

-A rien, Lucy, soupira Percy pour apaiser les tensions à venir. Rien du tout.

Lucy savait qu'il mentait. Ils avaient passé l'été à se disputer sur son avenir, son père lui assurant sans cesse qu'elle n'arriverait à rien en continuant de côtoyer régulièrement ses cousins, Louis, Roxanne et James, et en poursuivant son rôle dans l'équipe de Quidditch de Serpentard. Déjà que le fait d'être à Serpentard l'obligeait à côtoyer des gens que son père ne considérait pas comme fréquentable ... Mais l'arrivée de la lettre de Poudlard et du bel insigne avant fait ravaler tous ces commentaires à Percy Weasley. Un froid avait malgré tout subsisté de ces disputes, et Audrey, la mère de Lucy, l'avait forcé à l'accompagner à la gare pour la rentrée. Aucun des deux n'avaient été ravi de la nouvelle, mais ils s'y étaient pliés de bonne grâce pour faire plaisir à Audrey. Ils passèrent la barrière après avoir vérifié que la voie était libre, et débouchèrent devant le Poudlard Express.

-Bien, se galvanisa Percy en longeant la locomotive. Ah, ça me rappelle des souvenirs ... Viens Lucy, je vais ... Lucy ?

-Je suis devant toi, papa.

Percy se retourna et vit que sa fille avait pris les devants, ayant plus l'habitude des 1er septembre que lui. Les yeux de la jeune fille roulèrent dans leurs orbites, geste que son père ne put voir. Qu'est-ce qui était passé par la tête de sa mère de l'avoir forcé à l'accompagner ? Il était perdu, dans toute cette foule, loin du Ministère, de la réglementation sur les tapis volants, et des problèmes de cheminé.

-Il y a longtemps que je n'étais plus venu ici ..., commenta-t-il avec indécision.

-Dix ans, précisa Lucy. Depuis la rentrée de Molly. Au fait, papa ...

-PERCY !

Lucy vit son oncle George arriver, tout sourire, pour faire une étreinte d'ours à son grand frère. Elle savoura l'air gêné et le visage crispé de son père. Quand George le relâcha, il avait le visage d'un rouge soutenu, et les lunettes de travers. Lucy réprima son rire de son mieux, et son père lui lança un regard d'avertissement, l'air de dire « ose rire, et je te confisque ton balai ! ».

-Alors mon vieux, ça faisait longtemps qu'on ne t'avait pas vu ! fit remarquer George en prenant son frère à bout de bras. Je te le dis, un jour, les cheminées auront ta peau !

-Et les boites à flemmes la tienne, répliqua Percy avec un semblant de sourire.

Oncle George eut un rire sincère, et salua sa nièce d'un ébouriffement de cheveux. Lucy laissa les deux frères à leurs retrouvailles et partit rejoindre ses couins qui s'étaient réunis un peu plus loin. Roxanne fut la première à l'apercevoir, et lui sauta dans les bras, avant même qu'elle n'ait pu articuler le moindre mot.

-Mais regardez-moi ça ! s'écria-t-elle en la prenant fièrement. Une préfète ! Hé, les gars, on a une préfète, une préfète !

-Mes félicitations, maintenant, tu as toutes les cartes pour être le despote que tu es destinée à devenir, ajouta Fred en plaquant un baiser sur chaque joue de sa cousine.

-Je pensais que je l'étais déjà ? minauda Lucy avec un innocent sourire. Où sont James et Louis ?

-Déjà dans le train, qu'est-ce que tu crois ? répliqua Albus, qui se tenait sagement à coté de Rose.

Lucy leur sourit à tous les deux, et ils le lui rendirent. Elle observa avec fierté la cravate de vert et d'argent sur la poitrine de son cousin. Le choc avait été plus grand que le sien quand le fils du célèbre Harry Potter avait été réparti à Serpentard, mais Lucy du haut de sa deuxième année s'était fait une joie de le guider dans sa nouvelle Maison – tout en étant heureuse de ne plus être l'unique anomalie des Weasley. Rose entrait quant à elle dans sa quatrième année à Gryffondor, mais les deux cousins étaient restés proches.

Dominique parlait avec ses parents derrière eux, puis partit voir ses amis de septième année. Quelque pas plus loin, Hugo et Lily, respectivement à Serdaigle (son père avait failli le renier) et Gryffondor, qui faisaient leur deuxième rentrée, se disputaient la carte d'un Chocogrenouille qu'ils avaient partagé, et Fred se dirigea vers eux pour mettre fin aux hostilités. Il était le seul présent qui avait fini ses études, et Lucy pensait qu'il s'ennuyait de Poudlard. Son orientation avait été sujette à nombreux débats. Son père George aurait voulu qu'il reprenne la boutique, ou qu'il vive du Quidditch, mais Fred avait préféré rentrer au Ministère (au département des Jeux et Sports Magiques, certes, mais ça restait le Ministère).

Sans attendre, Lucy se dépêcha de monter dans le train pour trouver un compartiment avant qu'ils ne soient tous pris. Ses bagages mis en ordres, elle resta un moment à flâner, la tête passée par la fenêtre ouverte. Elle reconnut vaguement des gens dans la foule. Daphnéa McColley, son ancienne Capitaine, était venu saluer son jeune frère. Jina Kane, une Serdaigle de sixième année avec qui Lucy s'entendait très bien, apparut par la barrière accompagnée d'une belle asiatique aux cheveux noirs qui ne pouvait qu'être sa mère. Hope Douzebranches-Shelton, la meilleure amie de Rose, embrassait ses pères en tenant sa petite sœur par la main. Puis elle le vit, et un sourire narquois s'étendit sur ses lèvres. Elle se dépêcha de sortir de son compartiment, sauta sur le quai, et slaloma à travers les passants, poussant des frénétiques « excusez-moi ! ». Ce n'était pas très digne d'une préfète, mais à sa décharge, elle n'était pas encore à Poudlard. Elle le vit enfin, et profita qu'il soit dos à elle pour lui sauter dessus.

-Bouh !

-Aaaaaaargh ! Weasley !

Il se rattrapa à ses jambes pour retrouver son équilibre, et de fait, cala un peu plus la jeune fille sur son dos. Lucy éclata de rire quand elle vit les joues de son ami d'empourprer.

-Arrête, Luke, je suis sûre que je t'ai manquée !

-Autant que le calamar géant, oui, persiffla Luke Zabini. Tu veux bien descendre, s'il te plait ? Mes parents sont encore là.

-Oh ...

Elle sauta docilement à terre. Pour être aller une ou deux fois chez les Zabini, elle savait que ses parents n'étaient pas tendres, surtout avec des familles comme la sienne. Elle repéra Blaise Zabini qui discutait avec un homme aux cheveux pâle qu'elle reconnut comme étant Drago Malefoy, le père de Scorpius Malefoy. Elle le remarquant, elle chercha autour d'elle la tête blonde du Serpentard. Là encore, c'était une drôle d'histoire. Mais depuis quelques années, Poudlard avait vraisemblablement décidé de marcher sur la tête et l'univers avait fait se rencontrer Scorpius Malefoy et Albus Potter pour qu'ils nouent une amitié aussi touchante que surprenante. Lucy avait également passé la moitié de sa deuxième année à défendre l'un contre les grandes familles qui ne voulait pas d'un Potter dans ses rangs et l'autre des idiots qui songeaient qu'il était comme son père.

Lucy s'autorisa alors un grand sourire en direction de son ami. Il leva les yeux au ciel, l'air désespéré d'être condamné à subir une nouvelle année avec elle.

-Je savais que ce serait toi, dit-t-il néanmoins avec un sourire en désignant son insigne.

-Et moi je savais que ce serait toi, chantonna Lucy en pointant l'identique insigne qui brillait sur sa poitrine.

Luke eut un sourire suffisant, et repoussa une mèche de cheveux noir qui lui barrait le front. Son ami avant bien grandi depuis la première année, et il n'était pas rare qu'une fille craque totalement sur son minois d'ange et ses doux yeux noirs. Lucy n'arrivait pas à croire que cinq ans après qu'elle a accidentellement atterrie à coté de lors de la Répartition, ils aient réussi à garder leur amitié intacte. Pourtant c'était un fait : le duo Weasley-Zabini avait la réputation d'être inséparable. Et le fait qu'ils avaient été nommés conjointement préfets ne faisait que renforcer cette idée.

-Euh ... Je rêve, ou ton père parle au mien ?

Lucy se tourna vers Blaise Zabini et Drago Malefoy, et vit en effet Percy Weasley les rejoindre, la main tendue, un sourire crispé aux lèvres. Lucy sentit sa bouche s'assécher. Les deux amis se consultèrent du regard, et rejoignirent les trois adultes.

-Lucy ! fit Percy en la voyant s'approcher. Tu n'es pas dans le train ?

-Pas encore. J'attendais Luke.

Monsieur Zabini lança un regard froid à Lucy, qui l'ignora. Monsieur Malefoy, en revanche, eut un petit sourire amusé.

-Regardez-moi ce petit couple de préfet, ricana-t-il avec un certain cynisme. Les pères doivent être fiers, non ?

Le visage des pères en question s'était surtout assombri et crispé à la prononciation du mot « couple ». Si Luke baissa le nez pour ne pas faire face au regard noir de son père, Lucy était en train d'inonder Mr. Malefoy sous milles mercis. La moindre remarque qui pouvait gêner son père était bonne à prendre.

-Fier, oui, toussota Percy. Evidemment. Nous nous reverrons au Ministère. Zabini. Malefoy.

-Tout à fait, Weasley. Bonjour à votre famille.

Le sarcasme se sentait dans la voix de Drago Malefoy, et cette fois, Lucy ne put s'empêcher de lui jeter un regard noir.

-Bonjour à la vôtre, rétorqua-t-elle sans réfléchir. Comment va votre père ?

-Lucy !

La voix indignée de son père claqua comme un fouet à ses oreilles, et elle retint une grimace. Luke toussotait discrètement à côté d'elle, et elle l'imaginait facilement réprimer à grand mal un fou rire. Percy la prit vivement par le bras, mais avant qu'il n'ait pu faire un geste pour l'éloigner, une voix retentit au-dessus d'eux :

-Hey, la préfète parfaite ! Toi et ton sang-pur, dépêchez-vous de ramener vos fesses, j'ai réussi à te dégotter un compartiment ! Il y a des espèces de gnomes – je ne suis pas sûre, mais je crois que ça s'appelle des « premières années » – qui tentent d'investir le compartiment, j'ai besoin de ton autorité de ... Merlin ! Pas toi aussi préfet, Zabini ? Nom d'un Strangulot, mais je vais passer ma vie en colle ... Oh, salut oncle Percy !

Roxanne, la tête passée par la fenêtre du compartiment, fit un sourire radieux à son oncle. Percy contempla un instant la jeune fille, surpris, puis la salua à son tour. Lucy eut le plus grand mal à réprimer son rire, et elle vit que Luke n'en menait pas plus large, mais qu'il le cachait mieux. Finalement, l'interruption de sa cousine avait sauvé la mise à Lucy, qui se contenta de saluer brièvement son père avant de prendre Luke par le bras et de filer vers la locomotive écarlate. Une fois à l'intérieur, ils se regardèrent et éclatèrent de rire.

-Bon sang, l'année commence bien ! commenta-t-il en se tenant les côtes. Je vais encore avoir le droit à une longue lettre de mon père me disant que tu es le diable en personne !

-Tu as vu ma couleur de cheveux ? Qui doute encore que je suis un véritable démon après ça ?

-Personne, admit Luke.

Ils se dirigèrent vers le compartiment de Roxanne, qui s'était rassise sur une banquette pour lire son numéro de Sorcière-Hebdo.

-Où sont les gnomes ? demanda Lucy, amusée.

Roxanne leur lança un bref regard, un sourire espiègle aux lèvres.

-J'ai un peu dégnommé le compartiment, ça prenait trop de place. Alors, ma petite intervention ? Ça mérite l'ordre de Merlin, avouez-le !

-Avec un manque pareil de subtilité, ça mérite surtout que tu la fermes, tacla Luke avec sarcasme.

Roxanne lui lança un regard noir, avant de se lever souplement et de passer la main derrière sa nuque pour faire voler ses longues tresses derrière lui. Elle était grande et gracieuse comme une panthère avec une beauté singulière qui parfois rendait Lucy verte de jalousie.

-Oh, je vous laisse de toute manière. J'ai des choses importantes à gérer. Je vous laisse pour débriefer l'année qui s'ouvre à vous. Révisions, BUSE ... Et bien sûr, une cuisante défaite en Quidditch. Ah, comme j'ai hâte !

Avec un grand éclat de rire, elle sortit du compartiment. Luke la singea dans son dos et Lucy pouffa alors que le train s'ébranlait enfin. Son regard se perdit dans le paysage, et elle vit ses cinq années à Poudlard défiler devant ses yeux. Merlin, comme les choses avaient changées depuis ... Rétrospectivement, quand elle pensait à ce qu'elle avait pensé de Serpentard en arrivait à Poudlard, elle riait toute seule. Elle avait cru que le Choixpeau avait fait une erreur. Que jamais elle ne serait une Serpentard.

L'erreur, c'était elle qu'il l'avait faite.

Du moins, partiellement.

Deux faits lui avaient prouvé qu'elle était digne d'être à Serpentard. Deux constatations, en réalité.

1) Elle était ambitieuse.

2) Elle était vicieuse.

Moyen de comprendre cela : le Quidditch.

Elle n'avait jamais songé à jouer au Quidditch. Ses parents n'aimaient pas vraiment cela, même s'ils appréciaient le spectacle (sa mère était une supportrice invétérée des Harpies de Holyhead). Mais aucun d'eux ne possédaient de balais, et Molly encore moins. Mais tout s'était débloqué à l'été qui avait suivi sa deuxième année. Elle l'avait passé au Terrier, avec ses cousins, et Roxanne. Celle-ci voulait faire partie de l'équipe de Quidditch de Gryffondor à la rentrée, au poste vacant de Gardien. Son frère s'était promis de l'aider, ainsi que James, qui jouait au poste d'attrapeur. Finalement, l'ensemble de la famille s'était mobilisée, Lucy y comprise, malgré le fait qu'elle n'était montée qu'une fois sur un balai. Ils avaient donc passé l'été à entrainer Roxanne, volants tour à tour sur les balais disponibles pour lui marquer des buts sur un terrain improvisé. En deux mois, le vol à balai de Lucy s'était considérablement amélioré, et elle était devenue la pire ennemie de sa cousine, parce qu'elle était celle qui la trompait la plus facilement. Lucy prenait un malin plaisir à faire des feintes à sa cousine, chercher ses points faibles pour les exploiter, lui faire des coups bas pour qu'elle puisse se préparer. Ça avait été tellement frustrant pour elle qu'une de leurs séances d'entrainement avait fini en course poursuite à balais qui s'était achevée dans une mare non loin du Terrier. Toujours était-il que la veille de leur retour à Poudlard, Fred s'était posté devant elle, le visage grave.

-Je suis en train de me jeter dans la gueule du dragon. Mais à la rentrée, tu vas me faire le plaisir d'aller voir Daphnéa McColley pour qu'elle te prenne dans l'équipe, avait-t-il exigé, sous le regard éperdu de Lucy.

Car Daphnéa McColley avait bien fini par avoir le poste après le départ de Milo O'Neil. Elle jouait au poste de Pousuiveuse. Lucy n'avait rien répondue, incertaine, et Fred s'était assis à côté d'elle pour lui dire qu'il n'avait pas cessé de l'observer de l'été, et que si elle avait été à Gryffondor, il aurait viré l'un de ses poursuiveurs pour la prendre dans l'équipe. Elle ne se débrouillait pas trop mal, pour une fille qui savait à peine monter à balai avant l'été. Puis James et Louis étaient venus derrière son cousin, suivi de certains de ses oncles et tantes, approuvant ce que Fred venait de lui dire.

Lucy avait hésité. Si elle était ignorée de la plupart des Serpentard, elle n'en était pas plus acceptée. Elle ignorait ce qui se passerait si elle se présentait aux essais. Elle n'avait pas pris la décision en arrivant à Poudlard, et Fred finit par prendre les devants en allant parler à Daphnéa. C'était une fille relativement ouverte, qui avait été intriguée à l'idée qu'une Weasley puisse entrer dans l'équipe, et était venue invitée Lucy aux essais en personne, flanquée de Felicity Bletchley, devant toute la table des Serpentard. L'équipe dans son entièreté avait hurlé au scandale, mais Daphnéa, Luke et sa sœur Eléonore l'avaient vivement défendue et poussée à passer les essais. Il manquait un poursuiveur à Serpentard, aux côtés de Daphnéa et de Marcus Montague, et elle s'était retrouvée en compétition avec des élèves plus âgé qu'elle, mais le pire avait été de voir arrivé Liam Pucey, un sourire arrogant aux lèvres. Il avait passé la moitié des essais à lui faire des piques désagréables, et Lucy avait serré les dents. Puis lui et les autres candidats l'avaient fait tomber de son balai (en réalité, le balai que James lui avait prêté pour les essais), à plusieurs reprises. Au bout de la cinquième fois, elle sentit une petite flamme s'allumer dans son cœur, une flamme dont elle n'avait jamais eu conscience.

L'orgueil.

L'envie de gagner.

Elle, et personne d'autre.

C'était décidé. Elle ne laisserait pas une miette de dignité, ni à Liam Pucey, ni aux autres.

Elle allait leur montrer de quoi était capable une Weasley Serpentard.

Elle était remontée sur son balai.

Elle était restée à l'écart, observant le gardien, contemplant ses adversaires.

Elle s'était élancée. Et elle s'était tellement concentrée sur le jeu qu'elle en avait oublié le monde extérieur. Quand elle était redescendue, la moitié des personnes présentes l'avaient regardé bouche bée, l'air surpris que ce petit bout de Weasley soit capable de jouer au Quidditch. Pourtant, quand il fallut retenir quelqu'un, ce fut le nom de Lucy que Daphnéa prononça, avec un grand sourire, et personne n'avait protesté, pas même Montague, qui avait l'habitude de lui lancer des regards de travers. Lucy n'avait pas réalisé sur le coup, mais quand Eléonore vint la prendre dans ses bras, et que Luke lui hurla que finalement, il n'aurait plus honte de trainer avec elle, elle sut qu'elle avait réussi.

Il avait fallu de l'orgueil, et éveiller le soupçon d'ambition qui dormait en elle, mais elle était à présent Poursuiveuse dans l'équipe de Serpentard.

Elle avait très vite été intégrée à l'équipe. Notamment parce qu'elle n'était pas mauvaise de base, mais aussi parce qu'elle s'était révélée être une bonne stratège, « vicieuse à souhait » comme lui avait dit Daphnéa après un match contre Serdaigle où Lucy avait passé son temps à ridiculiser le gardien avec des feintes et des coups pendables comme elle n'aurait jamais accepté d'en faire à Roxanne. Elle avait formé avec sa capitaine et Marcus Montague le trio d'attaque le plus craint de l'école, et ils avaient réussi à soulever la coupe dès sa première année dans l'équipe. Jamais Fred n'avait plus regretté que l'avoir présenté à Daphnéa, et jamais ses cousins ne l'avait autant haï (Elle avait marqué pas moins de onze buts lors de la finale, et le score avait été de 280 à 210. James avait attrapé le Vif d'or, mais les poursuiveurs Serpentard avaient été trop efficaces).

Se rappeler de tout cela fit sourire Lucy face à la fenêtre du Poudlard Express. La coupe de Quidditch avait été l'ultime étape de l'intégration de la jeune fille à Serpentard, et elle se souviendrait à jamais du moment où toute l'équipe l'avait portée en triomphe parce qu'elle avait l'artisante de la victoire, cette même équipe qui un an plus tôt l'avait méprisée quand elle était arrivée aux essais. Mais elle ne leur en voulait pas : elle avait gagné leur respect, et ils avaient gagné le sien. A présent, l'insigne de préfet brillait sur sa poitrine, et marquait comme l'aboutissement de carrière à Serpentard.

-Pourquoi tu souris ?

Lucy se retourna vers Luke, qui l'observait en haussant les sourcils.

-Je repensais à la finale de Quidditch de troisième année, répondit-t-elle avec un sourire narquois. Hâte de retenter l'expérience ...

-Tu es sûre ? douta Luke en haussant les sourcils. Tu te souviens de l'année dernière ?

Lucy grimaça, et préféra se taire. L'année dernière avait été beaucoup moins fructueuse, du fait du départ de l'irremplaçable Daphnéa et de la blessure dès le premier match de Montague. Toujours était-il que Gryffondor avait ravi la coupe à Serpentard, pour le plus grand plaisir de Londubat, McGonagall et de ses cousins, qui s'étaient fait une joie de lui rappeler la catastrophique finale qu'elle avait jouée durant tout l'été.

-Un accident, prétendit Lucy avec dignité. Ça n'aurait jamais dû arriver.

-Tu es juste dégoutée parce que Scampers t'a fait tombée ...

-Oh, ne me parle pas de lui !

Luke lui adressa un sourire sardonique avant de consulter sa montre.

-Bon, on va être attendu Weasley. Première année en tant que préfet, il faut qu'on se bouge.

Lucy se redressa immédiatement, sur le vif. C'était noté dans sa lettre : les préfets devaient se réunir dans un compartiment près de la locomotive avec les autres. Alors elle suivit Luke dans les couloirs, le cœur battant à tout rompre. Devant le compartiment, les mains dans les poches et un sourire envoutant aux lèvres, un garçon aux cheveux blonds parlait avec la préfète de Gryffondor, Catherine Jones. Il se pencha vers elle et planta un doux baiser sur ses lèvres. Lucy pila net, et Luke lui rentra dedans, surpris.

-Weasley !

-Louis !

Son cousin sursauta, et se redressa pour adresser un grand sourire à la jeune fille. Il chuchota quelque mot à Catherine, qui lui sourit et entra dans le compartiment des préfets. Sa cousine le regardait, presque bouche bée.

-Louis ... Tu as une copine.

-Et alors ? cingla l'intéressé en arrivant vers eux. Ça arrive même à des gens bien.

-Ça tombe bien, tu n'es pas quelqu'un de bien, rétorqua Luke, la main sur la porte du compartiment.

-On t'a sonné, Zabini ?

-Louis, siffla Lucy en lui donnant un coup dans le bras.

Les deux garçons haussèrent les épaules et Luke s'engouffra dans le compartiment pour laisser Lucy avec son cousin.

-Au moins, elle est préfète, peut-être qu'elle aura une bonne influence sur toi, fit remarquer la jeune fille avec un sourire.

-Je suis préfet, rappela Louis en tapotant son propre insigne. Et Londubat regrette encore de m'avoir nommé !

Et elle se souvenait encore du fou rire qui avait emporté James et Roxanne quand ils avaient découvert l'insigne dans l'enveloppe de Louis. Si son cousin fanfaronnait, Lucy savait qu'une véritable pression s'était abattue sur ses épaules le jour où il était devenu préfet. Louis doutait de sa légitimité, mais il fallait admettre le portait admirablement bien le rôle pour un Mousquetaire – le nom donné à ce fameux trio infernal de cousin. Ils étaient le cauchemar de McGonagall et de Mrs. Sullivan, la concierge. La directrice avait tenté de les calmer en nommant l'an dernier Louis préfet, mais rien n'y faisait.

Louis tapota la tête rousse de Lucy avec une certaine condescendance.

-Mais toi tu seras une préfète-parfaite, on le sait déjà. Bon, à plus !

-Quoi ? Mais tu ne viens pas ?

-Je suis juste venu accompagner Catherine. A quoi ça sert de rester, j'ai déjà entendu le speech de l'année dernière ... Dis à Lys que je prends la ronde dans une heure !

-Mais ... ce n'est pas ... Louis !

Mais Louis s'éloigna en lui adressant un grand signe de main. Lucy pesta et finit par entrer dans le compartiment en fulminant. Elle s'assit sur la banquette aux coté de Luke et détailla le ses camarades, un brin intimidée. Catherine était discrètement appuyée à la fenêtre, l'air indifférente à l'abandon de Louis. La préfète de Serdaigle, Laureen Bones, une fille glaciale et peu loquace de septième année, lorgna vaguement Lucy d'un regard peu amène avant de se replonger dans son livre. La préfète-en-cheffe était une fille de Poufsouffle, Octavia Macmillan. Et Lucy sentit un immense sourire effleurer ses lèvres quand elle vit qui était le deuxième préfet-en-chef.

-J'en reviens pas, c'est sérieux ?

Lysander Dragonneau, un garçon de septième année à Serdaigle, releva les yeux du Chicaneur pour fixer Lucy à travers ses lunettes. Un bel insigne de préfet-en-chef brillait sur sa poitrine.

-Très honnêtement, même moi je ne sais ce qui est passé par la tête de McGonagall. Mais oui, visiblement c'est sérieux.

-Elle perd la boule, chuchota Luke à Lucy. Un Dragonneau préfet-en-chef ... Je rêve où c'est des bouchons de bièraubeurre autour de son cou ?

-Arrête d'insulter toute ma famille, siffla Lucy en plantant son coude dans ses côtes.

Un bref sourire sur les lèvres de Lysander indiqua qu'il avait parfaitement entendu. En effet, Lysander (ainsi que son jumeau Lorcan) et Lucy étaient cousins lointains. Audrey Weasley et le père Dragonneau, Rolf, étaient tous deux les petits-enfants du célèbre Magizoologiste Nobert Dragonneau. Ils attendirent patiemment que le dernier préfet, celui de Poufsouffle, manquait alors à l'appel. Lysander commençait d'ailleurs à s'en agacer.

-Je vous jure que si je n'étais pas sûr de me prendre un procès si je le faisais, je le donnerais en pâture aux Ronflaks Cornue. Lucette, ne fais pas cette tête !

-Quelle tête ?

-Celle que tu fais pour dire « Lys, parle-moi encore de Ronflax Cornus, et je te jette dans le Lac Noir ».

-Alors arrête de parler de Ronflaks Cornus, sinon que je te jette dans le Lac Noir.

-Elle a raison, enchérit Catherine avec un sourire. Mais au fond, on t'aime, Lys !

-Pas moi, grommela Luke, si bas que seule Lucy put l'entendre. Et s'il me reparle encore de Ronflex à corne, je t'aiderais à le jeter dans le Lac Noir.

Lucy pouffa en silence pour ne pas vexer Lysander, qui discutait à présent avec Catherine. En réalité, elle adorait ses cousins et particulièrement Lysander. Ils avaient un coté décalé qui pouvait être agréable. Quand ils ne parlaient pas de Ronflaks Cornus. C'était devenu une sorte de plaisanterie pour tous ceux qui les connaissait, et les jumeaux ne s'en vexaient pas.

Les autres préfets suivirent l'échange, amusé, et soudainement, le préfet manquant de Poufsouffle ouvrit la porte du compartiment. Lucy ne comprit pas ce qui se passa alors. Le compartiment entier se retrouva plongé dans un nuage coloré. La poussière lui piqua les yeux, et le nuage était tellement épais qu'elle ne distinguait plus Luke à côté d'elle. L'ensemble des préfets toussota, les narines et la gorge prise d'assaut.

-Par la barbe de Merlin, s'étrangla Stephen Bennett, de Poufsouffle. Qu'est-ce que ...

-Weasley ! cria Luke avec rage.

-Je n'ai rien fait ! protesta Lucy.

-Mais pas toi, imbécile !

Lucy comprit Luke avec une demi-seconde de retard. Cette attaque était sans nul doute l'œuvre de Louis – et de James et Roxanne. Catherine s'était levée et avait ouvert la fenêtre alors que Stephen maintenait la porte grande ouverte. Lucy les regarda faire, incrédule, et prit sa baguette de sa poche.

-Evanesco.

Aussitôt, le nuage coloré disparut et tout le monde recouvra la vue avec soulagement. Enfin, un soulagement tout relatif. Lucy regarda autour d'elle, et gémit en se mettant le visage dans les mains.

-Lucy ? fit timidement Lysander. Tu sais que tes cheveux sont ...

-Je ne veux pas savoir, le prévint-t-elle sans se redresser. Les tiens sont bleus, du reste.

-Et les tiens, rose, remarqua Stephen en passant une main dans sa chevelure d'un vert vif. Remarque, ça te va bien ... Enfin pas tant que ça, je te préférais rousse, ajouta-t-il précipitamment en la voyant se redresser pour lui jeter un regard incendiaire.

-Je vais les tuer ! ragea Luke, les cheveux d'un mauve particulièrement voyant. Pour de vrai ! Je vous jure qu'ils vont souffrir le martyr !

Tout le monde se mit à parler en même temps, et Lucy remarqua que la seule qui s'en était sortie intacte était Catherine. Et évidemment, le grand absent – et donc le grand coupable – était Louis. Lucy ferma les poings, et se jura de le leur faire payer – et avec les intérêts. Elle n'était plus la gamine qu'ils avaient fait tournoyer autour d'eux quand ils étaient petits, ni la petite fille effrayée par la répartition. Elle était Lucy Weasley, elle était préfète de Serpentard, et elle aurait sa vengeance.

***

La teinture rose de ses cheveux mit trois jours à partir. En sortant du Poudlard Express, Lysander s'était mis à courser les Mousquetaires jusqu'au château, James se défendant un arguant qu'au moins maintenant, on ne le confondrait plus avec Lorcan, son jumeau. Les préfets des trois Maisons s'étaient mis d'accord pour leur infliger une retenue dont Lysander déciderait du contenu (Lucy lui faisait entièrement confiance, Lysander pouvait être sadique, quand il s'y mettait).

Evidemment, pour une première en tant que préfet, ça avait fait du bruit. La crédibilité de Lucy et de Luke en avait pris un sacré coup quand ils avaient vu les premières années d'esclaffer devant eux. Et le pire avait été le fou rire de Liam Pucey. Quand elle vit la haine dans ses yeux, Lucy se jura qu'elle ne laisserait aucune miette de dignité à ses cousins, qui, par mesure de précaution, avaient sauté le repas de répartition. Elle passa donc trois jours à arpenter les couloirs, une longue chevelure rose comme un étendard de la honte derrière elle, cherchant frénétiquement les coupables, échauffant intérieurement des plans de vengeance. Trois jours plus tard, elle fut ravie de retrouver sa rousseur habituelle. Après un cours particulièrement ardu de métamorphose où Greengrass passa la moitié de l'heure à leur rappeler que cette année était celle des BUSE, déterminante pour leur avenir, etc ..., Lucy se précipita à la bibliothèque, les bras chargés de livres. Leur directrice de Maison n'avait pas été très tendre avec eux, leurs donnant une masse incroyable de devoirs à faire pour le prochain cours. Lucy se glissa dans la bibliothèque et s'assit en fulminant à la table d'Eléonore et de sa meilleure amie, Jina Kane.

-Mesdoimeselles ! Vous ne sauriez pas où je peux trouver mes cousins ?

-Beurk, commenta tranquillement Jina.

C'était une très jolie fille de sixième année, aux longs cheveux noirs et aux yeux en amande sombres et étincelants. Pétillante et vive, elle entretenait une relation aussi drôle que conflictuelle avec les Mousquetaires et particulièrement avec James, au grand damne d'Eléonore qui ne supportait pas ce groupe.

-Non, pas du tout ! Tu as réussi à te débarrasser de ton rose ? Tu as raison, ça ne t'aillait pas au teint.

-La ferme, la tacla la jeune fille avec un sourire. Et toi, qu'est-ce que c'est que ça ?

Lucy désigna l'insigne qu'elle avait sur la poitrine. La Serdaigle baissa les yeux et s'esclaffa.

-Capitaine de l'équipe, moi ! plaisanta-t-elle.

Elle jouait au poste d'attrapeuse, comme sa mère avant elle, et c'était ce qui la mettait en rivalité avec James. Lucy eut un sourire entendu.

-Tu sais que James est celui de Gryffondor ?

-Alors il va comprendre sa douleur, répliqua Jina avec un sourire carnassier. Et à Serpentard ? Du sang neuf ?

-Non, Montague.

Jina grimaça et Eléonore la fusilla du regard. Marcus Montague était un excellent poursuiveur, et Lucy ne changerait de partenaire pour rien au monde. Mais il n'était pas connu pour son empathie. Elle se demandait tous les jours comment Eléonore Zabini, si gentille, si souriante, pouvait le supporter.

-Arrête Eli, pouffa Jina en remarquant la tête de sa meilleure amie. Sérieux qu'est-ce que tu lui trouves à ce garçon ?

-Je préfère être avec Marcus plutôt que de baver sur un Mousquetaire, rétorqua Eléonore avec un sourire tordu.

Jina blêmit et Lucy pouffa sous cape. Ce surnom s'était imposé lors de sa troisième année, après une énième bêtise quand Campbell, la professeure de potion et directrice-adjointe, qui était née-moldue, les appela publiquement ainsi. Ils avaient regardé la prof sans comprendre, mais toutes les personnes avec des origines moldues avaient souri d'un air entendu. Lucy se souviendrait toute sa vie de la fois où ils avaient réussi à s'introduire dans la Salle Commune de Serpentard pour la décorer avec des « Qui sont les meilleurs ? – GRYFFONDOR ! », des écharpes aux couleurs de leur Maison, et diverses fanfreluches de couleurs assez voyante - dont beaucoup de rose. C'était quoi, d'ailleurs, leur problème avec le rose ?

La réflexion traversa l'esprit de Lucy, et elle tiqua. Bientôt, un sourire sadique s'étira sur ses lèvres, et elle le dissimula en ramenant son livre devant son visage. Ce n'était pas la vengeance idéale, mais ça ferait l'affaire. Elle abandonna Eléonore et Jina, prétextant avoir oublier quelque chose dans sa chambre et courut à travers tout le château, et escalada les marches quatre à quatre pour se retrouver devant la Salle Commune de Gryffondor. Par chance, Rose et sa meilleure amie Hope venaient de sortir du portrait de la Grosse Dame, et Lucy leur sauta presque à la gorge.

-Rosie ! J'ai besoin de toi !

Rose eut un mouvement de recul, surprise, puis un air de suspicion vint se peindre sur son visage.

-Je ne te ferais pas rentrer ! prévint-t-elle, ayant deviné ses intentions.

-Oh que si tu vas le faire ! Par solidarité ! Parce que James s'est moqué de ta carte d'Astronomie ! Parce que Louis t'a fait tomber dans le ruisseau cet été ! Parce que Rox a failli lâcher la goule dans ta chambre !

-Mais quel genre de vacances tu as passé ? s'esclaffa Hope pendant que Rose s'empourprait.

-On est douze et tous des victimes potentielles les uns des autres, répliqua Rose, résignée. Très bien, Lucy ... Qu'est-ce que tu veux ?

-Juste aller dans leur chambre. Promis je ne te demande rien de plus !

Rose échangea un regard avec Hope puis soupira. Elle lui demanda de se boucher les oreilles et elle se retint de lui sauter au cou pour s'exécuter. Quand elle laissa retomber ses mains, elle entendit juste le portrait de la Grosse Dame gratifier les filles d'un « vous-même » avant de pivoter. Lucy plaqua un baiser sur la joue de la Gryffondor.

-Tu es ma cousine préférée !

-Y'a intérêt, grommela Rose en s'engouffrant à sa suite dans l'ouverture. Je viens avec toi, pour limiter les dégâts.

Lucy eut un sourire sadique, et monta aux talons de sa cousine dans le dortoir des garçons de Gryffondor. Hope les suivait, un air malicieux sur le visage, nullement contrariée d'aider Lucy dans sa tâche. Les dortoirs paraissaient déserts. Cependant, en arrivant sur le pallier, la porte des cinquièmes années s'ouvrit.

-Oh, c'est Adam ! remarqua Hope à voix basse.

-Quoi ? Pas question ! réagit immédiatement Lucy en entrainant sa cousine et son amie par le col.

Par chance, Adam Scampers n'eut pas le temps de les voir avant qu'ils ne s'engouffrent dans la chambre de James, et il descendit dans la Salle Commune. Adossée au mur de la chambre des sixièmes années, Lucy soupira profondément. Rose la gratifia d'un petit sourire.

-Tu lui en veux toujours ?

Sa cousine le fusilla du regard, et elle battit en retraite. Si Serpentard n'avait pas gagné la coupe de Quidditch l'année dernière, c'était en grande partie de la faute d'Adam Scampers. Elle se redressa et observa la chambre autour d'elle.

-Trois jours de cours et déjà un bordel incommensurable, commenta-t-elle en prenant du bout de la baguette un caleçon qui devait appartenir à Louis.

Elle murmura un mot à voix basse, et le sous-vêtement se colora en rose. Hope pouffa à côté d'elle.

-C'est ça le plan ?

-Tu as mieux ?

Hope eut un sourire espiègle et Rose soupira profondément quand la jeune fille fit volte-face pour sortir du dortoir, ses longs cheveux blonds volant derrière elle. Rose soupira.

-Tu as lâché le kraken, Luce. Bon, qu'est-ce que je peux faire pour toi ? Et venger ma chute dans le ruisseau ?

Lucy sourit se mit à lancer des sortilèges sur les lits des deux mousquetaires pour transformer leur chambre de mâle qui se respecte en un petit nid douillet digne du salon de Madame Pieddodu à la Saint-Valentin. Hope revint quelque seconde plus tard, les bras chargés de diverses boites et paquets. Lucy se jeta sur ces trouvailles alors qu'elle observait son travail d'un air appréciateur.

-Mais où tu as trouvé tout ça ?

-Pas chez mon père, toussa Hope en souriant largement. Où tu veux que je mette les plumes ? Les paillettes seront parfaites dans le placard de James !

Lucy échangea un regard avec Rose, qui articula silencieusement « le kraken ». Baignée dans cette excitation, les trois filles se dépêchèrent de finir le travail. Elles s'attaquèrent ensuite aux affaires de Roxanne et venaient de piéger son lit quand un flash d'appareil photo les aveugla.

-Lily ! s'écria Rose.

-Au moins, j'aurais des preuves pour vous faire chanter, fanfaronna Lily Potter avec un sourire éclatant.

La cadette des Weasley se tenait fièrement dans l'encadrement de la porte, un sourire éclatant aux lèvres, un appareil photo entre les mains. Lucy darda un regard noir sur l'appareil. Cette chose était un objet de magie noire que sa cousine apprécier un peu trop.

-Tu ne feras pas ça, Lily, gronda-t-elle sourdement.

-Oh que si, assura-t-elle. D'ailleurs, tu ne donnes pas trop l'exemple, pour une préfète-parfaite ... Tu te rebelles ?

-Je me venge, rectifia la Serpentard. Et il est hors de question que je me fasse balancer avant la vengeance ait lieu, alors Lily ... Négociations.

Un petit sourire presque sadique s'étira sur les lèvres de sa jeune cousine et elle joua un instant avec son appareil, l'air entendu. Rose et Hope finirent de fixer les pièges pendant que Lucy descendait souplement du lit pour aller vers sa jeune cousine.

-Rappelle-moi ma grande, qui t'a laissé aller à la fête que donnait les Poufsouffle dans la cuisine l'année dernière ?

Rose s'éclaffa, debout sur le lit de Roxanne.

-Moi aussi j'ai aidé ! Lucy a retenu Albus à la Salle Commune pendant que je retenais James dans celle de Gryffondor ! Oh c'est vrai, tu as une dettes ma petite Lily !

Lily eut soudainement le visage aussi rouge que ses cheveux, et Lucy sut que s'était gagné. L'an dernier, Stephen Bennett, le préfet de Poufsouffle avec lequel elle s'entendait bien, lui avait proposé de venir dans une petite fête qu'ils organisaient pour fêter leur victoire contre Gryffondor. Aucun de ses cousins n'y allaient pas, pour des raisons évidentes, mais Lily avait tanné ses frères pour pourvoir s'y rendre, et tous deux avaient refusés. Outrées par l'ingérence paternaliste d'Albus et James, les filles de la famille avaient décidé d'aider leur jeune cousine à vivre sa vie.

-C'est bien une méthode de Serpentard, grommela Lily.

La remarque, dit sur un ton amer, donna un coup au cœur de Lucy. Elle n'eut pas le temps de s'attarder sur la sensation que Lily levait les mains avec un petit sourire.

-Mais c'est bon, je ne dirais rien. Mais vous m'en devez une !

-On n'oubliera pas Lily !

La benjamine sourit et descendit dans la Sa Commune. Lucy se tourna vers ses deux petites abeilles. Leurs chevelures rousses et blondes étaient constellées de paillette et Hope avait même une plume rose au coin des lèvres.

-C'est vraiment une méthode de Serpentard ?

-Hum, laissa échapper Rose, baguette entre ses dents. C'est retors, quoi. Du chantage. Mais ce n'est pas grave, t'inquiète !

Les lèvres de Lucy se tordirent. Malgré son intégration à sa Maison et son acceptation de la situation, elle continuait de mépriser une partie ce qui était relatif à cette Maison. Son coté vicieuse en tête de liste. Mais paradoxalement, c'était aussi ce qui lui avait permis de survivre ces quatre dernières années. Rose parut comprendre son sentiment et lui adressa un doux sourire.

-Lucy, ne t'en fait pas, c'est sans doute ce qu'on préfère en toi !

-Hum ... Tu diras à Lily de prendre des photos ?

Rose éclata de rire, et les trois jeunes filles descendirent. Lily leur lança un regard de travers et la Gryffondor lui ébouriffa joyeusement ses cheveux roux. Lucy sourit et sortit de la Salle Commune de Gryffondor avant que l'un des Mousquetaires ne la voie. Elle était partie pour retourner dans sa Salle Commune quand elle entendit des bruits de voix, au deuxième étage. Elle passa sa tête dans le couloir, intriguée, et vit deux élèves brutalisé un garçon qui devait être en première année – la taille ne trompait pas. Son sang ne fit qu'un tour.

-Hey !

Les deux garçons arrêtèrent immédiatement, et Lucy sentit le désespoir la submerger quand elle vit leurs uniformes aux mêmes couleurs que les siennes. C'était dans ses instants qu'elle avait honte d'être Serpentard.

-On ne fait rien de mal, protesta un premier garçon avec un sourire suffisant. On lui demandait juste s'il avait des Chocogrenouille pour nous ...

-Vous me prenez pour une imbécile ? cingla Lucy. Virez avant que je ne vous mette une retenue ! Allez, plus vite !

Les deux élèves se regardèrent, puis virent son insigne de préfète et décidèrent de passer leur chemin, non sans quelque grognement. Lucy se tourna vers le première année, qui s'était réfugié contre le mur quand elle était intervenue. Il tremblait de tous ses membres. Lucy eut pitié de ce pauvre enfant, et lui mit la main sur l'épaule. Le petit sursauta.

-S'il te refont du mal, tu viens me voir immédiatement, exigea-t-elle avec douceur. D'accord ? Je m'appelle Lucy.

-Moi je m'appelle Gethin Scampers, fit le petit d'une voix tremblante.

Il avait un vague accent, qu'elle avait du mal à situer (Irlandais ? Gallois ?). Lucy s'efforça de ne pas grimacer, mais se sentit intérieurement surprise. Elle ignorait qu'Adam Scampers avait un petit frère.

-Tu es à Gryffondor ? remarqua-t-elle en voyant sa cravate rouge et or. Tu veux que je te raccompagne ?

-Non, ça va aller, refusa-t-il précipitamment. Je veux dire ... Je suis un grand garçon, je vais me débrouiller. Merci beaucoup Lucy !

-Typiquement Gryffondor, grommela-t-elle alors que Gethin s'éloignait. Indépendantisme débile.

Le garçon partit à grandes enjambées pour retourner à sa Salle Commune et Lucy partit dans la direction inverse, vers les cachots.

-Attends, attends, Lucy !

La préfète se retourna, et vit Gethin courir vers elle. Le garçon arriva devant elle, essoufflé.

-Si les Serpentard m'embêtaient, c'est parce que j'avais trouvé quelque chose, je ne voulais pas le leur montrer ...

-Qu'est-ce que tu as trouvé ? s'enquit Lucy, amusée. Enfin, si tu veux bien me le montrer ...

Gethin piqua un fard, et passa sa main dans ses cheveux d'une vague couleur cuivre.

-C'est idiot en fait ... Mais je ne sais pas, ça m'a paru ... important.

Gethin eut l'air de vouloir disparaître sous terre. Lucy eut un sourire indulgent, et s'accroupit pour être à sa hauteur.

-Tu veux me montrer ?

-Bien, tu es préfète ... Je te l'ai dit, c'est idiot ... C'est juste une photo.

Lucy dressa un sourcil, surprise, et Gethin fouilla ses poches pour la lui tendre. Lucy sentit un long frisson lui parcourir le dos en contemplant la photo, et elle se leva vivement, surprenant le première année.

-Où est ce que tu as trouvé ça ? demanda-t-elle d'une voix blanche.

-Euh ... Là-bas, sur la porte, répondit-t-il en désignant la porte des toilettes. C'est vraiment important ?

-Non, je ne crois pas, fit Lucy avec lenteur, les yeux rivés sur la photo. C'est juste ... Enfin (elle soupira, et releva le regard vers Gethin) Laisse tomber, retourne dans sa Salle Commune. Je peux te prendre la photo ?

Gethin hocha vivement la tête, et se dépêcha de retourner dans la tour des Gryffondors. Lucy resta figée au milieu du couloir, les mains crispées sur la photo. Les ombres bougeaient, et les couleurs étaient relativement décolorées. C'était la photo d'un mur. Trois personnes contemplaient ce mur, l'air de vouloir sortir du cadre. Elle avait failli ne pas les reconnaître. Pourtant, elle reconnaitrait ces lunettes entre mille, cette tignasse ébouriffé et pire que tout, ses cheveux d'un rouge flamboyant. C'étaient ses oncles Harry et Ron et sa tante Hermione. Ils devaient avoir onze ou douze ans. Malgré cette vision venue d'un autre âge, le pire fut le message derrière eux.

« La Chambre des secrets a été ouverte. Ennemis de l'Héritier, prenez garde ». 

*** 

Alors c'est toujours oui? Hope est cool? 

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