Chapitre 5 :

Le ciel petit à petit continuait de s'habiller lentement des couleurs de la nuit. Le long des rues, les lampadaires donnaient l'impression de s'allumer sur chacun de leurs passages. Parfois ils entendaient des passants discuter et rire, pendant que d'autre se pressaient pour ne pas louper un bus ou bien un quelconque autres transports en communs. Les quelques arbres présent sur le trottoir s'agitaient légèrement et lâchaient parfois une feuille ou deux qui ondulaient un temps dans les airs, avant de tomber avec grâce au sol.

Sa main toujours à moitié froide à cause du mal constant qui le rongeait depuis des semaines, se réchauffaient petit à petit au contact de la sienne. Avec prudence ils avaient tout les deux quittés le parc, avant même que la voiture du majordome n'arrive. À chaque rue traversée, ils avaient observés avec attention les alentours, ainsi que les véhicules qui passaient non loin d'eux. Chacun d'ailleurs paraissait être la réplique de la bagnole que Madame Octavia envoyait pour venir le chercher.

- Dit moi aussitôt si c'est l'une d'entre elles...demanda d'une voix brève et pourtant calme Livaï.

L'instant était totalement dingue pour Eren. Lui qui s'était toujours vu comme une sorte d'animal en cage, voyait à présent les portes de sa prison dorée s'ouvrir sur une liberté auquel il ne croyait plus. Et malgré leurs pas pressés et prudent à la fois. Malgré la peur qu'il gardait un peu en lui à l'idée de se faire repérer et ramener manu militari dans ce qui jadis était la maison des " Jeager." Il ne pouvait s'empêcher de garder ses yeux vert fixé sur la silhouette de cet alpha, qui à chaque seconde passée près de lui, le troublait un peu plus. Les ordres en tout genre il en n'avait que trop reçu depuis qu'il avait perdu ses parents. Et pourtant là, tout de suite il écoutait au mot près ce que le militaire lui disait.

" Stop, attends." .. hop, il s'arrêtait immédiatement et observait tel un animal traqué les alentours en priant tout ce qui était possible de prier, pour que ce ne soit pas " eux."

" Cache toi là deux secondes." Un arbre, une ruelle n'importe quoi il écoutait, car un instinct plus fort que son libre arbitre passait au dessus de lui.

" Viens, suis moi." A nouveau il le suivit marchant dans ses pas, et laissant ses doigts de musicien s'accrocher à la paume de sa main, comme on s'accroche à la vie.

Son coeur battaient à un rythme fou. Sans doute à cause de ce geste dingue, qui était la fuite. Et très certainement parce que cette même fuite, il l'a faisait avec cet homme qui à peine leur rencontre faite était resté comme gravé dans son esprit.

La ville, ses habitants son infrastructure même, ceux devant quoi ils passaient, ceux qui les regardaient, rien de tout cela ne parut avoir d'importance à ses yeux vert. Son regard paraissaient ne pas pouvoir se détacher de ce bel alpha, dont Gustaf avait parlé avec une pointe de mépris. Ces cheveux noire et souple que la moindre brise agitait. Il avait envi de glisser les doigts dedans juste pour en constater la douceur.

- Tiens entrons dans ce magasin, le coupa dans sa contemplation le militaire.

Le tenant toujours par la main comme si il avait peur qu'on ne lui arrache Eren. Livaï se retourna un instant sur lui même et le vit le regard perdu, ou rêveur il ne savait trop. Dubitatif, et mettant tout ça sur le dos de ce qu'il se passait. Il tapota du bout des doigts la joue de ce dernier pour qu'il reprenne un peu pied dans le présent. Les rêves et les songes se seraient pour une autre fois.

En toute franchise la boutique où ils venaient de mettre les pieds ne payait pas de mine. Vieillotte et pleine de fripes. C'était en vérité un véritable fourre tout, dans lequel on pouvait trouver absolument tout les styles possible.

- On va te prendre quelques fringues...car tu vas  pas rester à vie dans celle que tu as, expliqua Livaï qui grimaça de dégout à l'idée de porter les mêmes vêtements durant deux jours d'affilés.

- Euh...fit le jeune homme les bras ballant, avant de glisser les doigts dans ses cheveux qu'il prit le temps de réattacher comme il faut. C'est à dire que..

- Je t'ai dis de ne pas faire attention à l'argent, je peux..

- Non ce n'est pas ça, nia d'un mouvement de tête l'oméga..mais je n'ai jamais choisi..on m'a toujours imposé ce que je portais.

Silencieux, le regard surpris Livaï l'observa à nouveau de haute en bas. Eren avait tellement été contraint à obéir aux ordres même les plus minimes sans jamais trop se rebeller - au risque de se prendre une correction- qu'il n'était même plus fichu de prendre une décision par lui même. Amer, car à vrai dire c'était assez triste et navrant de voir cela, Livaï ne le couva pas pour autant, et l'incita à choisir lui même quelques fringues qui le dépannerait pour un temps.

- Fait juste attention à ne pas te tromper de taille de....putain ! Me dit pas que tu ne connais pas ta taille ! Souffla le caporal d'un air sidéré, en voyant le jeune homme réfléchir.

- Mais si je l'a connais... je ne suis pas impotent à ce point, bredouilla ce dernier d'une moue vexée. D'un geste un peu hésitant il farfouilla dans une longue rangée de vêtement pour homme, tout en marmonnant des mots à peines audible entre ses lèvres.

Roulant des yeux au ciel, Livaï qui avait sorti son portable pour passer un coup de file rapide à Hansi, le rangea à nouveau dans la poche de son pantalon. Là, il prit ce qui ressemblait à une sorte de gros panier en plastique bleue sur roulette et suivi l'oméga. Dans sa tête une liste de ce qui leur fallaient dans un premier temps était déjà établi, car son esprit pragmatique et un peu borné ne pouvait se faire à l'idée de faire les choses au hasard.

Ils allèrent donc rapidement prendre tout ce qui concernait sous-vêtement et chaussettes, puis pyjama...pantalon, t-shirt, chemise, pull...pour les chaussures ils verraient plus tard...Le panier dans lequel le tout avait été mis en restant parfaitement plié, donnait malgré tout l'impression de vomir des fringues. Gêné, Eren essayait parfois de retirer une ou deux chose, pour ne pas être une trop grande source de dépense. Avant de passer en caisse, ils prirent le temps de choisir une paire de lunette noir. Elle était si énorme qu'elle donnait l'impression de manger une partie du visage du violoniste.  Cependant malgré leurs formes original, elles avaient l'avantage de le dissimuler un peu. Une casquette noir, dans lequel le jeune homme cacherait son longue chevelure, le temps qu'ils seraient dehors, ferait aussi parti de la dépense.

- Je suis désolé, murmura Eren lorsqu'ils sortirent de la friperies avec plusieurs sacs. Je suis déjà une source de problème pour toi.

- Ouais c'est certain ! Affirma Livaï. Demain j'irais braquer une banque  ou deux, pour palier à cet énoorme dette que je viens de contracter. Je vais peut-être même devoir vendre l'un de mes reins au marcher noir.

La blague était là, mais le ton dans la voix un peu absent. Pourtant le jeune homme eut un rire discret sur cette ironie qui lui rappela sans doute de ne pas se faire trop de bille pour tout et rien. A nouveau ils marchèrent le long des rues, et cette fois-ci se fut le musicien qui voulu lui prendre la main. Les joues rosissantes, il ressemblait en tout point à un ado vivant son première amour. Mais malgré cela, malgré cette petite pointe de bonheur, ils devaient à nouveau surveiller tout ce qu'ils croisaient, car une chose était certaine. En constatant son absence du parc, les sbires de Madame Octavia le chercheraient partout à travers la ville.

- Gustaf, leurs mettra des battons dans les roues, mais il ne peut pas trop en faire non plus, expliqua Eren. Sinon, il risque d'être vu comme complice...

- J'ai l'impression que ce vieil homme ne sait pas dans quel camps prendre parti. Mais le peu qu'il aidera ta fuite, sera toujours un plus pour nous.

Une fois de plus le pas se fit plus rapide, et presque au pas de courses, le temps qu'ils arrive devant l'immeuble moderne  et dont l'allée pavée était bordée d'arbustes fleurissants.  La hall à cette heure était vide, et fort heureusement ils ne croisèrent personne sur leurs passage. Et tandis que l'ascenseur montait lentement jusqu'au 16ème étage, le militaire en profita pour appeler Hansi et lui expliquer très brièvement la situation.

- Tu l'as enlevé  ? S'écria la doctoresse au bout du téléphone. Mais t'es malade où quoi ? Je t'ai dit de te renseigner pas de le kidnapper. J'aurai jamais crue que tu en arriverais là !

Sa voix était si forte que certainement tout l'hôpital, où elle bossait avait dû l'entendre. Si ce n'est le quartier... au moins...

- Je ne l'ai pas enlevé, idiote ! La situation est beaucoup plus compliqué que ce que tu crois. C'est pour sa sécurité, si j'ai fais cela ! Et crois moi quand tu connaitras l'histoire, tu seras 100 % d'accord avec moi.

- T'es sûr que c'est seulement pour sa sécurité ? Hum ? Douta Hansi la voix peu convaincue, ce qui agaça d'avantage Livaï. Parce que peut-être ton instinct dominant d'Alpha....

- Putain, ça n'a rien à voir avec tout ça ! Écoute, et s'il te plait fait moi confiance. Apporte nous de quoi...enfin un traitement pour les omégas quand enfin..bredouilla le caporal..

- Quand ils sont en chaleur. C'est adorable tu paniques juste pour dire ça ? Toi ?

- Je ne suis pas adorable, et je ne suis pas paniqué ! Corrigea Livaï en pinçant l'arrête de son nez, avant de prendre une profonde inspiration, comme si il cherchait là à éviter de vouloir commettre un meurtre. S'il te plait fait ça pour moi...

Au même moment, Eren l'observait et se demandait ce que c'était que cette échange téléphonique un peu vif, ou de toute évidence les deux individus se braillaient joyeusement dessus.

- Passe le moi ! Ordonna alors Hansi ! Allez..

- Pourquoi ça ? Hésita l'alpha le ton soupçonneux.

- Parce que je ne sais pas précisément quel marque de suppresseur il prends, ni quel dose ni ...

- Bon bon ça va , ça va je comprends ! Coupa le brun en tendant le téléphone au jeune homme qui le regarda d'un air incrédule. Tiens, c'est mon amie docteur..tu sais celle dont je t'ai parlée. Elle va t'apporter ce dont tu as besoin, mais elle doit te poser des questions...réponds si c'est nécéssaire..car elle est chiante !!

- Ah d'accord, accepta Eren en mouvant brièvement la tête de haut en bas, avant de prendre dans sa main le portable.

Une sonnerie discret sonna dans l'ascenseur et annonça au deux hommes qu'ils étaient enfin arrivée au bon étage. D'un pas toujours aussi rapide, ils traversèrent le couloir d'un blanc presque immaculé. De lourdes et grandes fenêtres donnaient sur un petit parc en contre bas, et qui était en pleine aménagement. D'ici on pouvait observer différents véhicules de travaux à l'arrêt, ainsi qu'un immense troue de terre qui accueillerait bien plus tard un étangs artificiel. 

La serrure de l'entrée claqua sous l'activation de la clé. Une porte en métal noir et assez épaisse s'ouvrit sur un espace impeccablement bien rangé, et d'une propreté étincelante qui aurait eu de quoi faire pâlir d'envie Gustaf qui passait une parti de son temps à récurer avec les autres employés la villa où il habitait jusqu'ici. D'un geste un peu lent, le visage rouge comme une écrivisse, Eren rendit le téléphone à son propriétaire qui s'étonna de cette gêne soudaine.

- Qu'est-ce que tu lui as dis pour le mettre mal à l'aise comme ça ? Demanda d'une voix pressée Livaï.

- Rien qui ne soit inutile. Assura la jeune femme en évitant habillement de répondre. Bon je vous apporte tout ça, toi en attendant ouvre les fenêtres de chez toi en grand. Ça doit être envahi de ton "odeur" , et il risque de se sentir mal à débouler soudainement dans un endroit chargé de tes phéromones. Il faut aérer ....

- C'est propre chez moi ! Qu'est ce que tu insinues ?

- Je n'insinues rien, le détrompa aussitôt Hansi qui de toute évidence s'activait dans son bureau. Derrière elle on pouvait entendre parfois Moblit lui parler. Mais assume, tu l'as emmené chez toi, pense à son bien être. J'arrive d'ici hum voyons....une demi heure. Ensuite toi, moi et lui on va discuter sur toute cette affaire.

Là-dessus la doctoresse raccrocha sans laisser la moindre chance à Livaï de lui répondre. Lorsqu'il réalisa d'ailleurs que pour une fois c'était elle qui avait coupée soudainement leurs conversation, un claquement de langue agacé se fit entendre de sa bouche. Sans rien dire de plus, il posa l'appareil sur sa table de la cuisine, puis se retourna en direction de Eren qui effectivement montrait des signes de tensions. Parfois on pouvait le voir passer brièvement la main sur le nez ou même trembloter légèrement. Comme si quelque chose de dérangeant envahissait effectivement ses narines. A l'évidence, son amie quatre z'yeux ne s'était pas trompée en affirmant que débarquer soudainement dans un appartement d'Alpha, risquait de mettre le jeune homme mal à l'aise.

Alors , Livaï ouvrit en grand la baie vitrée de sa chambre qu'il laissa ouvert, mais aussi celle dans la pièce principal afin de créer un courant d'air.

- Tu te sens mieux ? Questionna le militaire en voyant le jeune homme rester debout comme un piquet. Tu sais, tu as le droit de t'assoir.

- Ouais ça va mieux, reconnu Eren en prenant place sur le divan près du propriétaire des lieux. C'était un peu, étouffant quand je suis arrivé ici, admit-il du bout des lèvres..trop hum...comment dire, hésita t-il en oscillant sa jolie tête...oppressant.

- Je vois. Désolé je n'avais pas pensé à ce détail. J'ai beau être un alpha je ne suis pas bien calé dans ce domaine là ! Enfin je veux dire, précisa t-il en voyant le regard interrogatif du violoniste. Dans tout ce qui concerne les liens Alpha oméga etc etc... j'ai jamais trop pris la peine d'étudier le sujet...

- Pourquoi ça ? C'est important de savoir le maximum de chose sur ce que l'ont est, argumenta Eren en s'accoudant sur ses genoux, puis en posant son menton sur l'une de ses mains.

- Ouais, j'imagine que c'est important. Mais je te l'ai dis, jusqu'ici je n'ai jamais vraiment cherché à avoir d'oméga dans ma vie. Je me plaisais bien dans mon quotidien...je ne voyais pas l'utilité de savoir toutes ses choses.

- Alors ça veut dire que si tu n'étais pas tombé malade.. Je ne t'aurais peut-être jamais connu, conclu le musicien pensif, sans pour autant bouger de position.

- Avec des si on refait le monde...tu ne penses pas ? La question au final ne se pose pas, puisque j'ai cette maladie...et que je t'ai rencontré, et la dessus pour une fois la chance à été de mon coté.

Le menton toujours dans le creux de sa main, Eren se mit à sourire doucement. Sur le visage de son vis à vis, il pouvait y lire une certaine assurance lorsqu'il parlait. Et pourtant caché dans la prunelle de ses yeux bleue nuit, il y avait aussi comme un petit trouble sans doute causé par leurs situations avec tout ce qui venait de se passer ces dernières heures. Discrètement, il glissa sur l'assise du canapé, et s'approcha un peu plus du propriétaire des lieux. Ses mains se croisèrent dans l'espace libre de ses genoux, et son épaule s'appuya un peu sur celle de Livaï qui le regarda faire avec un calme olympien. A nouveau leurs regards s'accrochèrent.

Un coup de foudre ? Oui sans aucun doute !

- Tu peux me dire encore une fois que, c'est juste moi qui t'intéresse, murmura à voix basse le jeune homme honteux de cette demande, qui lui paraissait presque enfantine. S'il te plait....

- Pourquoi ça ? Tu ne me crois pas ? Questionna dans un souffle le caporal en sentent le parfum naturel du musicien l'entourer, ce qui le perturba un peu.  Rapidement il sentit sur son épaule Eren appuyer doucement sa tête.

- Je crois en toi, souffla d'aise Eren. C'est juste que c'est agréable de ne pas se sentir comme un outil, mais plutôt comme un être vivant que l'on peut apprécier.

- C'est toi qui m'intéresse, répéta alors l'alpha. Juste toi..qui se tient là près de moi.

- Hm, fit simplement le musicien dans un jolie sourire presque gourmand.

Après cela, il y eut un silence assez discret car à travers les fenêtres ouvertes de l'appartement, on pouvait entendre loin en contre bas, la circulation des voitures ou parfois un klaxon se faisait entendre. Les bruits de la vie se répétaient comme cela se faisait tout les jours depuis des lustres.  Mais eux n'étaient pas en contre bas parmi les vivant. Eux étaient juste tout les deux. Dans une bulle pas tout à fait hermétique, mais qui les aidaient à calmer le stress de ces dernières heures. Le coeur battant dans une unissons parfaites, l'instant paraissait quasi céleste. C'était un tout si satisfaisant qu'ils formaient tout les deux, que pas une seules fois l'âme capricieuse et pleurnicheuse de Livaï ne se fit entendre.

C'était comme-ci ,comme " avant " elle avait pris le parti de dormir et de rester muette. Parfois alors qu'aucun d'eux ne cherchaient à bouger, son regard sévère observait le bout de ses doigts pâle. Pas de fourmillement, pas de douleurs musculaire, ni de souffle coupé à cause d'un coeur battant à un rythme étrange. Rien de douloureux, rien qui ne faisait mal, rien qui ne rendait dingue. Juste le calme et le silence, juste le bien être dans une sorte d'union parfaite.

Combien temps restèrent-ils ainsi ? Quand alla t-il prendre dans sa main celle un peu plus grande de Eren ? Tout semblait se passer un rythme impossible à codifier, ou à faire entrer dans une norme commune. C'était une sorte d'espace temps qui leurs étaient entièrement dédié, et l'un comme l'autre en ressentirent que du bien. 

- Tu sens tellement bon, s'entendit-il dire de sa voix ou pour une fois il n'y avait pas que de la sévérité, ni de ton blasé.

- Pourtant, j'ai transpiré, détrompa le jeune homme...je suis dégueux....

- Ce n'est pas l'impression que j'ai, contredit le caporal, Et pourtant, crois moi j'ai horreur de tout ce qui est dégueulasse...Mon culte n'est pas dieu, ou je ne sais pas qui trônerait sois disant dans les cieux, essaya t-il de plaisanter même si encore une fois le ton n'était pas là. Mais la propreté ! Sache le.

Un rire accueilli l'information, mais ce détail en aucun cas ne dérangea le jeune homme. Pourtant, il arrivait parfois qu'il agite le col de sa chemise froissé. Il avait chaud. Et il était un peu déboussoler par tout ce qui se passait, et cependant depuis près de dix ans, il se sentait parfaitement serein.

- Tu veux prendre une douche peut-être ? Proposa le propriétaire des lieux, ça te délasserais, ajouta t-il avant de sourire légèrement. Ne t'en fait pas, je te prendrais dans mes bras autant que tu le voudras.

A nouveau le jeune homme se mit à rougir, en entendant les dernières paroles de Livaï. Sa tête lui tourna légèrement, mais il sut malgré tout garder un certain contrôle de lui même. Se relevant du divan, ou ils étaient installé jusqu'ici, il fouilla dans plusieurs sacs et prit de quoi se changer. A la suite de cela, il suivi Livaï qui lui montra une salle de bain plutôt bien aménagée. Dans un placard de bois blanc, il sortit une brosse à dent neuve qu'il déposa dans un verre. D'un geste rapide de la main, il ouvrit un tiroir ou il y avait peignes et brosses, dans un autre tout un tas de serviette de toilette dont l'alignement frôlait une perfection surréaliste. 

- Prend ton temps, tu es ici comme chez toi, lui assura Livaï avant de refermer la porte derrière lui, et qu'il pourtant ouvrit à nouveau rapidement. Ne...euh, ne laisse pas le bazar quand même...je ..n'aime pas ça.

- Promis, ria le violoniste.

La porte cette fois-ci se ferma pour de bon, tandis qu'après avoir poussé un long souffle qui traduisait bien des choses, le militaire s'en alla en direction de la cuisine en frôlant de ses doigts sa poitrine ou son coeur s'agitait follement. Une petite pulsion dicté par sa nature d'alpha, lui avait chuchoté de goûter rapidement aux lèvres d'Eren. Toute fois, il avait su y résister afin de démontrer à ce dernier qu'en aucun cas, il n'était semblable à ces alphas dégueux dominé par leurs " second cerveaux."

Il allait pour ouvrir les portes de son frigidaire, lorsque la porte d'entrée de son appartement sonna. Surpris sur l'instant, un léger frémissement agita son corps musculeux malgré sa courte taille. Sachant pertinemment de qui il s'agissait, il jeta un oeil à travers le judas de la porte, et reconnu Hansi qui faisait un étrange sourire déformé à cause de l'oeil de l'entrée. Après avoir à nouveau joué de la clé dans la serrure, il ouvrit à sa meilleure amie qui s'engouffra dans l'appartement à grandes enjambées. Dans ses mains, en plus de sa sacoche de médecin, elle tenait une gros sachet en papier dans lequel se trouvait de toute évidence tout un tas de médicament et de produit.

- Je pense que j'ai pensée à absolument à tout, assura t-elle avant de voir son visage prendre une expression à mis chemin entre la provocation et l'envie de rire. Ce qui était un sacré drôle de mélange.

- Ta tête est franchement flippante parfois.

- Dit celui qui fout la trouille à tout le monde à cause de son regard aimable, rétorqua la doctoresse en cherchant des yeux la  "perle " qui avait su plaire à son sévère ami.

- Il est dans la salle de bain, il avait envie de se doucher.

- Oh mince, je vais encore devoir être patiente, sourit Hansi. Bon, si tu permets, en attendant je vais t'examiner vite fait. Je veux voir par moi même, combien sa présence joue sur ta maladie.

- C'est vraiment nécéssaire ? Ronchonna Livaï l'air mal aimable.  Parce que tu vois ça m'emmerde pas mal là !

- On va commencer par la tension, l'ignora superbement Hansi. Une habitude qu'elle avait prise depuis longtemps. Allez relève la manche et tends ton bras...Si t'es sage mon petit, tu auras droit à un bonbon !!

- Tss..ce que tu chiantes avec ces blagues de merde.

Un rire agita le corps de la doctoresse qui de toute évidence ne se lasserais jamais de ce type de plaisanterie. Et alors que le bruit de la douche continuait de se faire discrètement entendre, Hansi procéda à quelques examens de routine. Bon grès malgré, le militaire se laissa faire et répondait d'un ton neutre aux questions qui lui étaient posées. Parfois son regard à nouveau blasé se tournait en direction de la porte de la salle de bain, où durant quelques brèves secondes il ne faisait plus attention Hansi. Alors cette dernière, posait la main sur sa joue et l'incitait de nouveau à se concentrer sur elle.

- Bon, fit-elle finalement d'un air affreusement sérieux qui intrigua le militaire. C'est grave Livaï, fit Hansi. Ah là là, très grave...Tu me sembles êtres..humm..comment dire ça, ajouta t-elle ton presque tragique, qui donna au caporal des raisons de se méfier. Tu es ...déjà accro à ce garçon...Ah ah ah je t'ai eu...oh tu verrais ta tête..

-  T'es vraiment stupide ! S'emporta un peu Livaï. En entendant la porte de la salle de bain s'ouvrir à nouveau.

Aussitot, il tourna la tête dans le but évident de voir Eren sortir de la pièce. Et pourtant encore une fois Hansi posa sa main sur sa joue et l'incita à la regarder.

- Tsh ..si t'as rien de sérieux à me dire, laisse moi tranquille.

- Tu es assez stable pour le moment, l'ignora comme souvent la jeune femme. Ton coeur est un peu agité. Mais là, et je suis sérieuse, je ne sais pas trop si c'est lié au " lamentation de l'âme." ou plutôt à la présence de cet oméga près de toi...Ta tension est assez bonne...quand au reste il faudra que je repasse durant la semaine, pour savoir si..ta santé s'améliore en effet à son contact..Pour le moment ce que j'en conclus, c'est que d'un point de vue purement santé, il a une bonne influence sur toi.

- C'est une bonne cho....

- Hey, hey salut " Eren" , cria Hansi en se relevant de sa chaise et en mettant un magnifique vent à Livaï qui parut ronger son frein pour ne pas s'énerver brusquement dessus. Moi c'est Hansi, dit-elle en tendant la main à Eren qui paraissait être tout pimpant en sortant de la salle de bain.

- Bonjour, je suis enchanté de faire votre connaissance, répondit-il d'un ton raide comme on l'avait toujours contraint à répondre jusqu'ici. Comme ci être détendu lui était interdit.

- Viens par là, fit la jeune femme en lui faisant des signes de la main tout en retournant vers la cuisine. J'étais entrain de dire à Livaï qu'il allait assez bien pour le moment.. Il t'a parlé de..

- De sa maladie ? Oui ! Oh désolé je vous ai coupé la parole, s'empressa de s'excuser Eren dans une panique assez discrète mais incontrôlable.

- Ça lui fera les pieds, marmonna avec humeur Livaï.

- Tu peux me tutoyer, ça ne me dérange pas du tout. Donc si il est au top pour le moment, c'est le fait de te sentir près de lui qui arrive à calmer son "âme ", qui de se fait ne le persécute plus. Tu es un bon médicament, assura t-elle un peu maladroitement.

- Ah, euh et bien tant mieux.

- C'est pas un médoc sur pattes, binoclarde.

- Non, bien sûr que non, c'est un petit peu plus, ria t-elle d'un air maniaque et un peu malaisant. En tout cas après notre petite conversation au téléphone, j'ai pu prendre tout ce qui te serait utile. Tu as..commença t-elle à énumérer en sortant une grosse boite d'un sac en papier....Des suppresseurs.. la gâchette est inclus dedans. C'est la même marque que tu m'as dis...Il y a aussi des patchs contraceptifs...Tu les poses sur ton bras. Ceux là marche du tonnerre.

- Euh...mais..attendez.., tenta de réagir le jeune homme, un peu surpris de voir la vitesse avec laquelle Hansi pouvait parler. La preuve en est, il n'eut même pas le temps de finir sa phrase.

- Quand à toi mon grand, ajouta t-elle à nouveau avec un air sournois qui donnait l'impression  d'être prête à partir en courant...il y a ça. Tadaaa ! Déballa t'elle en sortant une boite bleues...désolée si ça te met à mal  à l'aise, mais je me devais de palier à tout les cas de figure et éviter certaine hummm... enflure du ventre pour le petit. Ce sont des préservatif spécial Alpha..j'ai pris un gros stock t'es tranquille ! Gni Hé hé hé..

- Raaaah putain de quatre z'yeux de merde ! Tu....tu...t'es dingues !!! Déballer ça comme si tu nous présentais un  paquet de gâteau !  Non mais ...regarde le, s'emporta d'avantage Livaï en désignant de la main Eren qui  s'était retourné en prétextant avoir à ranger quelques choses dans les nombreux sacs d'achats, pour dissimuler son embarra qui le faisait rougir jusqu'aux oreilles.

-Hiii...Écoute, se défendit Hansi en dressant devant elle ses deux mains. Je sais très bien qu'il n'y à rien de mieux, pour vous foutre la honte que de montrer ça.

- Et tu t'en vantes encore en plus, s'irrita un peu plus Livaï.

 - Mais enfin, soyez un peu logique tout les deux. Vous êtes une paire complémentaire et parfaite. Je me devais de palier à toute éventualité...J'imagine, que si tu as pris la décision de l'emmener chez toi, c'est parce que sa vie est déjà bien compliqué.. Il ne faudrait  pas qu'en plus d'autre "soucie" viennent à se greffer en plus.

- Il y a une façon de présenter le chose ! Me fait pas croire que tu ne t'ai pas amusée, en me foutant la honte comme ça.

- Oh bah si un peu quand même, c'était drôle..En. Enfin bref, reprit Hansi en se tournant en direction du jeune homme qui était revenu près d'eux. De ce que tu m'as dit Eren, tes cycles de chaleurs sont stable et réguliers.

- Oui..reconnu t-il le regard obstinément fixé en direction du mur.

- Le problème enfin en un sens, c'est que la présence de Livaï entant qu'Alpha risque de perturber un peu tes cycles de chaleur durant quelques temps. Ton instinct primaire d'oméga risque d'être un peu plus envahissant diront nous !!!  Donc fait bien attention d'avoir toujours à portée de main, des suppresseurs. A l'approche de tes chaleurs n'hésite pas à mettre les patchs....Et sinon pensez bien à utiliser, précisa t-elle en allant pour pointer du doigts la boite de préservatif..

- Montre ça du doigts et je te le casse ! Menaça le militaire. Tu as assez jouer à nous mettre dans l'embarra.

- Ah ah ah, ce que t'es grognon, ça changera jamais, ria comme toujours Hansi avant de s'approcher du jeune homme et de faire semblant de lui murmurer un conseil. Si tu pouvais l'aider à assoupir son fichu caractère, je te serais hyper reconnaissante.

- Tsh...

Il fallut après ce déluge d'embarras et de détail plus que gênant, une bon bout de temps pour qu'à nouveau tout le monde se calme.  S'occupant de préparer quelques boissons car il savait recevoir tout de même, le militaire laissa au violoniste la charge de raconter à sa meilleur amie ce qui l'avait ainsi poussé à l'emmener chez lui. Tout le long, il observa du coin de l'oeil le visage de Hansi qui au fur et à mesure des explications fourni par Eren, vit son visage s'orner d'une belle expression de colère. Elle qui ne tempérait que rarement sa voix, jura un bon coup...avant de frapper des deux poings la table de la cuisine, qui se mit à vibrer.

- Mais quel sorcière ! Comment ça se fait que personne depuis tout ce temps, n'ai jamais rien vu de son sale petit manège ? C'est totalement dingue. Personne de ton entourage n'a jamais..

- Je n'ai plus personne de mon " entourage " depuis 10 ans. Gustaf à certaine occasion à toujours était bon avec moi. Mais malgré tout il reste à ses ordres...Personne ne sait jamais soucié de ce que faisait Madame Octavia avec la fortune de ma famille....Ils ne sont jamais soucié de moi ..

- C'est totalement dingue, le soit disant " beau monde " n'est pas si jolie que ça, ajouta la doctoresse avec fatalité. L'argent fait tout, cache tout, et est capable de rendre muet, sourd et aveugle sur commande ! C'est fou...

- J'imagine qu'elle soudoie, et sait se faire des relations où il faut, afin que cela lui apporte un maximum de protection mais aussi d'impunité, commenta le caporal tout en posant devant ses deux invitées un thé glacé.

- Quand j'étais gamin, et que j'essayais de me rebeller, elle me disait tout le temps qu'elle pouvait faire de moi ce qu'elle voulait. Même me tuer car personne ne chercherait la corps d'un " petit garçon devenu fou" par la mort de ses parents.  "Les flics feront ce que je leurs dit.." Vrai ou pas, elle a toujours su me tenir avec ça.  De la haute ou de la basse société, elle connait beaucoup de monde. Même les pires criminels qui soient, expliqua Eren en buvant une gorgée de son verre.

- Dit moi, s'exclama soudainement Hansi, tu saurais les reconnaitre ? Je veux dire les truands avec qui elle a des accointances.

- Euh, et bien, je ne sais pas trop. Peut-être en photo sans doute,..hésita tout même un peu le jeune homme prit de réflexion. J'en ai vu, c'est vrai...mais en grandissant elle m'a de plus en plus éloignée de ses " soirées", avec qui elle pouvait, parler de ses projets pour " sa poule aux œufs d'or"....qui étaient euh...et bien...

Là, Eren s'arrêta au beau milieu de son explication. Surprise Hansi l'observa en levant ses sourcils d'étonnement, tandis que le regard vert du violoniste déviait tout doucement de la jeune femme, pour se porter en direction de Livaï. Comprenant que sa possible réaction risquait d'être un peu vive, le militaire passa une mains rapide sur les yeux et l'encouragea à continuer son récit d'un geste bref de la main.

- ...de " m'offrir "  aux fils Alpha des familles les plus riche de notre pays. Ainsi, enfin c'est la façon dont elle m'a présenté les choses....elle m'offrait à une " bonne famille ", où je serais " libre". Et moi en contre partie, je devais lui signer des papiers comme quoi je lui faisait don d'absolument tout mes biens....

- En gros, elle veut te vendre et te dépouiller...marmonna Hansi sidérait par les propos. C'est totalement dingue...

- " Tu peux bien faire ça pour moi, après tout ce que j'ai fait pour toi durant toutes ces années." Récita le jeune homme en prenant une étrange voix aiguë.

Sans doute pour imiter cette maudite sorcière, qui dans la crâne de Livaï était nommée pour tout un tas de mot vulgaire.

- Elle essayait de me faire croire que c'était un réel cadeau, qu'elle me faisait là. Que c'était logique, de tout lui céder, parce qu'elle " acceptait " en un sens de me rendre une certaine liberté... Et à vrai dire, il m'est arrivé de croire que c'était en un sens " un cadeau"..Murmura t-il à voix basse comme perdu dans ses réflexions.

- C'est parce qu'elle a un ascendant psychologique sur toi depuis que t'es môme.  Elle t'a "cassé" physiquement avec ses gorilles. Mais aussi mentalement. Elle a contrôlé ta vie en entier durant dix ans, lâcha d'une voix sombre Livaï qui maintenait en lui une certaine colère. En un sens c'est normal que tu es pensé comme ça...Car ses ordres...sa vision des choses était ton quotidien..et donc dans une certaine logique, ta vie...C'était une sorte de réflex conditionné pour toi.. que de l'écouter.

" Je dois l'écouter, pour survivre et ne pas mourir." J'imagine que tu t'es souvent dis ça ? Questionna le militaire en tournant son visage peu expressif en direction d'Eren, qui hocha de la tête en guise de réponse.

- Je ne sais pas comment on va s'y prendre pour la faire tomber, mais on le fera ! Promis soudainement Hansi en se levant à demi de son siège, puis en se vautrant à moitié sur la table, où là elle prit les mains de Eren dans les siennes. Tu peux compter sur moi pour t'aider ! On va établir un plan et l'envoyer directement en taule sans passer par la case départ ..

- Merci beaucoup de vouloir m'aider ainsi, fit le musicien en courbant légèrement la tête.

En contre bas, on pouvait toujours entendre grâce aux fenêtre toujours ouverte le bruit de la circulations, ainsi que le brouhaha lointain des passants. La nuit à présent qu'ils étaient parti dans une intense discussion, était à présent tombée. La lune ce soir là, ne voulu pas se montrer et ne mit en avant que sa face la plus obscurci. 

- Une dernière chose avant de partir, fit Hansi qui à nouveau tenais dans sa main sa sacoche de médecin ,qui d'ailleurs montrait quelques usure. D'un air sérieux elle fixa les deux hommes. Suivez bien mes conseils. Livaï je repasserais demain soir sans doute, pour voir comment évolue ta maladie, à présent qu'Eren reste près de toi.

- Pas de soucie, fit ce dernier en se retenant de bailler puis en se levant de son siège avant de se positionner près du jeune homme qui lui aussi était debout.

Aussitôt une étrange grimace anima le visage de la volubile jeune femme. Ses épaules se mirent à trembloter un peu, pendant qu'au même instant le visage blasé du caporal se teintait d'une nuance de méfiance.

- Ah ah ah, lâcha Hansi en les pointant du doigt, un Alpha plus petit que son oméga. C'est trop mignon, ricana t'elle avant d'ouvrir la porte et d'entrée et de crier un grand " salut à demain."

- Espèce de.....se retient de l'insulter Livaï en la poursuivant quand même jusqu'au palier. Un jour je te ferais la peau Hansi !

- Mais oui, mais oui, moi aussi je t'adore !!! Allez à demain !

Elle avait secouée la main en l'air, comme si là ils vivaient de déchirant adieux. Et puis les portes de l'ascenseur s'étaient ouverte, là Hansi était entrée dedans avant de beugler une dernière fois, de suivre tout ses sages conseils. Lorsqu'il entra à nouveau dans son appartement, le militaire claqua plus qu'il ne ferma la porte derrière lui. Rapidement il tourna la clé dans la serrure, et laissa la clé dedans. Son regard bleue après cela, se porta sur Eren qui de tout évidence n'était pas encore tout à fait à l'aise dans ce lieu nouveau pour lui. Ce qui était parfaitement logique. Respirant un grand coup, il s'approcha du jeune homme et lui dit.

- Désolé, elle est un peu chiante et casse couille. Mais c'est le meilleurs médecin que je connaisse. J'espère qu'elle ne t'a pas trop mis mal à l'aise ?

- Bah..un peu, mais j'ai survécu à pire, je survivrais bien à ça, ria discrètement le musicien qui avait gardé autour de son poignet l'élastique avec lequel il attachait ses cheveux.

D'un geste rapide il orna le dessus de son crâne d'une sorte de chignon qui dénudait ainsi son si jolie cou, ou les iris couleur de nuit restèrent posées un instant. Toussant un peu, le caporal détourna le regard puis s'approcha de la baie vitrée où il referma la fenêtre, car la fraicheur de la nuit avait un peu trop tendance à prendre ses aises dans l'appartement.

- Ça ne te dérange pas ? Questionna t-il en se dirigeant rapidement dans sa chambre ou il fit la même chose. Sur ses pas le musicien le suivi mais n'alla pas au delà de l'entrée.

- Non, assura Eren avant de reconnaitre que l'air ambiant avait assez changé pour qu'il ne sente plus " oppressé " par le " parfum" d'alpha qui y régnait au début.

Sans doute il lui faudrait encore un certain temps avant d'agir avec naturel dans ce nouvel environnement. Mais ressentir l'agréable sensation de liberté qu'il vivait à cet instant, était parfaitement grisant. Ici, Eren ne se prendrait pas de correction d'une armée de gorille parce qu'une folle furieuse en avait envie. Ici, il ne serait pas rabaissé comme un moins que rien, " puni" pour des raisons qui la plus part du temps, lui avait souvent échappé. Ici, il était libre et il était en droit de réfléchir selon son bon vouloir, et d'émettre une opinion sans qu'un regard indigné par cela ne lui soit jeté en pleine face.

Mais ces dix années à vivre dans la contrainte avait quand même laissé en lui, certaines traces. Par exemple à la moindre petite gaffe sans importance, il s'excusait avec un excès qui parfois choquait Livaï lui même. La preuve en était, que tandis que le militaire était à son tour parti prendre une douche, il avait eu la surprise en ressortant de la salle de bain, de voir le jeune homme derrière les fourneaux à préparer un repas, qui d'après la délicieuse odeur qui flottait dans l'air s'annonçait délicieux.

- Je suis désolé. Je n'ai pas demandé si...

- Hey, mais ce n'est rien, se pressa alors de le couper Livaï. Tu crois pas que je vais te faire de reproche, pour avoir fait le dîner quand même ?

- Mais je n'ai pas..

- Demandé ? T'as pas besoin de ça, assura le brun le regard plein de certitude ! Si tu veux boire une coup. Te faire un café, ou je ne sais quoi...regarder la télé , lire ou jouer de ton violon fait le...agit comme tu veux ! Enfin ...pour le violon évite de le faire la nuit c'est tout ce que je te demande....

- Pour les voisins ? Supposa le jeune homme. Je comprends..j'ai pas l'habitude de vivre dans un immeuble mais je m'y ferais.

- Non pour moi, l'insonorisation ici est parfaite ! On entend jamais les voisins, même celui au dessus de chez moi, et pourtant il joue de la batterie..je le sais car une fois je l'ai entendu quand il a gardé ses fenêtres ouvertes et moi aussi... Si j'te dis ça, c'est parce que je suis insomniaque, j'ai de grosse difficulté à trouver le sommeil, donc si en plus tu fais du violon..

- Ah ok d'accord. Je comprends parfaitement ! Assura Eren en baissant le feu sous une poêle. Je pensais faire un concerto de trois heures cette nuit mais je m'en priverais pour toi, tenta t-il de plaisanter. Pas grave.

- De l'humour hein ? Fit le caporal en glissant un doigts sous le menton d'Eren avant de le fixer avec un sourire discret. C'est bon signe, j'aime ça.

- Euh..euh, bredouilla soudainement ce dernier rouge comme une écrevisse avant de prendre son visage dans ses mains. T'as....t'as...un beau sourire, tu devrais le faire plus souvent, bredouilla t-il troublé avant de se reprendre. Bon sang, ce que je suis nul ...je suis tellement nul..rah la la.

- Non t'es pas nul voyons. C'est au contraire très attendrissant, même pour moi, le contre dit le caporal qui pensait exactement ce qu'il disait. Son regard à cet instant précis, n'avait pas sa froideur naturel. A nouveau, il laissa ses doigts glisser du menton pour aller vers la nuque pâle et libre. Je vois que tu es chatouilleux...constata facilement.

- Un...peu, marmotta le violoniste qui avait l'impression que son visage venait soudainement de prendre feu.

Lentement sa main quitta la peau pâle et libéra Eren d'un geste qui le dérangeait en rien, mais le plongeait un peu dans l'embarra. A être quasiment enfermé durant dix ans dans ce qui avait été la villa familiale, le priva d'un passage assez essentiel dans la vie d'un adolescent.

Les premiers amours.

Et malgré sa haute taille et ses vingts ans passé, son expérience aussi simple soit-elle qu'un bisous sur une joue, n'allait pas au delà de zéro. Très certainement, c'était pour cela que le moindre geste tendre, ou même petite provocation plein de séduction de la part de Livaï le rendait gauche et maladroit. Comprenant rapidement ça, le caporal décida de laisser les choses aller à leurs rythmes. S'efforçant de sourire pour le bon plaisir du beau violoniste, il était retourné dans la salle de bain ranger deux trois bricoles.

Tout le long du chemin menant à cette même pièce, le regard vert d'Eren était resté fixé sur son dos caché par un débardeur blanc, un peu distendu. De là, il pouvait soupçonner une musculature forte, solide et sans doute bien dessiner au peu qu'il pouvait voir.

- Vilain garçon, se moqua de lui même Eren en frappant son front du plat de la main. A quoi tu penses ?

Le repas au final fut l'occasion de parler d'avantage et d'en apprendre un peu plus sur l'autre. Assez surpris, le musicien réalisa que l'enfance de l'alpha n'avait pas été des plus drôles, ni des plus calme. Jeune il avait perdu sa mère, et n'avait jamais connu son père qui avait eu le "courage" tout relatif, de partir avant sa naissance. Orphelin, il était passé de famille d'accueil en famille d'accueil, jusqu'à ce que son mauvais caractère bien plus important que maintenant, ne le contraigne à vivre dans un orphelinat. Ce que étrangement il avait préféré plutôt que de vivre chez des gens qui mimaient un lien parental, sans vraiment le ressentir. D'ailleurs toutes ses familles avaient fait le même constat.

" Ce gamin n'est pas normal. Il est enragé, colérique, et violent. Pas de ça chez nous."

Oui, c'est vrai ! C'était là un parfait résumé de ce qu'il était à l'époque. Et à vrai dire il y avait de quoi être en colère.  Quand on ne connait pas ses racines. Ou plutôt quand le souvenir est trop trouble pour être encrer en soit, il y avait de quoi en ressentir une certain amertume.

Les heures passa, le silence de la nuit arriva. Dormir, lui vient au corps pour une fois. Pourtant jusqu'ici le sommeil l'avait toujours évité comme la peste. Mais le silence de son âme, et l'ivresse de se sentir à nouveau bien, arrivait à apporter à son corps épuisé une détente bénéfique. Le voyant pris dans sa gêne et ses habitudes de ne pas oser quoi que ce soit, le caporal avait invité Eren à dormir près de lui. De sa voix ténébreuse dont il ignorait sottement le charme, il fit pourtant une promesse.

- Je ne suis pas une bêtes poussé par le vice. Je ne te ferais rien..

Il avait dis cela d'un ton paisible et détendu. Un première depuis une éternité au moins. Allongé dans son lit un drap léger le recouvrait. L'un de ses bras était pliée sous sa tête, et l'autre se tendait en direction du jeune homme qui était resté debout, comme hésitant quand à quoi faire. Malgré l'obscurité, le caporal avait pu distinguer une moue pleine de réflexion et un visage un peu tendu.

Non, il ne fallait pas qu'il le craigne, jamais il ne lui ferai le moindre mal.

- Je vais te laisser le lit, proposa t-il en se redressant puis en passant la main sur sa nuque. C'est sans doute préférable. Je dors si mal, je risquerais de te réveiller.

Là-dessus, il avait failli se lever du lit car pour lui, là était la meilleur des solutions pour eux deux. Mais rapidement et dans une sorte d'agitation incontrôlable qui remua un peu le matelas, Eren s'était pressé de grimper sur cette couche inconnu, pour venir passer ses long bras autour du cou du militaire qui en écarquilla les yeux sous le choque. Surpris, il avait poussé une sorte de " outch " sous l'impacte de cette collision pleine de panique, qui les plaquèrent sur le lit. 

- Tu as dis que , tu me prendrais dans les bras autant de fois que je le voudrais. Souffla le musicien, le souffle un peu court les cheveux cachant un peu son visage. Je veux juste ça,... s'il te plait...je veux dormir dans tes bras...

- D'accord..dans ce cas approche toi..

Là dessus, le lit avait encore un peu remué, juste le temps pour Eren de se glisser sous les draps, et de venir tout contre lui. Ses doigts agiles et souple dans leurs art musical, se posa sur la joue avant de glisser ses doigts dans la fine chevelure noir, tel qu'il l'avait désiré plus tôt ce jours-là. Parfois il mordait sa lèvre inférieur, car son regard vert voulait se gaver jusqu'à l'extrême du visage de ce bel homme.

Lui, le serra doucement contre lui, comme une trésor précieux. Sentir son coeur battre au même rythme que le sien, sentir ses doigts dans ses cheveux, agissait sur lui aussi efficacement qu'une berceuse sûr un nouveau né. Tout doucement son souffle se fit plus lentement, discrètement sa main qui était resté sur la taille du violoniste parut plus molle. Lui qui avait tant de difficulté à dormir, tant de peine à fermer les yeux, tant de soucie à se reposer, se faisait pour une fois depuis des lustres attrapé par surprise par Morphée. Ses lèvres minces s'entrouvrir un peu et laissèrent passé un simple filet d'air discret. 

- Repose toi, souffla près de son oreille Eren sans provoquer la moindre réaction chez le caporal, je veille sur ton sommeil. Là dessus un simple petit bisous avait été déposé sur la joue pâle.

A peine cela fut-il fait, que Eren reposait la tête sur l'oreiller, avant de se serrer d'avantage contre Livaï. Cette nuit était douce, cette nuit était reposante pour eux deux qui en avaient bien besoin.

*****

Et voila pour ce chapitre 5, ou notre duo arrivent à fuir le parc et les sbires de Madame Octavia sans se faire repérer. Tout doucement, notre futur petit couple se rendent compte à quel point ils sont complémentaire.

Hansi dont la délicatesse reste relative leurs apporte à sa manière aide, mais aussi " conseils."

J'espère que ce chapitre vous à plu. N'hésitez pas à mettre un com si c'est le cas ça encourage et ça fait plaisir.