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CHAPITRE 1 - HELENA

Du revers de la main, Helena essuya la sueur qui faisait frisoter ses cheveux bruns.

Il régnait une chaleur insupportable dans l'immense corridor. Un air visqueux à l'odeur âcre baignait les corps de centaines d'adolescents comprimés depuis plus d'une heure. Même le système de ventilation n'en venait pas à bout.

La jeune fille se hissa sur la pointe des pieds pour chercher un endroit plus aéré. En vain. Le couloir était décidément bondé.

Condamnée à inhaler des relents de sueur et de phéromones, elle s'efforçait de ne pas songer à la proportion de bactéries contenues dans chaque inspiration.

Les réclames des télécouloirs tentaient de s'élever au-dessus des conversations :

« Votre repos et votre sécurité sont essentiels au maintien de votre rendement : respectez le couvre-feu. »

— On crève de chaud ici... ça commence à quelle heure déjà ? lança un candidat.

« Félicitations aux apprentis de la semaine ! Cybèle Craig et Nath Jenssen se retrouvent encore une fois au coude à coude ! »

— Ils ouvrent les portes cinq minutes avant il parait, répondit un autre.

« Visitez les Biodômes de la colonie ! Des cultures variées à découvrir en famille et un parcours éducatif spécialement conçu pour les enfants ! »

Helena se massa les tempes. Cette cacophonie lui donnait la migraine.

Elle leva le nez dans l'espoir de capter un courant d'air, un peu de fraîcheur, n'importe quoi, pourvu qu'elle ne tourne pas de l'œil. Son regard accrocha les dalles lumineuses du plafond qu'elle se mit à dénombrer fiévreusement.

Trois cent soixante-quatre.

Un chiffre pair, grimaça-t-elle. Sournois. Capricieux. Hautain.

Enfin un murmure de soulagement secoua les rangs des candidats et dans un souffle salvateur, les portes automatiques glissèrent sur leurs rails. Une vague d'air pur s'engouffra dans le couloir.

Helena ferma les paupières pour savourer cet oxygène neuf, mais le flux des jeunes gens surexcités la précipita en avant. Elle trébucha, manquant de se faire piétiner.

— Mais avance, bon sang ! s'irrita quelqu'un derrière elle.

« Restez courtois en toute occasion ! » répliqua le télécouloir d'une voix chantante.

La recommandation n'eut d'autre effet que de provoquer une flopée de grommellements. Helena se redressa et s'empressa de suivre le mouvement de l'impatiente cohorte.

Elle passa les hautes portes arrondies et pénétra pour la première fois de sa jeune existence dans le Grand Auditorium.

Un colossal hémicycle de béton se déploya sous son regard. Sur des gradins austères d'apparence inconfortable, de jeunes gens excités s'installaient déjà en chahutant. Une scène de métal occupait l'espace en contrebas, où de hauts panneaux réfléchissants masquaient les coulisses plongées dans la pénombre.

En considérant les lieux, Helena aperçut quatre autres vomitoires par lesquels se déversaient toujours plus de participants.

Combien étaient-ils ? Elle ne parvenait pas à les compter, perturbée par les mouvements erratiques de ces silhouettes en effervescence. L'auditorium serait-il assez grand pour les accueillir tous ?

Elle examina les gradins et un discret soupir de soulagement lui échappa : cinquante-sept rangées. Elle se dépêcha de prendre place sur la vingt-neuvième avant que celle-ci ne soit complète.

Vingt-neuf. Un chiffre agréable. Un nombre premier. Une ligne de symétrie indivisible et stable.

La jeune fille s'employa à réaliser quelques exercices de respiration pour calmer les battements de son cœur agité. La sensation de nettoyer ses poumons des particules de crasse humaine l'apaisa et elle en profita pour jeter un coup d'œil vers le Dôme au-dessus de sa tête.

La prodigieuse voûte iridescente, large de plusieurs kilomètres de diamètre, protégeait la colonie de l'atmosphère hostile de Mars. Helena admira avec satisfaction les veines géométriques de la structure. Elle se détendit face à cette irréprochable régularité, embrassant avec plaisir la sensation d'ordre et d'équilibre qu'elle lui apportait.

Au-delà de la membrane translucide, des vents chargés de poussière oxydée enflammaient l'espace. L'hiver martien battait son plein, et les bourrasques martelaient les Dômes depuis plusieurs mois. La plus violente tempête depuis cinq révolutions, clamaient les télécouloirs.

Cinq révolutions. Cinq tours complets de Mars autour du Soleil. Approximativement le double d'une révolution terrestre. Helena n'était qu'une enfant à l'époque... elle ne s'en souvenait même pas.

Un groupe d'individus vêtus de blouses blanches pénétra dans l'auditorium par une des portes en contrebas. Le chahut retomba presque immédiatement et les quelques candidats qui fanfaronnaient encore debout s'empressèrent de s'asseoir.

Des analystes, songea la jeune fille non sans une pointe d'admiration.

Dans un silence religieux, les scientifiques les plus respectés de la colonie s'installèrent au premier rang, sur un banc réservé à leur intention.

Une inquiétude sourde étreignit le ventre d'Helena. Son précepteur avait pourtant affirmé que ses statistiques dépassaient largement les moyennes. Elle avait rempli consciencieusement toutes les évaluations psychologiques, et passé avec succès une bonne partie des contrôles réglementaires. Quant aux examens, ils lui avaient paru d'une facilité déconcertante.

Et pourtant... si les tests révélaient des failles que Cepheus n'avait pas remarquées ? Et si l'algorithme s'était trompé ?

Absurde, se dit-elle en essuyant ses paumes moites sur son pantalon. Analysis ne commet pas d'erreurs.

À cet instant, une haute silhouette vêtue de noir avança d'un pas conquérant sur la scène. Tandis que tous les candidats se redressaient pour mieux voir, Helena se tassa sur son siège.

Les panneaux miroitantsdisposés autour de la scène s'illuminèrent pour projeter en gros plan le visaged'un homme. Ses yeux sombres, pareils à deux puits sans fond, sondèrent lasalle avec bienveillance.

Charon Andersson, président du conseil d'administration d'Arèscorp , ouvrit la bouche et le silence n'en devint que plus sacré.

— Bienvenue à la promotion d'hiver, déclara-t-il d'une voix amplifiée artificiellement. C'est un jour très spécial pour chaque nouveau collaborateur de notre société. Ce soir, vous vous apprêtez à plonger dans le monde adulte. Vous devenez des membres à part entière de notre chère communauté et par votre labeur, vous contribuerez au progrès d'une institution vieille de plusieurs siècles.

Il laissa planer un silence pour donner plus de poids à son discours et son regard pétilla en parcourant les visages pendus à ses lèvres.

— Je sais votre nervosité... Je suis moi-même passé par là. J'étais assis juste à votre place, jeune homme, ajouta-t-il en désignant quelqu'un au deuxième rang. Qui sait, peut-être serez-vous le prochain dirigeant de cette colonie ?

Les écrans diffusèrent l'image d'un garçon roux au visage cramoisi qui bomba le torse sous les ricanements de ses voisins.

Charon se fendit d'un sourire de connivence.

— Je vais m'efforcer de rester bref, je me doute que vos parents, vos instructeurs et tous les analystes chargés de vos évaluations vous ont déjà farci les oreilles avec tout cela...

Il glissa à la foule un clin d'œil et de nouveaux rires lui répondirent.

Helena observa son père en plissant le front, déconcertée par cette attitude joviale qu'elle ne lui avait encore jamais vue.

Elle avait souvent remarqué cet enchantement qu'il exerçait sur les autres, cette capacité extraordinaire à imposer un silence admiratif autour de lui. Face à un parterre de visages avides, Charon jouait avec brio le rôle d'un soleil autour duquel gravite un système subjugué, asservi par une force d'attraction supérieure.

Comment faisait-il ? Par quelle alchimie mystérieuse parvenait-il à deviner ce qu'il fallait dire et sur quel ton ? Helena n'en savait rien. C'était une science qu'elle n'avait jamais comprise. La seule, peut-être.

— Cependant, poursuivait Charon, les excellents résultats aux examens ne suffisent pas. L'objectif pour Analysis consiste à trouver la bonne personne, au bon moment.

Les néons placés tout autour de l'auditorium s'éteignirent. De la semi-pénombre jaillirent des projections lumineuses représentant des graphiques détaillés.

— Imaginez une société dont les forces seraient mal employées. Un monde dans lequel certains secteurs souffriraient d'une pénurie de main-d'œuvre. Pire : une cité où il n'y aurait pas assez de travail pour tous...

Les graphiques s'évanouirent, remplacés par des séries de chiffres et des formules complexes. Le maître de cérémonie n'eut qu'à hocher du menton pour que les hologrammes se mettent à virevolter à travers la salle. Certains candidats poussèrent des cris ravis et tendirent leurs mains pour les effleurer. Un polynôme stationna au-dessus de la tête d'Helena qui le lorgna avec méfiance.

— Chaque jour, Analysis compile une somme phénoménale d'informations sur vous, sur moi, sur votre famille et sur le moindre grain de riz récolté dans nos Biodômes. Notre programme de planification démographique est le plus performant jamais créé par l'homme.

Il glissa un coup d'œil en direction des analystes.

— Il est primordial pour vous de comprendre ceci : le résultat ne dépend pas seulement de vos performances, mais des besoins de tous. L'égoïsme et l'ambition personnelle n'ont pas leur place dans notre communauté. Chacun trouvera la place qui lui revient en temps et en heure pour permettre à notre grande nation d'avancer. C'est même notre devise : Plus loin, plus grand...

— Ensemble ! scanda la salle avec enthousiasme.

Le président opina d'un air satisfait et leur offrit un sourire paternel. Il prit une profonde inspiration, et s'écria en levant théâtralement les bras :

— Voici le moment de vous révéler les quotas !

À nouveau, les projections s'évanouirent et l'assistance retint son souffle. Pas le moindre murmure, pas un frémissement ne troubla cet instant suspendu. C'était comme si le temps s'était figé.

Lorsque les nombres apparurent, lumineux, énormes, à plusieurs mètres au-dessus de Charon, la foule se remit à bruisser de mille voix excitées.

Helena contint un élan de découragement : une centaine d'élus seraient admis dans la division scientifique. Moins de dix pour cent d'après ses rapides calculs.

Elle leva les yeux vers lavoûte et eut une étrange sensation. Celle d'être comme l'un de ces grains desable piégés dans la tempête au-dehors : une minuscule poussière ballotéepar le vent, ignorant à quel endroit le courant l'abandonnerait.

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