quelques pas
avant l'apothéose.

j'suis resté bloqué
tremblant et chancelant
plein de frissons dans la chaleur d'une jolie soirée.

j'ai levé un pied
puis l'autre
avant de trébucher sur la carcasse de mon vélo
j'ai entendu un rire
la bouche grande ouverte et la tête rejetée en arrière, les yeux plissés - presque fermés -
marnie riait à gorge déployée

j'ai compris en l'écoutant qu'il n'était pas du genre discret,
pourquoi l'être ?
je ris, donc je suis,
marnie pensait sûrement ainsi

et ce fut la plus grosse claque de ma vie,
je n'suis pas allé à la rencontre de marnie
je ne l'ai jamais fait
il a toujours été le plus courageux de nous deux.

j'ai juste levé les yeux, allongé sur le goudron chaud,
en voyant deux petites sandales, fines et roses, approcher.
il m'a tendu la main
je ne l'ai pas attrapé.

j'me suis relevé, drapé dans ma dignité
il m'observait, les yeux moqueurs
avant d'abaisser sa main

l'apothéose était un supplice,
et marnie était mon bourreau.
joli bourreau rieur