La sens-tu ? La peur... Je la flaire sur toi : elle suinte par tous les pores de ta peau. Elle empeste ! Cette peur qui accélère les battements de ton cœur et provoque en toi d'irrépressibles frissons, cette peur qui te liquéfie les entrailles et te tétanise. Oh oui... tu peux trembler petit homme, car je vais te tuer. Je t'ouvrirai le ventre et me délecterai de tes cris, te broierai les os et boirai chacune de tes larmes. J'aspirerai jusqu'à la dernière goutte de ton sang et me repaîtrai de ta chair.

Qui JE suis ? Je suis la somme de tous tes cauchemars, je suis la terreur secrète que tu éprouves quand tu marches seul dans le noir. Je suis toutes ces frayeurs inexpliquées que tu as enfoui au plus profond de toi, je suis ces terreurs viscérales qui t'ont glacé le sang et t'ont laissé tremblant et craintif au fond de ton lit. Je suis tout cela et bien plus encore !

Pitié ? Penses-tu être le premier à m'implorer ? Le premier à me supplier en espérant avoir la vie sauve ? Crois-tu vraiment que tu parviendras à ébranler ma volonté ? Tu te fourvoies petit homme... Je n'ai épargné aucune de mes précédentes victimes et tu ne feras pas exception. Pitié ? Je ne connais pas ce mot et ne t'accorderai pas grâce. Ton agonie sera longue, petit homme, très longue... J'y veillerai avec soin. Tu as éveillé mon courroux, il t'en faudra payer le prix !

Pourquoi ? Tu oses me demander pourquoi ? Mais parce que tu l'as regardé, et parce qu'elle t'a souri ! Ce sourire auquel tu n'avais pas droit ! Ce sourire qui a scellé ce pacte entre nous, bien avant que tu arrives... comprends-tu petit homme ? Elle m'appartient. Elle. Si belle, si délicate... Elle paraissait si fragile et si vulnérable lorsque l'on s'est rencontré... Son culte exigeait un dieu et j'ai consenti à lui accorder ce qu'elle appelait de ses vœux.

Moi qui ai vécu tant de vies, sa détresse m'a touché, je l'admets. Sa souffrance a su m'émouvoir et j'ai daigné lui offrir la faveur de ma compagnie. Je lui ai donné de mon temps et de mon attention. J'ai été le miracle qui a pansé ses blessures passées et soigné son cœur. Mais la contrepartie était d'être le premier dans ce cœur, et le seul à qui elle offrira sa joie ! C'est à moi seul qu'elle peut sourire... à moi seul ! Sa dévotion est mienne, elle est ma créature, ma servante ! Et je suis son dieu ! Nous nous appartenons l'un à l'autre, à jamais. Et toi tu croyais pouvoir me voler son amour ? Grave erreur petit homme, terrible erreur ! Je suis un dieu jaloux, vois-tu, petit homme. Un dieu férocement jaloux. Elle m'appartient corps et âme, comprends-tu ?

— Tu sais ma chérie... Je crois que ton chat ne m'aime pas beaucoup. Il n'arrête pas de me fixer bizarrement.

— RRRRrrrrRRRRrrrr....

— Patapouf ? Oh non ! Ne t'inquiète pas, il fait ça avec tout le monde !

***

Le regard que l'on porte sur le chat et la manière dont il se perçoit sont deux choses très différentes.

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