La vie en tranches IV : De l'écrivain au peintre
A chacun son outil : je joue de ma plume comme tu manies le pinceau. Je jalouse tes couleurs mais peut-être envies-tu mes mots ? Nous cherchons tous deux à contrefaire la vie, dans toute sa splendeur et toute sa folie, dans toute sa finesse et toutes ses nuances... du moins en avons-nous l'espérance. Mais je me dois de reconnaître, non pour te plaire et te flatter cher maître, que ta manière de faire est pour moi et de loin, bien plus spectaculaire et ce en tous points.
Voilà que sur une toile ou parfois un carton, en quelques secondes d'un seul trait de crayon, jaillit sous nos yeux un nouvel horizon. Bien peu parfois suffit, pour faire naître la vie, et l'on peut préférer à l'œuvre sous glacis, oh pas grand chose... un modeste croquis. Pour évoquer une scène et y mettre de l'accent, tu peux juste esquisser et donner du mouvement, ou rehausser les formes de délicats pigments... quand il me faudrait vingt mots ou plus sûrement cinq cent !
Sous les poils du pinceau, les nuances s'entremêlent et la matière sensuelle s'étire et se modèle. La vie se plie à ton envie, elle bouillonne et soudain tout s'arrête : le temps se fige piégeant avec lui la saynète ; ils resteront captifs tous deux de ton vernis. Que puis-je faire d'autre sinon m'incliner, quand mes seules couleurs viennent d'un encrier ? Il ne me reste plus je le crains, qu'à délaisser mes mots et, charmée par ton dessin, entrer dans ton tableau.
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