Autre monde II : Le banquet de l'année
La petite trouvaille du jour : un texte écrit si je ne m'abuse pour les fêtes de fin d'année il y a... Oh ! Longtemps ! Ce n'est pas le meilleur, soyons honnête mais je l'aime bien quand même. ^_^
***
Les Douze arrivèrent à l'auberge de Temps le dernier jour du commandement de Décembre et prirent place à leur table, un bel ouvrage en bois de chêne, à minuit très exactement. Comme il se devait, Décembre céda la place à Janvier qui s'installa dans le grand fauteuil en bout de table tandis que ses onze frères prenaient place de part et d'autre de celle-ci.
S'il fallait décrire en un mot chacun des Douze, voici ce que s'accorderaient sans doute à dire leurs sept serviteurs : Janvier était un être jovial, Février un individu fébrile, Mars était souvent mécontent et Avril tombait régulièrement amoureux. Mai était sûrement le plus moralisateur, Juin était jaloux et Juillet plutôt joueur. Août était adorable, Septembre subtil, Octobre... ? Un original. Novembre était toujours un peu narquois et Décembre assez dispendieux. Mais tous, à leur manière, avaient leur charme.
Les jours apportèrent les premiers plats et les Douze entamèrent leur repas annuel tout en discutant de l'année nouvelle :
— Je ne vois pas pourquoi il devrait encore y avoir des giboulées, grogna Mars. Les humains n'arrêtent pas de s'en plaindre et moi, ça me fatigue.
Le problème des giboulées de Mars revenait souvent à la table des Douze.
— Mars n'a pas tort, renchérit Février d'une voix plaintive. Le temps est déjà si froid et humide quand je préside, un petit redoux ne serait pas un mal.
— Ce pauvre Février, se moqua Novembre, même sous la direction d'Août il trouverait le moyen de grelotter.
Il est vrai que l'on ne voyait jamais Février autrement que vêtu d'un long manteau, une écharpe soigneusement nouée autour du cou et avec la goutte au nez. Celui-ci s'apprêtait néanmoins à protester quand Mai lui coupa la parole.
— Arrêtons-là les chamailleries. On ne peut pas adoucir le temps de Mars sans avoir à détériorer celui d'Avril, le mien ou encore celui de Juin. Et alors il faudra pousser le thermostat pour Juillet et Août... un peu de sérieux voyons ! Ce n'est pas raisonnable !
— Pourquoi ? demanda Novembre avec malice, j'ai bien aimé la canicule surprise de 2003, moi !
Août, habituellement si mignon et enjoué, se mit à bouder.
— Tu es bien le seul. Moi je n'ai pas trouvé ça drôle. Tout m'est retombé dessus par ta faute !
— Allons allons..., tenta de le consoler Avril. Tu sais bien que Novembre a un sens de l'humour déplorable.
— Bon, trancha Janvier. C'est décidé, cette année nous aurons un bel été. Mars ? Tu maintiens tes giboulées.
— Et si nous parlions déco maintenant ? questionna Octobre, vêtu comme à son habitude d'un pantalon marron et d'un pull bariolé. J'ai de grandes idées pour l'automne...
— Laisse-nous deviner l'arlequin..., susurra Novembre, encore des ocres ?
Comme tout artiste se voyant critiquer son travail, Octobre rougit de colère et Septembre intervint avant que la pique de Novembre ne dégénère en querelle.
— Les couleurs d'Octobre sont splendides, dit-il, et il me restera même un peu de vert cette année.
— C'est parfait, parfait ! s'exclama Janvier avec bonhommie. Et toi Décembre, qu'as-tu prévu ?
— Un sacré budget, glissa sournoisement Novembre.
Décembre ignora la remarque.
— De la neige, Janvier, beaucoup de neige ! L'année dernière les stations de ski n'en ont pas eu assez pour faire une belle saison et en ville les enfants ont été déçus de ne pas pouvoir faire de gros bonhommes de neige. J'aimerais aussi un peu de givre mais pas trop : c'est joli mais dernièrement pas mal de gens ont glissé sur des plaques de verglas... Ça et Noël qui râle parce qu'il a du mal à garer son traîneau.
— Bonne initiative Décembre, répondit Janvier avec engouement.
— Oui, acquiesça Novembre avec un sourire en coin, ça nous coûtera moins cher.
Janvier se tourna de nouveau vers Mars.
— Et quelles couleurs pour le printemps ?
Son frère haussa les épaules d'un ait bougon.
— Quelle importance puisqu'on ne les verra pas avec la pluie et les giboulées.
Janvier soupira.
— Avril ?
— Je pensais à un joli vert tendre... mais assez parlé de couleurs. Janvier, est-ce que je peux avoir la Saint-Valentin ? S'il te plait...
— Quelle requête étonnante, grinça Novembre.
Avril lui renvoya un regard dédaigneux, les lèvres pincées dans une moue réprobatrice.
— Ce n'est pas parce que tu n'aimes personne qu'il faut t'en prendre à moi.
— Avril a raison, ajouta Mai, arrête un peu de chercher les autres Novembre. Cependant, la Saint-Valentin doit rester à Février. Il a déjà le temps le plus pourri de l'année alors ne lui enlevons pas de cette fête.
Février renifla.
— Merci de retourner le couteau dans la plaie Mai.
— Non, ce que je veux dire...
— Mais ce n'est pas juste ! s'exclama Avril. Tout le monde lui offre des chocolats !
— Il faut bien ça, répliqua Février, puisqu'il fait froid. Et je ne suis pas le seul à en recevoir : toi tu as bien Pâques.
— Ce n'est pas pareil, s'entêta Avril. Ce n'est pas seulement le chocolat mais les petits mots doux et les cadeaux aussi... En fait, la signification même de cette fête !
— Oh oh oh..., ricana Novembre, Avril a une nouvelle copine.
— Oui et elle s'appelle Aphrodite.
Juin, qui jusque là n'avait pas pris la parole, lui lança un regard dédaigneux.
— Tu vises un peu haut très cher.
— Et toi tu es jaloux.
Il était connu de tous que Juin avait des vues sur Aphrodite et qu'il s'était déjà pris une veste. Trop possessif au goût de la déesse.
— Allez Janvier..., supplia une nouvelle fois Avril qui ne démordait pas de son idée. S'il te plait donne-moi la Saint-Valentin ! Février a peut-être plus froid mais il travaille moins longtemps lui !
— Mais je me rattrape ! s'indigna ce dernier.
— Tu parles, répliqua Juin d'un ton aigre.
Il avait toujours été envieux de l'emploi du temps de Février.
— Un jour de plus tous les quatre ans, ce n'est pas vraiment ce qu'on appelle une surcharge de travail. Et même ainsi, tu ne fais que vingt-neuf jours quand on en fait trente ou trente et un.
— C'est que je suis de constitution fragile. Ce n'est pas comme si je l'avais choisi.
Novembre pouffa mais eut cette fois le bon goût de ne pas en rajouter.
— Désolé Avril, décida Janvier. Février garde sa Saint-Valentin.
— Ce n'est pas si grave, souffla Août en constatant l'air malheureux et déçu de son frère. Toi aussi tu as des traditions plutôt charmantes... tiens ! Tout le monde aime ton 1er avril.
— Ah ? Et dans quel monde les amoureux s'offrent-ils des poissons en papier ?
— Si tu n'en veux plus, je veux bien les récupérer tes poissons, fit Juillet. C'est plutôt sympa de jouer des tours aux autres.
— Oh non pitié, murmura Novembre en levant les yeux au ciel.
— Moi je veux le premier jour de Mai, réclama Juin. Ou le huitième, je ne suis pas difficile.
— Ni l'un ni l'autre ! se récria ce dernier. C'est hors de question !
— La Saint-Patrick me tenterait bien..., ajouta Octobre d'un air songeur. Elle irait bien avec mes couleurs...
— Je pense, dit Septembre, qu'il serait plus sage que chacun garde les jours qui lui ont été attribués.
— On ne peut plus d'accord, opina vigoureusement Janvier. Si nous en avons terminé avec la gestion de la nouvelle année, passons à des sujets plus agréables.
— Quelqu'un a entendu parler de ce qui est arrivé à Mort ? lança l'un des Douze, peut-être Mai.
— Non, quoi ? demandèrent les autres, tous sauf Avril qui avait déjà la réponse et prit un air conspirateur.
— Moi je sais, on dit qu'elle est tombée amoureuse... Non mais vous vous imaginez ?
— Ouais, ricana Novembre. Et bien je plains le pauvre gars qui lui a tapé dans l'œil.
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