- Waouh ! je m'écria.

DreamSchool était tout simplement spectaculaire. L'école était séparée en trois parties, avec des formes différentes. Celle qui était le plus à gauche avait l'allure d'un nuage, de couleur argenté. À droite, c'était une lune, de la couleur d'un beau coucher de soleil. Et au milieu, il y avait une grande étoile dorée, qui tenait miraculeusement sur deux pieds.

- Ouais, je sais, c'est exactement ce que j'ai dit quand j'ai vu DreamSchool pour la première fois, se vanta Jeanne. C'était... un moment magique.

Je haussai un sourcil et la regarda. Puis, il y eut un tremblement de terre et un rugissement terrible. Je criais.

- C'EST QUOI, CE BINZ ? je hurlai, essayant de me faire entendre par les autres. IL Y A TOUJOURS DES TREMBLEMENTS DE TERRE, ICI ?

À ma plus grande surprise, Papa et Jeanne se recroquevillèrent sur eux, pliés de... rire ?! Maman, pour sa part, cacha son fou rire dans une toux contrôlée. Je ne pus m'empêcher de me demander ce qu'ils leur prenaient de toujours rire face à des situations dangereuses. À moins que se ne soit parce qu'on est dans des rêves, et qu'on ne peut pas mourir sauf si on utilise la formule ? En tous cas, je me suis dit que, quand je serais grande, je rirais bien aussi des peurs des nouveaux, mais, pas pour l'instant. Alors je laissais libre cours à ma colère.

- ET C'EST QUOI CETTE MANIE DE RIRE, PUNAISE ?!

C'est sûr, si je continuai à ce rythme-là, je n'aurais plus de voix d'ici la fin de la journée. Alors, je mis mes mains sur mes hanches en fronçant mes sourcils. Finalement, ce fût Jeanne qui pointa du doigt Athéna. C'était elle qui faisait le tremblement de terre. Papa, se relevant, m'expliqua :

- Athéna déteste quand une personne autre que moi s'assoit sur elle trop longtemps. Cela vaut pour tous les animaux totems. Ils acceptent uniquement leur Maître. 

Je me levais aussitôt, comme si Athéna avait la rage, au grand rire de Jeanne. Maman me prit par la taille et m'emmena devant les escaliers qui menaient vers l'entrée de DreamSchool. J'hésitais à monter les marches.

- Je deviendrais une Écolière Rêveuse si j'entre à DreamSchool, c'est ça ? je demanda.
- Ouais, acquiesça Jeanne. Rappelle-toi de ce que je t'ai dit...

Prenant une profonde inspiration, je mis mes pieds l'un devant l'autre, jusqu'à aller sur la dernière marche, pour enfin être devant la porte du bâtiment en forme d'étoile.

- Je vais t'expliquer, me dit Jeanne. Puisque tu as eu l'étoile, tu vas dans le bâtiment Étoilé. Ceux qui ont eu la lune iront dans le bâtiment Lunatique, et ceux qui ont eu un nuage iront dans le bâtiment Nuageux. 
- Bâtiment Lunatique.
- Quoi ? s'exclama-t-elle, en position de défense. Oui, le nom n'est pas terrible, mais bon... et sinon, tous les Apprentis Maîtres doivent entrer par le bâtiment Étoilé dès la rentrée. Alors, prête pour l'école ?
- Je vous déteste.

Et ce, je me mis à avancer, très lentement, vers l'entrée. Pour gagner du temps, je demandai à mon père :

- Papa, c'est quoi, un Maître Présentateur, en fait ?
- C'est une personne qui présente le Monde des Rêves à un nouveau. Bref, je t'expliquerais tous en détail plus tard. Pour l'instant, tu vas entrer dans cette école.
- Et Jeanne est une Maîtresse Couturière, je rajoutais.
- Pas besoin de t'expliquer dans quoi ça implique, n'est-ce pas ? Je crée des costumes dans les rêves.
- Et Maman ?
- Je suis une Maîtresse Écrivaine.
- On ne dit pas plutôt écrivain ? 
- Dans ce Monde, on dit Écrivaine pour une fille. Les lois grammaticales du Monde Réveillé sont idiotes. Oh, et ont dit "elles", même s'il y a un garçon dans le groupe. Tu vois, dans le Monde des Rêves, les hommes et les femmes sont égaux en grammaire, et on l'a prouvé. Sinon, je suis censée écrire des histoires pour les Rêves des autres. Bon, entre.

Et elle me poussa doucement vers l'entrée. J'hésita avant d'entrer. Il faisait si sombre ! Mais je poussa la porte et y entra. Je n'avais à peine posé un pied à l'intérieur que, tout d'un coup, la lumière s'alluma et des centaines de personnes de 12 à 40 ans (j'en déduisis que c'étaient les professeurs), me hurlèrent à la figure :

- BIENVENUE, ARTÉMIS ! 

Des explosions de feux d'artifices retentirent. Peu à peu, je vis que j'étais dans un majestueux hall, avec des sculptures d'étoiles et de cygnes en marbre sur les côtés, proches de plusieurs de dizaines de colonnes décorés par des lierres en forme d'étoile. Il y avait un couloir en face de moi, et au bout se trouvait la place centrale, où il y avait une étoile par-terre, et dessus, une fontaine avec des statues de moutons qui s'étaient figés en bondissant dans les airs et qui crachaient de l'eau (même si je ne savais pas comment des statues de moutons pouvaient voler).  Les moutons étaient, soit dorés, soit argentés, soit blancs. En haut, le plafond était en forme de dôme, où était dessiné des étoiles dorés. Des arcs-en-ciel volaient dans les airs, flottant et se mouvant. En un mot, tout était très brillant. 

Puis, une jeune dame blonde habillée dans une robe pratiquement dénudée de star violette pailletée s'approcha de moi et me claqua le dos gentillement.

- Bienvenue à toi, Artémis Soleidor, à DreamSchool, l'École des Rêves ! Pas vrai, les enfants ? demanda-t-elle, d'une voix enjouée.

Elle ne reçut que des acclamations molles.

- J'ai dit : pas vrai, les enfants ? répéta-t-elle, d'une voix menaçante.

Tout le monde lui répondit, avec plus de force, cette fois. Je me mis dans un coin de la tête de ne JAMAIS, au grand JAMAIS l'énerver. J'avais tout de même mal à croire qu'elle soit la directrice du Bâtiment Étoilé, dans un accoutrement pareille.

- Excuse-moi, ma chérie, me dit-elle très faiblement, afin que je sois la seule à l'entendre. Mais je porte cette robe que dans les cérémonies. Enfin, c'est l'une de mes tenues préférées ! Je suis une star dans la vraie vie, c'est pour ça.

Ah, et vous êtes qui ? je pensai en mon fort intérieur. 

- Peut importe qui je suis. Tu risquerais de t'énerver comme les autres, et je ne veux pas avoir des paparazzis à mes trousses dans mes rêves. 
- Attendez, vous lisez dans mes pensées ? je m'exclamai.
- En tant que Professeure, oui. Enfin, plutôt Proviseure. C'est très difficile d'être et Maîtresse Proviseure et une star, tu sais ?

Sur ce, elle claqua des doigts, et les feux d'artifices cessèrent, et les confettis disparurent. Sa tenue légèrement découverte se transforma en une tenue de travail, c'est-à-dire jeans et chemise blanche, accompagnés de longues bottes. Elle poussa un soupir de soulagement.

- J'avais oublié à quel point la tenue basique est confortable.
- Vous venez de vous changer il n'y a même pas une minute, lui rappela un des élèves.

Tout le monde se mit à rire. 

- La ferme, Alexandre ! lui répliqua-t-elle. Franchement, je ne comprends même pas pourquoi les élèves vous ont choisis délégué de classe.

Elle soupira d'énervement.

- Alex, fais le tour du Bâtiment à la nouvelle. MAINTENANT !

Je trouvais qu'elle avait un petit accent américain la star. Peut-être qu'il faudrait que je cherche parmi les stars des États-Unis.