Chapitre 13 : Nouvelle lune, nouvelle amie (ou ennemie)
La prof de science (oui, je sais, même le Monde des Rêves, ou Dreamsland, comme j'aimais l'appeler, possédait sa propre science) nous fit rentrer un par un dans la salle de classe.
Comme j'étais arrivée dernière, j'étais tout au fond de la file de classe. La même fille gothique que j'avais vu le premier jour était toujours habillée en noire, déprimée et ennuyée. Je décidais de faire la conversation.
- Hum, salut !
Elle répondit par un grognement agacé. Une main (que je connaissais bien, à présent) s'abattit sur mon épaule. Je n'avais même pas besoin de me retourner pour savoir que c'était Marc. Mais lorsque je le fis, il paraissait... électrocuté, serait le mot juste. Son uniforme était pratiquement carbonisé, ses cheveux noircis, et de la fumée lui sortait des oreilles.
- Est-ce que ça va ? lui demandais-je, timidement.
- Oui. Enfin, presque.
Je me retins de rire.
- Et pourquoi tu es... dans cet état ?
Il tourna la tête, l'air gêné.
- Pour rien.
- Il avait essayé de faire un Paratoire. Ça lui a sauté au visage, m'informa une voix derrière-moi.
Un Paratoire était une sorte de parapluie en forme de chapeau qui absorbait l'électricité avant de la rejeter sur ce que son possesseur voulait. C'était une excellente arme de défense, et ça protégeait remarquablement bien de la pluie. Le mieux était que ça avait drôlement de la classe et que ça ne prenait peu d'espace. En plus, ce n'était jamais mouillé ! Le problème, était de les fabriquer, car il coûtait assez cher. Et oui, même dans le Monde des Rêves il y a du commerce !
Mais quand je me retournais, je découvris que c'était la fille dont le père était un Traître qui m'avait parlé. J'étais tellement étonnée que je restais sans voix. En revanche, Marc la poussa.
- Ferme-la, Proditrix.
Elle serra sa mâchoire et se retourna, se précipitant pour aller en classe. Même la Maîtresse Professeure la toisait durement. Comme sa garde était baissée, sa pensée me gicla en pleine figure. Mais que fait-elle donc ici, cette Proditrix ? J'ignorais ce que ça voulait signifier, mais ça devait être une insulte. Au lieu de quoi, je me retournais vers Marc, les yeux plissés de colère. Lui semblait être en ébullition.
- Ne lui parle pas. Plus jamais.
- Mais qu'est-ce qu'elle t'a fait, au juste ?
- Son père est un Traître. Je te l'ai déjà dit non ? Elle est dangereuse.
Le professeur racla sa gorge avec impatience, nous priant de bien vouloir regagner nos places. Cette fois, heureusement, je découvris avec bonheur que nous devions nous asseoir sur des chaises normales, et pas sur nos Animaux Totem. Cependant, ma sérénité fut de courte durée quand je vis l'exécrée en train de pleurer. J'adressais un regard noir à Marc.
- Tu es horrible, lui murmurais-je.
Avant de m'asseoir au fond, la seule place qui était de libre... à côté de la fille gémissante.
- Est-ce que ça va ?
Elle me lança un regard noir.
- Va-t'en voir ton petit copain.
Je rougis.
- Ce n'est pas mon petit copain ! (je baissais la voix) Écoute, je suis vraiment désolée de ce que Marc t'a dit. Je ne comprends vraiment pas comment il peut détester quelqu'un de la sorte. Tu veux en parler ?
- Mêle-toi de tes affaires !
- Je comprends. Tu sais, moi aussi, dans le Monde Réveillé, on me détestait. Enfin... pas tout le monde, mais une bande de filles à l'école. J'avais 11 ans, et j'étais en sixième. Elles m'énervaient. Et tu sais ce que j'ai fait ? J'ai demandé de l'aide à ma meilleure amie. Et après, nous étions toutes deux ensemble pour les combattre.
J'ai regardé au lointain, un sourire sur mes lèvres.
- Le pire, s'est qu'on s'est vraiment battue. On était deux contre six, mais... ces filles-là, c'est plutôt le genre qui, une fois que tu touches avec le petit doigt, s'affale par terre en pleurnichant. Par contre, je ne te raconte même pas comment le directeur nous a crié dessus après. (Elle esquissa un sourire, me regardant enfin) Une superbe colle administrative, à nettoyer avec les dames de ménage. Enfin, à la maison, ils avaient compris que c'étaient elles qui m'embêtaient. Tiens, ma mère m'avait d'ailleurs promis qu'elles seront elles-mêmes punies.
Je la regarda enfin. Elle m'observait d'un regard inquisiteur.
- Sur le coup, je n'avais pas du tout compris ce qu'elle m'avait dit. Mais maintenant... ma mère est une Maîtresse Écrivaine, lui dis-je. Je crois qu'elle a fait exprès de programmer un cauchemar à mes ennemies.
- Tu sais que ça ne se fait pas ? Normalement, les Écrivains ne sont pas censés prendre favoritisme, même avec leurs enfants !
Aussitôt, son regard se teinta de culpabilité.
- Désolée... je ne devrais pas dire ça. Avec cette histoire...
Je me retins de lui demander quelle histoire. De ce que j'en savais au rumeur, son père avait aidé les Chasseurs à voler le Rubis de Sésame, un rubis d'une taille d'environ 5 mètres de hauteur, 7 de profondeur, et de 8 de longueur. Dans le Monde des Rêves, il fournissait une majeure partie de l'énergie en prenant celle des éclairs. En gros, c'était un excellent paratonnerre, qui approvisionnait la capitale et plusieurs de ses banlieues. Cependant, d'après la légende, si on se réveillait avec le Rubis de Sésame en contact, on pourra l'emmener dans le Monde Réveillé, et par conséquent, le vendre - à un prix assez cher pour s'acheter (au moins!) un pays. Et la légende s'était révélée être vraie.
Je me secouais la tête en chassant cette pensée.
- Laisse. Sinon, pour faire la présentation, je m'appelle Artémis Soleidor, je lui dis, en lui tendant la main.
Elle sourit et me la prit.
- Cassandra Arcanum. C'est drôle, tu fais partie de la famille Soleidor, genre l'une des royals families et tu es la première personne ici à m'avoir parlé. À une personne dont le père est un Traître. Soit tu es sympa, soit tu es inconsciente.
- Je prends ça pour un compliment.
Elle étouffa un rire.
- Non... tu es sympa. Enfin, être nouvelle doit ajouté à ça, aussi.
- Tout le monde est nouveau, ici, je protestais.
- Mesdemoiselles ? Si vous avez quelque chose à dire, c'est ici, intervint la professeure.
Je la regardais, choquée.
- C'est à vous que je parle, Mademoiselle Arcanum. Venez au tableau et récitez-moi les 24 phases de la Lune Rose.
Je lançais un regard à Cassandra. Non seulement tout le monde la détestait, mais en plus, il fallait que la prof la ridiculise au tableau. Prenant une profonde inspiration, j'intervins :
- Ce n'est pas elle qui a parlé, Madame. C'est moi. Elle me disait de me taire, mais j'ai continué.
- Dans ce cas, pourquoi elle ne m'a pas prévenue, Artémis ? contra la professeure.
Je notais qu'elle m'adressait la parole en m'appelant par mon prénom, et Cassandra par son nom de famille. Je déglutis, et la professeure soupira.
- Bien, alors, veuillez venir au tableau me réciter les 24 phases de la Lune Rose, Artémis.
Je ravalais ma fierté, pendant que tout le monde me contemplait bizarrement, se demandant sûrement pourquoi je la couvrais. Mme. Bryll s'assit derrière son bureau, m'observant fixement.
- J'écoute.
Alors que j'essayais de me rappeler les phases de la "Lune Rose", un doux murmure se fit dans ma tête. D'abord, tu vas dire à cette idiote que la Lune Rose compte 6 phases, et pas 24. Je réprimais un sursaut.
Ca... Cassandre ?
C'est moi. Mais bon sang, qu'est-ce qu'il t'a pris ?! Tu aurais pu me laisser faire non ?
Tu es mon amie. Je ne laisse pas mes amies se faire disputer.
À mes mots, sa pensée s'attendrit.
Une petite minute... tu arrives à lire dans mes pensées ?
Oui. Maintenant, dis-lui que la Lune Rose comporte 6 phases.
- Artémis ? m'interpella Mme. Bryll.
- La... la Lune Rose comporte 6 phases, Madame.
Elle sembla étonnée. Cependant, cette stupéfaction se fit d'une courte durée.
- Et bien ? Citez-les moi.
Et c'est ainsi, que recopiant les mots de Cassandre, je parvins à reconstituer à peu près les différentes phases de cette Lune.
Donc, résumé :
Dans le Monde Réveillé, la lune peut être rose, mais cela dépend d'où elle se trouve. Si le ciel est pollué, ou clair... bref. Cependant, dans le Monde des Rêves, il existe 5 lunes différentes, dont l'une d'entre elles est la Lune Rose. La Lune Rose comporte ces phases-là : la première, Trait, la deuxième, Mi-moitié, la troisième, Moitié, la quatrième, Complète, la cinquième, Éclairée, la sixième, Pouvoirs. Apparemment, si on fait un accomplissement pendant la phase Pouvoirs de toute les Lunes en même temps, il se passe quelque chose de fabuleux... mais personne ne sait c'est quoi. La seule chose qu'on sait, c'est que la première fois que c'était arrivée c'était il y a 2000 ans environ, et que ce signe se fait tout les mille ans environs. La première fois, le Monde des Rêves fut créé et la deuxième il a eu une espèce d'inondation... enfin, la prof m'arrêta à partir de ça, me ramenant à mon bureau.
- J'aimerais vous voir à la fin de l'heure, cependant.
Une partie de la classe gloussa. J'aperçus Marc assit au troisième rang (il y en avait en tout cinq) juste à côté de la rangée fenêtre. Il refusait de croiser mon regard. Tant mieux, je ne voulais plus le voir. Je retournais à ma place (qui est tout au fond) et me rassit à côté de Cassandre. Elle aussi semblait énervée.
- Pourquoi tu ne m'as pas laissé faire ? répéta-t-elle.
- Je ne voulais pas te faire ridiculiser en classe. En plus, je croyais que tu ne savais pas ce qu'est la Lune Rose.
- Parce que tu le savais toi ? Écoute, ne pense pas que, parce que tu es la seule que les Chasseurs n'ont pas tués avec l'autre, tu es plus intelligente que moi !
- Là n'est pas la question. Je trouvais cela injuste que la prof te choisisse alors que je bavardais également.
Elle gardait cependant son air soupçonneux. Elle croisa les bras, haussant un sourcil.
- Personne ne ferait ça... sans quelque chose en échange.
- Je ne veux pas faire ça !
Remarquant que tout le monde nous regardait, je pris innocemment les notes et fit semblant d'écrire. Puis, je lui chuchotais :
- Bon, je sais que ça doit être bizarre que je te parle, mais je t'assure que c'est uniquement pour... faire ta connaissance. Je suis nouvelle, tu es nouvelle et basta. Je t'assure que je ne te demanderais rien d'autres.
- Il y a des filles moins dangereuses que moi...
- J'ai traîné côté Chasseurs, tu sais ? Danger, c'est mon deuxième nom, maintenant.
Je suis parvenue à la faire sourire.
- Je crois plutôt que tu veux savoir pourquoi Marc me déteste autant.
- Un peu, oui, mais... tu n'es pas obligée de me le dire.
Elle me fixa, sans battre un cil, essayant certainement de voir si je mentais. Je crois qu'elle ne détecta rien, car elle m'avoua :
- Il... c'était mon ami, avant. Mais le jour où mon père avait aidé des Chasseurs a volé le Rubis de Sésame, sa popularité en a pris un coup. On lui disait partout de rompre avec moi et...
- Rompre ?! C'était... ton petit ami ?
Au lieu de me lancer un regard furieux, comme elle en avait l'habitude, elle acquiesça.
- Oui... tu comprends, on était voisin, on fréquentait la même école, quand on était Commenceur. Tu dois te dire que c'est super tôt mais... bon, c'est comme ça. Mon père avait trahi la société deux semaines avant mon anniversaire de 12 ans. Les autres se demandaient par quel miracle Morphée avait accepté que j'entre à DreamSchool.
- C'est simple : tu es une fille exceptionnelle, qui connaît le cycle de la Lune Rose par coeur, et plein de choses encore. Tu as réellement ta place, ici. Les personnes qui pensent le contraire sont idiots, tout simplement.
Elle soupira.
- Si seulement c'était aussi facile... je crois que tu ne devrais pas traîner avec moi.
- Non !
Au même moment, la sonnerie retentit. Cassandre se précipita vers la sortie, moi sur ses talons. Au moment où j'atteins la porte, cette énervante institutrice m'interpella :
- Artémis, il me semble que je vous ai demandé de m'attendre, tout à l'heure.
Sa voix était douce, contrairement à celle qu'elle avait pris tout à l'heure, si douce que j'aurais pu faire semblant de ne pas l'entendre et de partir à la poursuite de Cassandre. Mais quelque chose m'en empêcha.
Je m'approchais du bureau, sondant discrètement la professeur. Elle était plutôt jeune, et pourtant semblait implacable, le genre de personnes qu'il ne faut absolument pas énervé. Ses yeux bruns impassibles m'observaient tranquillement, un peu comme si elle estimait ma valeur. Ses cheveux bruns encadraient son visage, d'une manière royale et studieuse à la fois. Intérieurement, je me demandais combien de types étaient fous amoureux d'elle et n'osaient pas lui parler, lorsqu'elle interrompit ma pensée :
- Artémis, c'était pour vous parler à propos de cette... Cassandre, déballa-t-elle, après un long combat spirituel.
Je ne pus m'empêcher de grimacer. On aurait dit qu'il aurait fallu tous les efforts au monde pour ne prononcer que ce mot. Ce que la prof remarqua autant que moi. Elle posa sa main doucement sur mon bras, à la manière d'une mère protectrice.
- Artémis, écoutez... cette Cassandre est une fille bien. Je sais même que c'est elle qui vous a donné les réponses tout à l'heure.
- Alors pourquoi n'êtes-vous pas intervenue ? je répliquais.
Elle sembla blesser de ma question.
- Je... peu importe. Mais ce que vous devez savoir, c'est qu'il ne faut - en aucun cas - lui faire confiance. Elle le sait tout aussi bien.
- Mais c'est injuste ! C'est son père qui a commis le méfait, pas elle !
Mme. Bryll secoua négligemment la tête.
- Je vois en vous une sympathie rare et abondante. Cependant, il est de mon devoir de vous informer que, quand bien même Morphée a accepté de la laisser venir à DreamSchool, elle n'en n'ai pas moins maudite pour autant. Tous ceux qui ont trahis Morphée subisse la Damnation Suprême.
Je ne pûs m'empêcher de lever un sourcil. La Damnation Suprême ? Sérieux ? Cependant, imperturbable, elle continua :
- Eux, et leur famille.
- Et alors ? Je ne suis pas de sa famille. Je ne risque pas cette "Malédiction Éternelle".
J'eus au moins le mérite de la voir froncé des sourcils. J'esquissais un demi-sourire, à peine visible, qu'hélas, elle remarqua.
- Oh que si. Morphée souhaite plus que tout qu'on ne leur fasse pas confiance... du moins, avant que les Traîtres ne fassent leur preuve. Et c'est pour cette raison que ceux qui passent trop de temps avec eux subissent également la Damnation Suprême.
- Mais qu'est-ce que c'est, au juste ?
Nouveau oscillement négatif de tête.
- Peu importe. Mais sachez que je ne vous le recommande pas spécialement.
Ben merci pour la précision ! Hélas, je n'avais pas fermé ma pensée, et Mme. Bryll l'entendit.
- J'ai entendu dire que comme Animal Totem, vous aviez un lion.
- Et alors ?
- Les possesseurs de Lion sont généralement courageux. Mais être trop courageux peut aussi être dangereux. C'est un conseil que je vous donne. Appliquez-le ou vous le regretterez.
Et je sûs immédiatement dans son regard que, oui, la suite des choses ne jouerait pas forcément en ma faveur, et qu'il n'y aura pas mal de chance que je le regretterais.
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Désolée, désolée, désoléééééééééééééééééééééééeeeeeeeeeeeeeee ! Je suis sincèrement, absolument, complètement désolée d'avoir publié ce chapitre trois mille ans après le dernier. C'est juste que maintenant, il faut que je travaille, révise pour ces contrôles énervants et que...
Bon, OK, j'ai fait d'autres livres au lieu de continuer sur celui-là ! Mais vous ne pouvez pas savoir à quel point c'est compliqué de faire la suite de Les enquêtes dans le Monde des Rêves. J'espère réellement que vous me pardonnerez. Déjà que vous êtes des lecteurs supers ! (Attendez... avec un s, super ou pas ?)
En tous cas, bref ! Et à plus tard (très tard) pour le prochain chapitre ! Non, sérieusement, vous êtes les meilleurs !
P.S. : Juste pour vous dire que la Lune Rose s'appliquait à rendre hommage à mon fabulous name sur Wattpad. Je ne sais pas si vous l'aviez remarqué, mais juste pour être au clair, vous et moi. Je sais, j'ai la grosse tête.
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