En arrivant à Séoul, la première chose qu'ils eurent faite, fut de poser leurs affaires dans un des appartements vides d'un immeuble abandonné, près du centre-ville.

Leur arrêt à Jechon fut de courte durée, le temps que Namjoon et Hoseok se reposent au minimum, rattrapant leur nuit à conduire.

Dans la matinée, Namjoon les avaient fait partir, voulant arriver en vitesse à la capitale pour ne pas tomber sur d'autres groupes ou des solitaires comme l'avait été Yoongi, mais à contrario de ce dernier, eux étaient surement armés jusqu'aux dents. Ils ne voulaient pas prendre de risque et privilégiant de ce fait les petites routes plus discrètes, évitant les routes principales. Les presque trois heures de route passèrent assez vite : Taehyung regardait le paysage défiler, Hoseok cherchait une station de radio qui ne parlait pas de la situation actuelle alors que Namjoon était au volant, tapant régulièrement sur ce dernier à l'aide de ses doigts, suivant le rythme d'une des chansons qui passait sur la station qu'avait choisie Hoseok. Jimin s'était assoupi contre l'épaule de Yoongi, ses mains serrant les manches de son pull gris et Yoongi, lui, regardait les doigts du plus jeune se contracter contre le tissu, pensant encore aux paroles qu'il lui avait dit la vielle.

Personne ne le sait.

Il y repensait sans cesse depuis qu'il lui avait dit ces quelques mots. Parce qu'il ne comprenait pas la situation actuelle, il ne savait pas où il était et surtout pourquoi il était ici, avec ces quatre –presque - inconnus. Pourquoi ils étaient ici, tous les cinq réunis. Il ne comprenait pas comment il s'était retrouvé dans cette décharge sans se souvenir de rien alors qu'il essayait avec toute l'énergie du désespoir, mais cette brume présente dans sa tête ne voulait pas disparaître.

Il leva les yeux en direction de Jimin lorsque ses doigts se crispèrent plus fort sur son pull, signe qu'il se réveillait.

Quand Namjoon était entré dans le centre-ville, tout était calme. Il n'y avait personne dans les rues, tous les commerces étaient fermés ou vandalisés. Et Yoongi avait admiré ce triste paysage, laissant Jimin se réveiller doucement.

Ils avaient passé plusieurs jours enfermés dans leur planque, surveillant leur rue, veillant à ce que personne ne rôde près d'eux. Yoongi avait passé ces derniers jours assis sur le rebord d'une des fenêtres de l'étage, une des nombreux fusils à pompe de Taehyung à ses pieds et une couverture qu'Hoseok avait posé dans sa chambre le jour de leur arrivée. Il avait élu domicile dans la chambre la plus éloigné du séjour, la plus calme. Et il savait que Namjoon et Hoseok avaient pris celle près des escaliers, que Taehyung était dans celle à côté de la leur. Jimin, lui, se trouvait dans celle en face de la sienne, près de ce qui devait jadis être un bureau. L'une des fenêtres était brisée et les livres qui devaient se trouver sur les grandes étagères étaient maintenant éparpillés au sol, des pages abîmées, déchirées ou mouillées par la pluie.

Le soir, après le repas de fortune, souvent fait de nouilles instantanées, il se rasseyait à sa fenêtre, troquant son jean troué par l'un de ses joggings confortables, toujours vêtu d'un large pull, essayant de garder cette chaleur qu'il avait du mal à garder. Et ses yeux sombres balayaient la nuit, épiant chaque mouvement invisible des ombres s'allongeant sur le bitume froid. Et, chaque soir, Yoongi se délectait de ce sombre spectacle que la nuit lui offrait.

Puis lors des heures les plus sombres, celles où le spectacle était le plus calme, il lui arrivait d'entendre des bruits de pas dans le couloir après que les portes se soient silencieusement ouvertes. Il pouvait entendre les sanglots de Taehyung, ceux que les cloisons ne parvenaient pas à étouffer. Il entendait les paroles rassurantes que Namjoon glissait lorsque les pleurs se faisaient plus forts, plus violents, ceux où quelques gémissements lui échappaient. Et lorsque tout redevenait calme, il lui arrivait d'entendre les pas feutrés de Jimin sur le plancher lorsqu'il quittait sa chambre, sa porte n'étant jamais totalement fermée. Il avait remarqué ça lors de leur arrivée : Jimin ne fermait jamais les portes et laissait volontairement cinq petits centimètres d'écart.

D'où il l'était, il pouvait entrevoir la porte de Jimin lorsque Taehyung venait lui tenir compagnie, profitant de la télé qui se trouvait dans la chambre tout se goinfrant des brioches sous vides qu'il avait trouvés dans l'un des placards de la cuisine, affalé sur le lit de Yoongi. Il lui avait avoué qu'il se sentait en sécurité avec le petit brun lors du visionnage d'un de ses nombreux films. Yoongi lui avait simplement souri avant de se tourner vers la fenêtre.

Et, durant cinq jours, ce fut ainsi ; Namjoon et Hoseok s'occupaient entre eux, Taehyung passait ses après-midi devant la télé à regarder des films et Jimin restait assit sur son lit, le livre que Namjoon et lui lisaient dans les mains, essayant de le comprendre. Et Yoongi l'épiait de loin, encore et encore.

Maintenant, ils se retrouvaient à vagabonder dans rues dénuées de vies de Séoul, arme en main. Taehyung et Hoseok étaient de front, inspectant chaque endroit sur leurs gardes, pointant chaque ruelle de leurs armes. Derrière eux se trouvait Jimin, la capuche de son pull gris rabattue sur la tête, une batte de baseball en main. Et derrière se trouvaient Namjoon et lui, surveillant leurs arrières. Namjoon tenait sa Beretta de sa main droite, la gauche tenant son poignet, stabilisant l'arme. Et Yoongi ne faisait que les regarder, le magnum que Namjoon et Taehyung lui avaient donné pour son entraînement reposant lourdement dans le creux de sa main droite. La crosse de ce dernier était légèrement rayée suite à un coup de feu que Yoongi avait trouvé particulièrement violent, si bien qu'il en avait fait tomber son arme en sursautant.

Il releva vivement la tête, évitant de peu la collision avec le corps de Jimin. Il pouvait voir les muscles d'Hoseok se tendre lorsque ses mains se crispaient sur le manche de son arme. Il parvenait à entendre la respiration de Taehyung se faire plus calme, plus lente.

Et il pouvait sentir la chaleur qui émanait du corps de Jimin.

« Pourquoi vous vous êtes arrêtés ? demanda Namjoon en venant poser une main sur l'épaule de Yoongi.

— Je crois avoir vu quelqu'un, souffla Hoseok en inspectant les rues vides et silencieuses de la capitale.

— Tu crois ou tu en es sûr ?

— Sûr, confirma Taehyung en pointant une ruelle de son arme. Nam, on fait quoi ?

— Comme on a dit, sa main se resserra sur l'épaule de Yoongi. Tae avec moi, on va par-là, il fit un mouvement de la tête en direction de la ruelle. Vous trois, allez vers l'hôpital, en longeant la grande rue. On se rejoint devant le magasin qu'on a croisé en arrivant.

— Et si on a un problème, on te prévient avec le talkie, je sais, soupira Hoseok en se tournant vers eux. Commencez à y aller, je vous rejoins dans quelques secondes. » il dit cela en regardant Namjoon dans les yeux.

Yoongi hocha simplement la tête, commençant à partir, suivi de Jimin qui gardait la tête baissée. En s'éloignant du groupe, ils ne firent pas attention à l'étreinte qu'échangeaient les deux garçons, trop occuper à inspecter les ruelles. Et comme l'avait dit Hoseok, en quelques secondes, il les avait rejoints, sa main fermement accrochée à son arme. Tout le trajet se passa en silence, Hoseok en tête et Yoongi en arrière. Ce dernier regardait les façades aux nombreux impacts de balles, aux vitres des magasins éclatées. Jimin marchait à ses côtés, le manche de sa batte raclant le sol dans un bruit étouffé. Il le regardait du coin de l'œil, détaillant son profil. Sa frange recouvrait encore son regard sombre, et sa mâchoire ressortait, saillante.

Ils passèrent devant une pharmacie et Hoseok les arrêta, l'arrachant ainsi à sa contemplation.

« On va rentrer, histoire d'avoir de quoi se soigner si on se fait toucher, leur dit-il en enjambant les restes de la porte.

— Mais, on va dans l'hôpital, il y aura plus de choses là-bas et on ne perdra pas de temps, lui répondit Jimin en soupirant.

— C'est un des premiers endroits qui a dû se faire piller pour être sûr d'avoir de quoi se soigner. Les pharmacies restent plus sûres même s'il n'y a pas tout. Puis, on ne sait pas ce qui nous attend là-bas.

— Ici non plus.

— Jimin. » prévint Hoseok et le garçon soupira de plus belle, entrant après Yoongi.

Hoseok prit son sac et l'ouvrit, mettant toutes sortes de bandages, de désinfectant et d'antidouleurs. Jimin se contentait de surveiller les environs et Yoongi aidait le roux en trouvant de nombreuses compresses. Ils firent le tour du commerce avant de ressortir, le sac à moitié plein. Jimin soupira une nouvelle fois lorsque les deux autres garçons furent sortis. Yoongi lui jeta un coup d'œil avant de froncer les sourcils, ne faisant plus attention à Jimin. Sa main se resserra sur la crosse de son arme, son doigt venant lentement se poser sur la gâchette. Son regard ne quittait pas l'angle de ce vieux bâtiment, celui qui menait à l'une des nombreuses ruelles. Il ne quittait pas cette ombre au loin qui ne semblait pas lâcher du regard Jimin, la pointe de sa flèche se reflétant à la lumière du soleil. Lentement, il s'arrêta de marcher, continuant de regarder cet homme au loin continuer de suivre Jimin de sa flèche, dissimulé derrière l'une des poubelles renversées. Alors, quand il le vit tendre la corde, il ne réfléchit pas et se mit à courir en direction du petit brun, se jetant sur lui. La force de l'impact les projeta au sol si violemment que Jimin en lâchât sa batte, s'agrippant fermement à l'épaule de Yoongi qui le serrait contre lui, voulant lui éviter la chute. Il entendit le bruit que fit la flèche en se plantant dans un des bancs en bois derrière eux, il entendit aussi le gémissement de douleur qu'émit Jimin lorsque son corps rencontra le bitume, la main de Yoongi protégeant sa tête.

Puis le premier coup de feu retenti, la détonation se répercutant contre les façades des murs, dans les ruelles. Elle résonna dans son crâne, étouffant ses pensées. Sa prise sur les épaules de Jimin se raffermit quand un coup de feu se fit plus proche, plus fort. Un sifflement désagréable lui vrillait les tympans, le faisant grimacer. Il entendit vaguement Hoseok les appeler, le sortant peu à peu de sa léthargie. Il se releva vivement, aidant Jimin à en faire de même et ils se mirent à courir, évitant les balles qui fusaient des deux côtés. Il vit Hoseok se jeter derrière une voiture au pare-brise défoncé, tenant fermement son fusil à pompe, visant certains des hommes qui leur tiraient dessus. Yoongi agrippa la manche de Jimin, se baissant pour se protéger un minimum derrière les nombreuses voitures immobiles, jetant un regard entendu à Hoseok qui les couvrait.

Yoongi jeta un bref coup d'œil en direction de la ruelle où se trouvait l'homme à l'arc et il fronça les sourcils en ne le voyant pas à sa place. Mais il n'y fit pas plus attention, se remettant à courir tout en tenant la main de Jimin. Il évalua la distance entre eux et les portes aux verres brisés de l'hôpital et accéléra le pas, voulant être en sécurité au plus vite.

Il poussa fortement les portes, s'engouffrant dans le hall dénué de lumière. Seul le bruit de leurs respirations erratiques se faisait entendre, ce qui ne le rassurait que moyennement. Il sursauta en entendant les battants de la porte cogner, faisant ainsi apparaître la silhouette d'Hoseok.

« Montez, faut qu'on trouve un endroit où se cacher, souffla Hoseok en passant devant eux, accroupi. Ils vont sûrement fouiller le rez-de-chaussée en premier. »

Les deux garçons acquiescèrent avant de lui emboîter le pas, marchant d'un pas pressé. Hoseok restait en retrait, les couvrant toujours alors qu'ils courraient toujours. Yoongi s'arrêta devant une porte de sécurité d'un bleu foncé, la poussant lentement avant de faire passer Jimin et Hoseok, la refermant après lui. Il soupira en voyant les escaliers, s'élançant lui aussi dans ces derniers, suivant les foulées régulières des deux garçons devant lui.

Une fois à l'étage, il poussa de nouveau une des larges portes de sécurité, faisant attention à ne pas faire de bruit. Une fois au centre d'un large couloir, il essayait de reprendre sa respiration devenue erratique après leur course dans les escaliers. Il voyait Jimin serrer sa batte dans l'une de ses mains, l'autre s'appuyant contre l'un de ses genoux. Hoseok, lui, regardait les alentours, les pièces aux portes ouvertes avant de s'avancer lentement, la respiration courte.

« Tu vas où ?

— Le bureau, là-bas, souffla le roux en jetant un coup d'œil à Jimin. On va y aller. S'ils montent, on pourra partir par là-bas, dit-il en montrant l'opposé du couloir.

— Tu penses qu'on aura le temps d'y arriver ?

— Si on ne peut pas, on tire, il jeta un coup d'œil à Yoongi qui releva la tête, toujours essoufflé.

— Hyung, on devrait aller ailleurs. S'il y en a un qui monte, il nous trouvera directement.

— Bien, on va par là. »

Hoseok se dirigea vers l'un des couloirs, tournant vers la droite sans attendre les garçons. Yoongi se redressa lentement, grimaçant en sentant son épaule lui tirer. Il n'avait pas fait attention durant sa chute, l'adrénaline encore trop présente dans son organisme, mais maintenant il ressentait la douleur lorsqu'il levait le bras. Il jeta un bref regard à Jimin qui gonflait légèrement les joues, regardant en direction du couloir qu'avait pris Hoseok. Yoongi s'avança alors doucement, posant doucement sa main sur l'épaule de Jimin qui tourna la tête en sa direction, son visage ne reflétant aucune émotion particulière. Yoongi lui fit un petit sourire qui se voulait rassurant, raffermissant sa prise sur l'épaule du petit brun avant de la relâcher lentement, laissant sa main glisser le long de son bras, allant en direction d'Hoseok.

Jimin le regardait partir, les lèvres pincées avant de le rattraper, marchant à ses côtés. Ils trouvèrent bien vite Hoseok dans une des salles, prenant différentes compresses et flacons dans son sac, ainsi que des seringues stérilisées.

Lorsqu'il jugea son sac assez rempli, il soupira, le fermant vivement avant de sortir, se dirigeant aveuglement dans les couloirs.

« Hoseok, on va où là ? soupira Jimin.

— Je regarde s'il n'y a pas un bureau près d'une des portes.

— Y en a- » Jimin fut coupé brusquement coupé par la main de Yoongi qui se posa sur sa bouche.

Le roux fronça les yeux à ce geste, sa main se posant sur son arme. Yoongi lui, resta dans la même position, l'une des mains de Jimin serrant la sienne. Au moment où Hoseok alla parler un bruit de détonation se fit entendre. Prés, trop prés.

Yoongi jeta un coup d'œil dans l'un des couloirs, lâchant Jimin avant de s'engouffrer dans la première pièce qu'il trouva : une chambre aux stores à moitié fermés, laissant seulement quelques fins rayons de lumière entrer dans la pièce. Une fois les deux autres garçons rentrés, il ferma la porte en silence, la bloquant partiellement à l'aide de la chaise prévue pour les visites. Il se laissa ensuite glisser contre le bois de la porte, son magnum reposant sur ses cuisses fines avant de lâcher un soupir.

D'où il était, il pouvait voir Hoseok s'asseoir dans un coin, regardant Yoongi. Et Jimin assit à seulement quelques mètres de lui, sa batte reposant au sol, le regard rivé sur la vitre présente dans la porte, au-dessus de la tête du brun.

Adossé à cette dernière, il pouvait entendre quelques bruits. Il pouvait discerner les pas des hommes qui les suivaient, entendre leurs voix étouffées par le bois et les cloisons ; les nombreuses détonations à l'étage en dessous. Il entendit le calme qui, brutalement, prit place dans toute l'enceinte de l'hôpital. Plus aucun bruit ne se faisait entendre, un silence de mort régnait alors.

Ce n'est qu'au bout de longues minutes qu'un bruit vint parasiter ce silence glaçant. Un bruit aigu et strident se fit entendre dans l'entièreté de l'étage, se répercutant sur les murs, faisant écho avant de lentement disparaître.

Yoongi ferma les yeux, comprenant la provenance de ce bruit. Il ne put voir le visage d'Hoseok se décomposer lentement, se collant doucement au mur. Mais il put entendre la déglutition de Jimin qui lui, gardait le regard rivé en direction de la porte où une ombre passait derrière.

Puis, au loin, un bruit métallique se fit entendre, bien plus grave que le précédent. Le battant de la porte claqua alors, laissant de nouveau le silence prendre place dans l'étage, seulement perturbé par les respirations étrangement calmes des trois garçons enfermés dans cette pièce, attendant que la menace ne s'éloigne.

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j'crois j'aime pas