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épilogue


Yoongi paniquait, réellement.

Il y avait trop de monde autour de lui, trop de bruits qui lui étaient étrangers alors qu'il ne comprenait pas ce qu'il faisait ici, dans cette chambre qu'il comprenait être une chambre d'hôpital. Il essaya de nouveau de déglutir, mais le tube dans sa gorge l'en empêcha et une sorte de gémissement brisé lui échappa, ses yeux s'embuant rapidement. L'homme au visage rond avait froncé les sourcils, l'air concerné, en voyant une larme rouler sur la tempe du garçon qui ne comprenait plus, son regard perdu et paniqué passant des infirmiers au plafond pour venir se poser sur lui. L'homme lui sourit de nouveau, sa main chaude se posant sur sa joue gauche lorsqu'il se mit à parler doucement.


« Je suis le Docteur Cho et vous êtes à l'hôpital Severance à Sinchon-dong, à Séoul, dit-il calmement, son regard plongé dans celui effrayé de Yoongi. Vous avez été admis le six mars deux mille dix-neuf après un accident de voiture, vous avez été dans le coma pendant près de cinq mois après un lourd traumatisme crânien. Votre famille est au courant et va rapidement venir de Daegu, d'accord ? Une nouvelle larme coula sur la joue de Yoongi qui fermait les yeux, un nouveau gémissement lui échappant. N'essayez pas de parler, nous avons dû vous entuber après que vous ayez eu une détresse respiratoire il y a quelques semaines de ça, mais rien grave, il le regarda, ce même sourire compatissant sur les lèvres lorsqu'il souffla : Vous revenez de loin, monsieur Min, vous avez eu beaucoup de chance... »


Un des infirmiers parla, le Docteur Cho lui répondant rapidement avant qu'il ne se relève, sa main quittant Yoongi qui commença à geindre, de nouvelles larmes lui échappant alors qu'une femme injectait un produit transparent dans la perfusion à ses côtés. Le médecin regarda la femme faire avant de reporter son attention sur Yoongi, sa main se posant doucement sur le bras du garçon qui essayait de bouger, ses membres lourds.


« Non, non, restez calme, ce n'est rien, le rassura-t-il. Il faut que vous essayiez de vous reposer, pour de vrai, le coma artificiel dans lequel vous vous trouviez n'a pas dû être de tout repos... Je reviendrais vous voir demain, je vous le promets, mais reposez vous, monsieur Min. »


Yoongi le regarda quelques secondes avant que la fatigue ne lui tombe dessus, l'envie de dormir se faisant de plus en plus présente alors que les personnes dans sa chambre commençaient à disparaître petit à petit, ne laissant qu'une infirmière griffonnant sur une feuille et le Docteur Cho qui le regardait depuis l'encadrement de la porte.

Il ferma les yeux, des larmes coulant silencieusement de ses yeux alors que la réalité le percutait de plein fouet, laissant son esprit encore désorienté dans un flou total. Il ne se rendit même pas compte qu'il avait fini par s'endormir, le bip toujours aussi régulier l'ayant étrangement bercé.



Cela faisait maintenant une semaine qu'il était réveillé, et cinq jours qu'on lui avait enlevé ce tube de la gorge, mais il restait encore en observation pendant quelque temps. Il ne parlait toujours pas vraiment, se contentant du strict minimum ou de simple mouvements de la tête pour répondre au corps médical qui venait le voir tous les jours, s'assurant qu'il allait bien. Mais Yoongi n'avait aucune idée de comment il allait, il avait toujours l'impression d'être hors du temps, dormant la plupart du temps, son corps réclamant un sommeil qu'il ne semblait pas avoir eu depuis des décennies.

Le Docteur Cho avait honoré sa promesse, venant lui rendre visite tous les jours, passant tôt le matin et tard le soir, venant prendre des nouvelles de son patient. Ils n'avaient pas vraiment parlé, eux aussi. Yoongi se contentait d'écouter cet homme lui raconter que sa famille allait rapidement le voir, lui parler de son état, de comment aller être la suite, mais il n'y prêtait pas vraiment attention. Il se contentait simplement de profiter de la présence de l'homme qui lui sourit toujours de cette même façon presque paternelle. Mais aujourd'hui n'était pas comme toutes les autres fois, non, aujourd'hui ses parents devaient arriver à Séoul et l'homme avait enfin décidé de lui parler de la simulation.


« Tu sais, Yoongi, c'est normal ce que tu ressens. » avait sourit l'homme assit à côté de son lit.


Ça aussi, c'était nouveau, il s'était mis à le tutoyer peu de temps après son réveil pour l'aider à se remettre dans le bain, à faciliter son retour dans le monde réel.


« Je sais que sortir de la simulation est très perturbant au début, dit-il en enlevant ses lunettes, ton esprit a été habitué à vivre quelque chose de banal tout en étant factice alors que ton corps, lui, est resté inactif pendant longtemps. C'est pour ça que tu es autant fatigué : ton corps ne s'est pas tout à fait remis du choc et ton cerveau n'arrive pas à suivre parce que, pour lui, il ne s'est rien passé.

— Ce n'était pas banal, souffla Yoongi en le regardant, son dos appuyé sur trois oreillers empilé pour le maintenir dans sa position.

La simulation est censée vous faire vivre votre vie quotidienne, le brun fronça les sourcils. Pour ça, le programme se base sur les souvenirs du patient et va alors tout retransmettre à l'ordinateur qui se charge de mettre la ''copie'' de sa vie dans la simulation, et de la croiser avec celle des autres patients ou simplement utiliser les images de celles passées.

— Ce n'était pas une vie normale, dit-il, plus durement. Je n'ai pas vécu ma vie, j'ai vécu le scénario d'un jeu ou d'un film d'horreur, mais pas ma vie.

— Comment ça ?

Vous ne pouvez pas vérifier ce que l'ordinateur fait, nous voir, voir son monde ? Demanda-t-il doucement, sa voix se cassant sur la fin.

— Pas encore, ce n'est qu'un bêta du produit final, la version 2.0 en quelque sorte.

— J'ai vécu un enfer pour... ça ? »


Le Docteur Cho le regardait sans vraiment comprendre ce qu'il disait, mais son discours ne lui était pas inconnu. Il avait déjà entendu quelque chose de similaire venant d'un autre de ses patients il y a quelques mois de ça. Alors c'est avec les sourcils froncés que l'homme se redressa dans son siège, regardant le garçon dont les yeux brillaient étrangement.


« Qu'est-ce qu'il s'est passé, Yoongi ? Demanda doucement l'homme.

J'ai dû tuer des gens pour survivre dans une putain de simulation ? Demanda le garçon, une expression abattue sur le visage, ses yeux remplis de larmes. J'ai aidé des gens, je me suis battu pour au final crever comme un chien ? Et j'ai rencontré quelqu'un dont je ne suis même pas sûr de l'existence ? Sa voix se brisa sur le dernier mot, une larme solitaire roulant sur sa joue.

Tu sais, soupira l'homme en se laissant aller dans la chaise, les personnes présentes dans la simulation peuvent être des personnes dans ton cas : nous avons dû les plonger dans un coma artificiel et leur état était si critique qu'on a dû les admettre dans le projet, commença-t-il calmement. Certains y sont encore à l'heure où nous parlons. Mais il arrive que l'ordinateur copie ces personnes pour l'intégrer pleinement au programme, Yoongi avait de nouveau froncé les sourcils, sa main gauche venant essuyer sa joue. Comment dire... Quand un patient rentre dans le programme, l'ordinateur a une copie de sa vie, ses souvenirs, pour pouvoir créer un nouveau lui en quelque sorte, expliqua-t-il doucement. Et il se peut que quand le patient sort du programme parce qu'il s'est réveillé, comme toi, ou bien parce que son corps n'a pas supporté le traumatisme et qu'il vient à décéder, l'ordinateur garde sa copie, sa version 2.0, et l'intègre à son monde.

Mais comment vous expliquer qu'on passe d'une vie banale à, il grimaça, cherchant ses mots avant de souffler : ça ? Je suis le seul dans ce cas-là ?

— Pas vraiment, non... Il pinça ses lèvres, réfléchissant à ce qu'il allait dire. D'autres patients ont eu une histoire similaire à la tienne à leur réveil, un scénario différent de celui de base, mais ce n'est pas de notre volonté ; l'ordinateur a créé cela et l'a intégré à vos copies.

— Les gens, les choses que j'ai vues, elles sont réelles ? Souffla doucement Yoongi, une appréhension certaine dans le regard.

Comme je t'ai dit, certaines personnes oui, certaines ne le sont malheureusement plus, il le regardait détourner la tête, la culpabilité le prenant aux tripes. Tu n'étais pas seul dedans, d'autres y étaient et y sont encore, mais l'ordinateur se sert d'eux pour créer ce scénario, cette singularité, pour en faire des constantes de son propre monde. »


Yoongi avait de nouveau fermé les yeux, quelques larmes venant couler le long de ses joues pour venir tomber sur la couverture bleu pastel de son lit d'hôpital. Il essayait d'encaisser, mais il avait du mal à comprendre, à intégrer ce que l'homme venait de lui dire. Après tout, il venait d'apprendre que plus de quatre mois de sa vie n'avaient été qu'un rêve, une simulation, quelque chose qui, au final, ne lui appartenait pas. Et Jimin... Il se mit à pleurer en repensant à ce garçon qui n'existait peut-être pas, peut-être plus. Il avait aimé quelqu'un, quelque chose, d'artificiel.

Le Docteur Cho le regardait pleurer silencieusement, ne sachant pas quoi lui dire. Il se contenta de venir poser sa main sur l'épaule tremblante du jeune homme devant lui en gage de soutien, s'en voulant pour ce que ressentait le garçon.

Yoongi n'avait pas rouvert les yeux lorsqu'une infirmière d'un âge avancée entra doucement dans la chambre, un fin sourire étirant ses lèvres lorsqu'elle se mit à parler doucement.


« Monsieur et Madame Min viennent d'arriver, ils attendent dans le couloir.

Merci, souris le médecin alors que Yoongi ne réagissait pas, j'arrive les chercher, laissez-nous encore un peu de temps.

— Oui, Docteur, dit-elle en se baissant légèrement, fermant la porte derrière elle.

Yoongi, le garçon hocha lentement la tête, ne parlant pas lorsque l'homme essuya ses larmes. Je vais prévenir tes parents de ton état et je les laisse entrer, d'accord ? Nouveau hochement de tête. Je suis désolé pour tout ce qu'il s'est passé, vraiment. »


Yoongi n'avait pas répondu, pas ouvert les yeux, rien. Il n'avait pas réagi quand l'homme l'avait lâché et s'était éloigné. Il n'avait pas réagi en entendant la porte s'ouvrir et se refermer doucement lorsqu'il se laissa aller en arrière. Il avait simplement ouvert les yeux en entendant les pas de sa mère dans le couloir, la voix de son père près de sa chambre alors que le Docteur Cho leur parlait, les informant de comment il se portait, physiquement et psychologiquement. Il n'avait pas non plus réagit lorsque sa mère, un sourire bancal aux lèvres et ses yeux sombres baignés de larmes, était entré dans la pièce, l'appelant doucement. Il n'avait rien dit lorsque ses bras s'étaient refermés sur son corps fatigué, ses lèvres venant déposer un baiser sur son front, sa voix qu'il n'entendait pas le rassurant, ou la rassurant, il ne savait pas. Il avait simplement pleuré lorsqu'elle l'avait serré fort contre elle, chuchotant des « mon chéri » au creux de son oreille.


Même dans ses bras, il n'avait pas l'impression d'être vivant, réel.


Une des choses les plus compliquées depuis son réveil était de faire la distinction entre les deux mondes. Parfois, il lui arrivait de se réveiller en pleine nuit, ne comprenant pas pourquoi il était dans cette chambre aux murs trop clairs, ses draps froids et vides de toute autre présence, de Jimin. Il lui arrivait de rêver de lui parfois, de le revoir à ses côtés, mais lorsqu'il se réveillait et qu'il constatait qu'il n'y avait personne d'autre avec lui, il lui arrivait de pleurer.



Cela faisait trois semaines qu'il était réveillé.


Le Docteur Cho l'avait aidé à se relever la deuxième semaine, lui faisant faire des exercices pour pouvoir marcher de nouveau. Ils avaient commencé par quelques pas au début, puis d'aller de son lit à sa porte, puis jusqu'au bout du couloir, de faire le tour de l'étage, d'aller dehors. Sa démarche n'était pas encore sûre, pas encore fluide, mais il pouvait marcher. Il avait fait d'autres examens pour savoir s'il n'avait pas d'autres séquelles, des IRM et des scanner pour s'assurer que tout allait bien. Son corps s'en était bien remis malgré tout. Le médecin lui avait quand même conseillé de se reposer un maximum, lui avait prescrit de nombreuses séances chez le kinésithérapeute pour faire du renforcement musculaire et pour atténuer les douleurs qu'il avait dans son bras et son épaule gauche, celle qui avait heurté de plein fouet le capot de la voiture avant de tomber au sol.

C'était son dernier jour dans cette chambre, son père était censé venir le chercher à quinze heures pour sa sortie. Avec sa mère et son frère, ils s'étaient chargés de lui trouver un nouvel appartement, plus près de son université et dans un meilleur quartier que l'ancien. Au début, quelqu'un resterait avec lui, le temps qu'il aille mieux, qu'il se réhabitue à avoir une vie normale. Ils lui avaient parlé de l'enquête, de l'accident et de ce qu'il s'était passé : ils avaient vidé son appartement, gardant ses affaires chez eux, dans son ancienne chambre et avaient attendu son réveil avant de penser à la suite.

Yoongi avait compris qu'ils étaient au courant pour le deal, pour son deuxième boulot, mais ils ne lui en avaient pas parlé, et c'est tout ce qu'il voulait. Il ne voulait pas les décevoir une nouvelle fois, il voulait essayer de reprendre une vie normale, quelque chose de plus sain, banal. Et ils mettaient tout en œuvre pour que cela arrive.


Lorsque son père arriva enfin, Yoongi était assis sur son lit, les manches de son hoodie sombre cachant ses mains pâles et veineuses, ses ongles rongés jusqu'au sang. C'était la première fois qu'il s'était vêtu d'un jean et d'un pull depuis longtemps, la chaleur de son haut lui procurant une étrange sensation qui lui donnait l'impression d'être en vie, pour de vrai. L'adulte avait souri, sa main venant se poser sur l'épaule de son fils qui ne l'avait pas encore remarqué, son regard posé sur le brun qui ne lui prêtait aucune attention. Il n'avait pas réagi quand il l'avait aidé à se lever, portant son sac d'une main et le soutenant de l'autre. Il avait à peine souri au Dr.teur Cho qui lui avait souhaité un bon retour chez lui. Mais il n'avait plus de chez lui, il ne savait pas où il allait.

Dans la voiture, tout était calme, seul les quelques morceaux de jazz que laissait entendre la radio venait perturber le calme instauré entre eux. Son père conduisait lentement, concentré sur la route, alors que Yoongi regardait le monde défiler dehors. L'appartement se trouvait à une demie-heure de route de l'hôpital, et avec les bouchons du centre-ville, ils en avaient pour une bonne heure avant d'arriver à leur destination.

Parfois, son père lui jetait un regard, venait poser sa main sur la cuisse tremblotante de son fils pour tenter de le rassurer, de le calmer du mieux qu'il pouvait. Mais ce n'est qu'une fois dans le parking de la résidence que Yoongi cessa de bouger, son regard étudiant les environs, prenant compte du grand portail électrique, de la façade pâle, mais tout de même coloré de l'immeuble dans lequel il allait maintenant vivre. Son père se gara à quelques mètres de l'entrée du bâtiment, le bruit caractéristique du moteur s'arrêtant doucement dans l'habitacle, le silence s'abattant sur eux avec force.

Il regardait dehors, sans aucune envie de bouger de son siège lorsque son père sortit, le prévenant qu'il allait chercher ses affaires dans le coffre. Il ne voulait pas sortir de cette voiture, quelque chose l'en empêchait, et son père l'avait remarqué lorsqu'il vint de son côté de la voiture, ouvrant doucement la portière avant de se mettre à la hauteur de son fils qui regardait droit devant lui.


« Tu ne veux pas sortir ?

J'ai peur, avoua Yoongi après un moment.

— De quoi ?

De tout ça, de ma vie, je ne sais pas trop, souffla-t-il. Et si ça revenait jamais comme avant ? Demanda Yoongi en venant planter son regard larmoyant dans celui de son père. Si je n'y arrivais pas ?

— Yoon, ça ne sera jamais vraiment comme avant, soupira l'homme, mais on est là pour t'aider, hm ? Avec ta mère, on s'est mis d'accord que je resterais ici les deux premières semaines, histoire que tu te réhabitues un peu, puis Geumjae viendra te voir de temps en temps, d'accord ? Il vint essuyer une larme sur la joue du garçon, un sourire triste sur les lèvres. Tu n'es pas seul, Yoongi, je te le promets. »


Le garçon avait hoché la tête avant de difficilement sortir de la voiture, son père l'aidant à trouver l'équilibre alors que les bruits du monde extérieur venaient l'agresser, n'ayant pas l'habitude. Il ne se sentait pas à sa place, ici, dans ce grand parking pratiquement vide à cette heure-ci, devant le bâtiment aux tons orangés qui détonnaient avec le voisinage morne et blanc.

Ils avaient lentement marché en direction de l'immeuble, son père lui montrant les différents codes d'accès, l'aidant à rentrer dans l'ascenseur, le maintenant toujours lorsqu'ils longèrent le long couloir menant à l'appartement treize, au deuxième étage.

L'appartement était spacieux, dans les tons clairs, et son père lui avait assuré qu'il allait se sentir bien dans ce dernier. Il lui avait fait visiter rapidement, lui montrant les quelques pièces de ce dernier : un salon spacieux aux meubles clairs, une cuisine ouverte sur la salle à manger mitoyenne au salon, un couloir menant à sa chambre, à la salle de bain et à la chambre d'ami. Rien de plus, rien de moins. Yoongi l'avait remercié d'un petit sourire lorsqu'il lui avait annoncé qu'il le laissait se familiariser avec les lieux, qu'il allait leur chercher de quoi manger ce soir.

Le garçon s'était assis sur son lit, froissant légèrement les draps jaune et vert, son regard rivé sur la grande fenêtre à gauche de son lit. D'où il était, il avait vu sur une partie de Séoul. Ses doigts jouaient distraitement avec le bout des manches de son pull, coinçant le tissu entre ses doigts abîmés et le faisant rouler entre son index et son pouce alors que son esprit n'était déjà plus là, son regard perdu dans le vague, regardant un point qui n'existait pas.


Sa nouvelle vie, un nouveau départ.



Cela faisait maintenant trois mois que Yoongi s'était réveillé, deux mois et demi qu'il avait pu quitter l'hôpital et deux mois que son père l'avait laissé seul.


Pendant son séjour à Séoul, ce dernier l'avait aidé à trouver et à s'inscrire dans une licence qui lui plaisait, quelque chose qui ne serait pas trop épuisant et qu'il pourrait combiner à ses nombreux rendez-vous chez le kinésithérapeute. Il était donc en histoire de l'art, et il avait même réussi à trouver un petit job chez un fleuriste près de chez lui. Son père avait hésité au début, lui demandant s'il voulait vraiment, lui assurant que sa mère et lui, lui enverraient de l'argent tous les mois pour qu'il puisse se concentrer sur lui-même et ne pas avoir à retrouver un boulot comme celui qu'il avait avant. Mais même si son corps était encore un peu fatigué et que ses cours lui demandaient du temps, Yoongi voulait retrouver une part de son indépendance qu'il avait l'impression d'avoir perdu. Puis il voulait surtout ne plus penser à lui.

Même si maintenant sa vie avait plus ou moins repris son cours, il lui arrivait encore, tard le soir, allongé dans son lit, de repenser à Jimin. Ces soirs-là, il repensait à leur vie dans la simulation, se demandait si le garçon existait ou non, comment auraient pu être leurs vies s'ils s'étaient rencontré ici, à Séoul, et non dans un entrepôt abandonné aux abords d'une décharge. Penser à Jimin lui faisait prendre conscience de la solitude dans laquelle il se trouvait.

Il avait réussi à faire des rencontres à l'université, quatre personnes qui semblaient être une nouvelle constante de son existence, son frère passait tous les vendredi soir chez lui, apportant avec lui un pack de bières et des plats à emporter du restaurant thaïlandais au bout de sa rue. Il sortait quelques fois, il voyait du monde avec son nouveau travail, mais une fois chez lui, dans la sécurité de son appartement et dans l'intimité de son lit, il repensait à tout ça et se sentait seul.


Alors une nuit, après avoir rêvé du visage souriant de Jimin, il avait pris la décision qu'il allait remédier à sa solitude. Et de cette décision en découlait Deiji, son chat.


Geumjae l'avait accompagné un après-midi pour adopter ce chaton roux et noir, souriant doucement en voyant le sourire de son petit frère lorsqu'il portait l'animal, ses mains pâles tenant et caressant le petit chat avec toute la délicatesse du monde. Ce soir-là, Geumjae avait eu l'impression de retrouver son frère, de retrouver l'homme qu'il avait vu grandir pendant vingt-quatre ans.

Alors depuis maintenant trois semaines, Yoongi alternait ses journées entre ses cours, ses amis, son travail, son chat, ses rendez-vous chez le kiné et les quelques séances de sport qu'il devait faire pour pouvoir oublier, ne pas penser à lui et à son sourire, lui et les sentiments qu'il avait encore à son égard. Il ne voulait plus s'autoriser cette fantaisie de croire, qu'un jour peut-être, il pourrait retrouver Jimin, Jimin qui n'existait peut-être pas, au final.

Mais la nuit était traîtresse et ses songes ennemis, alors lorsqu'il le voyait dans ses rêves, sa solitude lui éclatait en plein visage, et son cœur se serrait sous les ronronnements calmes du chat toujours à ses côtés.



Ce n'est que six mois après son réveil qu'il craqua et fit des recherches sur internet.


Son frère venait de partir, laissant Yoongi seul avec Deiji, maintenant âgé de six mois, et ses pensées interdites. Il avait passé une journée étrange ; il avait eu l'impression de se sentir spectateur de sa propre vie, l'impression de ne pas être lui-même, et même ses amis semblaient l'avoir remarqué, son ami Minjae lui avait plusieurs fois demandé s'il se sentait bien, s'il voulait rentrer et qu'il lui passerait ses cours plus tard parce que « Yoongi-hyung, tu as l'air épuisé, tu es sûr que tout va bien ? », mais rien n'arrivait à expliquer l'espèce de distance que Yoongi semblait avoir avec le monde extérieur. Geumjae avait essayé de le distraire un peu, il avait ramené son plat préféré du petit restaurant italien en plein cœur de Gangnam pour fêter la fin de ses partiels et le début de ses petites vacances, mais Yoongi semblait ailleurs. En partant, son aîné l'avait serré contre lui, lui promettant de venir le voir le lendemain pour s'assurer que ça irait mieux, et Yoongi avait sourit légèrement, lui souhaitant une bonne nuit et de faire attention sur la route avant de se laisser tomber sur son lit, le chaton bicolore venant rapidement trouver sa place contre sa hanche.

Alors que ses doigts caressaient distraitement le pelage épais et doux du chat, Yoongi s'était mis à penser à Jungkook et Hoseok. Depuis son réveil, il pensait souvent à Jimin, même si, il devait l'avouer, ça ne lui était pas arrivé depuis près d'un mois, après s'être réveillé en larmes lorsqu'il n'avait pas vu le corps de son amant à ses côtés dans ses draps. Il avait pensé à Jimin, souvent même, mais jamais à ses amis, du moins jusqu'à maintenant. Et cette pensée l'avait dérangé pendant de longues minutes. Il n'avait jamais vraiment osé faire des recherches sur Jimin, le fait de pouvoir découvrir que le garçon n'avait jamais existé et qu'il n'avait donc plus aucune chance de le revoir le terrifiait réellement, mais ce soir-là, les souvenirs de Jungkook et Hoseok l'avaient poussé à attraper son ordinateur portable et faire ce qu'il redoutait plus que tout.

Il avait passé de longues minutes à faire ses recherches, ne trouvant pas ce qu'il voulait au début, mais lorsqu'au bout d'une demi-heure, il parvint à trouver un article d'un journal parlant de l'accident du jeune joueur de hockey sur glace Jeon Jungkook lors d'un match final pour les nationales. Il avait appris que le garçon était violemment tombé sur la nuque, son crâne tapant contre le rebord en métal de la patinoire lorsqu'un de ses adversaires l'avait percuté. Le garçon a rapidement été pris en charge par les secours, mais malgré tous les soins qui lui furent prodigué et mis en coma artificiel pendant sept mois, il fut déclaré en état de mort cérébrale après un arrêt respiratoire le dix-sept août deux mille dix-neuf à vingt heures zéro quatre, seulement quelques heures avant le réveil de Yoongi. Le brun déglutit difficilement en voyant la photo de Jungkook accompagnant l'article, le garçon était à peine âgé de vingt ans seulement, son sourire éclatant et ses yeux pétillants, ce même regard qu'il avait côtoyé dans ce monde parallèle, cette singularité technologique qui leur était propre.


Yoongi mit un certain temps avant d'oser taper le nom d'Hoseok, s'attendant au pire après ce qu'il venait d'apprendre, mais un étrange soulagement le prit en tombant sur ce qui semblait être le compte instagram du roux : ce dernier était toujours actif.


Il s'empressa de cliquer sur le dernier post, lisant rapidement la description, s'attardant sur la photo où il pouvait le voir sourire, se tenant debout à côté d'une jeune femme lui ressemblant comme deux gouttes d'eau. Il parcourut le compte d'Hoseok, apprenant par le biais des commentaires et des descriptions qu'il s'était bien remis d'un accident de moto qui avait failli lui coûter la vie et sa jambe gauche. Il avait rapidement trouvé l'article relayant cet accident, comment les secours avaient réussi à sauver le motard qui avait été percuté par un poids lourd en pleine nuit sur le périphérique de Séoul, comment la moto avait écrasé la jambe du jeune homme entre le terre-plein et le guidon de la moto, sectionnant une grande partie du muscle. Le garçon avait été rapidement admis à l'hôpital, plongé dans un coma artificiel à cause d'un lourd traumatisme crânien pendant près de huit mois. Il en était sorti le quatre juillet, sa famille à son chevet et avait comme seule séquelle de ce traumatisme une large cicatrice sur sa cuisse et une mobilité quelque peu réduite, mais le garçon allait bien.

Même s'il était heureux pour Hoseok, il ne pouvait s'empêcher de penser à Jungkook, à sa mort, et il ne voulait pas prendre le risque d'apprendre que les autres avaient succombé à un quelconque drame, mais alors qu'il allait quitter la page internet concernant Hoseok, un titre attira son attention : « Un étudiant retrouvé noyé dans une baignoire pendant une soirée, plongé dans le coma, son agresseur reste introuvable. »


Il avait hésité longtemps avant de cliquer, une curiosité malsaine le prenant, et une douleur vive le parcourut lorsqu'il vit une photo de l'étudiant en personne, un souvenir d'un de ses cauchemars lui revenant soudainement. Il parcourut l'article racontant comment Park Jimin avait été retrouvé sans vie dans une baignoire par un de ses camarades pendant une soirée étudiante, apprenant que le coupable était toujours en liberté, que malgré l'enquête personne ne savait qui avait commis ce crime. En continuant sa lecture rapide, il tomba dans la section commentaire de l'article et était tombé sur l'instagma du garçon. Il avait nerveusement cliqué sur le lien, ne découvrant qu'un profil privé, la photo de profil trop sombre pour déterminer qui était dessus.

Yoongi avait rapidement quitté internet, refermant son ordinateur dans la foulée avant de le poser par terre. Il y avait une chance qu'il existait, que Jimin soit réel. Il venait de le voir, mais il ne voulait pas savoir ; il ne voulait pas perdre espoir ou bien avoir de faux espoirs. Il ne voulait tout simplement pas savoir. C'est alors le cœur lourd qu'il se glissa dans ses couvertures, Deiji collé contre lui, ronronnant doucement. Ce soir là, il eut beaucoup de mal à trouver le sommeil, et il rêva une dernière fois du sourire de Jungkook.



Cela faisait douze mois, un an que Yoongi était sorti de la simulation, qu'il était de nouveau lui-même, dans son monde.



En un an, il avait plus ou moins bien réussi à se réintégrer à sa vie normale, à retrouver un semblant de simplicité qui lui avait étrangement manqué. Il avait fini par ne plus penser à la simulation, aux autres, depuis ses découvertes, avait simplement vu au journal télévisé, un soir alors que Geumjae était avec lui, que Kim Namjoon, l'employé d'un petit commerce qui avait été tabassé à mort en février étaient sorti au bout de dix mois et demi du coma dans lequel il avait été plongé. Son frère avait été surpris, avait parlé, mais Yoongi ne l'écoutait plus, trop concentré sur le visage du garçon passant à la télé.


« Je le connais, avait-il simplement dit, on était dans le même projet. »


Geumjae n'avait pas posé de question, il avait simplement hoché la tête avant de changer de sujet. Et après ça, Yoongi avait oublié.

Sa vie tournait autour de cette routine qu'il s'était lentement créée, le rassurant inconsciemment, lui montrant que tout allait bien dans son monde. Il avait terminé ses séances chez le kiné vers le dixième mois, ces dernières avaient été de plus en plus espacées, ne devenant que des rendez-vous de contrôle pour s'assurer que tout allait bien physiquement parlant. Il était même parvenu à être majeur de sa promo, récoltant les félicitations de son petit groupe d'amis ainsi que de sa famille qui lui avait fait la surprise de venir passer un week-end à Séoul, l'invitant dans un prestigieux restaurant italien pour l'occasion.

Tout allait bien pour Yoongi, sa vie avait enfin un goût de normalité qu'il n'avait pas souvenir d'avoir connu un jour, et il s'y plaisait. Mais ce soir-là, en sortant des cours, il n'avait qu'une envie : rentrer chez lui retrouver son chat.


Les rues étaient bondées comme à leur habitude en heure de pointe, et il essayait tant bien que mal de se frayer un chemin entre les corps, voulant quitter la rue le plus rapidement possible. Un groupe de lycéen passa à côté de lui, le bousculant violemment, manquant de le faire tomber. L'un d'eux s'était empressé de le rattraper, son regard désolé lorsqu'il attrapa son bras.


« Je suis vraiment désolé !

Ce n'est rien, sourit Yoongi en attrapant son sac au sol, ça arrive. »


Le garçon s'était excusé, se penchant quelque peu en avant, continuant de déblatérer des excuses diverses lorsque Yoongi sourit, relevant son regard qu'il vint planter dans la foule. Et tout s'arrêta autour de lui.

À l'autre bout de la rue, se tenait ce garçon, ses cheveux blonds, un peu longs, lui retombaient sur le visage, mais ne cachait pas son regard chocolat qui semblait surpris, plongé dans celui de Yoongi. Le garçon avait doucement levé une main tremblante qu'il secouait légèrement, un sourire timide prenant place sur ses lèvres plaines que Yoongi, figé sur place, connaissait par cœur. Il n'entendait pas le lycéen ainsi que les bruits de la ville autour de lui, il n'entendait plus son cœur battre la chamade, le bruit de sa déglutition difficile. Il n'arrivait plus à faire attention à ce qui l'entourait alors que, devant lui, à une vingtaine de mètres tout au plus, se tenait la personne à laquelle il s'était interdit de penser pendant un an, son sourire éclatant faisant pétiller son regard chocolat qui lui avait tant manqué pendant ses douze mois, tous les sentiments qu'il avait à son égard qu'il avait dû tenter d'oublier et de chasser de peur de les voir anéantis, disparaître. Il était là, devant lui, à seulement quelques mètres. Enfin.


Jimin.


« Hyung. »



_______
merci ♡

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