Chapitre 48
[L'après-midi, 17h]
-Youmi
Le calme dans mes oreilles, le silence dans ma bouche, l'aveuglement dans mes yeux, l'absence de mes pensées... J'ignore pendant combien de temps je suis dans cette cellule, allongé sur le banc en métal, regardant le plafond dégueulasse et poussiéreux ayant accumulé les années.
-{"il y a quelqu'un que tu as blessé émotionnellement et physiquement"}
Ses mots résonnent en écho trois fois dans ma tête, sans même passer par mes oreilles.
-J'en suis conscient, chef... Utiliser l'excuse des émotions serait vraies, mais cela ne me correspond pas... Je dois assumer avoir laissé parler mes émotions, je dois tout assumer.
A cet instant, j'ai réalisé que j'étais en train de parler dans le vide, mais ça m'était totalement égal. Les responsables d'escouades doivent être en plein entraînement, donc je ne risque pas de croiser qui que ce soit...
Je peux entendre la porte d'entrée s'ouvrir, grâce à la sécurité électrique, mais je n'ai clairement pas envie de m'attarder sur la personne qui est entrée. En écoutant les pas de la personne qui arrive, je tourne la tête pour regarder qui c'est : Auréa.
-Vous finissez les entraînements assez tôt
Cela m'était totalement égal qu'elle soit là, n'importe qui peut se présenter à moi je m'en ficherai. Auréa marche vers moi, allant droit vers les barreaux, sans ralentir. Ce qui arrive m'étonne rapidement : Son corps traverse les barreaux, comme s'ils étaient inexistants, ou dépourvus de matières.
Aucun de nous deux ne prononce le moindre mot, les yeux de la jeune femme étaient différents... Ils n'étaient plus de couleur rouge, mais ils étaient d'un bleu spatial.
-Tu n'es pas la vraie Auréa, n'est-ce pas ?
Elle hoche la tête, son corps s'entoure d'une lumière bleue, modifiant peu à peu son apparence corporelle... Des plumes d'un bleu transparent, d'autres galactiques, où dépourvues de couleurs. Les cheveux écarlates de la jeune femme se raccourcissent pour devenir une chevelure brune masculine, une tenue inconnue de notre monde teinté de nuances de bleu : le Messager
-Lucie
Le Corbeau funèbre, en compagnie de Fune, fait face aux membres de son groupe, qui sont en combat depuis déjà plusieurs minutes, tous armés d'une épée. Il y a qu'une seule règle : Désarmer complètement les autres, par tous les moyens.
Lucie fait face à une elfe sylvaine qui lui assène une attaque verticale bas-haut. La capitaine arrive à bloquer le coup, mais son adversaire enchaîne sur une attaque horizontale, qui déstabilise l'humaine, qui voit en ce mouvement celui de Youmi la giflant...
Le coup atteint son terme, Lucie est envoyée sur le côté, son arme lâchée, ricochant et tombant sur le côté. La jeune femme lâche un cri de douleur, alors que Fune rejoint son invocatrice, s'ensuit les autres soldats arrêtant pour voir l'état de la meneuse.
L'elfe sylvaine aide Lucie à se remettre debout, Lucie mettant sa main au niveau de sa tête.
-Désolé, capitaine, j'ai trop forcé.
-Ce n'est rien, Chloé. Tu as même bien fait, car je n'étais pas pleinement concentrée.
En relevant ses yeux gris, elle remarque que les autres soldats sont inquiets pour elle. Oliver, un humain qui fait partie de l'escouade de Lucie, s'avance vers elle.
-Corbeau funèbre, je m'excuse de me mêler de cela, mais vous semblez préoccupé par quelque chose. Est-ce en lien avec le Tigre du jugement ?
Un autre homme, un homme-loup, frappe l'épaule de Oliver, rétorquant :
-Idiot, ne parle pas de cela ! Pas devant tout le monde !
-Du calme, vous deux. renchérit Lucie.
Elle se libère de l'aide de Chloé pour regarder ses compagnons, Fune venant se placer derrière elle.
-Il est vrai que j'ai encore des souvenirs de ce matin, je ne peux pas le cacher. Cependant, cette situation est un prétexte pour vous donner ce conseil : Sur le champ de bataille, une seule seconde d'hésitation peut vous coûter la vie, alors ne commettez pas mon erreur.
Tous les membres acquiescent en effectuant le signe de la rébellion. Lucie lance un regard vers sa montre de poche, visiblement c'était la fin, elle utilise son autorité sur ses compagnons :
-Bien, l'entraînement est terminé. Reposez-vous et reprenez vos forces, car demain sera bien plus dur.
Les soldats remercient leur chef et rangent leurs armes dans un coin aménagé pour, qui est présent dans chaque terrain d'entraînement. Lucie pose ses yeux sur ses bracelets, surtout celui que son ami lui a rendu, provoquant un pincement dans son cœur.
-Capitaine ?
La jeune femme relève la tête, Chloé la regardant, inquiète. La capitaine se secoue la tête pour reprendre sa concentration et donner son attention à son interlocutrice.
-Oui, Chloé ?
Chloé amène ses bras devant elle, les posant l'un contre l'autre, comme si elle portait quelque chose d'invisible.
-Je m'excuse d'employer ce sujet, mais je connais cette douleur d'avoir son cœur et son enfance brisée par un ami que l'on connaît dès notre plus jeune âge... Si je peux vous donner un conseil, c'est de vous rappeler tout ce qui s'est passé entre vous et votre ami, afin de déterminer s'il serait capable de faire ce qu'il s'est passé ce matin... Peut-être qu'il regrette aujourd'hui, et qu'il veut tourner la page, mais là cela dépendra de vous.
Les mots de Chloé était hésitants, mais relativement profond pour Lucie, la soldat terminera sur un :
-La douleur la plus cruelle que l'on peut infliger à quelqu'un, est celle qu'il nous a infligée... Réfléchissez bien, Dame Lucie.
Lucie remercie Chloé d'un sourire, puis la soldate s'en va, qui était la seule encore présente sur le terrain avec la capitaine, les autres étaient partis.
-{... Elle a raison...}
Fune se dissipe dans les particules de l'air, Lucie quitte le terrain d'entraînement pour se rendre à la prison, mais une main s'agrippe à son épaule, une main gantée de métal. D'un mouvement de tête, elle voit Lyoco.
-Tout s'est bien passé, Corbeau ?
-Oui Griffon, je comptais aller voir le Tigre.
Le regard du chef se fait bien plus fermé, tandis qu'il lâche l'épaule de la jeune femme.
-J'ai dit au garde que seuls moi et Auréa pouvons aller le voir... Mais à vrai dire, je comptais également lui rendre visite. Si vous voulez le voir, il faudra que nous y allions tous les deux.
Lucie affiche un sourire, cette contrainte ne lui déplaisait pas... Quelque chose en elle lui dit que c'est même mieux.
-Allons-y, dans ce cas.
Tous les deux, ils se dirigent vers la prison de la rébellion.
-Messager
Le détenu s'était de nouveau allongé sur son banc, ignorant depuis déjà quelques minutes l'ailé. Ce dernier se rabat dans sa tenue et passe à travers les barreaux, comme il l'a fait au début, reprenant l'apparence d'Auréa.
-Bien, maintenant tu sais ce que tu dois savoir.
-Tu es le genre de type que je ne pourrais pas supporter, même en peinture. enchaîne Youmi
L'ailé ignore les mots, puis se rend vers la sortie, marchant d'un pas rapide. Une fois devant la porte, il se souvient du garde qu'il avait trompé, il ne reste plus qu'une chose à faire. Notre homme, sous sa peau de femme, ouvre la porte et en ressort, sous le regard du garde, surpris... Mais un mouvement de tête, et le Messager remarque deux autres personnes : Lucie et Lyoco, surpris.
-Auréa ? demande Lyoco.
-Suspension temporelle.
Les 4 ailes du Messager se déploient, avec dans la même seconde un bain de lumière qui fige le temps sur tout le continent d'Ascana. Notre manipulateur revêtit sa tenue bleue et son apparence masculine, avançant vers Lyoco et Lucie d'un regard jugeur.
-{Finalement, ça en fera trois...}
Il plaque une de ses mains sur le visage de Lyoco, l'autre sur celui de Lucie, et manipule leur mémoire pour leur faire effacer ces dernières secondes où ils ont vu "Auréa" sortir de cette porte.
Après seulement deux secondes, le Messager porte son attention sur le garde, qui subit le même traitement, en plus fort : Il perd tous les souvenirs de "Auréa" étant venu voir le détenu, en clair, pour lui personne ne sera venu.
Une fois cela fait, notre ange passe à côté de Lyoco, lançant un dernier regard à ce dernier.
-{Le second type qui était avec la Chroniqueuse...}
Une fois derrière l'homme, le Messager effectue un coup de poing en direction de l'arrière de la tête du chef, mais s'arrête pile avant. Le souffle du coup étant représenté, même dans le temps arrêté.
-Ça suffira
L'ailé s'entoure de sa magie, puis disparaît en faisant revenir le temps à la normale.
-Lucie
Un vide se crée dans sa tête, comme si quelque chose était sorti de sa mémoire, laissant comme un trou béant au milieu d'un mur. Un vif choc attire l'attention de Lucie, car Lyoco tombe vers l'avant, mais la jeune fille arrive à le rattraper, le garde venant à eux.
-Vous allez bien, chef ? demande le garde.
-Oui... Oui oui ! J'ai juste senti comme un choc, mais tout va bien.
Lyoco se remet facilement debout, il demande au garde d'ouvrir la porte, ce qu'il fait. Le chef de la rébellion et le Corbeau passent devant les différentes cellules, afin d'atteindre la toute dernière cellule : Celle du Tigre, qui est insouciant en voyant Lyoco... Jusqu'à ce qu'au croisement de son regard avec Lucie, une étincelle d'étonnement s'allume dans ses yeux, mais assez faible. Notre homme se met en position assis sur le bord de son banc, le regard dépourvu d'émotions, regardant les deux invités.
-Vous ?
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