Dans n'importe lequel de mes rêves, jamais ses mots ne m'étaient adressés, et encore moins de la voix douce de Lucie. Cependant, je ne sais pas ce que je ressens pour elle, c'est de l'amitié ou de l'amour... Non, je sais, que ce soit Lucie ou Yvel, je les voyais comme des amis proches, en qui je pourrai avoir confiance, mais la mort de l'épéiste oubliée me fait encore mal au cœur.

Dois-je vraiment avouer à Lucie, que mes sentiments pour elle sont seulement amicaux ? Elle sera bien plus blessée si je lui mens que si je suis honnête, mais pour m'avouer ses sentiments maintenant... J'ignore totalement quoi faire, je suis bloqué, dans une étreinte où on est tous les deux collés l'un à l'autre, sans un mot.

-{...}

On finit par se décoller, un silence gênant autour de nous, nos mains encore jointes. Dans son regard, je devine qu'elle attend quelque chose de ma part... Je ne peux pas lui mentir, pas maintenant, ni jamais...

Lucie interprète mon silence sans rien dire, et me libère les mains, abordant un léger sourire triste.

-Tu n'oses pas avouer la vérité sur tes sentiments ?

-...

Elle marche lentement vers la porte de la salle, comme si elle attendait que je réponde à sa question, mais mes lèvres restent collées, et en moi un conflit interne entre mentir ou être honnête fait rage. Lucie ouvre la porte et me lance un dernier regard.

-A demain, Youmi. en souriant

Elle ferme la porte, laissant résonner le claquement de cette dernière dans la salle où je suis... Je ferme mon poing tremblant de colère à mon égard pour l'aplatir contre la table.

-[pegi 18] !

Ma colère intérieure reste animée, ma main arrête de trembler, mon regard se vide progressivement. La vérité est que j'ai mis fin à mes émotions sur l'amour, pour une seule raison : Si je tombe amoureux de quelqu'un, j'ai peur que cette émotion nous détruise à petit feu. C'est aussi simple que ça.

[Le lendemain, 15h, dans l'Empire]

-Lorian

Depuis ce matin, notre homme passe son temps à réfléchir, que ce soit sur ses ennemis, ou sur ce que réserve l'avenir. Le projet des Salles Illuminées est presque clôturée, les soldats effectuent leurs routines journalières, l'Empereur est dans sa salle du trône, probablement avec Madja. Quant aux autres Pléiades, Lorian ignore où ils sont.

Posé sur un balcon personnel réservé aux Pléiades, il regarde l'Empire depuis sa vue, se remémorant tout ce qui s'est passé depuis le temps... Cependant, parmi ses souvenirs, se cachent plusieurs questions : Quelles étaient les intentions de Yvel ? Que compte faire l'Empereur pour terminer cette guerre ? Pourquoi les rebelles continuent-ils cette lutte ?

Lorian guide ses deux mains vers l'arrière de sa tête, pour se donner un air décontracté, alors que le soleil tape sur sa peau.

-Yo, chef !

Le chef tourne sa tête vers la source de la voix : Ano, dont tout le corps est retourné, au sens littéraire, sa tête vers le bas, ses pieds en haut, comme accroché en bas d'une plateforme invisible.

-Tiens, Ano, qu'est-ce qui t'amène ?

-L'ennui. Y a pas un rebelle dans un rayon de 20 km au niveau de l'Empire, les soldats impériaux s'entraînent comme des débutants, Sa Majesté est enfermée dans le Palais en annulant les rendez-vous, Dame Madja est introuvable...

La fin de la réponse de l'ange laisse le chef dans l'incompréhension.

-Dame Madja introuvable ? Ce n'est pas dans ses habitudes.

-Pourtant, si, j'ai bien tenté d'avoir une audience avec elle, mais on m'a mis tellement de stop dans la figure que je peux en dessiner le panneau.

-Je me pose aussi des questions, nous entrons dans un moment relativement étrange, quelque chose qui nous dépasse...

Lorian ramène ses yeux vers l'Empire qu'il peut apercevoir depuis son balcon personnel, il demande à l'ange encore présent :

-Où sont Kassie et Lambda ?

-La vautour se fait encore soigner suite à l'attaque du tigre, Lambda est chez elle et refuse toute visite.

Le chef laisse exprimer sa surprise en tournant encore une fois la tête vers l'ange, concernant Kassie... Mais quand on repense aux attaques qu'elle a subi, cela reste logique.

-Elle sera sur pied dans combien de temps ?

-En épargnant les détails scientifiques... Demain.

-Et toi ?

L'interrogation de Lorian laisse Ano surpris, lui donnant toute son attention.

-Comment ça ?

-Tu t'es suffisamment rétabli de l'attaque ?

-Physiquement, oui, mais je n'arrive pas à intégrer dans mon esprit le fait que je me sois fait éclater par un humain ayant passé un contrat magique.

-Tu t'y feras.

Ano se remet totalement droit, atterrissant derrière Lorian, ses ailes se plient.

-Lorian, je veux que tu me répondes honnêtement.

-Je t'écoute.

-Est-ce que nous avons la moindre chance de gagner cette guerre ?

A cette question, Lorian s'y était préparé, car il se l'était lui-même posé pendant son temps libre, mais à chaque fois il en venait à une conclusion différente. Entendre cette question de la bouche de l'ange n'échappe pas à cette confusion, ce qui empêche le chef des Pléiades d'y répondre sur l'instant... Mais, très clairement, c'est la dernière chose dont il a envie de s'occuper. Sur un ton neutre et sans réflexion, il répond :

-Je n'en ai pas la moindre idée.