Mon monde autour de moi s'écroule, rien qu'à la vue de mon amie d'enfance, que je venais de blesser, à la fois volontairement mais aussi involontairement, car je ne pouvais pas la distinguer. Mes jambes perdent leurs forces, mon mental se détruit, je chute en arrière vers le sol, atterrissant lourdement et perdu, me répétant "non non non" dans mon esprit.

-Docteur, prévenez les 4 Bêtes que le Tigre est réveillé, mais qui ne pourra pas reprendre ses services avant demain. ordonne Lucie en me gardant dans sa vue, alors qu'elle s'adresse au docteur

-Dame Lucie, vous devez soigner votre blessure !

-J'irai à l'hôpital après, tu peux te retirer.

-Mais...

Lucie lance un regard au docteur, lui faisant comprendre de ne pas la forcer à se répéter. Le docteur se retire en nous saluant tous les deux, mais je reste statique au sol, remettant mes décisions en questions, alors que mon mental tombe en morceaux minute après minute.

Lucie avance vers moi, sans une once d'hésitation, ses mains libérées, son regard croisant le mien, je peux voir dans ses yeux une once de compassion et d'inquiétude mélangée. Elle plie ses genoux et me présente sa main gauche.

-Prends ma main, Youmi.

Je reste sous l'hésitation, car je peux très bien re-sombrer dans la folie et me mettre à la frapper, et me connaissant, jamais je ne pourrai me le pardonner. Malgré mes doutes, je donne la priorité à ma confiance envers mon amie d'enfance, je saisis sa main et elle me relève, mais mes jambes ne me répondent pas, Lucie me maintient pour ne pas me faire tomber. Mes yeux me montrent que la pièce où je suis, est ma chambre personnelle.

Grâce à mon amie, j'arrive jusqu'à mon lit, elle m'aide à m'y asseoir, puis s'installe à côté de moi, me souriant comme elle à l'habitude de le faire.

-Désolé... dis-je à son attention.

-Ne t'en fais pas, ce n'est rien. Un passage à l'hôpital transformera cette blessure en un simple souvenir, contente-toi de te reposer.

Sans répliquer, je regarde ma main droite avec laquelle je l'ai frappé, et l'image incessante de mon coup la frappant me procure un frisson dans tout mon corps. Lucie pose sa main sur la mienne, me donnant son attention, ses yeux gris fixant mes yeux vairons.

-Je te connais comme tu me connais, jamais je penserai que tu lèveras ton poing sur moi, avec ta propre volonté.

-...

Elle me dépose un bisou sur la joue, et m'adresse un dernier sourire avant d'aller vers la porte de ma chambre. Cependant, mes mitaines m'indiquent quelque chose : Son niveau est passé de 4 400 à 6 200, ce qui est presque du même niveau que moi.

Un dernier croisement de regard, et elle ferme la porte de ma chambre, me laissant seul dans cette pièce. Je lève les yeux vers le plafond et me laisse tomber, ma veste entre mon dos et le matelas... Mais je ressens quelque chose de bizarre, au niveau de la poche intérieure de ma veste, je me redresse pour sortir ce qu'il y a dedans, et c'est une lettre pliée.

-{... ?}

Je déplie la lettre, qui semble assez courte, et commence à lire.

"Alors, dur réveil :) ?"

"Tu dois être perdu entre ce que tu sais et ce que tu vois maintenant, mais comme je te l'ai dit, tu ne dois pas te poser de questions. Garde juste ça en tête : Ils t'ont retrouvé inconscient dans la caverne menant à la base. Ne parle pas de ta visite dans la base vide, sinon ta tête va véritablement exploser."

"Pour ta question sur Lambda... Tu es certain qu'elle a dit ses mots ? Pour moi c'est bel et bien l'Empereur qui a imposé son lavage de cerveau, et personne d'autres. Au fait, apparemment il aurait atteint un stade de demi-dieu, je n'arrive pas à comprendre pourquoi."

"Allez, bon rétablissement :). Faith"

-...

Pour moi, ses mots ne sont rien, aucune émotion ne m'a traversé pendant cette lecture... J'ignore ce qu'elle a vraiment fait, mais je refuse de le savoir, ou même de théoriser, cela m'est totalement égal... La seule chose qui peut me rétablir, ici, et maintenant, c'est la fin de cette guerre qui dure depuis 10 ans.

En relevant les yeux, j'aperçois mon épée dans son fourreau, accrochée à un râtelier d'armes. Ils sont vraiment allés dans l'extrême sud, dans l'espoir de me retrouver ?

-{J'en ai ma claque de réfléchir.}

-Lorian

[18h10, dans l'Empire]

Sous la lumière du soleil couchant se reflétant dans les vitres derrière le trône de l'Empereur, Lorian s'avance dans la salle du trône, avec sur le trône Kartis, sa tête reposant contre son poing.

-Je ne dois pas accorder d'audience à cette heure-ci, seuls les Pléiades et Madja le peuvent, tu profites de ton statut, Lorian. déclare l'Empereur, en voyant le chef des Pléiades s'avancer.

-Je m'excuse, Votre Altesse. Je viens vous faire part de l'avancée du projet des Salles Illuminées.

-Je t'écoute.

-On avait le choix de soit bâtir les salles les unes à la suite des autres, avec un couloir les reliant, soit d'en faire des étages empilés. Avec les Pléiades, nous avons pu trancher sur la première option, qui selon nous est la plus efficace pour la guerre à venir.

-Merci. Tu peux te libérer.

-Empereur

L'homme, assis sur son trône, regarde Lorian partir, fermant la porte de la salle du trône. Kartis, qui retire sa tête de son poing, se lève de son trône dans un bruit métallique de ses gants. Il se déplace lentement, avec ses bottes en métal, pour descendre les marches devant lui et partir dans une autre salle, sans un seul mot et sans pensées.

-{Il est trop tard pour purifier leurs âmes par la paix, les armes et le sang sont désormais inévitables, tel est le choix qu'ils ont fait.}