[Le lendemain, 10h15]

-Youmi

En sortant de ma chambre pour prendre l'air, j'ai pu remarquer que Lucie, Auréa, ainsi que les lieutenants n'étaient pas présents dans le bâtiment de réunion. Les mots prononcés par ma cheffe hier résonnent encore dans ma tête, même au réveil.

Arrivée au rez-de-chaussée, je salue le personnel de l'accueil et sort du bâtiment. Je me retrouve d'un coup aveuglé par la lumière artificielle du dôme de notre base, vu que rappelons-le, est situé dans une montagne. La technologie des elfes de chez nous permet de créer une fausse journée et une fausse nuit, se basant sur les vrais horaires et alimentés continuellement.

-{En vérité, je peux très bien m'en aller de la base sans que personne ne le sache... Mais si Auréa l'apprend, c'est mon titre lui-même que je risque de perdre.}

Mes mains dans mon dos, je commence à marcher entre les bâtiments de notre base. Des laboratoires elfiques aux hôpitaux, en passant par des centres d'entraînements à l'air libre ou entre 4 murs et un toit.

Des mots résonnent en moi, de Auréa, mais ce n'était pas l'ordre de rester là... C'est par rapport à Yvel, quelles sont ses véritables intentions ?

-Attention, capitaine !

Cet avertissement stoppe mon pas qui n'était qu'à quelques millisecondes de ce conclure, laissant un espace entre ma semelle et le sol. Quelque chose fend l'air en ma direction, un objet fin et rapide, à en juger par les frémissements du vent que je peux entendre grâce à mon ouïe. D'un jet de regard sur le côté de la voix, une flèche en bois d'entraînement fuse vers moi, je penche la tête vers l'arrière, afin de laisser le projectile passer. Cela dit, l'empennage au bout opposé à la pointe érafle ma joue droite, alors que ma main gauche arrête la flèche une fois à portée. Le vent produit par cette flèche suivit, en effet de vibration des mèches de cheveux devant moi.

Alors que j'amène mon autre main vers l'entaille à ma joue, je regarde la flèche que j'ai attrapée, puis donne mon attention aux deux soldats archers courant vers moi, à un rythme de panique et de stress. Le plus jeune des deux archers se met à genoux en ma direction, sa main gauche sur son cœur

-Veuillez m'excuser, je ne m'attendais pas à vous voir ici.

Je tends la flèche à l'archer, qui la récupère tout en restant à genoux, je lui fais signe de se relever.

-Ce n'est rien, petit. Les erreurs font partie de la progression.

Les deux archers me saluent et retournent à leur zone de tir... Je n'arrive pas à digérer le fait que la moyenne d'âge chez nous soit de 18 ans, c'est-à-dire le nombre de personnes n'ayant pas atteint la majorité. Mais tous ceux présents sont des "Orphelins lumineux", où plutôt que leurs parents ont été manipulés par l'Empire.

Je ne cache pas mon soupir et reprend ma patrouille au sein, le travail d'un capitaine est avant tout de se tenir informer, et j'ai passé trop de temps à l'extérieur de la base. J'aurai dû demander à l'accueil du bâtiment de réunion où sont partis Lucie et Auréa, j'ai été bête sur ce coup-là.

-{Samael... L'empereur... Lucie... Auréa... Yvel... Kassie... Lambda... Faith... Mona... James...}

Toutes ces personnes que j'ai rencontrées depuis mon réveil, et de nombreuses questions sont encore en attente dans mon esprit... Cependant, je fus pris d'une violente migraine, me provoquant le réflexe de mettre mes gants sur les côtés de ma tête, j'ai la sensation d'entendre un bruit infernal tout autour de moi, mais également dans mon propre corps.

La douleur est telle qu'il m'est impossible de bien me déplacer, je perds l'équilibre et me cogne contre un mur en pierre délimitant la zone d'un bâtiment, je m'adosse contre ce dernier tout en retenant de crier de douleur.

-Capitaine ! Vite, va prévenir l'hôpital à côté !

Ces mots... Ils sont réels ? Ou c'est mon imagination qui profite de ma situation pour me jouer des tours ? Je n'ai pas le temps de regarder d'où peut provenir la voix, car ma vue devient subitement floue jusqu'à se teindre de noir... Comme mes pensées qui s'éteignent.

-Yvel

[Dans l'empire, au même moment]

-Lâchez-moi, dernier avertissement ! Je suis membre des Pléiades ! ordonne l'épéiste

-Nous avons reçu l'ordre du Chef des Pléiades de vous emmener de gré ou de force. Répond l'un des deux gardes en train de guider Yvel menottée.

Elle le remarque que maintenant, mais la voilà dans la salle du trône, les gardes prennent l'initiative de lui faire poser les deux genoux au sol, de force. La jeune femme grogne à l'attention des deux gardes, leur lançant un regard noir.

-Qu'est-ce que ça veut dire ?

-Vous le savez, Dame Yvel. d'une autre voix féminine

Yvel se tourne vers la voix, elle lui était si familière que la surprise gagne ses pupilles... Madja, la mage suprême de l'empire et la plus fidèle de l'empereur, marche en se déhanchant vers la jeune fille.

-Entre la libération du prisonnier aux forces ennemies, la guérison de ce même prisonnier, vous venez de commettre deux péchés contre l'Empire. Ces actes sont indignes des Pléiades.

-Je n'ai jamais officiellement fait partie des Pléiades, les autres ont été choisis par l'Empereur, moi je suis venu de mon propre libre-arbitre.

La mage amène sa main gantée vers le menton de Yvel pour lui faire relever la tête. Madja aborde un sourire sadique.

-C'est téméraire de rester toi-même dans une situation pareille.

-Madja Alteon.

Une seule personne, dans ce monde, peut appeler la mage suprême par son nom de famille, et c'est en se retournant que Madja comprend : L'empereur est arrivé, et avance d'une humeur énervée vers Yvel. La mage se décale pour laisser l'empereur s'avancer vers la traîtresse.

-Yvel Frozen, assumez-vous les actes que vous avez commis ?

-Je les assume complètement, Votre Altesse.

Le visage de l'empereur exprime clairement son mécontentement. Sa main droite recouverte d'un gantelet en métal est tendue vers Madja, la mage dépose dans la main de Kartis une bille blanche. L'homme avance sa main vers Yvel.

-Désolé, Yvel Frozen. J'ai fermé les yeux sur votre premier crime, mais vous avez rompu ma confiance. Les deux gardes font lever Yvel de force et lui maintiennent la tête face à l'Empereur. Je n'ai aucun plaisir à utiliser ce pouvoir, j'espère que vous me pardonnerez.

La main de l'Empereur recouvre tout le visage de Yvel, puis c'est tout le corps de la jeune fille qui scintille de blanc pendant quelques secondes paraissant durer une éternité. La lueur s'affaiblit lentement, au même rythme que l'Empereur décolle sa main de la jeune fille.

La lumière disparaît, la tête d'Yvel est abaissée, ses yeux sont fermés. L'Empereur demande aux gardes de libérer les mains de l'épéiste, ce qu'ils font. Yvel lève la tête vers Sa Majesté, et plus ses paupières s'ouvrent, plus on pouvait remarquer que les iris bleus magnifique de la guerrière, ne montraient plus que le blanc traître des fidèles de l'Empire.

-Yvel Frozen, les Pléiades ne tarderont pas à être au courant. Je vous exclue temporairement de la division des Pléiades, pour un délai d'un mois. Durant ce temps, vous serez sous mes ordres directs. Je vais vous confier une première mission, êtes-vous prête ?

-Oui, Majesté.

Yvel pose un genou au sol et baisse la tête, ses bras croisés devant sa poitrine.

-Dès cet après-midi, vous prendrez la route en direction de Bitterhold, et irez transmettre un message au geôlier en chef...

-Youmi

[Chez les Enfants Sombres, 13h]

Les médecins m'avaient accroché des fils d'une machine au bras, ainsi qu'un appareil qui fait tout le tour de ma tête en passant par le front. L'une des médecins, dont je reconnais celle qui s'est occupée de Auréa il y a peu.

-Vous avez eu un surmenage mental en étant en plein dans vos pensées, votre corps n'a pas pu suivre. Les symptômes vont encore durer quelques minutes, mais ils disparaîtront avant l'après-midi. D'ici là, évitez de trop réfléchir.

Au départ, je trouvais ça bizarre que malgré mon titre de capitaine, les médecins arrivaient à garder leur sérieux en présence d'un haut placé. Mais la vérité est qu'ici tout le monde est sur le même piédestal sans prendre en compte le titre, mais le respect est tout de même de mise.

-Merci, madame.

Un autre médecin éteint et commence à retirer l'appareil au-dessus de ma tête, étape par étape, je reste immobile pour ne pas le perturber. Dans cette chambre, en plus de moi et des deux médecins, se trouve la personne qui a prévenu l'hôpital... Moi qui ne m'attendait pas à le voir dans la base, c'est nul autre que James, qui était parti ce matin sans que je le sache.

Le même médecin finit de retirer les câbles à mon bras et me met des pansements pour cacher les trous provoqués par les fils, je sors de ma chambre suivi de James.

-Merci d'avoir été là, lieutenant.

-Vous pouvez remercier les dieux, si j'ai pu être au bon endroit au bon moment, capitaine.

Je rigole la bouche fermée, en mettant ma main devant cette dernière, on arrive à l'accueil face à la porte, je l'ouvre et fait signe à James de sortir en premier. Je le suis derrière en fermant la porte.

-Au fait, James, il y a quelque chose que je voudrais savoir.

James tourne la tête vers moi, attendant ma question, je la lui pose :

-Ce n'est pas en rapport avec ton absence de ce matin, la cheffe doit avoir ses raisons. Sais-tu où est parti la seconde capitaine, l'Aigle écarlate et lieutenant Mona ?

A l'écoute de ma question, l'homme passe sa main sur son menton, un silence pesant sur nous deux.

-Je n'ai pas les détails en complet, navré. Lieutenant Mona et l'Aigle écarlate sont parties toutes les deux à Zephys, le pays des anges. Quant à la seconde capitaine, j'ignore sa destination, je ne l'ai pas croisé ce matin, l'Aigle écarlate m'a dit qu'elle était partie très tôt ce matin

Le pays des anges, là où on pensait à la base que Samael serait, mais qui s'est retrouvé directement dans l'Empire. Pourquoi irait-elle là-bas ? Alors que je voulais y réfléchir, un homme-loup accourt vers moi, essoufflé, posant un genou au sol à 3 pas de moi.

-Capitaine, une de nos équipes a retrouvé un membre des 4 Bêtes ! Il veut s'entretenir avec l'Aigle écarlate, mais en son absence, vous êtes le plus haut gradé ici-même actuellement !

L'une des 4 Bêtes ? Lyoco ? Ou bien Samael ? Je me tâte pour la seconde option à vrai dire.

-Où est-il ?

-Au sud de la base, à 600 mètres, dans un ancien village !

-Très bien, préviens que j'arrive.

Le messager acquiesce et court tel un loup dans la direction opposée par laquelle il est arrivé. Je tourne la tête vers James.

-James, cette situation requiert ma présence physique. Jusqu'à mon retour, je t'octroie mon autorité et la responsabilité de la base.

James met sa main vers sa tête, comme les soldats de l'armée.

-Oui, capitaine !

Je le remercie d'un hochement de tête, puis entame une course vers la localisation que m'a dit le messager.

[Un peu plus tard, 13h40]

J'arrive au pas de course dans ce village, assez différent de celui où j'ai grandi avant le début de cette histoire. Je cherche du regard l'équipe mentionnée par le rapport, ainsi que le fameux membre des 4 Bêtes, je les trouve un peu plus loin de ma position... Evidemment, cela ne pouvait être que lui.

Je m'avance en direction dudit rassemblement, et la Bête ne tarde pas à faire signaler ma présence aux membres de la rébellion. Ils s'écartent tous pour que je sois seul face à Samael, ses ailes dépliées, je laisse un écart de 3 pas.

-Bonjour, Ange du néant.

-Bonjour, Tigre du jugement, capitaine des Enfants Sombres.

Je rompt l'espace entre nous pour lui serrer la main, et rien qu'avec ça, sa force est identique à la mienne. On se libère chacun notre main, puis je remets un écart entre nous, l'équipe derrière moi.

-On m'a informé de la présence d'un membre des 4 Bêtes, je m'attendais à vous ou bien au Griffon dévoreur.

-Samael est désolé du faux espoir, capitaine. me répond-t-il

-Quel est le motif de cette visite ? As-tu réfléchi à notre dernière conversation ?

Samael met une main derrière sa tête, se grattant l'endroit.

-Une question suffira à Samael, sa réponse suffira aux deux interrogations. Il a pesé le pour et le contre des deux côtés, son esprit était embrouillé entre les chemins, sa dernière option était de laisser parler son cœur. Sa présence, ici, en face de toi, te permet de deviner la réponse. Il pose un genou au sol, une main contre le cœur. L'Ange du néant revient auprès des Enfants Sombres.

-... Vous trois. en m'adressant à l'équipe derrière moi. Passez-lui les menottes.

Les soldats sont choqués, seul Samael reste de marbre, gardant sa position, l'aspirant du groupe me demande :

-Mais, capitaine ! Quelle est cette décision ?

-Je vous la donnerai quand on l'aura emmené en cellule, sous surveillance. Jusqu'au retour de l'Aigle écarlate.

Les deux autres soldats avancent vers Samael, l'un d'eux lui tient les bras alors que l'autre lui passe des menottes coupant toute utilisation de magie ainsi que des ailes, du moins pour les anges.

-Aspirant Malor Nenciulescu, possèdes-tu une bille noire ?

-Ah ! Heu, oui, bien sûr. il était surpris de la question sans que le capitaine le regarde.

Il sort une bille noire de sa poche et se met entre moi et Samael, de sorte à avoir tout le monde dans un rayon très petit. Il éclate la bille au sol, une vapeur noire nous entourant tous les 5, coupant nos corps du reste du monde, enfermé dans une boule de ténèbres.