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Chapitre 17

[Fin de journée, 20h]

J'ai pu être complètement soigné par les médecins de la rébellion, ils ont été très surpris d'enfin voir par leurs yeux que les premiers soins de Yvel n'étaient pas un piège.

Auréa m'a convoqué dans la salle de réunion, seul, je m'y suis rendu mais avec bien trop de questions par rapport à Yvel...

Devant la porte de la salle d'audience, un profond doute m'envahit, ignorant totalement les questions qu'elle va me poser, là où d'ordinaire je me prépare aux éventuelles questions... Je saisis la poignée de porte et l'abaisse tout en poussant, le grincement de la porte ancienne trahit ma présence, et c'est une Auréa dépourvue de casque et avec son armure iconique qui m'accueille, seule.

Voir son visage ici, chose d'ordinaire impossible selon les soldats normaux, me fait drôlement bizarre, alors que ce n'est pas la première fois que je le vois. Je tente de garder un visage de marbre et ferme la porte comme à mon habitude, je me place à mon emplacement habituel, Auréa faisant de même.

-Bonsoir, Aigle écarlate.

-On est entre nous, tu peux m'appeler par mon prénom, Youmi.

Il y a quelque chose de bizarre... Qu'est-ce que j'ai raté pendant que j'étais seul au combat avec Samael et avec Yvel ? Trop de variantes sont en jeu.

-Désolé.

-Passons. J'aimerai un rapport du début de votre départ jusqu'à ce que l'équipe de Papastathopoulos te retrouve avec l'ennemi.

Je lâche un profond soupir, il s'en est passé des choses aujourd'hui pour moi, et réussir à tout reconstituer dans l'ordre est complexe.

Après quelques minutes et en utilisant le plan présent sur la table pour illustrer mes propos, j'avais enfin fini jusqu'à mon départ avec Lucie et le trio des hommes-loups, Auréa avait été silencieuse tout le long.

Auréa s'avance vers la statue de son animal, la fixant quelques secondes, et me demande sans me regarder :

-La description faite par Samael sur Lyoco est vrai, il a bien les cheveux violets, mais il peut aborder différentes couleurs de cheveux. C'est un type capable de constamment changer son apparence et tromper les gens normaux, en plus d'avoir un caractère trop soigné.

-Un caractère trop soigné ?

-Tu le découvriras si on arrive à le sauver, s'il n'a pas été descendu. dit-elle avec une certaine haine.

Je pose mes yeux sur la carte... Deephold, la plus haute prison du pays des humains, là où j'étais enfermé avec Lucie et Auréa. Bitterhold, prison du pays des hommes-loups, où la louve lunaire devait être... Il ne nous reste plus qu'une seule prison : Woodford, dans le pays des elfes qu'est Arslion.

-Tu n'es pas obligé de répondre, Youmi...

Je relève les yeux vers Auréa, qui me regarde de profil avec un regard interrogateur.

-Mais selon Lucie, Yvel semble avoir le béguin sur toi, tu le penses toi aussi ?

La première seconde, j'étais ailleurs, sans me poser aucune question, mon sang se figeant. La deuxième seconde je sens un malaise grandissant en moi, mélangé à une gêne intérieure. Troisième seconde, je me ressaisis et me secoue la tête en fermant les yeux, les secondes qui suivent, je réfléchis sérieusement... N'y connaissant rien en amour, la vraie question est "Est-ce que Yvel me sauve à chaque fois par amour ?"

-Je ne pourrai pas vous le dire. Également, je ne me vois pas lui poser cette question, au risque de mettre ma vie en jeu.

-Pourtant c'est ce que font chaque membre de notre rébellion à l'instant où ils brandissent les armes, alors pourquoi cela te dérange ?

Je ne réponds rien, tout simplement car je ne sais pas quoi dire... Depuis mon réveil, je doute sans cesse, les événements s'enchaînent trop vite. Entre la mort de la Louve lunaire, les Pléiades, mon augmentation de puissance, le retour de veste de Samael, le comportement d'Yvel...

Mon silence, Auréa le comprend et se dirige vers la porte de sortie de la salle d'audience.

-Tu dois faire le tri dans tes pensées, demain tu auras tout le temps pour ça.

Au départ, je comprenais la phrase sous un premier angle... Mais en y repensant une seconde fois, je relève subitement la tête, demandant :

-Vous voulez dire que demain on ne prévoit aucun plan pour progresser ?

Auréa s'arrête juste devant la porte de la salle, sa main sur la poignée.

-Si. Lucie, Mona et James ont leurs missions demain. Moi y compris.

J'avance de 3 pas vers Auréa, ma main vers l'avant, en pleine confusion, je cherche désespérément le sens de ce qu'elle veut dire.

-Chef, venez en droit au but !

Auréa me lance un regard si froid que je pourrai me changer en statue de glace sur le champ, mon sang arrête de circuler. La jeune femme prit un ton aussi terrifiant que dans la prison où on s'est échappé ensemble :

-Ce que je veux dire est que la rébellion peut se passer de toi demain. Tu resteras dans la base pour réfléchir. Si même réfléchir à ce que tu veux vraiment est impossible, alors tu n'es qu'un fardeau depuis tout ce temps.

-Samael

Samael est à la frontière entre 3 endroits : Le pays des humains, celui des hommes-loups, et l'Empire, il était pile au croisement de ces 3 frontières, mais bien du côté humain. Précisément, son corps est allongé en haut d'un rocher, sa tête regardant vers le ciel crépusculaire, ses ailes pliées, mains derrière la tête. Depuis sa défaite, il réfléchit à quel côté était le bon, entre l'Empire ou la rébellion...

-{Dans les deux cas, je serai obligé de m'associer contre l'autre camp, et j'aurai une liberté... Mais ma liberté est assurée chez les Enfants Sombres, alors qu'à l'Empire ce n'est pas certain car je resterai leur pantin...}

Il repense aux mots du chef des Pléiades, quand il a fait cette proposition, entouré des autres ennemis des 4 Bêtes. L'absence de conflit, se mettre à dos la rébellion... Le blanchiment des péchés, la liberté de la vie...

"Une liberté qu'on propose n'est pas une liberté". Tels étaient les mots du Tigre du jugement, à la fin de leur affrontement. Il se souvient également de la contre-proposition de ce même animal, de revenir avec eux et de mettre fin à l'Empire, pour que plus vite l'ange puisse penser à autre chose.

-Quel bordel.

En une seconde, Samael concentre sa magie dans ses ailes et produit une de choc demi-circulaire détruisant le rocher où il est allongé. Il se dépêche de se mettre en position de vol et de battre des ailes, ne pas savoir quoi décider l'irrite au plus haut point.

L'homme se pose au sol, replie ses ailes et laisse le silence l'écouter...

"Si tu te mets à douter de ce que tu veux, alors laisse ton cœur de mercenaire décider du côté où tu trouveras le meilleur compte." Ses mots... Il voit encore la personne qui lui a dit ces mots, le jour où l'ange était dans un doute infiniment plus grand que maintenant.

Une vapeur magique commence à émaner de ces ailes, se levant vers le ciel. Ses bras commencent aussi à émaner cette vapeur, ainsi que ses jambes. Rapidement, c'est tout son corps en complet qui libère cette énergie grandissante, digne de son niveau de 6 500.

-Toi t'as vraiment choisi le pire endroit pour te poster, le pigeon humain.

Samael reconnaît cette voix, même à plusieurs kilomètres, annulant son aura pour regarder l'ange des Pléiades, ainsi que son rival de toujours.

-Ano.

-Merci, je sais comment je m'appelle.

Les deux anges se fixent de tête à pied, sans montrer de signe de magie ou d'offensives, dans leurs yeux laissent exprimer le lien qui les unit, celui d'un Pléiade à l'une des 4 Bêtes.

-Qu'est-ce que tu veux ? Demande Samael

-Voir comment tu vas depuis ta raclée. C'était un beau combat.

Samael pouffa sans grande discrétion, remuant sa tête de droite à gauche.

-Tu oses appeler ça un combat, mais ce n'en était pas un. Samael s'est fait berner par la ruse du tigre.

-Ton égo en prend un coup, non ?

Les yeux de Samael s'écarquillent d'un coup, et il tire de sa main droite un rayon de lumière noire en direction de l'autre ange. Cependant, les ailes rouges et bleues de Ano se placent devant leur porteur, pour totalement bloquer le rayon.

-Minable.

Le commentaire de Ano fait grogner l'homme en face de lui qui se retourne, passant la frontière du pays des hommes-loups.

-Au fait, j'ai une dernière question pour toi. Demande Ano

Le mercenaire se tourne vers son rival, attendant sa question.

-Est-ce que tu aurais vu une fille aux cheveux d'un bleu glacial, avec des yeux saphirs, 1m75, faible poitrine, des vêtements blancs avec du bleu abyssal par endroit, avec une seule épée ? Elle était présente à la réunion des Pléiades où tu es arrivé.

Samael arrive à voir à peu près de quelle personne Ano cherche, car il avait déjà croisé cette personne, justement à la réunion. Mais il ne l'a pas revu, depuis.

-Non. Pourquoi la cherches-tu ?

Ano soupire, mécontent de la réponse qu'il a reçue.

-Le chef des Pléiades veut qu'on la retrouve. Rien qu'aujourd'hui, elle aurait mené des actions au profit des Enfants Sombres.

-...

Ano déploie ses 6 ailes, qu'il fait battre une première fois pour coucher les herbes au sol.

-Allez, bonne soirée à toi !

Sur ces mots, Ano s'envole et se rend en direction de l'Empire, sous le regard d'incompréhension de Samael.

-{Finalement, mon cœur avait raison sur quel camp rejoindre...}

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