- Restes ici, ordonnai-je froidement à Éléanore.

Je marchai lentement vers la porte, ouvris cette dernière et découvris le repaire dans un état monstre. Des tables étaient renversées, des bouteilles à terre, et plus inhabituel que tout, une chaise manqua de venir se fracasser sur ma porte. Je m'aventurai dans ce no-man's-land où des membres de la communauté restaient debout immobiles. Je m'apprêtai à hurler jusqu'à ce que je vis une deuxième chose des plus inhabituelles au repaire. Erevan qui étranglait un des membres de la communauté.

- Aucune réponse ici non plus, soit, déclara-t-il.

L'individu qui se trouvait suspendu au bout de sa main s'enflamma instantanément dans un sinistre hurlement qui laissa derrière lui un silence pesant. Il ne restait plus que des cendres au sol. Le Démon regarda autour de lui, fusillant du regard tous les individus présents, jusqu'à ce qu'il remarque ma présence.

- Edward ! Tu ne peux tomber à un meilleur moment.

Je m'avançai calmement jusqu'à lui, regardant autour de moi tout en remarquant deux autres tas de cendres qui avaient déjà été faits sûrement quelques minutes auparavant.

- On peut savoir pourquoi tu transforme le repaire en barbecue ? Demandai-je.

Ce fut à mon tour de me faire fusiller du regard.

- Les blagues ne sont pas les bienvenues quand j'apprend qu'un groupe d'individus, aurait de mauvaises intentions à mon égard.

- Comment ça ?

Je vis dans ses yeux une colère qui commençait à monter.

- Des membres de la communauté. Des individus que j'ai sorti de la misère, complotent contre moi, mais il semblerait que personne n'en soit au courant. Je ne suis pas dupe, j'obtiendrai ma réponse, avec ou sans violence, grogna-t-il.

Je ne répondis rien.

- Edward, lança-t-il, tu va me faire une faveur. Tu va me choisir au hasard trois personnes présentes ici, maintenant, et tu vas te nourrir. 

- Je ... 

- Attends. Tu ne va te nourrir uniquement que s'ils ne disent rien. Si l'un d'entre eux est membre de cette ... résistance, j'espère pour lui qu'il aura le bon sens de t'avertir avant que tu ne te régales.

- Donc j'en choisis trois ? 

- Prépares toi à en tuer trois.

J'hésitai sur le moment, mais je lu dans ses yeux qu'il ne rigolait pas d'un poil. Le choix allait m'être facile, je n'étais pas ami avec beaucoup de monde au repaire, et aucun de ceux présents ne m'importait. J'en choisis d'abord un, je m'avançai vers lui, le fixant du regard, voyant la peur dans le sien. Je m'arrêtai devant lui, sans un mot, j'attendis environs cinq secondes, peut-être plus, peut-être moins. 

- Perdu, dis-je.

Je plantai mes crocs dans son cou de sorte à me nourrir convenablement. Il mourut quelques secondes plus tard sans un mot. Simple comme bonjour !

- Un autre, ordonna Erevan.

Au hasard, je me dirigeai vers un deuxième, même procédé, j'attendis un peu moins longtemps et lui ôtai la vie. Celui-ci eut le temps de gémir de douleur, mais tant pis.

- Que le troisième serve d'exemple, grogna le Démon. 

Encore au hasard, j'en fixai un du regard et décidai qu'il serait ma victime. Pendant que je marchai dans sa direction, ce que je pu lire dans son regard était bien différent des deux autres. Lui ça n'était pas de la simple peur, c'était autre chose, de bien plus fort. C'était de la terreur. C'était marqué sur son visage ... il était coupable ... j'avais choisis un membre de la résistance. J'arrivai devant lui, m'arrêtai, et le fixai. Un peu plus longtemps que les deux autres. Sur le coup, j'étais moins ... cynique, je m'attendais à ce qu'il se dénonce, mais il ne le fit pas. Pourtant j'attendais encore, en espérant lui épargner la vie, au moins lui épargner mes crocs, mais non, il ne dit rien. Cependant, je pu lire son regard et entendre sa détresse, il avait réellement peur. Et il me le faisait savoir pendant cet échange de regards. 

- Temps dépassé, grommela Erevan.

Je ne savais pas trop sur le moment comment procéder. À mon grand étonnement, je me retrouvais à vouloir éviter à ma victime le moins de douleur possible, j'étais comme ... presque ... pris de pitié pour lui. Il me regarda droit dans le blanc des yeux.

- S'il-te-plaît, me chuchota-t-il.

- Edward ! S'écria Erevan furieux.

Par instinct, je plantai violemment mes crocs dans la chair de ma victime, le plus profondément possible pour le tuer le plus rapidement que je pu. Mais là, je ne m'abreuvai pas de son sang, j'attendis juste qu'il s'éteigne. Son corps tomba lourdement sur le sol. Je me retournai et regardai Erevan moyennement satisfait. 

- Je trouverai ces parasites, s'énerva-t-il à haute voix, et quand je les trouverai, tous regretteront d'avoir rompu le pacte. Je compte sur mes fidèles pour les trouver et les traquer, grogna-t-il.

Il tourna les talons et marcha vers la sortie.

- J'attend à nouveau mes âmes Edward ! Lança-t-il par dessus son épaule, ne me fais pas attendre à nouveau, je veux mes âmes !!!

Il sortit du repaire, nous laissant tous dans ce bordel sans nom, aux côtés des corps et des cendres.

- Edward ? Lança une petite voix féminine dans mon dos.

Je me retournai et vis Éléanore, le regard stupéfait et horrifié à la vue de l'état des lieux, me voyant les lèvres ensanglantées.

- Qu'est-ce que ... pourquoi ? Demanda-t-elle innocente.