X - L'orage
Je marchais. Je marchais vite, le plus vite possible sans me faire repérer. Là était tout mon objectif, partir loin rapidement, sans attirer l'attention. Ma soirée était complètement catastrophique, je tremblais encore. J'étais encore tâchée de sang et ça m'insupportait. Ça faisait plusieurs heures que j'étais dans cet état, et mon cou me faisait toujours aussi mal, malgré le fait qu'il ne saignait plus. Il commençait à faire réellement froid et il me fallait trouver quelque chose à me mettre sur le dos. Mais je connaissais pas cet endroit de Baycoton. Cet homme, Edward, m'avait emmené aux limites de la ville avec son ... endroit étrange, sombre et glauque.
J'avais profité de la bagarre avec les deux hommes pour m'échapper, car ça ne pouvait plus continuer. Je ne savais plus trop quoi penser. Cet individu, aussi cynique que mystérieux, s'amusait à boire le sang des gens en leur mordant le cou et ne cessait de ce fait, de se prendre pour un Vampire. Le problème dans ma septicité, c'était que d'autres individus nous avaient rejoint dans la soirée, et tous étaient dans le même délire ... avec celui du bar, l'autre avec la langue fourchue et les deux autres ... je n'étais plus sûr. Ça ne faisait pas si longtemps que ça que j'étais arrivé à Baycoton, et voilà que je me retrouvais en tenue de strip-teaseuse, dans la rue le soir à je ne sais quelle heure, après avoir assisté à un bain de sang, à un meurtre, et sans oublier Edward, qui restait pour moi un véritable mystère vivant.
Je marchais dans ces ruelles froides, sombres et peu accueillantes. Un coin de la ville que je n'avais jamais vue auparavant. Je ne rencontrais presque personne, excepté des individus à capuches qui marchaient sur le trottoir d'en face. J'avançais la tête baissée, seule, ensanglantée, silencieuse ... mais j'avais l'impression d'être observée ... suivie.
Je me sentais plus libérée depuis que j'avais laissé Edward, mais d'un autre côté ... je me sentais aussi moins rassurée. Je voyais passer sur le trottoir d'en face, ces individus à capuche, et même si je ne voyais pas leurs visages ... j'avais l'impression qu'ils tournaient légèrement la tête pour me fixer de leurs yeux inexistants.
Le vent se leva et de grosses rafales vinrent me cisailler le visage, m'obligeant à croiser mes bras le plus possible. Le froid entrait dans ma blessure au cou, m'arrachant des petits cris de douleur. Vu le ciel, il était préférable pour moi d'aller m'abriter avant de me retrouver sous une pluie battante. Alors que j'arrivai à l'angle d'une ruelle, par miracle, je vis une boutique de vêtement. Fermée bien entendue, mais vu la situation, je tenais à survivre.
En parlant de miracles, cette soirée remettait beaucoup en question mon avis sur ce qui nous entoure. Mon père était quelqu'un de très croyant, un croyant pratiquant et ce depuis sa plus tendre enfance, grâce à mon grand père. Chez lui, toutes les pièces de la maison avaient besoin d'un signe religieux ... "Dieu est omniprésent" qu'il disait ... je suppose que c'était lié. Mais moi, tout comme ma mère, même s'il voulait m'enseigner la religion, je n'avais jamais été très croyante, mais plutôt sceptique. Je croyais, mais uniquement ce en quoi je voulais croire, et en ce que je voyais. Et il s'avérait que ce soir là ... j'avais des doutes en l'existence d'êtres surnaturels, et j'avais du mal à le cacher.
Mais j'avais d'autres problèmes pour l'instant. J'étais enfin face à la boutique de vêtements, fermée, dénuée de lumière. Je marchai vers la porte et tentai de l'ouvrir mais elle était bien évidemment close. Je jetai un œil derrière moi, personne. J'enfonçai alors la porte du mieux que je pu avec mon épaule et réussi à l'ouvrir, j'y gagnai un bleu sur mon pauvre bras. Je refermai derrière moi et découvris dans la boutique, une flopée de vêtements divers et variés. Sans attendre, je pris un manteau de fourrure, un pantalon des chaussures et quelques autres petites choses pour contrer le froid futur. Quelques minutes plus tard, j'étais changée, adieu la tenue ensanglantée !
Je jetai mes anciens vêtements dans une poubelle, et j'entendis des voix, juste devant la boutique.
- Ici ?
- Ouais j'suis sûr que c'est là ! Je l'ai vu entrer ici, elle n'est pas encore ressortie !
Je me cachai alors rapidement derrière un des dix rayons d'affaires, tentant de voir où et qui étaient ces voix. J'entendis la porte du magasin s'ouvrir, puis des pas s'avancer, les individus entraient.
- En un seul morceau souviens-toi, chuchota une des voix.
- T'en fais pas.
Ils marchaient lentement mais sûrement dans ma direction. J'avançai en même temps, tentant de les contourner. Alors qu'ils arrivèrent au milieu d'un rayon, j'en profitai pour sortir aussi vite que possible et une fois dehors, je revins sur mes pas, sous les gouttes de pluies qui commençaient à tomber.
Finalement, je m'en étais échappée, de peu. Je ne savais pas trop qui étaient ces voix, mais je ne voulais pas tellement le savoir. À présent, j'étais dans une tenue convenable, chaude, mais trempée ... fichu temps. L'orage commençait à gronder, et le ciel devint de plus en plus sombre. Je repensai à Edward que j'avais laissée seul, face à deux individus prêts à se battre. Cette simple pensée fit émerger en moi un sentiment de culpabilité ... j'avais ... peut-être ... peur ... qu'il ne lui soit arrivé quelque chose ... ou du moins je n'étais pas tranquille. Il fallait que je sois rassurée.
Je me mis à courir rapidement, l'orage était là, au dessus de ma tête, grondant comme le cris du jugement dernier, avec une pluie qui remplierait tous les lacs du monde en un rien de temps. J'accélérai, éclaboussant tout sur mon passage, heureusement que j'avais échangé mes talons pour des baskets !
- J'espère qu'il n'est pas trop tard ... me chuchotai-je à moi même essoufflée dans ma course.
J'arrivai devant le bar où j'avais abandonnée Edward. Le terrible vent et l'insupportable pluie réduisaient la visibilité, mais je perçue au sol, quelques mètres plus loin, une masse noire. Je m'approchai à pas léger et je découvris, immobile, inanimé, Edward, le torse jonché de profondes griffures et le visage ensanglanté.
- Edward !!! M'écriai-je.
Je courus sur lui et tentai de voir s'il était conscient ou pas.
- Edward ?! Vous m'entendez ?!! Edward ?! Qu'est-ce qu'il s'est passé ?! Hé ! Oh !!! Vous m'entendez ? Serrez-moi la main ! Faites quelque chose !!!
Pas un mot ne sortit de sa bouche et du sang coulait toujours de ses entailles. En guise de réponse, la seule chose que je vis à ma grande surprise, ce fut sa bouche qui s'ouvrit, accompagnée de ses fidèles canines qui grandirent à vue d'œil. Je ne savais pas trop quoi faire ni quoi dire, je n'étais même pas sûr s'il était conscient, ou même vivant vu son état. Je commençai à paniquer, à culpabiliser, pour de vrai. Comment avait-il réussi à être dans cet état ? Est-ce que c'était la faute des deux hommes qui étaient avec lui ? Comment avaient-ils-pu faire ça ? Pourquoi le laisser là ? Il fallait que je l'aide.
- Edward ?! Vous m'entendez ?!
Sa bouche était toujours ouverte, mais ses yeux demeuraient clos et son corps immobile. Je me rappelai de sa vilaine manie de mordre les gens, de s'abreuver de sang et de se prendre pour un vampire. Et cela faisait quelques heures que j'avais des doutes sur certains sujets ... j'eus une idée, mais je n'étais pas très rassurée. Mes affaires étaient trempées, je commençais à avoir sérieusement froid et je n'imaginais même pas ce qu'il en était pour ce pauvre Edward allongé, trempée et gelé. Du coup, ni une ni deux, pour "tester", je plaçai mon avant-bras dans sa bouche, de sorte à ce que ses canines soient placées juste au dessus, et je n'eus qu'à toucher sans même faire exprès une de ces dernières pour que sa mâchoire se referme plutôt rapidement sur mon avant-bras, m'arrachant au passage un cris de surprise.
Il ne se fit pas prier pour planter sans retenue ses crocs, et de ce fait je vis quelques gouttes de mon sang couler sur sa joue, mais le reste et la plus grosse quantité allait directement dans sa bouche, et je le sentais. Je le sentais non seulement par les bruits de succions et la sensation que ça me procurait au niveau du bras, mais aussi au niveau de la douleur qui commençait à s'amplifier. Mais je savais que j'allais devoir traverser cette même douleur avant même de passer à l'action. Le seul problème était que je n'arrivais pas à retirer mon bras. Sa mâchoire ne se détendait pas et ça piquait de plus en plus.
- Edward ... vous ... vous me faites mal ... il faut arrêter maintenant ...
Aucune réponse. Je n'entendais que les bruits de succion et ne vis que les gouttes de sang qui augmentaient en nombre sur sa joue.
- Ed ... s'il-vous-plaît ...
J'avais vraiment mal à cet instant.
- Edward ! Il faut se lever là ! Ed ...
On me donna un grand coup sur la tête et subitement, je m'écroulai au sol complètement sonnée, à côté d'Edward, mon avant-bras toujours dans sa bouche. Mais je sentis une autre main me libérer de l'emprise de sa mâchoire. La vision brouillée et floue, à cause du coup et de la pluie, je ne voyais pas ce qu'il se passait, mais on me leva, me mit sur le dos ou sur l'épaule de quelqu'un, et on m'emmenait loin du Vampire. Fatiguée, je sombrai.
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