VII - Petite humaine
La musique s'était arrêtée. Une odeur nauséabonde hantait mes narines et un courant d'air vint piétiner mon visage. Je me sentais faible, les yeux toujours fermés. J'étais allongé sur le dos, ma nuque me faisait mal tout comme l'arrière de mon crâne, le sol était dur. J'avais du mal à bouger mes membres, mais mon attention se porta sur mon cou, où une douleur s'éveilla progressivement et qui me faisait un mal de chien. Je parvint à bouger mon bras droit et à tâter l'endroit douloureux, et en observant ma main je vis du sang, beaucoup de sang.
- Oh putain ! M'écriai-je d'un gémissement.
Je me relevai le plus rapidement que je pu, et j'aperçus mes vêtements tâchés de sang ... mon sang. Mon cou me faisait toujours mal. Je regardai autour de moi ... j'étais toujours dans le club de strip-tease, le lieu était toujours aussi sanglant avec les tables et les rivières de sang. Je me retournai et me retrouvai face à la porte de sortie dont la barricade humaine avait été déplacée vulgairement, la porte était ouverte. Une larme coula sur ma joue, je ne comprenais pas. Que s'était-t-il passé ? Qui était cet homme ? Pourquoi avait-il fait ça ? Je devais prévenir les autorités qu'un psychopathe rôdait dans les rues ! Je pris mon téléphone que j'avais glissé dans une des petites poches de ma tenue coquine.
- Merde ! M'exclamai-je.
L'écran était explosé. J'avais dû tomber dessus en m'écroulant au sol. Que devais-je faire ? Je ne savais pas. Sans réfléchir, je pris la porte de sortie et me retrouvai enfin dehors où la température était bien moins chaleureuse et où la lune semblait m'éclairer comme un projecteur. Je ne savais pas où aller, j'étais venue ici en bus et il était déjà tard pour qu'un autre passe dans les environs. Je me retrouvai là, dans une étroite ruelle devant le club en petite tenue, presque imbibée de sang, le cou douloureux et complètement bouleversée par ce que je venais de voir. Chamboulée, je fis quelques pas dans la ruelle et me récapitulais la situation.
- Hé petite pute ! Cria une voix masculine au bout de la ruelle.
Je me retournai et vis une silhouette masculine s'avancer rapidement vers moi. Et merde ! Je n'avais aucune idée de s'il fallait que je m'enfuie ou pas, cet homme de par ma tenue m'avait très sûrement pris pour ce que je n'étais pas. Je reculai de quelques pas.
- Attends oh ! Oh ! Tu vas où là attends un peu ! Hé !
Il me rattrapa aisément et constata mon état une fois qu'il fut assez proche pour me contempler.
- Et merde ... chuchota-t-il, je sais pas d'où tu sors, mais tu m'excites bien toi !
Bordel ... sur quoi étais-je tombé. J'étais complètement sale, ma tenue de base rose était désormais complètement rouge, ma main droite et mes jambes également tout comme mes chaussures. Et je ne parle pas de l'état de mon cou qui continuait à me brûler et qui n'était absolument pas présentable. Qu'est-ce que cet homme s'apprêtait à faire ?!
- J'en croise pas souvent des petites putes dans ton genre ici tu sais ? Me grommela-t-il en posant sa main sur ma joue.
J'étais toujours immobile, je ne savais pas quoi dire.
- Je ... je ne veux pas, rétorquai-je.
Je vis son visage se durcir.
- Mais bien sûr que si tu veux, tu va même me le demander, grogna-t-il.
Je repoussai instinctivement sa main de ma joue.
- Hé !
Il répliqua en jetant sa main sur ma poitrine et attrapa violemment mes seins. Je me débattis directement avec acharnement, mais cette ordure était plus fort que moi. Il me jeta au sol sur le ventre, je tombai sous un cris aigu.
- C'est ça, appelles-moi ! Cria-t-il en se jetant sur moi.
Il m'écrasa de tout son poids et commença à arracher mes bas, et à retirer mes chaussures. J'hurlai, je criai, je tentai de me défendre mais en vain.
- Tu va prendre cher ma p'tite salope !
Deux mains agrippèrent ses épaules et soulevèrent ce pervers en une fraction de seconde. J'en profitai pour me reculer et me relever aussi vite que je pu. Je vis avec horreur et terreur que l'homme qui avait soulevé mon agresseur n'était autre que l'auteur du bain de sang du club, le psychopathe. Sa bouche était toujours gorgée de sang. Le pervers ne comprenait pas, je le vis dans ses yeux qu'il était perdu. Quand j'aperçus ses lèvres s'ouvrir pour commencer à gueuler, le psychopathe plongea ses longues canines que je contemplai à nouveau, dans le cou de sa victime, et sembla le sucer au vu des bruits de succion que j'entendis. Des gouttes de sang coulaient par dizaines sur la veste de l'individu. À quoi étais-je en train d'assister ? Pourquoi cet homme suçait le sang des gens ? Qu'avait-il à être obsédé par ça ? Il fallait vraiment que je prévienne quelqu'un car j'étais pratiquement sûre et certaine que j'étais sa prochaine dose de ... sang. Les bruits écœurants qui s'accompagnaient des soupirs de mon agresseur devinrent de plus en plus faibles, et quand je vis les yeux de ce dernier se fermer, le fou jeta son corps sur le sol comme si de rien n'était et s'essuya les lèvres d'un revers de la main. Il ne lui fallut que quelques secondes pour relever les yeux, et braquer son attention sur moi. Je devinai dans son regard un brin d'étonnement mais étrangement, je devinai également une certaine satisfaction mêlée à de la curiosité.
- Regardez qui voilà, sourit-il.
- Je ...
Il s'approcha lentement, tandis que je reculai lentement synchroniquement.
- C'est extrêmement rare de voir un misérable humain survivre à ça, tu en veux à nouveau ? Me demanda-t-il sur un ton ironique.
- De quoi ? Je ... je ne comprend pas, je ne ... ne veux pas ...
- Tu échappes à ma morsure, tu échappes à un pervers ... jouerais-tu à cache-cache avec la mort chère demoiselle ?
- Vous êtes fou ... paniquai-je.
- Ça pourrait correspondre à ma description c'est vrai !
- Vous êtes un psychopathe ... vous buvez ... vous buvez du sang ! M'écœurai-je.
- Tu y vas peut-être un peu fort avec cette désignation, je préfère le mot "Vampire", confia-t-il sereinement, le mec au goût de bière là, au sol, lui, c'est un psychopathe.
Ce taré ne cessait de me surprendre, voilà qu'il se prenait pour un vampire ... la seule chose que je pouvais penser de lui était qu'il était atteint de vampirisme clinique, certainement atteint mentalement. Je le vis presser le pas, et sans pouvoir me défendre il prit ma tête d'une main.
- Je sais, dit-il.
- Mais ! ...
Il sortit ses longues canines et les plongea dans son avant bras, se mordant jusqu'au sang ! Il était vraiment fou ! Mais le pire arriva après, il tenait fermement ma tête, et il approcha son avant bras ensanglanté de ma bouche et colla ce dernier à mes lèvres, je sentis ainsi des gouttes de sang de plus en plus épaisses couler sur ma langue, puis il accentua son geste et plusieurs giclées de sang parvinrent dans ma bouche.
- Avales ! M'ordonna-t-il.
J'avalai contre mon gré avec des hauts-le-cœur qui me firent presque tout recracher. Je venais d'avaler le sang d'un inconnu qui se prenait pour un vampire ! La situation était catastrophique ! Il fallait que je m'enfuie, et au plus vite !
- Tu ne bouges pas tant que je ne te l'autorise pas, lâcha-t-il en me lâchant.
Il essuya son avant-bras et me contempla, immobile. Je ne comprenais pas, je voulais fuir comme si le feu de l'enfer me poursuivait mais je ne parvins pas à bouger un seul de mes membres !
- Qu'est-ce qu'il se passe ?! Pourquoi je ne peux pas bouger ?!!! Paniquai-je.
Il ignora ma plainte.
- Maintenant ... il faut savoir ce que je peux faire à présent, chuchota-t-il en regardant son téléphone.
- Eh ?!!! M'écriai-je, qu'est-ce que vous m'avez fait ?!!!
Je sentis encore du sang autour de mes lèvres, ce qui ne manqua pas de me dégoûter.
- Espèce de psychopathe ! Espèce de taré !!! Qu'est-ce que tu m'as fait là ?!! Hein ?!
Je croyais rêver ! Ça ne pouvait pas être réel, je dormais, très certainement ! Même mes bras étaient paralysés !
- Chut chut petite chose, j'ai besoin de me concentrer, lança-t-il à voix haute toujours le nez sur son écran.
Incroyable. Que se passait-il, il paraissait si serein ... Je ne pouvais même pas me pincer pour voir si j'étais consciente ou pas !
- Ah ... je vois, marmonna-t-il.
Il s'approcha de moi, se positionna derrière moi d'une démarche tranquille, se pencha vers mon oreille et posa ses mains sur mes épaules.
- Tu ne vas plus entendre, tu ne vas plus voir, tu ne vas plus comprendre et tu vas me suivre, chuchota-t-il au creux de mon oreille.
Un voile noir tomba sur mes yeux, et silence.
- Bon récupères tous tes sens l'humaine là.
Ma vision me revint, l'ouïe également et à ma grande surprise, je pu bouger mes bras. Mais uniquement mes bras. Je me retrouvai assise à une table sur un large siège de restaurant ou quelque chose du genre, et j'avais en face de moi le ... le psychopathe. Je regardai aux alentours, je ne pu voir qu'un barman au visage fermé qui essuyait les verres.
- Barman !!! Hurlai-je, Au secours !!!
- Oh mais tais-toi bon sang, soupira le taré à nouveau sur son portable.
- Où sommes-nous ?! Pourquoi je suis ici ?!! Que s'est-il passé !
- Bon maintenant tu ne parles plus. C'est pas possible ça, j'avais oublié à quel point vous êtes bavards ! Le barman ne t'écoutera pas.
Je le regardai complètement paniquée, je n'avais aucune idée de ce qui se tramait. Cette fois-ci c'est la parole qui m'échappa. Parler me devint impossible ! Pourquoi quand il m'ordonnait quelque chose, y étais-je contrainte d'obéir ?! M'hypnotisait-il ? Nos regards se croisèrent à nouveau, le mien, noyé par la peur et le sien, submergé d'ennui.
- C'est normal que tu ne comprennes pas ce qu'il se passe ne t'en fais pas, les humains ne comprennent jamais rien.
Je continuai de le fixer. Il poussa un soupir.
- Bon, parles, je vois que tu brûles de questions.
- Pourquoi ?! Pourquoi vous faites ça ?!
- Sois plus précise par contre parce que j'ai pas la tête à réfléchir à tout ce que j'ai fais ce soir.
- Vous êtes un véritable malade mental ! Un psychopathe ! Vous buvez ... vous buvez le sang des gens !
Il poussa à nouveau un soupir, plus long cette fois.
- Cesses de me prendre pour ce que je ne suis pas petite chose, je suis bien plus conscient qu'un véritable psychopathe.
- Qu'est-ce que ... déjà arrêtez de m'appeler petite chose ! J'ai un nom ! Ensuite si ! Vous êtes, un ...
- Tu n'as pas l'air de comprendre toi hein ? Un Vampire, v-a-m-p-i-r-e, toi entendre ? Il faut que je te morde encore pour que tu comprennes ?
- Il y a des cabinets médicaux pour soigner le vampirisme clinique, je peux vous en indiquer je ...
- Vampirisme quoi ... ? Mais ne me compares pas aux idiots de ce genre, petite chose !
- Éléanore !
- Peu importe, dit-il en regardant son portable d'un air satisfait, on va attendre ici sagement.
- Attendre quoi ?
- Pas quoi, mais qui.
- Qui ?
- Tu en as beaucoup d'autres des questions ?
- Qui êtes vous ?!
- Ah ! Maintenant tu veux faire connaissance ? Sourit-il.
- ...
- Je suis Edward Owens, à mon propre service !
- Et vous êtes ...
- Le Vampire de Baycoton ! Sourit-il à nouveau.
- Un vampire ... oui ... vous ... êtes un vampire, dis-je gênée.
Il prit un air curieux.
- Tu ne sembles pas convaincue petite Lélé.
- Éléanore, et non, je ne suis pas convaincue.
- Et le club ?
- Vous êtes fou.
- Les crocs ?
Il ouvrit la bouche et me dévoila ses longues et fidèles canines.
- Malformation ? Du coup vous vous prenez pour un vampire, ce qui résulte du vampirisme clinique.
- Tu es certainement l'humaine la plus têtue à qui j'ai eu affaire.
- Maladie qui a l'air de provoquer chez vous un sentiment de supériorité au vu du fait que vous aimez me rappeler mon statut d'humain, ce que vous êtes aussi.
Il plaqua sa main contre son visage. Puis gloussa.
- Déjà ça n'est pas un sentiment, de supériorité, mais je suis tout simplement supérieur à vous, ensuite, non, je ne suis pas, humain.
- Mais ...
- Je ne sais pas ce que tu fais encore dans cette tenue mais tu arrives à me donner froid petite chose.
- C'est en partie à cause de vous que ...
- Tais-toi ils arrivent.
J'entendis la porte du bar s'ouvrir, et en tournant la tête je vis deux hommes, un en costume noir avec un nœud de papillon noir, au visage creux avec une queue de cheval et un deuxième, un blond avec une cigarette entre les lèvres.
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