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Chapitre 10 - Retour en mer

   Les vagues berçaient mon voilier à un rythme irrégulier. Entre deux lames ténébreuses, elles renvoyaient le reflet déformé de la lune. Je devais tirer sur la barre quand je déviais trop. Mon but premier était de quitter le port d'Isda et les Chasseurs de Sirènes qui s'y trouvaient. Le plus loin je me trouvais d'eux, le mieux je me portais. Mon second objectif était de retrouver Corail. Pour l'instant, pas un signe de sa part. Je craignais qu'elle n'ait pas suivi le navire des Chasseurs. Enfin, troisième objectif, je devais me diriger vers la Fosse des Tumultes. Je ne savais pas vraiment ce que j'y chercherais. Peut-être partirais-je vraiment sur les côtes pour essayer d'en apprendre sur le naufrage où ma mère avait « péri » ? Je verrais à ce moment-là.

Le vent mugit dans ma nuque, dressant des frissons le long de ma colonne. Je récupérai la couverture et m'en entourai. Mon dos fut plongé dans une agréable chaleur. Heureusement que j'avais croisé Neven... sinon, je serais repartie sans vivres, sans repérages, gelée. Puis, je ne serais peut-être même pas repartie de cette ruelle...

Je ne savais plus exactement ce que je pensais de Neven l'Écarlate. Jusque-là, je tenais en horreur tout ce qui se rapprochait de près ou de loin d'elle. À présent... je lui vouais un peu de reconnaissance et d'admiration, je l'avouais. Puis, outre la colère que j'avais perçue dans sa voix, à l'énonciation de l'homme qui recrutait dans notre village... j'avais eu l'impression qu'elle était aussi souffrante.

J'ignorais ce qui lui était arrivé, mais la rage et la peine qui l'animaient semblaient inapaisables. Elle s'était montrée douce envers moi, elle avait même semblé apprécier notre virée en magasins... peut-être qu'elle avait perçu notre soirée comme une pause, une douceur dans sa vengeance ?

Je ne pouvais certainement pas pardonner ce qu'elle avait infligé à notre village. Je n'oublierais jamais les cadavres mutilés qui jonchaient le sol, ni la mort de mon père... mais je lui étais reconnaissante de ce qu'elle avait fait pour moi, ce soir. Comme elle l'avait dit, cela ne remplacerait jamais la vie de mon père... mais c'était un semblant d'aide, un semblant d'espoir pour la suite.

Je tirai vigoureusement sur la barre pour tourner à gauche et éviter un voilier dans lequel j'avais failli foncer. Je jetai un œil derrière moi. Je me trouvais à vingt mètres du port, et le large se découpait devant moi. J'étais bientôt libre de la capitale.

Je regardai la mer. Ténébreuse, je ne parvenais pas à percer ses abysses. Où se trouvait Corail ? Je n'étais pas certaine d'arriver à la Fosse des Tourments en un seul morceau sans elle. Si ce qu'avait dit Gwen était vrai – et je n'en doutais pas même si j'aimerais le contrarier pour tout et rien – alors elle avait tiré mon navire sur presque deux journées. Je ne pouvais pas combler la vitesse d'une sirène avec les souffles aléatoires du vent.

Je regardai le grand espace du navire. Peut-être pourrais-je essayer de l'appeler avec notre signal ? Mais avec quoi allais-je taper la coque ?

Je posai un regard innocent sur la longue-vue. En repensant à la colère et à toutes les difficultés que la pirate avait rencontrées pour m'en trouver une correcte, je me ravisai.

J'attrapai finalement la pagaie et entrepris de taper la coque, puis le pont. Elle avait une bonne ouïe, de ce que j'avais compris. J'espérais qu'elle m'entendrait, quelque part, dans les profondeurs...

Je jetai un œil vers la carte. Neven m'avait expliqué qu'avec ce voilier, j'en aurais sans doute pour plus de huit jours. Cela dépendait de beaucoup de facteurs, notamment du vent et des courants. Si Corail était là, j'étais persuadée que je pourrais aller plus vite...

Je poussai un léger soupir : j'espérais qu'elle allait bien. J'avouais m'inquiéter. Habituellement, je la voyais tous les jours, ou presque... et là, elle avait tout simplement disparu. Je me disais qu'au moins, elle n'avait pas été attrapée par les Chasseurs, alors c'était le plus important... mais mon amie me manquait. C'était ma seule amie, désormais.

J'avais beau être solitaire, je craignais tout de même de me lancer dans une pareille aventure toute seule. La capitaine m'avait mise en garde : outre les courants, tourbillons et écueils qui pourraient gravement endommager mon voilier ou me faire chavirer, je pouvais croiser des pirates. Ils pillaient tout sans vergogne, d'autant plus s'ils remarquaient que j'étais une femme, alors elle m'avait conseillé de rester la plus discrète possible quant à ma féminité.

Puis, je pensais encore à ces Chasseurs de Sirènes. Je supposais que la mort du père de Gwen n'était pas un mensonge. Qu'une sirène avait vraiment déchiré les entrailles de ce pauvre homme. Puis, tous les mythes avaient une origine... alors... j'avouais avoir peur d'être attaquée par ces créatures surnaturelles.

« Petit sanglier ! tonna une voix enjouée. »

Je sursautai. En croisant son regard argenté resplendissant, un grand sourire naquit sur mes lèvres. Je me penchai vers elle et passai un bras autour de ses épaules :

« Tu m'as manquée ! Tu vas bien ? Les Chasseurs t'ont remarquée ?

— Bien sûr que je vais bien ! sourit la jeune femme. Mais toi, tu n'as pas eu de soucis avec eux ?

— L'un d'eux t'aurait vue... »

Je me rendis compte que la volonté de Gwen quant à me faire grimper sur Le Redoutable n'avait sans doute pas été un hasard. Il ne s'agissait pas d'un geste désintéressé, comme ce qu'il avait voulu nous faire croire au début. Non, soit il avait craint pour ma vie, soit il avait craint pour leur vie.

« Oh, mince... ils t'ont dérangée avec ça ?

— Au début, non, mais le jour où nous sommes arrivés à Isda, ils m'ont enfermée. J'ai réussi à m'enfuir quand même, heureusement...

— Quels gredins ! grogna-t-elle. Enfermer une jeune fille innocente !

— Pas tant que...

— Innocente ! rugit-elle. Pour moi, tu es innocente ! »

Je ris doucement : oui, mais toi, personne ne t'écouterait.

« Et alors ?

— J'ai eu des soucis en ville, mais tu ne devineras jamais qui m'a sauvé ! »

Elle fronça les sourcils, penchant la tête sur le côté.

« Euh... un villageois d'Iridieu ?

— Oh, non.

— Euh... donc pas Alexandre... je ne sais pas ? Un soldat ?

— Non plus... »

Elle fronça les sourcils :

« Un marchand de poissons ? Et ça t'a fait penser à moi ? »

J'éclatai encore de rire, la main posée devant ma bouche. Elle m'avait assurément manquée.

« Non, mais ça aurait pu être le cas. »

Elle ronchonna, lèvres plissées.

« Bon, alors ? Qui ?

— Neven l'Écarlate...

— La pirate ? interrompit-elle. Mais qu'est-ce qu'elle fichait là ? Et elle t'a vraiment aidée ? Elle t'a sûrement volé un truc !

— Elle m'a vraiment aidée, confirmai-je. Elle m'a emmenée boire un verre, et elle m'a reconnue... »

Elle plissa les yeux, agrippant plus fermement les bastingages :

« Et alors ?

— Elle était désolée pour mon père. »

Elle ouvrit grand les yeux. Oui, moi aussi, j'avais été surprise. Je comprenais.

« Et elle m'a emmenée faire des emplettes. Tout ce que tu vois sur ce navire, elle me l'a acheté. Elle m'a donné son manteau, une arme et une bourse...

— Je ne pensais pas qu'une pirate pourrait être si généreuse...

— Et moi donc... mais grâce à elle, on va pouvoir faire une traversée sereine jusqu'à la Fosse des Tourments !

— Oui, tant mieux, profitons-en ! concéda-t-elle en serrant le poing d'un air victorieux. Je vais nous faire y aller plus vite, eheh !

— Heureusement que tu es là, souris-je. Tu as pu manger sur le trajet ?

— Oh, oui ! Le navire était lent comparé à la vitesse que je peux atteindre, alors je pouvais chasser un peu à côté. D'ailleurs, continua-t-elle en commençant à tirer mon navire d'une main, leur piège à sirène est vraiment grossier !

— Ah bon ?

— Leurs filets, là. Ils nous prennent pour des poissons sans cervelle !

— Il n'y a que la première partie qui est vraie... »

Elle me lança un regard noir.

En tout cas, si le piège était aussi grotesque et visible que ce qu'elle disait, je comprenais pourquoi les Chasseurs peinaient à attraper des sirènes. Tant mieux pour nous !

« En plus, tu sais ce qu'ils font ?

— Non ?

— Ils coincent des morceaux de poissons dans les mailles pour espérer nous attirer ! »

J'éclatai de rire. J'avais l'impression qu'ils oubliaient qu'une sirène, c'était poisson ET humain.

« La plupart sont dévorés par des plus petits poissons, et j'ai vu quelques morceaux déchirés, sans doute par des prédateurs... »

Elle poussa un soupir las :

« Dans tous les cas, ils sont ridicules ! Comparé aux Chasseurs que j'ai croisés, en tout cas...

— Les chasseurs que tu as croisés ?

— Tu sais, je t'avais dit que les religieux avaient leur propre groupe pour nous chasser ?

— Ah, oui, acquiesçai-je. »

Je me rapprochai de la proue pour mieux l'écouter par-dessus les vagues.

« Eh bien, eux, ils sont bizarres !

— Bizarres ? répétai-je.

— Déjà, j'ai vu un type, pas commode... Brrr, j'en ai frissonné ! »

Je fronçai les sourcils.

« Il avait... il avait un collier avec des écailles de sirènes ! Et il y en avait une tonne ! »

Je frissonnai à mon tour. J'essayais d'imaginer un équivalent humain... rencontrer un type avec des morceaux de peau ou des ongles au niveau du collier ? Sans façon.

« Leur navire sentait mauvais. Mauvais... mauvais, mauvais, mauvais. Une odeur de mort et de sang. Et de chair. J'avais envie de me rapprocher...

— Mais pourquoi ?

— Pas pour l'odeur, hein ! Ne va pas imaginer n'importe quoi, je ne suis pas un poisson à ce point-là ! »

Je gloussai malgré moi : je n'arrivais jamais à la prendre au sérieux quand elle-même se traitait de poisson. Je me calmai et repris :

« Pourquoi, alors ?

— Je ne sais pas ! C'est ça, le pire. Je sentais que mon corps voulait se rapprocher, mais moi... eh bien, moi, tout au fond de moi, je savais qu'il ne fallait pas. Que c'était dangereux. Alors, avec toute la peine du monde, j'ai nagé loin, loin, loin ! Le plus loin possible pour ne plus être attirée ! »

Voilà qui était étrange.

« Et je dois te remercier, Cerise.

— Moi ? »

Je ne comprenais pas mon implication dans un évènement dont je venais d'apprendre l'existence.

« J'ai pensé à toi pour me reprendre en main. Au fait que tu cherchais ta mère, et moi, que je cherchais des souvenirs de ma vie d'humaine. »

La réalité me frappa de plein fouet : quand je lui parlais, j'oubliais qu'une sirène, c'était avant tout une humaine qui avait péri. Une défunte dont le corps avait fini à la mer, et qui avait eu la chance – ou la malchance – de se transformer en sirène. Je me demandais ce que l'on ressentait, quand on savait que nous avions vécu une vie avant celle-là. Une vie où nous avions péri, sans pouvoir nous rappeler pourquoi.

« Contente d'avoir pu t'aider, souris-je. »

Elle poussa un léger soupir :

« Dans tous les cas, ce qui m'a attirée vers ce navire, c'était bizarre. Je sentais que ce n'était pas normal... Je veux dire, j'avançais toute seule vers ce truc qui puait la mort ! Jamais j'y serais allée !

— Très étrange...

— Puis, ça m'a fait penser à... »

Elle se ravisa :

« Non, rien.

— Hum ? Tu as eu un autre souci ?

— Rien, ne t'en fais pas, sourit-elle. »

J'acquiesçai. Je n'aimais pas insister auprès des gens. Je ne m'en sentais pas légitime, de toute façon.

« Tu penses qu'on en a pour combien de jours ?

— Oh, quatre ou cinq jours devrait suffire...

— Oh, tu te rends compte que tu divises par deux le temps que m'a donné Neven ?

— Je t'ai déjà dit que j'étais incroyable ?

— C'est vrai que pour un poisson, tu... Pétoncle ! grondai-je quand elle produisit une grande éclaboussure qui m'atterrit sur la tête.

— Tu disais ? »

Je souris néanmoins : je l'avais cherché.

« Dis, ça te dérange si je dors un peu ?

— Non, je me débrouille, je connais le chemin, assura-t-elle. Bonne nuit.

— Bon courage, jette-moi de l'eau dessus si besoin. »

Grâce à la couverture et aux vêtements acquis, je parvins à m'entourer et me coucher dans la chaleur et le confort, et sous la belle étoile, je m'endormis, épuisée par la soirée.

Je bâillai longuement en me réveillant sous le soleil. Je me redressai et retrouvai Corail, toujours en train de tirer mon voilier.

« Tu t'en sors ? demandai-je.

— Il est plus lourd que l'autre ! »

Je n'avais pas pensé à cela. On mettrait peut-être un peu plus de temps pour arriver à destination, alors. Mais je pouvais tenir un moment au vu de tout ce que Neven avait payé.

« Tu peux faire une pause, tu sais ? Je peux tenir la barre.

— C'est bon, je peux y arriver ! »

Quelle têtue !

« Toi, tu as dormi comme un bébé pendant que je travaillais ! rit-elle.

— Il faut bien, souris-je en saisissant la longue-vue. »

Je n'avais pas osé la tester devant la pirate, craignant qu'elle ne me gronde si je faisais une quelconque bêtise à ce propos, mais j'avouais que cela me tentait depuis l'achat. Je me redressai, me retenant au mât, et je pivotais, la longue-vue vissée sur l'œil droit. J'écarquillai les yeux en retirant la longue-vue, puis en observant à nouveau avec. C'était fascinant de voir si loin avec un si petit outil !

« Tu t'amuses à jouer à la pirate ?

— C'est vraiment incroyable, commentai-je. Tu devrais essayer, appuyai-je en me penchant vers elle. Fais attention, hein, quémandai-je en la lui tendant. »

Elle s'arrêta un instant et regarda autour d'elle, curieuse. Alors qu'elle commençait à plonger, je la retins par le bras :

« J'ai peur que tu l'abîmes...

— Ha, oui, zut... je vais juste regarder autour de... »

Elle glapit, balança la longue-vue dans le navire et disparut sous l'eau.

Sur le point de la disputer à propos de la fragilité de l'outil, je fronçai les sourcils : quelque chose l'avait effrayée. J'attrapai l'objet pour regarder à mon tour.

L'horizon, le large... et un navire, au loin, très loin. Un drapeau bleu marine était dressé. Un harpon blanc torsadé de vagues comme symbole. Un drapeau Neliste.

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