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Chapitre 36 : Éclaircissements sombres

Coucou ! :) Bon, alors, j'ai une petite chose à dire. J'attends une avalanche de commentaires sur ce chapitre, parce que déjà d'une : j'ai publié à temps, et ça fait depuis un long moment que je n'avais pas fait ça XD Et de deux : ce chapitre est le fameux tournant décisif que prend l'histoire, alors je veux lire toutes vos réactions en direct !! x) Donc je vous en supplie, mettez toute votre énergie dans les commentaires, je veux absolument voir ça ! XDDD Bonne lecture ! <3



Sans un regard en arrière, je ferme la porte de ma chambre. Je ne suis plus qu'une boule de détermination, rien ni personne ne se mettra en travers de mon chemin.

Je me dirige à petits pas vers le tunnel. Je sais qu'il est près de minuit, que les Midas sont couchés, mais il y a toujours un métamorphe faisant office de garde près de l'entrée. Alors je couvre mes arrières.

Par chance, il semble s'être absenté au moment où je m'engouffre à l'intérieur.

L'obscurité ambiante ne me décourage pas. Au contraire, j'y trouve une part de réconfort, comme si je savais qu'une fois à l'extérieur, je ne pourrai plus faire demi-tour. Je serai coincée dans le noir sombre de la  nuit.

C'est maintenant que tout ce joue.

J'avance, pas par pas, mètre par mètre. Mes épaules ricochent sur la pierre autour de moi, mais je ne faiblis pas. Dans le noir, la tête haute, les sens optimisés au maximum, je me sens prête. Prête à tout faire, à tout combattre, à tout vivre. Je n'ai pas peur.

Arrivée dans la galerie où se rejoignent tous les tunnels, je ne m'arrête pas. Je me laisse toujours guider par mon instinct qui me dit de prendre le tunnel légèrement sur ma droite.

Je me souviens de Hakan, me disant de ne jamais y aller seule, sous peine de me perdre dans le labyrinthe de tunnels.

Là, c'est différent. Je sais où marcher pour ne pas me perdre, comme si quelqu'un me prenait par la main pour me sortir d'ici.

Quelques minutes plus tard, un courant d'air me signale que je suis presque arrivée au bout.

Lorsque je distingue un rai de lumière juste en dessous d'un morceau de roche qu'il faut pousser pour sortir, je ne perds pas mon temps. La seule chose que je crains, c'est que les Midas sentent que je suis partie et me rappellent à l'ordre. Sinon, pas de problèmes.

Puisant dans mes ressources de louve, je pousse le rocher, qui vient se glisser sur le côté.

La froideur de la nuit m'accueille avec une claque. Je ne pensais pas qu'il faisait aussi froid...

Un nuage blanc sort de ma bouche entrouverte lorsque je grelote. Et dire que les métamorphes loups ne sont pas censés craindre le froid... Encore une fois, je ne peux pas être normale ?

Je reprends dans ma paume la pierre qui m'a servi de clé et la dépose dans ma poche de manteau. Je remonte la fermeture éclair jusqu'en haut et enfouis mon menton dans le col.

Les mains dans les poches, je regarde à droite. Puis à gauche. Et enfin devant moi.

Le paysage est le même partout. Les arbres sont plongés dans la noirceur. Le vent glacial agite les épines des pins. Des claquements et des sifflements dans le lointain me retourne l'estomac, et je me mets à penser à ma chambre chaude que je viens de quitter. Il serait si facile d'y retourner... Mais je n'y fais rien.

Ma motivation se réveille enfin, et je repars. Je ne sais pas exactement où je vais, je ne fais que suivre des traces de pas sur le sol, qui m'ont l'air assez récentes.

Je marche dans la nuit noire, les nuages gris peuplant l'entièreté du ciel. Je ne pense plus à rien. Ni aux conséquences de mes actes, ni à la réaction des autres lorsqu'ils sauront que je suis partie du Rocher, ni à celle qu'aura Adriel quand il rentrera.

On m'a dit de prendre confiance en moi et de suivre mon instinct. Alors j'applique les règles. Je prends les rênes.

Pour l'instant, je suis tout simplement la piste de pas, sans me retourner pour savoir si j'emprunte le bon chemin. Ça ne servirait à rien, il n'y a pas de bon chemin. Juste plusieurs qui me mèneront là où je veux aller, j'en suis certaine.

J'ai dû parcourir plusieurs centaines de mètres quand les traces disparaissent. Je n'ai plus aucune aide pour m'orienter, alors je réfléchis.

Les arbres autour de moi sont toujours les mêmes pins. Rien pour m'indiquer un quelconque changement.

Muée par mon désir de retrouver Nina, je décide de m'aventurer toujours tout droit, déviant légèrement vers la gauche.

J'y vais au culot, en quelque sorte. Mais le hasard ne joue pas avec moi aujourd'hui, à mon plus grand bonheur. Je sais où je vais.

Après de longues minutes de marche silencieuse, j'arrive devant un petit ruisseau, à moitié gelé. Il doit faire un peu moins de 0°C, si je crois en l'environnement et les extrémités de mon corps figés par le froid.

Ce ruisseau me dit fortement quelque chose...

Je sais. C'est l'endroit où je me suis réfugiée, le premier jour, lorsque ma queue est apparue. Hakan m'avait complimentée sur mon lancer de ricochets. C'était il y a deux mois de ça... C'est incroyable comme le temps passe vite...

Je me secoue et me force à me concentrer de nouveau. Au moins, grâce à ça, je sais où je suis. J'avais couru pendant très longtemps, de chez moi à cet endroit, la première fois. Donc je suppose être quand même assez éloignée de la ville, mais pourtant près de certaines habitations.

Je décide donc de longer le ruisseau, espérant de tout cœur que mon instinct ne se trompe pas.

Pour la première fois depuis que je suis partie, je doute sur l'efficacité de cette méthode. Si je me trompe et que je me perds sans avoir trouvé la moindre trace de Nina, je crois que je ferai la peau à Léo et Victor pour m'avoir fait prendre confiance en moi.

Et si... si j'avais demandé à quelqu'un de m'accompagner, cela aurait été plus judicieux... Pourtant, Léo m'a bien dit que les Midas auraient influencé mes choix... Je suis perdue... Mais quelle idée d'écouter un gamin de huit ans, aussi ?! Franchement, j'aurais dû y réfléchir à deux fois...

Ne doute pas de toi. Tu as bien fait de partir seule.

En entendant une voix dans ma tête, je m'apprête à remonter les bretelles de Victor, mais je m'interromps quand je m'aperçois que ce n'est pas la sienne. Celle-ci est plus rauque, et plus féminine.

- Qui me parle ? je demande à voix haute.

Je m'arrête de marcher en tendant l'oreille pour capter le moindre son ; mais rien.

J'allais réitérer ma question quand la voix résonne encore dans mon crâne :

Ne t'inquiète pas, je viens t'aider. Je sens que tu paniques et que tu commences à douter. Tu dois absolument croire en toi, sinon tu n'iras pas au bout de ta quête. Je ne peux pas me montrer pour l'instant, mais continuer de suivre ton idée de départ, je t'attends à la fin pour t'aiguiller.

Sa voix provoque quelque chose en moi, mon cœur s'accélère dès qu'il l'entend. me faisait penser à un un organe qu'on aurait réveillé dans mon ventre.

Cette sensation de bien-être et de sécurité me rassure instantanément. Je fais entièrement confiance à la personne qui me parle et reprends ma marche près du ruisseau.

Je ne peux malheureusement m'empêcher de réfléchir une courte seconde. Comment croire en soi peut tout changer ? Se faire trop confiance peut apporter de bonnes choses ; comme des mauvaises. Et là, en l'occurrence, j'ai peur que mon idée fasse partie des mauvaises.

Je me stoppe de nouveau, saisie par le doute. La peur de me tromper me tourne autour. Je commence à quitter la perpendiculaire du ruisseau et m'aventurer un peu plus loin, incertaine. La voix cogne une troisième fois dans ma tête.

Suis ton idée de base, murmure-t-elle, comme affaiblie, voilà ce qu'il se passe lorsqu'on ignore son instinct. Ne te laisse pas aller, et concentre-toi ! rugit-elle presque.

Je sursaute et me bouche les oreilles sous l'effet puissant de la résonance. Je me secoue un peu et me remets sur le droit chemin.

Il ne faut pas que je me pose de questions. Il faut que j'avance. Si je veux retrouver Nina saine et sauve, je dois avancer en me faisant confiance. Aussi bizarre que cela puisse paraître.

Un peu plus tard, en jetant un coup d'œil à ma montre, je constate que le temps s'est déjà écoulé. Il est environ 1 heure 30 du matin. Avec de la chance, on ne s'est pas encore aperçu de ma disparition.

Trente-minute plus tard, j'atteins un endroit dénué d'arbres sur quelques mètres. Le ruisseau est toujours sur ma gauche, mais une chose me retient ici.

Je tourne la tête, et aperçois un mouvement furtif dans les buissons. J'essaie d'actionner ma vue de métamorphe. Avec un peu plus de mal que tout à l'heure, mais j'y arrive.

Deux yeux ambrés me fixent.

- Ambre ? je demande, en avançant.

Un jappement me répond. La louve sort des fourrés, se précipitant vers moi.

Je me baisse et ouvre les bras. La louve vient s'y réfugier avec un petit gémissement de joie. Je caresse ses poils un peu emmêlés, et soupire. Elle me lèche rapidement la joue.

Tu as réussi à ne pas te décourager, je suis fière de toi, clame mentalement la voix. Je t'avais dit qu'en cas de problèmes, je serai là pour toi. 

Je me recule d'Ambre, effarée.

- C'est donc toi qui m'a aidée tout à l'heure ? Merci, merci beaucoup, j'allais abandonner...

La louve s'assoit sur ses pattes arrière, en hochant la tête.

Je n'ai pas le droit de t'aider davantage, me répond-elle.

- Pourquoi ? je demande mentalement. Je ne sais plus où aller...

- Tes ancêtres ne le souhaitent pas. Tu dois faire tes preuves et montrer que tu es digne de la tribu des Elkatars. Si tu arrives au bout de idée, tu ne trouveras pas que ton amie. Des réponses, également, affirme-t-elle.

- Mes ancêtres ? Comment le sais-tu ? je l'interroge, suspicieuse. Tu caches beaucoup de choses, Ambre. Comment peux-tu savoir tout ça ?

- Je ne suis pas autorisée à te répondre. J'ai fait ce que j'avais à faire, maintenant, continue. Je n'interviendrai plus pour cette fois. Si tu as besoin pour un autre souci je viendrai ; mais tu dois continuer seule pour aujourd'hui. Nous comptons sur toi.

Sa tête se tourne vers les buissons qu'elle vient de quitter. Trois boules de poils aux pelages sombres me dévisagent silencieusement. Leurs yeux, semblables à ceux de leur mère, hormis un aux iris verts, étincellent dans la pénombre.

Ses louveteaux...

- Ils sont adorables, dis-je, attendrie par cette vison.

Ambre frotte sa tête sur mon genou et part rejoindre ses petits. Elle se retourne une dernière fois, et clos la conversation :

- N'aie pas peur de l'inconnu. Il t'apprendra des choses dont tu ne soupçonnes même pas l'existence.

Elle disparaît ensuite dans la végétation.

Pourquoi, nom de non, tout le monde semble être au courant de quelque chose ? Pourquoi, tout le monde me dit d'avoir confiance en moi et de suivre mon instinct ? Ça m'exaspère au plus au point. Et ça me rend de plus en plus curieuse de voir ce qui m'attend.

Je me retourne donc vers le ruisseau et reprends ma démarche assurée en le longeant.

Seule et confiante, j'entame une dernière ligne droite, je le sais.

Accroche-toi, Nina, j'arrive.

* * *

Clap, clap. Clap, clap.

Le martèlement de mes pas sur le sol froid et gelé me motive depuis maintenant plus de deux heure. Mon instinct m'avait intimé de quitter le cours d'eau, qui commençait à s'enfoncer vers la ville.

J'ai perdu la notion du temps, mais je pense que je marche au milieu de la forêt depuis maintenant un quart d'heure. Je n'ose plus regarder ma montre. Pour le moment, la fatigue est envolée. Or, je suis sûre que lorsque je verrai l'heure tardive, je m'écroulerai de sommeil. Alors j'avance.

Le souffle glacial du vent joueur s'aventure dans chaque parcelle de mon corps, malgré la chaude doudoune que je porte. La nuit est particulièrement froide.

Je claque des dents. Je sors mes mains de mes poches pour examiner mes doigts. Les larmes qui envahissent mes yeux à cause de la basse température m'empêchent de distinguer correctement leur couleur. Je dirai entre le violet et le bleu.

Mon courage menace de flancher à chaque seconde, mais je fais tout mon possible pour me motiver. Penser positivement. Ne pas se dire que je risque de mourir d'hypothermie dans moins de quelques heures si je ne trouve un abri pour me protéger du vent. Des pensées positives.

Nina doit attendre un sauveur. Je dois accélérer le pas. J'ai espoir de la retrouver bientôt.

Un énième pressentiment me murmure que j'y suis presque. Mon sixième sens va de pair avec lui lorsque je sens le vent, trois fois plus puissant, me balayer.

Je suis rendue à l'orée de la forêt. Devant moi, une clairière, formant un immense trou dans le bois. Les sapins l'entourent de toutes parts, mais dès que je plisse les paupières pour voir les arbres en face de moi, je ne distingue rien. Seulement le ciel, toujours aussi noir.

Je suis tiraillée entre deux possibilités : soit je marche dans cette clairière et parcours la totalité jusqu'à l'autre partie de la forêt et j'arriverai vite au bout, soit je la contourne en m'abritant sous les pins, pour ne pas me prendre le vent de plein fouet, mais en étant plus lente. Je ne sais que faire.

Je ferme les yeux, essayant de me calmer et de puiser le restant de mon énergie. Je reste ainsi durant une période indéterminée, suffisamment longtemps pour que je ne puisse plus soulever un pied. J'ai vraiment envie de rester dans la forêt, quitte à rallonger le chemin, plutôt que d'affronter le vent mordant.

Je me tourne vers la droite, prête à repartir parmi les troncs, quand un cri sonore me fige sur place.

Pivotant sur mes talons, je détaille l'arbre près de moi.

Perché sur une branche basse, assez près du sol, se tient un héron, blanc comme la neige. Ses petits yeux noirs me scrutent avec attention.

- J'ai l'impression de t'avoir déjà vu..., je murmure plus pour moi-même que pour lui.

Comme pour appuyer mes paroles, il écarte ses ailes, mimant un geste d'envol, en poussant un autre cri plus aigu.

Cette image me ramène deux mois en arrière, lorsque j'étais dans l'Antre, en train d'admirer les poissons dans une fontaine de pierre. Un héron m'observait dans un coin de la roche. Ce héron.

Je le regarde avec appréhension. Que fait-il ici, en ce lieu, à cet instant précis ?

Il tourne sa grande tête allongée vers la fameuse clairière, puis une de ses ailes suit le mouvement en me montrant cette étendue, rendue marron par les épines de pins.

Mon cerveau percute. Il veut que j'aille là-bas.

Je le regarde d'un nouvel œil, comprenant que ce n'est pas un animal comme les autres. Peut-être avec la même faculté de parler que Ambre ?

- Tu veux m'aider, c'est ça ? je l'interroge tout de même à voix haute.

Il hoche la tête de haut en bas, l'aile toujours tendue.

- Il faut que je passe par cette clairière ? je continue.

Il approuve de nouveau.

Sceptique, j'attends légèrement. Pourquoi le croirai-je ? Je n'ai aucune raison de l'écouter. Je ferai peut-être mieux de commencer ce que j'avais prévu de faire, c'est-à-dire passer par le bois.

Mais, d'un côté, j'ai apparemment un don pour communiquer avec les animaux... Et puis, je me rends compte que j'ai vraiment très froid, tellement, que ça me gèle le cerveau et change ma perception des choses. Je ne serai pas contre un peu d'aide.

- D'accord, merci, murmuré-je.

Il geigne une nouvelle fois et s'envole vers un arbre voisin. Quant à moi, je me résigne et prends la direction qu'il m'a montrée.

Oubliant le froid, la fatigue et la peur naissante, je débute ma traversée.

En quelques pas, je sais déjà que j'aurai du mal à continuer. Le vent est trop fort, le froid trop vif, mon mental trop faible. Le souffle puissant me fait tanguer. Il se balade dans mon corps, me tétanisant et me forçant à m'arrêter. Mes cheveux passent sans cesse devant mon visage et des larmes obstruent ma vision. Mes oreilles et mon nez me piquent, je ne les sens plus. Les cris aigus des bourrasques me percent les tympans.

J'essaie de courir, pour me réchauffer du mieux que je peux, en vain. Je me sens mal ; très mal.

Mon regard se porte dans le lointain, juste devant moi. Je ne vois toujours pas le bout de cette plaine. Je n'en vois pas la fin.

Le claquage de mes dents m'envoie des décharges dans tout le visage.

Je titube sur quelques pas. Le décor s'agite autour de moi, tourne et retourne. Mes jambes se plient sous mon poids lorsque je m'aperçois qu'elles ne me tiennent plus.

Je m'effondre en silence sur le sol aussi dur que du béton. Les battements de mon cœur ralentissent.

Les yeux levés vers le ciel sombre, je m'excuse. Je m'excuse mentalement auprès de Nina. Je me pensais suffisamment forte pour tenir le coup. Mais le froid a eu raison de moi.

J'ai juste envie de m'endormir, et de me réveiller loin d'ici, entourée de tous mes amis en pleine forme. Or, Nina a disparu, Isaac doit être mort d'inquiétude, Adriel et Sarah sont sûrement eux aussi en train de chercher l'Ordinaire, et Hakan... Hakan est probablement encore chez les Noths, à trouver un moyen de controverser leurs plans.

Je suis seule.

Je vais peut-être mourir de froid, cette nuit. Et je suis en solitaire. Ne l'ai-je pas d'ailleurs toujours été ?

Exténuée, je ferme les yeux. Je perds connaissance, ne sentant plus la moindre partie de mon corps. Je vois des étoiles à travers mes yeux fermés. Je rêve d'aller les toucher.

M'envolant vers les astres de lumière, je m'endors définitivement.

* * *

En ouvrant les yeux, doucement, une étendue noire me fait face. De gros nuages se trouvent devant le ciel. De petits points blancs s'écrasent sur mes joues. Je tourne la tête, et l'une d'elles se retrouve engourdie par le froid.

Dans un crissement, je me redresse lentement, prise de vertiges. Où suis-je ?

Je regarde autour de moi, attentive. Des arbres se trouvent à quelques mètres de là, de mes deux côtés. Devant moi, une couche de blanc. De la neige.

Je lève les mains à la hauteur de mon visage. Elles sont pleines de neige. Mon manteau et mes cheveux ont subi le même sort.

Il a neigé.

Abasourdie par cette constatation, je me lève précautionneusement. Je clos mes paupières, le temps de trouver l'équilibre nécessaire pour tenir debout. 

Cinq bons centimètres de neige tiennent au sol. La cime des arbres est elle aussi teintée de blanc.

Je me rappelle Adriel qui m'avait annoncé qu'une tempête de neige était prévue...

Je suis sonnée par tout ça. Le cerveau en compote et les jambes molles, voilà comment je me sens.

Je ne comprends plus rien. Quelle heure est-il, maintenant ?

Ma montre, n'ayant pas supporté le froid et l'humidité des flocons, c'est apparemment bloquée à 3 heures 30 du matin. Mais je sais qu'il est plus tard que ça. La neige a eu le temps de tomber uniformément partout, quand j'étais inconsciente.

J'avance de plusieurs pas. Mes muscles endoloris se réveillent, et s'actionnent.

Je ne sais vraiment pas comment c'est possible, mais je me sens requinquée. Je n'ai plus du tout froid, et j'ai l'impression d'avoir dormi de longues heures.

Je me sens prête à repartir. Vraiment étrange.

J'ai dû rester une bonne heure dans la neige, et je vais parfaitement bien. Ça, ce n'est pas du tout, du tout, normal.

Je mets mes questions de côté. De toute manière, je suis dans l'incapacité d'y répondre pour le moment.

Je reprends ma marche, me balançant parfois à droite ou à gauche, la tête lourde.

J'espère que Nina va bien. Et si Adriel et Sarah l'avait retrouvée, entre temps ?
Je décide de m'en assurer en appelant la métamorphe chouette.

Mais quand je sors mon portable de ma poche et veux lancer l'application, rien ne se passe. Mon téléphone est à plat. Le froid ne l'a pas épargné non plus...

Sans me démonter, je continue de marcher. La sortie de cette clairière - et, je l'espère, de cette forêt - doit se trouver droit devant.

Je cours alors vers cette direction, lorsque j'entends un bruit qui m'arrête dans ma lancée, me figeant littéralement.

Derrière moi, des pas. Rapides. Qui se rapprochent. Toujours et inexorablement.

Cours, cours ! me hurle Victor d'une voix affolée.

Prise de panique, je me lance dans une course effrénée.

Quelque chose se referme sur ma jambe. Je la sens s'enfoncer dans ma chair. J'arrête de respirer lorsque mon ventre touche la neige.

Je bouge pour me relever, mais un poids lourd sur mon dos gêne mes mouvements. Je me force à me retourner pour voir qui m'agresse. J'entrouvre la bouche devant cette vision.

Deux grands yeux rouges me fixent froidement.

Je n'ai pas le temps de réagir plus que ça, ils se mettent à briller d'une lueur plus vive. Des lignes blanches apparaissent au fur et à mesure, partant de ses paupières, pour finir en spirales sur des poils noirs, humides à cause de la neige. Son museau noir me renifle avec dédain.

Cette chose saute et passe au-dessus de moi. Elle atterrit souplement derrière ma tête, envoyant de la neige de tous les côtés.

Avec précipitation, je me relève, alarmée. Je fais face à cet animal.

Un grand loup noir, plus grand et plus gros que la taille standard d'un loup me regarde de haut. Son pelage est si sombre qu'il se fond dans le décor noir du ciel. Ses yeux rouge rubis contrastent fortement avec le paysage, me faisant frémir d'horreur.

Mon Dieu... Ce loup, c'est... Hakan ? Non, c'est impossible... Pourtant, il ressemble trait pour trait à la photo dans le bureau de M. Seilmand.

Je suis perdue... Qu'est-ce que Hakan ferait là ? Sous sa forme lupine, en plus ? Il n'y a qu'un seul moyen de savoir si c'est lui. Je dois m'en assurer.

Voyant qu'il ne bouge pas, je m'approche lentement, le cœur cognant dans ma cage thoracique.

Le loup rugit si violemment et méchamment contre moi que je fais un bond en arrière. Ses yeux colorés étincellent de sournoiserie. Les spirales ont disparu de son visage.

Il sépare la distance entre nous et retrousse les babines, cherchant à me mordre. Je recule avec rapidité, laissant un mètre de sécurité.

- HAKAN !! m'époumonè-je de toutes mes forces, incertaine.

Il me toise d'une façon si peu avenante, qu'une boule s'est formée dans ma gorge. Je suis tétanisée.

Brusquement, il se met sur ses pattes arrière, et semble diminuer de taille. Sa tête, ainsi que ses yeux rétrécissent, perdant leur couleur rouge.

Je ne comprends pas ce qu'il lui prend, mais je suis sûre d'une chose : je dois en profiter pour m'enfuir. Je dois... je dois partir. Et vite.

Ni une ni deux, je le contourne avec agilité et fonce vers la lisière, que je devine être dans son dos.

Je cours à toute vitesse vers celle-ci. Ma jambe blessée me lance à chaque fois que je pose le pied par terre, mais je ne peux pas m'attarder.

Une fois à la frontière du bois, je me rends compte que c'est une route. Je regarde derrière moi. Cette chose ne m'a pas suivie. Mon soulagement est de courte durée lorsque je m'aperçois que je ne sais pas où aller.

Je reporte mon attention sur la route. Il me suffit de la traverser pour rejoindre un bord de pierre.

Je ne perds pas de temps et le rejoins.

Je m'avance le plus possible de ce bord. Je jette en œil en contrebas. Une ville s'y trouve. Certaines lumières des maisons sont allumées, me laissant penser qu'il doit être très tôt dans la matinée... Ces taches jaunes ricochent sur les grosses pierres autour de moi. Ce tableau est vraiment sublime...

Je ne pensais pas être autant rendue aussi haut en marchant, par contre. Ni avoir autant parcouru de distance.

Ce paysage m'est vraiment familier... Je fronce les sourcils alors que des images floutées se fraient un chemin devant ma rétine. Je n'arrive pas à me souvenir...

En observant de plus près cet endroit, je constate que ce n'est pas ma ville. C'est sa voisine. L'étonnement me percute. Tous ces kilomètres m'ont menée ici... ?

Il faut que je rentre chez moi, je me suis beaucoup trop éloignée... Mais je ne peux pas renoncer maintenant, je suis si près du but...

Je vais descendre vers la ville pour appeler Sarah. Je trouverai bien quelqu'un qui me prêtera son téléphone. Elle pourra  me rejoindra là pour m'aider. Je sais que Nina n'est pas loin... Même si je vais m'attirer les foudres de la métamorphe chouette et celles d'Adriel, je ne peux pas continuer seule. Je ne m'en sens pas capable.

Un petit chemin à ma droite serpentent justement vers les immeubles. Je m'y engage nerveusement.

A peine ai-je fait une dizaine de pas qu'une poigne de fer se referme sur mon poignet droit. Une main.

Je hurle de stupeur et fais volte-face. J'arrache violemment mon bras à cette prise, et recule.

Les émotions dans les yeux de l'homme sont si profondes que je peux les lire sans problème. De nombreux regrets, une brutale agressivité, et une puissante désolation.

Je hoquette de stupeur et titube en arrière.

Je ne connais qu'un seul regard celui-là. Une seule personne au monde à une couleur aussi peu naturelle.

Le goût amer de la trahison m'étouffe.

Non, ce n'est pas lui... Il ne peut pas m'avoir fait ça... Son regard en dit long sur sa personne. Et confirme mes doutes.

C'est un rouge bordeaux.

Hakan.

- Recule !!! crié-je, affolée. Ne t'approche pas ! Va-t-en... !

Je lève un bras entre nous pour le dissuader d'avancer.

Il me montre ses paumes en signe d'apaisement, mais je n'en ai rien à faire. Ce que j'ai vu ce soir m'a suffit pour faire la différence entre le mensonge et la vérité.

- Kami, s'il te plaît...

- DÉGAGE ! le coupé-je brutalement.

Il sursaute et s'écarte de plusieurs mètres. Ses cheveux sont totalement décoiffés et ses vêtements partiellement déchirés sur son corps puissant. Il a l'air complètement déboussolé. Mais il ne l'est pas plus que moi. L'incompréhension et la peine se battent alors que je prends la parole :

- Alors comme ça c'est vrai, hein ? argué-je. Tu t'es vraiment rangé du côté des Noths ? Pour de bon, hein ? Bravo Hakan, je suis fière de toi, ironisé-je. Je t'attends depuis des semaines et c'est ainsi que tu te présentes à moi ?! Au moins, maintenant, je sais la vérité. Je te faisais confiance ! hurlé-je de plus belle. Je pensais que tu faisais ça pour nous... Mais tu ne pensais qu'à toi, pas vrai ? Tu n'es qu'une ordure, craché-je, la mort dans l'âme.

Ma voix est toute éraillée à force de crier. Je suis blessée. Beaucoup plus que je ne le laisse paraître. Je me réfugie dans la colère, la haine, l'amertume, la méchanceté. Je n'arrive pas à réfléchir comme je devrais le faire. Je suis purement aveuglée par la rage et la rancœur.

Hakan secoue la tête de désespoir, et me répond d'une voix forte :

- Tu ne comprends pas, j'essayais de...

- Si, je comprends parfaitement. Je comprends que tu veuilles choisir la facilité et prendre les Noths comme issue de secours. Oui, je comprends. Je comprends également que tu me mentes, à moi, ton ancienne Apprentie, à ton frère, à Sarah, à Romain, à Léo, à Maya, énuméré-je sur mes doigts. A tous les Midas ! Tu n'es qu'un traître. C'est toi qui as kidnappé Nina, je le sais !!! beuglé-je hors de moi. Tout est ta faute ! Je te déteste.

Je passe mon revers de manche sur mon visage tiré par la haine. Il faut que je parte, que je m'en aille, que je fuie cette situation trop éprouvante pour moi. Je ne peux pas porter ce poids constant de secrets sur les épaules. Ce n'est humainement pas possible. Pourtant, c'est que j'ai fait, indirectement, toute mon existence. Tout est basé sur des cachoteries. Ma vie s'est fondée sur des mensonges.

- Kami, je t'en supplie calme-toi, tu confonds tout, ce n'est...

- La ferme, aboyé-je avant de baisser la voix. Je ne veux rien entendre. Tais-toi, murmuré-je, détruite. C'est ce qu'il y a de mieux à faire, Hakan. Laisse-moi tranquille, pour toujours.

Le regard coupable de Hakan se referme sur le sol.

Les larmes dévalent mes joues sous le coup de la trahison. Puis, tout me revient. Je me souviens de tout ce que je ne parvenais pas à me rappeler : le loup noir aux yeux rouges, dans le couloir d'Histoire, avec ses yeux cerclés de spirales blanches. C'était Hakan, tout simplement, qui faisait déjà sa double vie. Ensuite, mes rêves, qui m'ont tout l'air d'être prémonitoires. Voilà pourquoi cet endroit m'était familier, tout à l'heure... Je l'ai rêvé de si nombreuses fois... Mon subconscient essayait de me prévenir depuis le début... Et j'étais trop obnubilée à essayer de fuir le danger pour comprendre.

Tout me revient en tête, ces choses qui faisaient tant défaut à ma mémoire. Ces bottes noires, celles de Franck. Elles me semblaient si suspectes. Maintenant je comprends. C'est lui qui m'avait assommée dans ma chambre, le soir où j'avais soigné Ambre...

Les clés du puzzle s'assemblent, doucement mais sûrement.

Hakan était de mèche avec Franck. Et ce, depuis le début. C'est Hakan qui l'a attaché dans le bureau avec des soit-disant cordes ensorcelées. Puis, comme par hasard, c'est lui qui me dit que quelqu'un l'a relâché. Lui, et personne d'autre en particulier. En rentrant chez moi ce soir-là, j'ai oublié d'aller voir si Franck se trouvait encore dans le bureau. A présent, je suis sûre qu'il y était. Hakan a profité que je sois dans la salle de bain pour aller le détacher. Hakan est le seul responsable de sa fuite.

Mon souffle s'entrecoupe lorsque je fais le lien.

Tout, sans exception, fait sens dans mon cerveau. Il voulait être mon Exploiteur pour mieux me berner. Eh bien, il a réussi. Je lui ai accordé aveuglément ma confiance dès les premiers jours de notre rencontre. Je l'ai écouté dès ses premières leçons. C'était sans aucun doute, celui qui me comprenait le mieux. Mais tout n'était que comédie et cachoteries. Mon cœur souffre.

J'essuie rageusement mes larmes de douleur, et le regarde droit dans les yeux ; une dernière fois. L'affliction et les remords que j'y vois ne me font ni chaud ni froid.

- Écoute-moi, je t'en prie... me supplie-t-il.

Je m'éloigne de lui, sans regret.

- Même si tu ne m'écoutes pas, tant pis, lâche-t-il, profondément touché par mes paroles. (Il balaie son regard sur moi. Puis ses yeux s'éclairent.) J'ai besoin de tout t'expliquer, tu n'es pas dans ton état normal. (Il prend une grande inspiration avant de dire, gravement :) Je suis désolé.

Je ne réponds rien. Je sais qu'il va continuer de parler. Mais je m'en fiche. J'en ai déjà assez vu. Pas besoin de s'expliquer. Il m'a suffisamment brisée pour que je ne m'en remette pas, alors je ne veux pas l'écouter. Je veux me préserver encore un minimum.

Je me contente de me retourner et de me diriger vers la ville, tuée par la réalité.

Ne jamais tourner le dos à ses ennemis, me répétait Adriel dès qu'il le pouvait. Je n'ai pas su appliquer sa règle.

- Kami ! s'exclame-t-il d'une voix menaçante.

Un violent coup sur la nuque m'envoie au tapis. Je m'écrase sur le sol rocheux et m'évanouis dans l'instant. Il me trahit jusqu'au bout. Comment ai-je pu lui faire confiance un jour ?

Le dégoût reste avec moi alors que je perds connaissance.

Ce n'est pas mon associé, mon ami, mon confident. Ça ne l'a jamais été.

C'est un monstre.
























































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Aïe, aïe, aïe... Je sais que là, certaines personnes me détestent franchement :/ Mais sachez que ce chapitre est celui qui a fait débuter cette histoire ! J'ai eu cette dernière scène pendant tout le long de l'histoire... ;) Tout était prévu ;p

Alors, alors ! Vous avez commenté, j'espère ? x)

Qui s'attendait à ce que ce soit la faute de Hakan, depuis le début ? Pas grand monde, je pense ! ;) Certains penchaient plutôt pour son père, Frank, Isaac, et même Nina ! Eh bien non ! :p

Enfin bref ! ^^

Je dédie ce chapitre à CamilleChiron5! Tu l'attendais, hein ? Je t'avais promis un chapitre dédicacé et plein d'action ma Solange ! Merci à toi de m'écouter déblatérer pendant des heures sur mon histoire, la lourdeur fait partie de moi, et tu le sais ! XDDD Merci de toujours me pousser dans mes limites pour écrire ! <3 (La plupart du temps, c'est grâce à CamilleChiron5 que j'essaie de publier vite, sinon je me fait taper par elle mdrrrr ! XD) Vous pouvez la remercier... <3

Bref, bref ! XDDD (Je suis toute excitée de vous lire, je parle trop ! XDDDDD)

Kami a décidé de s'enfuir toute seule du Rocher pour aller chercher Nina ! Voilà le résultat mdrrr :'D

Ambre l'a vaguement conseillée sur plusieurs choses, mais n'a pas voulu l'aider plus. Je suis sûre que vous vous posez plein de questions, hein ? XD

Ce héron qui l'a aidée, pensez-vous que c'est vraiment le même qu'au Rocher ? ;)

Et les rêves de Kami étaient vraiment prémonitoires ! *=* Incroyable, nan ? :]

Finalement, il y a Hakan. Notre petit Hakan... :'( Vous pensez avoir compris ses intentions d'avoir fait tout ça depuis le début ? ;)

Je voulais appeler ce chapitre "Trahison", mais je trouve que ce titre veut tout dire ! ^^ (Oui, je sais, au premier abord on dirait un oxymore, mais il faut le prendre au sens figuré XDD)

C'était quand même un chapitre 5300 mots environ, voilà pourquoi je l'ai coupé en deux ! Ç'aurait fait un très gros chapitre 35, sinon ! ;)

J'espère que malgré l'énorme bombe que je viens de lâcher, vous avez quand même aimé ce chapitre ! ;)

Pour ceux qui sont encore là (désolée d'écrire des NDA aussi longues mdrrr) je vous apprends, à coup sûr désormais, qu'il ne reste que deux chapitres avant la fin. Oui, la toute fin. (Du tome 1, olala je rigole ! XDDD) Ou peut-être trois chapitres, mais je ne pense pas ! ;)

Je pense finir l'écriture de ce tome avant la fin décembre ! XD Ou janvier, ça dépend du temps que j'ai ! ;p

Voilà, maintenant que j'ai clarifié deux ou trois choses, je vous dis à très bientôt pour la suite ! (Dans deux semaines maximum, j'espère ! ;) Mais ne vous inquiétez pas, j'ai prévu une petite chose pour vous faire patienter ! ^^)

Bisous à tous !

<3<3<3

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