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Chapitre 34 : Mystères

Voici ce nouveau chapitre ! Excusez-moi du retard... :( Je vous conseille de vous installer confortablement pour ce chapitre, il va durer un moment ! Il avoisine les 7000 mots, alors mettez-vous à l'aise ! ;)

Bonne lecture ! <3


Suis-je vraiment obligée de reprendre les entrainements ? Honnêtement, à quoi ça sert d'apprendre à se battre si l'on ne sait pas contre quoi on lutte ?

J'appuie sur l'accélérateur en repositionnant mes mains sur le volant. Je soupire.

Je me répète ces deux questions depuis que j'ai pris la route dans ma vieille Twingo. Après tout, je suis en vacances, maintenant. Déjà que je suis surchargée de travaux à rendre, je n'aimerais pas que des courbatures se rajoutent. Mais bon, je crois que je n'ai pas vraiment le choix. Adriel veut continuer à m'enseigner l'art du combat, soit. Mais je vais sûrement me plaindre à longueur de journée.

J'en viens aux autres questions que je me pose depuis hier, lorsque je suis rentrée chez moi.

J'en reviens principalement à Adriel. Je ne sais pas comment m'y prendre. Le fait qu'il m'ait menti accentue le malaise entre nous. Il m'a caché une information sur Hakan, alors que j'étais désespérée. Quel bon ami ferait ça ?

Est-il encore un ami, justement ? Je pourrais briser cette amitié, mais, est-ce que je le souhaite vraiment ?

Je me plonge dans mes pensées, concentrée.

Comment dois-je me comporter avec lui ? La situation est plus qu'ambiguë depuis qu'il m'a embrassée. J'avoue que sur le moment, je n'ai pas trop cherché à comprendre ce qu'il s'est réellement passé ce soir-là, mais aujourd'hui ? Alors que je suis amenée à le revoir dans moins de cinq minutes ? Comment vais-je faire ?

Je me frotte le front un instant, tiraillée. Dois-je me comporter normalement avec lui ? Ou alors rester complètement bloquée sur cet échange ?

En réalité, je ne sais pas ce que je ressens à son égard. Je l'ai tout de suite considéré comme un ami, rien d'autre. Mais dès le moment où Hakan est parti, nous nous sommes considérablement rapprochés... Mais de quelle manière, au juste ? 

Je secoue la tête, perdue. Je m'engage au dernier moment sur le parking d'un petit bar-restaurant. Je suis censée y rejoindre Nina, Sarah et Adriel.

Hier soir, je suis rentrée tard au Rocher avec ma mère, tout le monde était couché. Le lendemain matin, Adriel et Sarah n'était pas là lorsque je me suis réveillée. J'ai donc décidé d'envoyer un message à Nina pour lui demander si elle voulait qu'on se voit, étant donné que je venais de rentrer. Elle a tout de suite accepté. Puis j'ai envoyé un message à Sarah et Adriel pour leur demander s'ils voulaient bien venir manger au restaurant avec une amie. Ils ont tous les deux dit oui, et Sarah nous a proposé un petit bar dans un coin reculé de ville, tout près de la forêt. Résultat : Nous allons tous ensemble déjeuner. Une Ordinaire et trois métamorphes.

Je me gare sur le parking, impatiente. Je descends de la voiture en prenant mon sac à main noir.

L'esprit embrumé, je marche rapidement jusqu'à la terrasse à quelques mètres de là. Le cœur battant, je lève les yeux. Ils sont tous assis à l'extérieur, près de l'entrée.

J'aperçois d'abord les cheveux raides et noirs de Nina, dos à moi, à ses côtés une personne que je ne reconnais pas tout de suite. Devant eux, Sarah est plongée dans une grande conversation, Adriel l'écoutant en souriant.

Soudain, il redresse la tête, alerte. Il me remarque et se lève de sa chaise.

Je me force donc à approcher, gravissant les deux ou trois marches en bois. J'avance de quelques pas vers eux, en commençant à sourire.

Sarah, ayant surpris le regard d'Adriel, croise le mien. Un immense sourire envahit son visage, avant qu'elle ne se lève et court vers moi.

Elle se jette dans mes bras. Je la réceptionne comme je peux, surprise. Je me mets finalement à sourire, moi aussi, heureuse de les retrouver.

- Je ne suis partie que cinq jours ! m'exclamè-je.

- C'est déjà trop ! s'écrie-t-elle en riant.

Je ris à mon tour en accueillant Nina. Je sais enfin qui elle a emmené. Isaac. Je ne m'attendais vraiment pas à le voir ici - et ce n'était pas prévu que Nina amène du monde - mais ça me fait plaisir quand même.

Ils me prennent tous les deux en même temps dans leur bras.

- Ça fait plaisir de te revoir, petite chieuse, chuchote Nina.

Eh ben dis donc ! Je crois que c'est la seule fois où je manque à autant de monde.

Puis viens Adriel. Évidemment, je n'allais pas l'ignorer.

Alors, oubliant cette situation étrange, je le serre contre moi. Le parfum de vanille et de l'Exquise me monte à la tête, me faisait légèrement frissonner.

Il s'écarte de moi, les yeux brillants.

- Vous m'avez manqué, vous aussi ! je m'exclame, souriante. On va manger ?

Une approbation générale.

Nous mangeons donc, sur cette terrasse, le restaurant presque désert. Le repas est ponctué par quelques conversations.

Arrivés au dessert, je raconte mes vacances chez mes grands-parents. Nina, Adriel et Isaac me posent quelques questions, alors que Sarah reste étrangement silencieuse.

A la fin de mon récit, Sarah se lève précipitamment de sa chaise, déclarant du voix mal assurée :

- Heu... Ça te dérange, Kami, si j'emmène Isaac et Adriel voir l'intérieur ? La décoration est... sublime. J'aimerais leur montrer les tableaux.

Je fronce les sourcils. Je ne comprends pas ce brusque changement d'humeur. Mais j'acquiesce tout de même.

Elle se précipite donc à l'intérieur, Isaac et Adriel sur les talons, qui continuent une conversation visiblement passionnante.

Ils ont l'air de bien s'entendre, ces deux-là...

Je réalise alors que ça doit être la première fois qu'ils se voient. Mais ça me fait vraiment plaisir qu'Adriel ne soit pas comme son frère, méfiant envers mon nouvel ami.

Je me retrouve donc seule avec Nina, cette dernière relisant le menu.

Elle baisse brusquement sa carte et se penche vers moi.

- Tu sais Kami, je suis vraiment contente que tu aies vu tes grands-parents, c'est génial et tout, mais... Tu ne trouves pas ça étrange que ta mère t'ait caché leur existence ?

Nullement surprise par cette question, je réponds aussitôt.

- Si si, je trouve ça même très étrange. Mais ma mère ne veut pas m'en dire plus. De toute façon, un mensonge de plus ou un de moins..., débité-je, ironique.

Nina me fixe, soucieuse. Elle ne détourne pas les yeux, comme si elle cherchait à m'analyser. Alors que j'allais lui demander ce qui ne va pas, elle entame un autre sujet de conversation.

- Sinon, je me suis permise d'inviter Isaac, comme tu as pu le voir. Quand tu m'as dit que deux de tes amis venaient, et que je ne les connaissais pas, je n'ai pas voulu me taper l'incruste.

J'ouvre la bouche pour l'interrompre, mais elle continue.

- Et, justement, je peux savoir d'où tu les connais, exactement ?

Je déglutis. Elle me prend de court. Mais Nina a toujours eu ce côté curieux et fouineur comme une commère. Mais je ne peux pas lui révéler qu'ils viennent tous les deux d'un immense rocher perdu en pleine forêt. Alors ça, non. Mais je ne veux pas lui mentir, aussi...

- Adriel était mon embaucheur, tu sais, au salon de toilettage pour animaux.

Elle hoche la tête, m'écoutant avec attention. Sa doudoune grise fait ressortir ses yeux verts perçants.

- Et Sarah ? insiste-t-elle.

Elle me fait penser à un agent du FBI à vouloir absolument savoir...

Je grimace, ne sachant pas quoi dire.

Dépêche-toi, je sens que la conversation va devenir très intéressante, me susurre Victor.

Victor rajoute une couche de pression sur mes épaules. Je réponds tout d'une traite.

- Sarah m'a aidée pour un devoir quand j'en avais besoin. C'est une ancienne lycéenne d'un lycée d'à côté, je la connais depuis un an ou deux.

C'est la vérité. Partiellement, du moins. Elle m'a vraiment aidée pour un devoir d'anglais, il y a deux semaines. Et elle doit probablement venir d'un lycée du coin...

Je fais mon plus beau sourire à Nina. Elle me regarde encore, soupesant le pour et le contre de mes arguments.

Elle se comporte bizarrement... Qu'a-t-elle donc ?

- Pourquoi tant de questions à propos d'eux, tout à coup ? je demande, méfiante.

Nina relâche ses épaules, comme vidée de toutes forces. Elle s'avachit contre le dossier de sa chaise, resserrant son manteau contre elle.

- Je... Je trouve que l'on s'est beaucoup éloignées, dernièrement... Tu passes tes journées avec des gens que je ne connais pas, alors qu'avant, tu les passais avec moi... Je sais que ça peut te paraître débile, mais je me sens rejetée, comme si tu avais trouvé mieux que ta vieille copine Nina...

Ma mâchoire s'ouvre d'elle-même, sous le choc. Je ne m'attendais pas à ça. Mais j'admets qu'elle n'a pas tort. Je l'aime toujours autant, elle reste ma meilleure amie, celle avec qui je partage tout depuis des années, mais... Les temps ont changé, je suis un métamorphe à présent, et je ne peux pas vraiment faire autrement que de lui cacher des choses et l'éloigner involontairement de moi... Ce serait comme laisser un moineau avec une pie toute une journée. Ça ne fonctionnerait pas longtemps.

Je pose alors une main sur la sienne, par dessus la table.

- Je suis d'accord avec toi, Nina, nous ne nous voyons plus autant qu'avant, mais disons que j'ai été très prise ce dernier mois, ne m'en veux pas... Nous devons absolument recommencer comme avant, je ne veux pas que tu te sentes rejetée, abandonnée, ou quoi que ce soit d'autre... D'accord ?

Je me mords la lèvre en la voyant plisser les yeux. Bon, j'avoue que je n'ai pas beaucoup donné de sens à mon explication. Mais je ne peux vraisemblablement pas dire la vérité à Nina. Déjà parce que je n'en ai pas le droit, mais également car je ne sais pas si elle réagirait bien... Mais, d'un côté, je ne pense pas que non plus ce soit une bonne idée de lui cacher ma vraie nature... Mais quitte à choisir, je préfère la première solution. Celle qui lui plaît le moins, manifestement.

- Mais..., commence Nina.

- Non, la stoppé-je, on fera ça, et c'est tout. Pas de questions, petite fouine. On peut se voir demain ! Tu as quelque chose de prévu ?

Elle croise les doigts sur la table tout en posant son menton dessus, encore plus suspicieuse. Quelques secondes passent.

- D'accord, se résout-elle.

Je lui fais un sourire. Elle me le rend difficilement.

Je sais très bien qu'elle déteste se sentir à l'écart, surtout lorsque c'est à propos de ses amis... Mais je ne peux pas faire autrement.

J'allais m'engager sur une autre conversation, mais elle me coupe l'herbe sous le pied.

- Sinon, j'étais en train de me dire, débute-t-elle, songeuse, Adriel et Sarah sont là... Mais tu as d'autres amis dont tu me caches l'existence, pas vrai ? Par exemple, ce Hakan ? Je sais que êtes bons amis, maintenant. Pourquoi n'est-il pas ici ?

Je fronce les sourcils. Je ne m'attendais pas du tout à ça. Cette journée me surprend énormément, on dirait.

Attends, elle n'en a pas encore fini, ricane Victor.

Sa voix rocailleuse et à la fois douce commence à devenir familière dans ma tête.

Mon dieu, mais qui es-tu, Victor ?

Je sais qu'il ne me répondrait pas si je lui demandais, alors je m'interroge toute seule, pour la forme.

- Eh bien, bégayé-je en réponse à Nina, il est parti en voyage il y a plus d'un mois maintenant, je ne l'ai pas vu depuis.

Nina sourit plus franchement, les yeux perdus sur la poivrière du restaurant. Elle s'en empare et la tripote, les yeux hésitants.

- Et il compte revenir quand ? J'aimerais bien apprendre à mieux le connaître.

J'ai un mouvement de recul. Vraiment, Nina me lâche de vraies bombes aujourd'hui. Je ne sais pas quelle mouche l'a piquée...

- A vrai dire, déclaré-je, bientôt, normalement. Pourquoi exactement veux-tu le voir ?

J'ai peur d'avoir mal compris, en fait.

Nina repose la poivrière au centre de la nappe blanche, en souriant bêtement.

- Oh non, non, juste comme ça, murmure-t-elle.

Eh bien finalement, je crois que le sous-entendu était clair.

Super, ma meilleure amie Ordinaire veut sortir avec mon ancien Exploiteur, alias Hakan le métamorphe loup, grincheux et râleur.

Si ça, ce n'est pas la cerise sur le gâteau.

- Eh Kami, s'exclame Isaac, sur le seuil du restaurant. Viens voir ça, c'est génial !

Je me lève en même temps que Nina. Je marche jusqu'à lui. Je soupire et lève les yeux au ciel lorsque je découvre la machine qu'il me montre du doigt.

* * *

Après avoir payé l'addition, je remarque que Sarah a raison, l'intérieur est génial. Des tableaux sur tous les murs, ces derniers peints en rouge vif et vert turquoise. Une salle de jeu se trouve dans un coin de la pièce, reculé des tables. Nous en profitons donc quelques instants avant de partir.

La chose si géniale que me montrait Isaac est un Flipper. Il suffit juste d'une machine de la sorte pour captiver mes deux amis masculins. Sarah est assise un peu plus loin dans un gros fauteuil blanc et regarde Isaac et Adriel jouer. Nina a rejoint Sarah sur un canapé voisin. Sarah ne cesse de sourire. Comme Adriel et Isaac, elles ont l'air de bien s'entendre, ça me fait également plaisir...

Ils s'entendent tous bien, même, à ce que j'ai pu voir pendant le repas. Ça me rend si joyeuse. Peut-être que je vais pouvoir continuer à fréquenter mes amis Ordinaires ?

Je souris malgré moi à cette idée. Les deux monde ne sont pas si incompatibles que ça, finalement. Je croise alors le regard de la métamorphe. Elle se crispe et son sourire disparaît.

Je fronce instantanément les sourcils. Qu'ai-je fait pour qu'elle retire le sourire de son visage ?

Je m'avance vers elle, incrédule.

- Quelque chose ne va pas ? je l'interroge.

Elle lève à peine les yeux et se crispe un peu plus.

- Non, non, tout va très bien.

Sans lui demander son avis, je lui prends le bras et l'entraîne à l'extérieur, retournant jusqu'à notre table. Nous nous rasseyons. Ça ne dérangera personne, le restaurant est désert. Je la toise un instant, essayant de comprendre sa réaction.

Elle, ne me regarde même pas, absorbée dans la contemplation de la nappe. Ça me met vite hors de moi. Sarah, la seule fille métamorphe qui a manifesté de l'affection et de l'amitié pour moi, est en train de m'ignorer d'une manière royale. Je ne l'ai jamais vue comme ça, surtout que c'est à cause de moi, j'en suis sûre.

- Sarah... Qu'est-ce que tu as, enfin ?! Je n'ai pas l'habitude de te voir comme ça, et j'ai l'impression que tu me caches quelque chose...

Elle redresse sa tête vers moi, me servant un sourire peu crédible.

- Mais tout va bien, Kami.

Je hausse un sourcil, sceptique. Elle poursuit sans que je ne lui en demande d'avantage.

- C'est juste que je suis très fatiguée en ce moment... Les tensions au Rocher s'accentuent.

- Attends, quelles tensions ?

Sarah grimace, jouant avec ses doigts. Puis elle semble abandonner l'idée de me mentir.

- Autant t'en parler, de toute manière, tu fais partie de la tribu, maintenant...

Elle s'éclaircit la voix en captant toute mon attention. Je me penche en avant pour mieux l'entendre. De quoi parle-t-elle ?

- Les Midas sont sur les nerfs. On court tous partout, le temps nous échappe, les blessés se multiplient...

Elle marque une pause, essayant de trouver les bons mots. Je l'encourage d'un signe de tête. Il s'est passé quelque chose durant mon absence...

- Les Noths sont passés à la vitesse supérieure. Nous ne connaissons pas encore leur objectif, mais nous avons des doutes... Ils cherchent à nous affaiblir, ça c'est sûr, mais pour quelle raison ? Depuis environ trois mois, ils n'arrêtent pas de nous tourner autour... On pense qu'ils ont réussi à corrompre les Brumeurs, en plus de ça... Ces créatures sont extrêmement dures en affaires, je ne sais pas comment ils ont pu faire... S'ils y sont arrivés.

Elle soupire, accablée. Et moi, je réfléchis. Je comprends mieux les attentions d'Hakan, de rester un peu plus chez les Noths pour en apprendre plus. C'est pour mieux nous aider par la suite.

- Tu sais, murmuré-je, j'ai vu Hakan hier.

Sarah écarquille les yeux, apparemment surprise.

Puis je m'interroge. Sarah ne sait probablement pas qu'Hakan se trouve chez les Noths... Je vais sûrement faire une boulette si je dévoile quoi que ce soit. J'aurais dû en parler à Adriel, avant... Il faut définitivement que je lui parle. Il faut mettre les choses au clair. Et vite.

- Écoute Sarah, je me reprends, je... je dois demander un truc à Adriel...

Je me lève brusquement et fonce à l'intérieur. Isaac se démène contre le Flipper, Nina pianote sur son smartphone, assise sur le canapé où nous l'avons laissée. Je balaie la pièce du regard. Mes yeux croisent ceux d'un serveur, occupé à essuyer le comptoir en bois. De jolies prunelles vertes, bientôt accompagnées d'un sourire. Je lui souris en retour avant de me tourner vers ma droite, sentant une chaleur oppressante sur ma nuque.

Deux billes cuivrées me dévisagent en silence. Tendue comme un arc, je m'approche d'Adriel, et essaie de paraître la plus impassible possible. Je déclare d'une voix forte :

- Il faut qu'on parle.

* * *

Peu de temps après, nous sommes tous sortis du restaurant. Nina et Isaac sont vite rentrés chez eux, prétextant un emploi du temps surchargé. Sarah est partie faire les boutiques en ville, comprenant que je devais avoir une discussion avec mon Exploiteur.

Donc nous voici tous les deux, les bras ballants le long du corps, sur le parking. Nerveuse, je prends l'initiative d'engager la conversation.

- Viens, on va marcher.

Je me dirige donc vers la forêt, à quelques pas de là. J'expire tout l'air de mes poumons, réfléchissant aux questions que je vais lui poser. J'en ai tellement... Mais l'ordre dans lequel je vais les poser va compter. Il va falloir qu'on parle calmement, sans s'énerver ou hausser le ton. Je suis vraiment sur les nerfs en ce moment... Je m'énerve pour un rien...

Réfléchis Kami, réfléchis. Par où vas-tu commencer ? Je ne veux pas passer par quatre chemins...

Adriel, quant à lui, reste silencieux, marchant à ma gauche. Son visage ne reflète aucune émotion particulière, à mon plus grand désarroi. Sur quoi vais-je me baser pour entamer les dialogues ?

N'y tenant plus, je lance tout de go :

- J'ai revu Hakan.

A peine les mots franchissent la barrière de mes lèvres, que je regrette. Je n'aurais pas dû commencer comme ça...

Mais je constate que ça a eu son petit effet. Il s'est tendu à la seconde, ses yeux se sont ternis d'appréhension.

Je continue de le regarder, attentive à sa réponse. Il le remarque et murmure d'une voix neutre :

- Et ?

Continuant sur ma lancée, je ne prends pas de gants :

- Il m'a informé qu'il nous avait laissé un mot, à tous les deux.

J'insiste particulièrement sur la fin de la phrase, pour qu'il en comprenne la vraie signification.

Aucune réaction de sa part, hormis un resserrement de la mâchoire. Je ferme un moment les yeux, fatiguée de tout ceci. Des mensonges constants dans mon entourage. Vivant presque en colocation avec moi.

C'est moi qui vis en colocation avec toi ! s'exclame Victor.

- Ne fais pas l'imbécile et aide-moi à mener correctement la conversation. Je sens que je vais vite m'énerver, sinon, le rembarré-je.

Le silence me répond.

Bien, merci l'ami.

Je fixe mon regard sur les arbres devant moi, prenant garde à ne pas poser les pieds n'importe où.

- Adriel, pourquoi tu ne m'en as pas parlé, enfin ! Tu as déjà oublié les jours entiers que je passais à m'inquiéter, il y a un mois de cela ? Les crises de panique que tu m'as aidée à gérer ? Je me faisais du souci pour mon ami. Et toi, tu savais depuis le début où il se trouvait, et tu n'as même pas daigné m'en parler ? Pire, tu me mentais lorsque je te demandais de ses nouvelles. C'est impardonnable, finis-je, des reproches non dissimulés dans la voix.

Le silence s'épaissit. Je ne flanche pas, laissant ma tirade faire son effet.

- Je ne sais pas où il est, articule-t-il.

- De quoi ? je demande, prise de court.

C'est tout ce qu'il a retenu ?

- Je ne connais pas l'emplacement exact d'Hakan.

- Mais tu savais qu'il était chez les Noths, l'accusé-je, les yeux plissés. Tu aurais pu le dire et tu n'en as rien fait. Pourquoi ?

Nous arrêtons de marcher. Je me campe sur mes appuis, prête à tout entendre.

Il se tourne vers moi, et c'est à ce moment précis que je vois toute l'impuissance de ce dernier mois transpirant dans ses gestes.

- Tu crois c'était une partie de plaisir pour moi de te mentir ? m'agresse-t-il soudainement. Tu crois que c'était facile ? Que j'ai pris cette décision à la légère ? Eh bien non. J'y ai mûrement réfléchi, pesant de nombreuses fois le pour et le contre. La vérité ou le mensonge. J'ai choisi la proposition la plus logique...

- Ah, parce que c'était logique pour toi de me mentir ? le coupé-je. Si tu m'avais dit la vérité, rien que la vérité sur ce fameux mot, on aurait pu partir à sa recherche ! On aurait pu essayer de le raisonner et de le ramener ici ! Lui faire comprendre que c'est d'une stupidité folle d'aller dans un endroit aussi dangereux ! On aurait pu..., je m'arrête, reprenant mon souffle.

Adriel en profite pour parler.

- C'est justement pour ça que j'ai pris la proposition la plus logique ; pour l'avenir, développe-t-il. Si je t'avais fait part de l'existence de ce message, tu aurais foncé dans la gueule du loup, essayant de le chercher. J'ai limité les dégâts, tu ne serais pas revenue indemne, sinon, murmure-t-il sinistrement.

Un frisson me parcourt l'échine. Je tente de faire abstraction de cette dernière phrase, analysant sa façon de penser. Une évidence me saute alors au visage, faisant tomber toutes les cartes de son château.

- Mais, Adriel, comment aurais-je pu le chercher, alors que je n'ai aucune idée d'où il se trouve ? Pas la moindre ! Il pourrait être à la l'autre bout de la France, ou dans un autre pays ! Ton raisonnement tombe à l'eau ! Arrête de chercher des excuses, tu ne voulais juste pas me le faire lire, ton stupide message !!

J'ouvre les poings, que j'ai malencontreusement serrés. L'empreinte de mes ongles est imprimée dans la peau blanche de ma paume.

Adriel soupire fortement, presque agacé. Puis il croise mon regard. Je ne sais pas ce qu'il y voit, mais ça semble le convaincre de me montrer quelque chose, vu la manière dont il fouille dans la poche de son manteau marron.

Il y sort une petite boîte orange, longue de dix centimètres, environ. Il l'ouvre et plonge sa main dedans, juste qu'au poignet. Il extirpe une feuille de chêne, menaçant de s'émietter à tout instant.

Je m'approche d'elle, surprise. Il va me faire lire le message d'Hakan ?

Il serait temps ! ricane Victor.

Je l'ignore royalement et tends la main pour l'attraper.

- Attends, dit Adriel en interrompant mon geste en refermant sa main sur mon poignet.

Sa chaleur s'infiltre même à travers ma manche.

- Tu fais attention, je dois la garder intact, reprend-t-il, posant un regard grave sur moi. Et ne la lis pas à voix haute, tu vas te brûler, sinon.

Je lui adresse un regard courroucé et attrape la feuille. Une écriture en patte de mouche apparaît petit à petit :

"Mon très cher frère, 

Je t'écris cette lettre à la va-vite, je quitte la ville dans moins d'une minute. Comme je passe par la forêt, je la déposerai devant le Rocher. Tu as reconnu le sortilège de dissimulation. Remercie Maya pour moi, tu veux ?

Enfin bref, je te laisse ce message pour que vous évitiez de vous inquiéter, Kami et toi. Je sais que Papa n'en à rien faire, alors ne lui dis rien.

Tout ce que tu dois savoir, c'est que je suis censé partir chez l'ennemi. Désolé de te l'apprendre, mais je suis obligé. D'après l'emplacement où l'on m'a donné rendez-vous, c'est à quelques kilomètres d'ici, en pleine forêt. Souhaite-moi bonne chance. Si je n'ai donné aucune nouvelle dans deux mois, tu pourras t'inquiéter. Sinon, pas de panique pour moi, je saurais me débrouiller un cas de problèmes.

Prends soin de Kami à ma place. Tu sais comment elle est, elle va sûrement se faire un sang-d'encre pendant des jours et des jours, puis, il y a de fortes chances pour qu'elle te harcèle de questions à mon propos, si tu as des nouvelles de moi. Au bout de deux semaines d'absence, tu en as de moi, à présent ! Je sais que je vais probablement regretter ce que je vais dire, mais tu devrais dire la raison de mon départ à Kami. Elle va mourir d'inquiétude, la connaissant. Ne la laisse pas dans l'ignorance. Elle saura tôt ou tard que tu lui as caché quelque chose. Et à ce moment-là, ça se retournera contre toi. J'ai déjà fait les frais de ses crises, merci. Fais le bon choix, Adriel. Même si je connais déjà la réponse... !

Tu peux me répondre si tu veux, mais je ne pourrais pas lire ton mot. Alors ne m'écris qu'en cas d'extrême urgence, je saurais me libérer.

Je te souhaite bien du courage avec mon Apprentie,

Hakan.

P. S. : Il y a peu de chances pour que ça arrive, mais si jamais je meurs, ne laisse pas oncle Henri chanter et se goinfrer à mon enterrement !

Je glousse face à cette dernière phrase. J'essuie machinalement mes joues. Deux grosses larmes ont coulé jusque dans mon cou, laissant une traînée froide. Je reste scotchée sur la lettre. Je suis à la fois choquée et flattée. Hakan me connaît vraiment si bien que ça ? Alors que moi, je ne sais rien de lui...

- Tu comprends maintenant ? entame Adriel, coupant court à mes pensées. Il dit à peu près où il se trouve. Et je suis sûr que tu aurais trouvé un moyen pour te rendre là-bas.

Décidément, ces deux frères me connaissent vraiment bien.

- Tu n'aurais rien trouvé, alors tu aurais fait un scandale auprès de Maya pour mobiliser le plus de monde possible pour le retrouver.

Ils me connaissent un peu trop, même.

- Je suis si prévisible que ça ? m'exclamè-je, contrariée.

Il souffle avant de s'approcher de moi.

- Non, mais tu fais beaucoup de choses irréfléchies. Et folles. Et dangereuses. Alors au fur et mesure, on s'habitue à ta manière de réfléchir.

Je baisse les épaules, abattue. Je ne m'attendais pas du tout à ça, comme lettre.

Adriel me la reprend des mains, la glisse dans sa boîte personnelle orange et range cette dernière dans sa poche. Il me prend ensuite dans ses bras.

Je ne réagis pas, les yeux plongés dans le ciel bleu et froid de l'hiver. Le soleil plonge sur nous sans réchauffer, alors que le vent s'abat sur chaque chose qui entrave son chemin.

- Tu m'en veux ? chuchote Adriel au creux de mon oreille.

J'ouvre la bouche, l'esprit ailleurs. Est-ce que je peux vraiment lui en vouloir ? Je sais que ma réaction en temps normal aurait été oui. Mais maintenant, je me rends compte qu'il faut que je cesse de me comporter comme une gamine. Que je grandisse et arrête de tout dramatiser.

- Plus maintenant. Du moins, plus autant, ajouté-je en souriant. J'ai compris pourquoi tu as fait ça, déclaré-je, décidée. C'est tout ce qui emporte désormais. Que je comprenne.

Il ressert son emprise sur moi, en jouant avec la pointe de mes cheveux. Je glisse alors les mains dans ses poches de manteau, frigorifiée.

- Quelque chose ne va pas, Kami ? s'inquiète-t-il, ayant compris ma phrase à double sens.

Je pose mon menton sur son épaule, les yeux levés vers l'étendue bleue.

J'adore les ciels d'hiver. J'ai soudain l'envie de me confesser. Je commence alors d'une voix atone :

- Non Adriel, rien ne va plus. Dès mon jeune âge, j'ai toujours été la petite fille chiante qui voulait toujours tout savoir. Tout apprendre, tout connaître. Je détestais lorsque je ne comprenais pas une leçon à l'école, par exemple. Je devais trouver une réponse à tout. Encore aujourd'hui, il me faut des réponses. Beaucoup trop de choses restent en suspens, jouant avec mes nerfs, triturant mon cerveau, gâchant mes nuits de cauchemars en tout genre. Alors je sais que je peux paraître comme une fille qui se plaint tout le temps ou comme étant fragile, mais c'est ma façon d'aller mieux. Je pense à voix haute. Rien que tout ça, je n'aurais pas dû te le dire, mais c'est parce que je sais que tu ne me vois pas comme tout le monde. Je sais qu'avec toi, qu'avec vous, les métamorphes, je suis à ma place. Même si je reconnais que les secrets et autres péripéties, je m'en passerais bien. De même que ce cauchemar récurrent qui me harcèle...

- Attends, attends, me coupe Adriel. Quel cauchemar ?

Oups. J'en ai peut-être trop dit. En réalité, ce n'est pas dérangeant qu'Adriel le sache. Mais je m'étais promis de n'en parler à personne. La vérité, c'est que ça me fait peur. Cette situation me fait peur. Je sais que ce n'est pas normal d'avoir des cauchemars à répétition. Surtout que je suis presque sûre désormais que cela a un rapport avec le surnaturel... Cela fait un peu plus d'un an que je le fais...

J'ai encore revu ces yeux bleus, la nuit dernière. Semblables aux miens. Sans parler de cette course effrénée au cœur des bois.

J'explique alors brièvement à Adriel tout ceci.

- Le rêve se divise en trois parties, continué-je. Je les rêve à des nuits différentes. La première, celle où je suis poursuivie. Et la dernière, celle avec la personne qui a les mêmes yeux que moi.

- Et la seconde ? m'interroge Adriel, de plus en plus soucieux.

- Le problème est là. La première partie du cauchemar, je la fais depuis un an. La dernière, elle, est apparue il y a un mois environ. Je ne me souviens pas avoir vécu la deuxième. Et dès que j'y repense, c'est le trou noir, j'ai l'impression d'étouffer, comme si de la fumée rentrait dans mes poumons.

Au milieu de mon récit, nous nous sommes assis sur un tronc d'arbre, couché sur le sol. Adriel se relève alors soudainement, se tenant le visage entre les mains.

- Oh mon dieu..., grogne-t-il, accablé.

- Quoi ?

Je saute sur mes jambes comme sur un ressort. Adriel enlève ses paumes. Je le découvre alors complètement perdu, les yeux agrandis par la peur.

- Tu présentes tous les symptômes...

- De quoi tu parles enfin ?! éclaté-je, n'y tenant plus. Explique-moi !!!

- Tu as subi l'attaque d'un Brumeur. Il t'a ôté ton rêve. Tu ne sais plus si tu l'as fait, si tu l'as imaginé ou autre. Et il n'a pas dû prendre ce seul souvenir, soupire-t-il, affolé. Les Brumeurs n'agissent jamais pas hasard. Mais voilà un autre problème. Nous supposons que les Burmeurs sont à la solde des Noths. Le tout est de savoir si un Brumeur t'a volé ce souvenir avant ou après s'être fait corrompre.

Je me prends la tête entre les mains, un mal de crâne menaçant d'arriver.

- Adriel, je... je ne sais pas, je ne sais plus...

En voyant que je suis au bord de la crise de nerfs - ou de larmes, au choix - il prend mon visage dans ses mains en coupe, et dépose un baiser sur mon front. Ça me calme presque instantanément.

Nous restons silencieux un moment. J'apprécie la couleur du ciel. Je le fais d'ailleurs remarquer à Adriel. Il relève la tête vers celui-ci et fronce les sourcils.

- C'est bizarre, commence-t-il, la météo avait prévu une tempête de neige pour ce soir - la première depuis le mois dernier - mais le ciel est entièrement dégagé... Vraiment bizarre.

Je secoue la tête, repartie dans mes pensées.

- Adirel ? Comment je vais faire pour ce cauchemar ? Il est de plus en plus récurrent...

Il soupire et me sourit faiblement.

- Viens, j'ai idée. On retourne sur le parking du restaurant, on prend la route, et on va au Rocher. On demandera conseil à Maya.

Il m'attrape la main, et, au pas de course, il m'entraîne vers l'endroit d'où nous arrivons.

En le détaillant, je remarque que ses cheveux ont poussé depuis que nous nous connaissons. Auparavant courts, en brosse, ils sont désormais beaucoup plus longs, se mouvant vers la droite. J'ai toujours aimé les cheveux longs pour les garçons.

Mais qu'est-ce que je dis ? Je n'ai pas à penser ça, Adriel n'est que mon ami, et il le restera.

Enfin, sauf si le cœur s'en mêle, souffle Victor. Tu lui as demandé comment ça allait se passer entre vous, maintenant ?

Oh. Oh oh. J'ai carrément oublié ce petit détail. Comment vais-je faire ?

Nous arrivons vers la voiture. Je lui tends les clés alors qu'il me dit qu'il va conduire. Le soleil commence déjà à s'abaisser dans le ciel, doucement mais sûrement.

Je regarde l'heure sur le tableau de bord. Il est 17 heures.

Déjà ? C'est passé bien trop vite...

Adriel s'engage habilement sur la chaussée, le regard posé sur le bitume, concentré. C'est le moment. Je n'aurais jamais le courage de lui demander plus tard, et je ne peux pas passer outre.

- Adriel, je voulais te demander... Avant que je ne parte chez mes grands-parents, devant la voiture... Que s'est-il réellement passé ce soir-là ?

Adriel sourit en coin, et me répond presque aussitôt.

- Ce que tu veux. Il s'est passé tout. Ou rien. Tu peux oublier ce moment. Ou te le remémorer. A toi de voir.

J'ai retenu ma respiration. Il a le don de me surprendre aujourd'hui. Je ne vais pas tourner autour du pot.

- Ça ne change rien entre nous ?

- Sauf si tu le souhaites.

Je tourne la tête vers lui, perturbée. Il arbore un sourire mystérieux, les yeux rieurs et fixés sur la route. Les rayons orangés du soleil l'éclairent, nimbant son visage et ses cheveux de reflets cuivrés ; en accord avec ses yeux.

Je reste subjuguée un moment par cette image, avant de me ressaisir. Je pique un fard vers la fenêtre, me sentant rougir. Qu'est-ce qu'il se passe, là ?

Soufflant un coup, je reporte mon attention sur la route, devant moi, et demande de but en blanc :

- Que vas-tu faire, toi ? Vas-tu oublier ou te remémorer ?

Il ne se départit pas de son sourire, au contraire, il s'agrandit.

- Qu'est-ce que tu préférais ? élude-t-il.

- Arrête de contrer mes questions ! Je déteste ça.

Il se gare devant chez moi, et nous descendons. Nous nous dirigeons alors ensemble vers la forêt pour rentrer au Rocher.

- Tout ce qu'il faut retenir, Kami, me dit-il enfin, c'est que nous allons continuer ainsi. Tu es mon amie avant tout. Et mon Apprentie. Laissons le destin faire, il connaît son métier.

Je souris légèrement en portant mon regard au ciel. Les nuages sont teintés d'orange, avec quelques reflets roses.

C'est ça. Laissons les choses se faire. Vivons au jour le jour.

* * *

- Vous avez intérêt à tout ranger, cette fois ! maugrée la bibliothécaire en marchant vers son bureau.

Adriel me lance un regard complice alors que je soupire. Nous voilà de retour à la bibliothèque du Rocher, cherchant une information pour mon cauchemar. Maya n'étant pas là aujourd'hui, ma seule alternative est la bibliothèque...

Mais je suis finalement contente d'en avoir parlé avec Adriel. Peut-être aurai-je le fin mot de ce mystère aujourd'hui ?

Adriel commence la chasse aux vieux livres barbants en partant vers la droite.

Ne connaissant pas encore suffisamment cette bibliothèque pour chercher à un endroit précis, je vagabonde d'étagères en étagères, les doigts sur les tranches des livres. Je lis les titres écrits sur ces dernières.

"Comment se débarrasser des Stongules." ; "Comment invoquer une Stubelle." ; "Comment traduire la langue des Swoss."

Heu... Je ne veux même pas savoir quelles sont ces créatures.

Je quitte le rayon des surnaturels en "S" en continuant de flâner. Je trouve alors une pancarte légèrement cachée par un rideau.

Je m'avance vers celle-ci, intriguée. Je jette un coup d'œil à la vitre juste à côté. Elle nous laisse voir l'Antre, le centre du Rocher. Certains métamorphes s'activent en contrebas, alors que des oiseaux font des allers-retour entre les cavités.

Je remarque alors deux jeunes filles, assises près de la fontaine à poissons, celle où je m'étais tout de suite dirigée en arrivant ici.

Ça remonte à loin...

Les deux filles parlent et rient, en ignorant l'activité autour d'elles, comme dans leur bulle. Elles doivent avoir huit ans... Elles ont sûrement des parents métamorphes.

Comme j'aurais aimé connaître ce monde plus tôt. Vivre ici depuis sa naissance doit être si agréable...

Je soupire fébrilement avant de reporter mon attention sur la cause de mon déplacement. Je pousse le rideau qui occulte la pancarte, et la lis.

Ce rayon est spécialisé dans la sorcellerie.

Je regarde Adriel à la dérobée. A quelques mètres de là, le nez plongé dans un bouquin, il ne fait pas attention à moins.

Intriguée par ces étagères noires, je m'enfonce alors entre elles. Mes yeux papillonnent un peu partout, avant de tomber sur un titre qui accroche immédiatement mon regard.

"L'art de manipuler les rêves et les cauchemars"

De plus en plus intéressée, je tire sur la tranche du livre et le saisis à deux mains. Son poids me fait pencher un avant.

Avec une grimace, je le pose contre le rebord de l'étagère. Sa couverture est d'un violet pourpre, zébrée de noir. Les lettres en gras du titre ressortent bien.

Je regarde attentivement les pages jaunis par le temps, réfléchissant avant de l'ouvrir.

Se pourrait-t-il que j'obtienne la réponse que je désire tant connaître là-dedans ? Serait-ce possible que quelqu'un me manipule à travers mes cauchemars ? Je dirais même que c'est très probable. Avec un père tueur et un ex beau-père Noths, c'est même sûr que ce livre pourrait m'aider.

Décidée, j'ouvre la première page.

Avant que je n'ai pu lire un seul mot, j'entends mon nom, murmuré tout près de moi. Je sursaute en refermant l'ouvrage, comme si j'étais prise en train de faire une bêtise.

Je tourne donc la tête pour découvrir la source de cette surprise.

Deux grands yeux verts-bleus me dévisagent. Une petite tête châtain clair et une peau mate.

- Léo ? je chuchote, étonnée.

- Bonjour, Kami, dit-il de sa voix calme.

Sa maturité me choquera toujours, je crois. Venant de la part d'un enfant d'à peine sept ou huit ans, ça surprend.

- Que se passe-t-il ? je demande en fronçant les sourcils.

- Viens avec moi, souffle-t-il.

Il me prend la main, alors que je titube derrière lui. J'abandonne le livre derrière moi. Le petit métamorphe sort du rayon dévoué à la sorcellerie.

- Attends, je m'exclame, où m'emmènes-tu ? Adriel est là, aussi, je suis censée faire des recherches...

Je cherche des yeux la silhouette de mon Exploiteur, mais je ne le trouve pas. Il a comme disparu.

- Dépêche-toi, quelqu'un t'attend, reprend Léo en tirant sur mon bras.

Quelqu'un m'attend ? Qui ça ? Ma curiosité piquée au vif, je me dépêche de le suivre, oubliant Adriel. Il est peut-être déjà descendu.

Je sors de la bibliothèque en vitesse. Léo me conduit jusqu'à l'échelle en bois que je descends pour arriver en plein milieu de l'Antre. Je balaie l'endroit du regard.

- Viens, me murmure Léo, Sarah m'a envoyé te chercher.

Je le suis toujours, légèrement anxieuse. Pourquoi n'est-t-elle pas venue elle-même me voir, alors ?

Léo me guide jusqu'à l'entrée du tunnel. J'attends de longues minutes, sans aucune trace de Sarah.

- Léo, l'interrogé-je soudainement, tu es sûr que Sarah t'a dit de l'attendre ici ?

Sans un bruit, il opine du bonnet.

- Et elle ne t'a rien dit d'autre ? j'insiste.

Il secoue la tête en signe de négation.

Au même moment, Sarah débarque comme un boulet de canon devant nous, surgissant du tunnel. Ses cheveux roux, toujours bien coiffés, sont totalement désordonnés. Ses yeux sont agrandis et regardent partout, comme si elle cherchait quelqu'un. Lorsqu'ils croisent les miens, le soulagement et l'angoisse les envahissent.

- Sarah, demandé-je rapidement, que se passe-t-il ? Pourquoi m'avoir dit de me dépêcher alors que tu n'étais même pas là ?

Elle reprend son souffle, la main sur son ventre. Elle suffoque presque.

- C'est... Nina...

- Quoi, Nina ? je demande durement. Qu'est-ce qu'il se passe, enfin ?!

La panique me gagne, à présent.

Le point de côté de Sarah n'a pas l'air de vouloir passer. Elle a dû courir à une allure folle...

Elle se redresse comme elle peut en posant ses mains sur mes épaules. Elle relève la tête et me regarde dans le blanc des yeux.

- Nina... Elle a disparu...













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Et voici la fin ! Je tiens sincèrement à m'excuser pour tout ce temps d'absence... Je n'avais plus le temps d'écrire... :( J'espère que ce chapitre vous a plu au moins ! Ça valait le coup d'attendre ? :/

Je dédie ce chapitre à ma québécoise préférée laulausi (mon petit cadeau en retard ! ;)) ! Merci d'être là depuis le début ! <3

Je sais que je vous avais dit que ce serait un chapitre riche en rebondissements, mais j'ai préféré prendre mon temps et retarder un peu ce moment ! Du coup ce chapitre est un peu plat, mais on en sait plus sur les intentions d'Adriel ! ;)

D'après vous, Adriel a-t-il eu une bonne idée ? Il a bien fait de cacher l'existence de ce mot à Kami ? :)

Et donc, Kami a-t-elle bien fait quant à elle de parler de son cauchemar à Adriel ? :)

Cette fois-ci, le prochain chapitre va vraiment être plein d'actions ! Êtes-vous sûrs de tenir le coup ? Serez-vous prêts ? Je l'espère, parce que vous allez être perdus plus d'une fois ! Ce chapitre va être un tournant décisif dans l'histoire ! J'ai tellement hâte de vous le poster ! ^^

Je tenais à vous rappeler que la fin de ce tome arrive à grands pas... :'( Il doit rester moins de cinq chapitres, je ne sais pas exactement ! Mais le tome 2 arrivera sûrement dans la foulée ! ;)

En tout cas, j'espère que vous serez encore là pour lire les aventures de Kami ! L'avenir lui réserve bien des surprises... 8)

Je vais essayer de poster le chapitre 35 dans deux semaines, grand max ! Mais je ne vous promets rien... :/

Bisous à tous ! <3

❤️❤️❤️

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