Quand notre voiture arrivait devant mon nouveau lycée, je pouvait voir ce bâtiment couleur blanc cassé, accueillant les nombreux élèves de son portail ouvert. Le paysage fut assez triste, mais l'école semblait bien plus petite que celle où j'étais à Tokyo.

"Hé bah..." disait Aisu en gardant les mains sur le volant. "Ca fait bizarre de revoir Misato High School..."

-Tu n'y es pas resté longtemps, pourtant.

-Ouais mais tu sais quand on entre au lycée, c'est une page qui se tourne... Même si on y reste pendant un mois.

-Ouais, je sais...

Sous ma réponse vague, je ne quittais pas le bâtiment des yeux depuis la vitre de la voiture. J'étais assez inquiète, et je commençais à regarder un à un les élèves qui passaient le portail.

J'entendais mon frère se redresser contre son siège, avant qu'il me demande :

"Hey, ça va aller ?"

Je tournais ensuite ma tête en sa direction avant de sourire malgré mes angoisses.

"Ouais, lui répondis-je d'une petite voix, je stresse un peu..."

-C'est normal. Ne t'en fais pas, c'est un lycée bien plus cool que Harumi-Sogo High. Tu veux que je vienne te chercher, ce soir ?

-Je veux bien. Je t'envoie un message.

-Ca marche.

Après cette conversation, je sortais de la voiture en faisant bien attention de ne pas oublier mon sac.

Je fermais ensuite la porte du véhicule de mon frère, et je le regardais reprendre la route jusqu'à que sa voiture disparaisse de mon champ de vision.

Après cela je me retournais vers ma nouvelle école, regardais les lieux quelques secondes et je suivais les autres étudiants à l'intérieur.

Je découvrais, pour commencer, l'entrée. Il y avait bien moins de casiers que dans mon ancien lycée, et une odeur étrange régnait dans la salle aux murs bleus.

Je m'avançais entre les rangées en contournant certains élèves à la recherche du numéro de mon casier, qui m'avait été donné peu après mon inscription. Quand je le trouvais, dernier de la rangée située toute à droite, je me déchaussais devant pour mettre mes chaussures dedans et enfiler les chaussures d'intérieurs que j'avais dans mon sac. C'était ma paire de mon autre lycée, ça aurait été bête d'acheter une nouvelle paire même si elles sont toutes blanches au lieu d'être blanches et bleus comme celles des autres.

En refermant mon casier, je poussais un gros soupir à en baisser ma tête. J'étais pensive et assez inquiète sur cette journée.

Et c'est au moment où je ne pensais justement pas à la possibilité de trouver mes anciens amis dans cette école, qu'une voix me ramenait à la réalité :

"Mi... Mizu-chan ?"

Une voix. Une voix que je connaissais. Une voix à l'intonation surprise, aigue mais surtout très familière. Si bien que j'en écarquillais des yeux avant de me tourner vers la gauche, d'où venait cette voix.

Et mon regard se posait immédiatement au centre de cette foule mouvante, sur celle qui connaissait mon surnom. C'est normal, après tout... C'était ma meilleure amie.

C'était Shoku Butsu.

Bien sûr, ce n'était plus la Shoku de dix ans que j'avais quittée. C'était une Shoku adolescente au chignon à moitié défait avec une petite tresse derrière son oreille et aux bas vertes atteignant sa jupe.

Et n'empêche, ses yeux étaient écarquillés et droits fixés sur moi. Un sourire se dessinait ensuite sur son visage, alors que ses sourcils se fronçaient comme dû au choc de ces retrouvailles. Je ne fus pas impassible non plus. La revoir me fit un choc au cœur, que je faisais la même tête qu'elle.

"Shoku..." disais-je d'une expiration légère.

Il ne fallut pas attendre longtemps pour que Shoku fond en larme avant de me sauter dans les bras en faisant un mélange entre un chougnement et un rire. Et étant sous ce même effet, je l'enlaçais mutuellement.

"M-mais qu'est-ce que tu fais là ?!" demanda-t-elle avant de me lâcher et de poser ses mains sur mes épaules.

-Bah je suis revenue, lui répondis-je sous le même ton aigue, quelle question !

-Mais depuis longtemps ?! Pourquoi tu ne m'as pas prévenue ?!

-Depuis quelques semaines ! Et je n'ai pas eu le temps !

On a à nouveau explosées de rire aux larmes avant de s'enlacer à nouveau. On était vraiment comme deux copines qui se retrouvaient à en être très bruyantes et attirer les regards. C'était le cas, après tout.

Après plusieurs secondes, nous nous finissions par nous calmer quand un élève nous rappelait que ce genre de comportement était interdit. Mais cela nous empêchait pas de garder nos sourires bêtes et nous tenir encore par les mains.

"Mais t'es devenu hyper canon !" lui disais-je sans gêne.

-Tu plaisante ? C'est toi qui es devenu canon !

-Bah, je n'ai pas trop changée...

-Heureusement ! Oh, Je suis TELLEMENT contente ! Tu es dans quelle classe ?

A sa question, je levais légèrement mes yeux au plafond afin de me souvenir de ce que le directeur m'avait dit au téléphone. Puis ma réponse suivit :

"Hm... La 1-2, je crois."

-Oh zut, répliquait Shoku tristement, je suis dans la classe 1-1... Mais tu es avec Kazeshi-kun, du coup ! C'est génial !

-Quoi ? Demandais-je étonnée. Il est dans cette école ?

-Mais bien sûr ! Et sa sœur aussi ! Elle, elle est dans ma classe. Je ne sais pas pourquoi ils les ont séparés... J'aimerai trop voir sa tête quand il te verra !

Cette nouvelle me rendait en joie. Les jumeaux Hatono étaient aussi à Misato High. Et voir comment parlait Shoku de Kazeshi était la preuve qu'ils étaient encore proches.

Mais d'un autre coté, c'était bizarre. Shoku disait qu'elle aimerait voir la tête de Kazeshi quand il me verrait... Mais elle n'avait pas ajouté aussi la réaction de Feiya.

Et Reidena n'était carrément pas mentionnée non plus...

Bref. Après ces pensées silencieuses, je secouais doucement ma tête avant de reprendre d'une voix plus sérieuse :

"Je dois au rendre au bureau du proviseur, pour qu'il me donne ma carte étudiante et parler de mon arrivée..."

-Son bureau est au deuxième étage, répondit-elle plus sérieusement, je t'accompagnerai volontiers mais j'ai des trucs à faire avant que les cours commencent... Oh, j'ai une idée ! Et si on se rejoignait au toit à la pause déjeuner ? Tu viendras avec Kazeshi-kun !

-D'accord ! Deuxième étage pour le bureau... Du coup à tout à l'heure ?

-A tout à l'heure !

Et ainsi, Shoku s'éloignait à pas joyeux. Je la regardais partir avant de me mettre aussi en marche à la recherche des escaliers.

C'était un grand hall remplis de portes avec deux escaliers montants. Le premier étage avait des barrières qui donnaient vue à l'étage inférieur, et le second était tout plat. Facilement, je trouvais la porte avec le panneau désignant le bureau du proviseur. Je frappais doucement avant d'entrer suite à l'autorisation.

Je me présentais au directeur, qui m'invita à m'asseoir en face de lui. Ainsi, je passais plusieurs longues minutes dans son bureau à discuter sur le fonctionnement de l'école. J'expliquais que j'étais origine de l'île et que je l'avais quittée quand j'avais dix ans et il fut au courant de mes précédents résultats de note.

Le directeur me donnait ma carte étudiante, ainsi que d'autre administrations obligatoire. Entre temps, j'avais entendu la sonnerie de l'école qui annonçait le début des cours.

Quand notre entretient prit fin le directeur, très sympathique au passage, me proposait de m'accompagner jusqu'à ma classe. J'acceptais volontiers. Je le suivais ensuite en direction de ma classe, qui se trouvait au rez-de-chaussée.

Le proviseur s'approchait de la porte où le panneau indiquait la "1-2", avant de frapper pour ensuite entrer. Et après une bref présentation envers ce qui semblait être ma nouvelle professeure principale, il quitta la classe rempli.

Légèrement angoissée, je gardais pour l'instant mes yeux vers l'adulte de la pièce. Je n'osais pas diriger mon regard sur mes nouveaux camarades, qui me regardaient comme si j'étais un poisson hors de l'eau.

"Bienvenue, Mademoiselle Maratsu. Je m'appelle Ramuda Kyoiku, je suis ton professeure principale. Je te souhaite la bienvenue dans notre école."

-Je vous remercie, fut ma réponse timide mais polie.

Madame Kyoiku était une femme qui ne devait pas avoir trente cinq ans. Elle était une très jolie femme aux courts cheveux noirs et aux yeux étonnement noisette. Elle avait une peau plutôt pâle, et ne semblait pas être très grande.

"Voudrais-tu te présenter à tes camarades ?" me demanda-t-elle d'une manière chaleureuse.

-Bien sûr.

Sur cet acquiescement, je me tournais vers les multiples pupitres où étaient installés mes nouveaux camarades. Ils me regardaient presque tous avec des yeux de merlans frits, c'était très stressant. Si stressant que l'information que m'avait donné Shoku sur Kazeshi m'était passé à coté, je ne l'ai pas cherché du regard parmi cette vingtaine d'élèves.

"Ahem..." me raclais-je la gorge avant de poursuivre. "Bonjour... Je... Je m'appelle Awamizu Maratsu, mais tout le monde m'appelle Mizu. Je suis née ici, à Okinawa, ma famille et moi avions déménagé à Tokyo quand j'étais petite. J'ai passé cinq ans là-bas, au collège j'ai participée dans une compétition de football junior régionale avec le club et que nous l'avions gagnée... Et suite à la mort de mon père, nous avons décidé de revenir ici."

-...

-Voilà.

Je terminais ma présentation en haussant des épaules, ne savant pas quoi dire d'autre. Et c'est là que j'ai pu observer plus clairement mes nouveaux camarades. Certains levaient des sourcils quand j'ai parlé de la capitale, d'autre faisaient les gros yeux lors de ma mention de la compétition du club de football, et même certains qui s'emblaient s'en foutre complètement à en voir un regardant son téléphone sous sa table.

Et un qui avait le sourire aux lèvres, étant complètement affalé contre sa chaise depuis sa place à l'avant-dernier rang près de la fenêtre. Un garçon que je ne pouvais pas oublier.

Kazeshi Hatono. Il était le plus décontracté de la classe avec ses cheveux toujours en bataille et la veste de son uniforme entièrement ouvert, dévoilant un tee-shirt gris avec en motif le ying et le yong.

Rien que de le voir, j'ai eu le même rictus malicieux avant que l'enseignante attira mon attention en ajoutant :

"Très bien, merci de t'être présentée. C'est drôle, il y a quelques années j'ai eu un élève du nom de Maratsu..."

-Aisu Maratsu ? C'est mon frère.

-Ah, je m'en doutais ! Allez, va t'asseoir pour qu'on commence le cours.

Sans me laisser désirer, je m'avançais vers l'unique place libre qui était au dernier rang à une place de la fenêtre.

Quelques heures plus tôt, je n'aurai jamais cru croiser Shoku dès mon arrivée de l'école et de tomber dans la même classe que Kazeshi.

J'avais aussi apprit que Feiya était aussi là, dans la même classe que Shoku. Et je comptais bien savoir si Rei était aussi présente.

Quand le cours fut terminé, j'étais contente. Je ne me sentais pas trop dépaysée de mon ancien lycée. En plus, Kyoiku-sensei était très gentille.

Je refermais mon cahier tandis que je voyais mes nouveaux camarades se lever pour quitter la pièce.

Et alors que je saisissais mon déjeuner de mon sac, une présence se plaçait droit devant moi :

"Ben alors ? Tu voulais nous faire une surprise ? C'est pas sympa de ne pas prévenir, Mizu-chan."

Surprise de cette voix complètement mué, je relevais ma tête. Et évidemment, c'était lui qui avait ses mains contre ses hanches en souriant à pleine dent.

"Disons que je ne savais même pas que tu étais là." répondis-je souriante en me levant de ma chaise.

Cette fois il n'y avait pas eu de larme, mais je restais toujours aussi contente de le retrouver. Un nouveau câlin se fit, sans ambiguïté entre nous.

"Mais Shoku-chan est au courant que tu sois là ? Elle ne m'a rien dit." me dit-il d'un ton étonné avant de me relâcher.

-Elle ne savais rien... Mais je l'ai vue en arrivant. Elle m'a demandé de la retrouver sur le toit pour le déjeuner !

-Ah, ça ne m'étonne pas d'elle ! Allez, ne la faisons pas patienter plus longtemps. Je parie qu'elle a été une vrai pile électrique pendant son cours.

Kazeshi m'accompagnait ainsi en direction du toit après avoir prit son déjeuner, me prenant bras dessus-bras dessous en s'en fichant de son comportement qu'il montrait aux autres.

J'étais vraiment contente. Mon anxiété avait totalement disparue.

Mais... La suite de la journée n'allait pas être aussi lumineuse que je pensais.