Lettre à feu
À toi, restée tant d'années à mes côtés, je te dédie cette lettre.
À toi, seule à toujours m'être restée fidèle, je te dédie ces lignes.
À toi, unique source de ma rancœur et de mes larmes, je te dédie cet éloge.
Toi, dont les contradictions m'ont poussée à la folie, dans mes retranchements, je te pardonne, je te remercie, pour cet esprit libre et souple, ce caractère impétueux que tu avais quand on te contrariait. Toi qui ne te sentais offensée que lorsque c'était à tes proches qu'on portait préjudice, offensée quand tu voyais de l'injustice, où que ce soit autour de toi.
Toi qui partout était haïe ou adorée pour ton extrême sens du juste qui faisait ou des heureux ou des coléreux. Perdants ou gagnants, quel que soit le jeu et le gain, c'était toi qui décidais qui l'emportait, sans jamais vraiment avoir le libre arbitre. Une défenseure de l'absolu.
Toi, passée maître en l'art de la tromperie. Quelle ironie, prônant le vrai, tu me mentais. Je ne dénombrerai pas les fois où tu as joué sur les mots, sautant d'un sens à l'autre, les arrangeant, à ta manière. Tu pouvais tout retourner, l'esprit, les cœurs et les avis, les opinions des plus gros cons.
Toi qui pour obtenir une vie flamboyante avait consumé et ton souffle et ton corps. Le triangle du feu, toi la chimiste, le connaissais du bout des doigts. Pourquoi a-t-il fallu que tu l'ignores, cette fois-ci ? Tu l'avais, cette étincelle et un amour, ton oxygène. Tu les avais, ces éléments, tu le savais qu'il ne manquait que le troisième avant que tout s'embrase ; alors pourquoi t'être laissée prendre au jeu et puis au feu, pourquoi t'être laissée carboniser ?
Tu t'es laissée brûler pour ne pas m'inquiéter, pourquoi avoir commis cette idiotie ? Avec cette maladie, tu avais certes peu de chances de survie. Mais croyais-tu vraiment qu'en te taisant tu rallongerais ton temps ? Croyais-tu sincèrement que la douleur serait moindre pour moi en n'en sachant rien jusqu'à ton départ ?
Dieu seul sait combien je te hais et t'en veux. Dieu seul sait combien tu me manques,
Combien nous étions proches,
Combien tu étais forte
Combien tu étais intelligente
Combien nous étions complices.
Je t'en veux, tu me manques.
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