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Après toi

J+1 :

Ce matin je m'étais levé, comme d'habitude, j'avais couru au lycée, comme d'habitude, j'avais déboulé dans mon cours en importun, comme d'habitude, et m'étais installé seul à une table. À ce moment-là, elle devait encore être malade. C'était certain, n'est-ce pas ? N'est-ce pas ? N'est-ce pas ! Que faisais-je en cours, je l'ignorais. Notre classe entière était dispensée d'examens. Alors que notre professeure de mathématiques faisait un point sur les produits scalaires, j'avais souri distraitement, le regard dans le vague. Ça avait du bon, au fond, qu'elle soit malade ; elle nous avait évité le stress des épreuves finales. Car c'était bien une petite maladie discrète et insignifiante qui nous avait évité cela, rien de plus... n'est-ce pas ? N'est-ce pas ? N'est-ce pas !

Aucune autre explication n'étant plausible, je m'en étais convaincu. Mon amie était solide, rieuse, avec une santé et un moral d'acier. Rien ne pouvait l'atteindre, elle était invincible. Alors pourquoi manquait-elle les cours ? Pourquoi le proviseur nous avait-il informé la veille... de je ne savais plus quelle chose à son sujet ? Non. Il ne lui était rien arrivé, c'était inconcevable. Elle allait bien ; il le fallait.

Dix heures dix, la sonnerie avait retenti. Tiens, pourquoi personne ne me presse de ranger mes affaires afin de sortir plus rapidement ? Ah oui, Élise n'est pas là aujourd'hui. Ce doit-être une grippe. Ou une gastro, c'est courant, les gastros, en novembre. J'étais sorti dans le froid d'automne, seul, et m'étais assis sur une marche, au pied de l'entrée du bâtiment scolaire. Un instant, j'avais hésité à sortir mon téléphone pour appeler la mère de mon amie et demander de ses nouvelles, mais à peine avais-je extirpé le cellulaire de ma poche qu'un surveillant avait braqué sur moi un regard noir. J'attendrai ce soir.

Midi. Puis treize heures, puis quinze et enfin, dix-sept heures. Depuis la matinée, à aucun moment la sensation glaçante qui m'habitait ne m'avait laissé en paix. Ce n'était pas de la peur ou du désespoir, simplement de la solitude, comme si tout le jour, un projecteur était resté braqué sur moi tandis que j'avançais dans l'obscurité, au cœur d'une foule qui n'avait pas conscience de ma présence. J'étais rentré chez moi d'un pas traînant et vide. Pourquoi ce vide ? Étais-je devenu dépendant d'Élise au point de trouver insupportable qu'elle soit un jour absente ?

Dès que j'avais ouvert la porte de l'appartement de mes parents, ma mère avait fondu sur moi, l'air inquiet. Elle s'était empressée de me comprimer dans une étreinte avant de m'ensevelir sous une avalanche de questions synonymes de "Comment s'est passée ta journée ?" J'avais souri, d'un sourire tordu dont je n'avais pas eu conscience de l'ambiguïté, avant de répondre comme si c'était une évidence : "Bien. Enfin, normal, quoi." Une émotion indéfinissable, à mi-chemin entre la surprise et la réprobation, avait traversé le visage de ma génitrice qui m'avait rendu ma liberté.

Ce soir-là, j'avais inlassablement tripoté mon éternel âne en peluche et le "P" brodé sur son ventre, la première lettre de mon prénom. Dans le noir, je m'étais dit que le lendemain serait une excellente journée. Puisque je retrouverais sans doute Élise, guérie en un rien de temps. Je n'avais pas tenu compte du malaise qui stagnait dans mon esprit. Après tout, je ne lui avais jamais accordé la plus quelconque importance. Je ne comptais pas me torturer l'esprit pour une simple impression dénuée de toute forme de logique. Ce serait absurde. Oui, parfaitement absurde.


J+4 :

– Dépêche-toi un peu, Paco ! Je sais bien que tu rêves de te racheter une cravache et qu'en avoir une bleu clair te blesse profondément dans ton ego d'homme viril, mais mes cordes d'escalade ne vont pas s'acheter toutes seules et tu n'as pas besoin de vingt minutes pour te décider entre du noir et du brun, allez !

Élise, l'air impatient, se tenait fermement campée sur ses pieds en me foudroyant du regard. Je grognai une vague réponse avant d'attraper l'objet de mes désirs et de la suivre au pas de course entre les rayons du magasin de sport.

– Pourquoi as-tu besoin de cordes, déjà ? Ils en prêtent, à ta salle d'entraînement.

Baka ! Je te l'ai dit avant de partir, une vague de nouveaux est arrivée et on n'en a plus assez. Étant donné que je comptais de toute façon m'en prendre pour les séances de grimpe sur le Mont-Blanc que j'ai prévues pour cet été, c'est à moi qu'est revenue la tâche de nous réapprovisionner.

– B-Baka ?

– Ça veut dire idiot en japonais !

– Je sais, je voulais juste dire que tu regardais trop d'animés. marmonnai-je.

Un claquement de langue me répondit, à mi-chemin entre le dédain et l'amusement. Du Élise tout craché. Nous arrivâmes au bon endroit et, tandis que mon amie examinait articles et prix avec intérêt, je me détournai en balayant le magasin du regard, comme un élève scrute les alentours de son lycée quand il s'ennuie. Lorsque je recentrai mon attention sur celle que j'accompagnais, un drôle de sourire étirait sa bouche. Elle brandit une corde bleue et jaune avant de déclarer avec un solennel étonnant :

– J'ai trouvé, on y va ?

J'acquiesçai et nous nous mîmes en marche vers la caisse. Il devait être assez tard puisque les allées étaient désertes. Au moment de tourner à l'angle d'un rayon, Élise s'arrêta net. Comme l'eût fait un serveur, elle plaça son bras gauche, plié à 90°, dans son dos et s'inclina légèrement.

– Vas-y, passe.

Un sourcil haussé, je lâchai un petit rire et répliquai :

– Non, après toi.

– Comme tu veux.

Nous tournâmes et je vis avec horreur qu'à la place des caisses se tenait un échafaud. D'un pas tranquille, Élise monta ses marches, grimpa sur le tabouret qui y était placé, et se passa la corde au cou. Ses doigts experts nouèrent une boucle complexe dont je ne sus retenir les subtilités. Puis, avant de dégager son perchoir d'un coup de pied, Élise me dit, avec un rictus triste et des larmes plein les yeux :

– Le destin des hommes est le même, Paco. Ce qui varie, c'est le temps qu'il met à s'accomplir. Mais c'est toi qui m'a dit : "Après toi".

Un gong retentit alors que sa nuque se brisait. Le craquement des os formait une symphonie infâme à laquelle se mêla bien vite le hurlement d'une sirène de police.

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L'alarme de mon réveil sonnait à n'en plus finir et je tremblais, agité de sanglots qui m'empêchaient de l'éteindre. Cette musique infernale maintenait frais dans mes souvenirs celui de ce rêve horrible. Heureusement, ce n'était qu'un cauchemar, et Élise allait bien. Mais j'avais besoin de la voir, juste de pouvoir la serrer dans mes bras.

Il était sept heures du matin et j'enfilai mes chaussures à toute vitesse avant de me ruer dehors, me fichant bien d'être en pyjama en pleine rue. De toute façon, peu importait puisque les parents d'Élise habitaient à trois centaines de mètres à peine. Je sonnai chez eux, déjà essoufflé malgré la courte distance parcourue. La mère de ma confidente m'ouvrit. Son visage faisait peur à voir, entre ses yeux rougis et ses cernes noirâtres. Un peu choqué, je m'étais contenté de lui demander où je pouvais trouver Élise. D'une voix cassée, elle m'avait indiqué :

– Elle est toujours en chambre funéraire.

Toujours ? Comment cela, toujours ? Un de ses proches était donc décédé ? Voilà qui expliquerait ses absences et la mine de sa mère. Et dire que je n'avais pas été là pour elle... Elle s'y rendait donc seule qui plus est ? Ce devait être destructeur pour son moral, je voyais déjà ses joues baignées de larmes.

J'étais retourné chez moi me changer en vitesse pour me rendre au service de pompes funèbres de ma petite ville. J'y avais demandé où se trouvait Élise, Élise Bilou, et on m'avait adressé un regard étrange, puis donné le nom d'une salle.

Elle était allongée, habillée d'un chemisier blanc raffiné rentré dans un jean bleu foncé maintenu par une fine ceinture noire. Elle était magnifique. Mais c'était impossible.

- Élise... Réveille-toi !

Impossible.

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