J'ai peur. Ils sont là. Encore. Ils me suivent partout. J'essaye de m'enfuir, de me cacher, mais ils me retrouvent à chaque fois. Cette fois-ci, je veux aller dans la cuisine. Mais je les entends rire et parler dans le salon. Je regarde les chambres fermées derrière moi, et descends les escaliers en colimaçon devant moi. Je cours jusque dans la cuisine où je referme la porte sur moi pour me cacher.

J'ai peur, mon cœur n'arrête pas de battre, peut-être peuvent-ils entendre sa course frénétique dans ma poitrine ? Dès que j'entends leurs pas, je retiens mon souffle. Ils s'approchent !

J'essaye de ne pas pleurer. Il ne faut pas faire de bruit. D'un coup, je ne suis plus cachée. Le monstre m'a retrouvée.

J'hurle de toutes mes forces et me précipite vers la fenêtre. Je l'ouvre et m'enfuis sans regarder derrière moi. Je cours. Aussi vite que je peux. Ils sont là. Ils me suivent.

Je cours dans la rue déserte. Je refais ce chemin que je connais si bien. Le chemin de mon école. Mais je commence à manquer de souffle et mes jambes n'arrivent plus à porter mon corps. Une chute arrive tout comme le noir terrifiant.

Quand je me réveille, je suis encore avec ces monstres. J'étais de retour dans la maison et ils étaient là.

Cette fois-ci, je pleure toutes les larmes que j'avais gardées cachées au fond de moi. Je laisse toutes mes peines se déverser de mon corps frêle. Je m'abandonne à ces monstres noirs et cornus qui me terrifient chaque nuit.

Un monstre aux cornes pointues rit de mon désespoir. Il sait que personne ne viendra me sauver. Pourtant, je les appelle. A chaque fois que je vois ces monstres, je crie. Je supplie. Mais personne ne m'entend.

"Maman, papa où êtes-vous ? Je veux partir d'ici."

Le monstre s'approche de moi. Je ne vois pas son visage. Mes yeux sont rivés vers ses dents pointues. La peur s'insinue dans mes jambes, puis tel un serpent venimeux, rampe jusqu'à mon esprit pour siffler la mort.

Emprisonnée par la peur. Je ne peux plus bouger.

Il lève ses mains et encercle mon cou fin. Ses mains se resserrent petit à petit. Il m'étouffe. Je suffoque. Comme toujours.

Je ne veux pas mourir. Mais je ne peux rien faire. Je n'ai jamais pu gagné contre eux. Et je ne gagnerais jamais. Les ténèbres m'envahissent sans scrupule. Peut-être que je pars pour un monde meilleur ? Je l'espère.

Écrit le 18/08/15 pour un défi.