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8.3

Gaëlle avait aussi parlé des groupes de travail que Jenna avait évoqués, en demandant si, au bout d'un an, elle pourrait y participer elle aussi. Monsieur Bardi avait eu l'air contrarié. Il fallait se dégager de cette tendance à la comparaison ; qui était un pur produit de la société actuelle. Il fallait comprendre que chacun était unique, et que les parcours ne pouvaient qu'être individuels. Aujourd'hui, les qualités de Gaëlle faisaient plutôt penser à monsieur Bardi qu'elle avait plus à apporter en transmettant qu'en critiquant. Si Gaëlle avait cependant un intérêt profond pour ce type de groupes de travail, ils pourraient en reparler plus tard, mais si elle y pensait juste par référence au parcours de Jenna, il ne voulait pas en entendre parler. Gaëlle était unique, et il fallait qu'elle se le mette dans la tête dès maintenant. Il n'y avait pas de parcours de référence, pas de norme à atteindre, pas de règles, et donc pas de comparaison qui vaille. Il fallait que Gaëlle se concentre sur elle-même, sur ses qualités, sur ses potentiels inexploités, sur ses besoins et sur ses envies, sans se référer à qui que ce soit d'autre.

Et il fallait aussi que Gaëlle se souvienne de la discrétion à avoir. Voilà justement pourquoi monsieur Bardi lui demandait de ne pas parler avec qui que ce soit du séjour du week-end suivant. Elle pourrait, bien évidemment, en parler avec ceux qui y seraient présents, mais pas avec d'autres. Parler de tout ce qu'on faisait et des opportunités individuelles qui étaient offertes, ça suscitait des mécanismes de comparaison qui n'étaient bons pour personne. Après, chacun se posait des questions en se demandant pourquoi l'autre et pas lui, et ça pouvait susciter des jalousies toxiques pour le collectif. Monsieur Bardi avait soufflé. Il avait expliqué à Gaëlle qu'elle n'avait vraiment aucune raison de se sentir jalouse, et lui avait confié, en aparté, qu'à ses yeux le potentiel de transmettre était plus important que tout le reste. Il avait réaffirmé que les gens ne pouvaient être classés et que chacun avait ses propres talents, mais il avait admis que certaines actions de l'esprit étaient plus complexes que d'autres. Voir ce qui n'allait pas dans le monde et le critiquer de façon argumentée, c'était essentiel pour pouvoir passer ensuite à autre chose, mais c'était en quelque sorte le niveau un. Bien sûr, ça exigeait une préparation, car c'était difficile émotionnellement et que ça nécessitait une prise de recul dont on n'était pas forcément capable d'emblée mais, en théorie, tout le monde en était capable une fois suffisamment détaché du modèle imposé par la société.

Ce qui nécessitait un talent spécial et que tout le monde n'avait pas forcément en soi, c'était de pouvoir guider les autres vers un autre chemin. Ce n'était pas quelque chose que tout le monde pouvait développer, car il fallait un certain potentiel de charisme et de positivité. Ce potentiel, Gaëlle l'avait ; monsieur Bardi le voyait dans ses yeux, dans son sourire, et dans l'enthousiasme sans entrave qu'elle affichait face à ce que sa philosophie avait à apporter. Tout le monde pouvait voir que la société actuelle se cassait la figure et était toxique ; mais tout le monde n'était pas capable de voir une autre voie, d'y croire suffisamment fort, et encore moins d'en convaincre d'autres. Gaëlle n'était peut-être pas encore capable de tout ça, mais monsieur Bardi voyait qu'elle pourrait le devenir. Ça exigeait de la confiance, car ce n'était pas en étant systématiquement critique et méfiant qu'on pouvait inspirer l'espoir chez d'autre.

Cette confiance, c'était vraiment central et c'est pour ça qu'il fallait apprendre à dépasser ce stade dans lequel Gaëlle se trouvait encore actuellement. Chercher à tout savoir et à tout comprendre, à anticiper la suite et toutes les suites possibles, à connaître ce que faisaient les autres personnes et à se comparer, ce n'était pas la bonne voie. Le problème, quand on cherchait à tout savoir, c'était que, comme c'était impossible, on se retrouvait avec des informations partielles qui suscitaient des doutes et des questionnements. Il fallait faire confiance à monsieur Bardi, car lui seul avait la vision intégrale et pouvait garantir que tout le monde était en sécurité et que chacun pouvait trouver un chemin le conduisant à son propre épanouissement. Avec des visions partielles, on ne pouvait que faire des comparaisons, trouver des différences et des incohérences, et perdre la confiance qui était essentielle pour avancer et encore plus essentielle pour inspirer confiance à d'autres. Quand on ne voyait pas tout, on voyait nécessairement des trous et des lacunes.

Gaëlle s'en voulait beaucoup. Elle qui pensait bien faire en montrant de l'intérêt et de la curiosité, elle avait le sentiment que ce n'était pas du tout ce que monsieur Bardi attendait. Elle avait la désagréable sensation de l'avoir déçu. Déjà, elle aurait dû commencer par lire le livre, ça lui aurait probablement éviter quelques gaffes. Là, elle avait vraiment le sentiment de marcher sur des œufs, et d'entrer dans un monde dont elle ne connaissait pas les règles. Elle devait être trop formatée par les logiques de la société ; il fallait qu'elle s'imprègne d'un nouveau mode de raisonnement. En même temps, l'échange avait quand même gardé une tournure très positive et, même si Gaëlle s'était sentie déçue d'elle-même, monsieur Bardi avait dans l'ensemble semblé très positif et confiant quant à sa personne. En fait, tout ce qu'il lui avait dit montrait surtout à quel point il lui faisait confiance et voyait du potentiel en elle. Il n'avait pas l'air d'avoir été déçu d'ailleurs. C'était peut-être juste que Gaëlle voulait avancer trop vite et qu'elle avait du mal à accepter l'idée de devoir passer par des gaffes ou des erreurs avant d'être à ce stade. Il allait falloir qu'elle accepte que c'était un cheminement, et que ça lui demanderait du temps avant d'être parfaite et pleinement satisfaisante.

En tout cas, ce qui était certain, c'est que les attentes de monsieur Bardi semblaient bien plus logiques, cohérentes et positives que les caprices quotidiens de monsieur Griard. Au moins, monsieur Bardi prenait le temps d'écouter Gaëlle, de manger avec elle, de lui exprimer de la confiance et de lui offrir des perspectives. Dans son travail, il n'y avait vraiment rien qui ne ressemblait à ça. Mais, au moins, depuis son séjour, Gaëlle y pensait beaucoup moins. Quand elle rentrait chez elle et qu'elle avait fini sa journée, elle pensait à monsieur Bardi et à des perspectives pleines d'espoir, donc elle ne pensait plus à monsieur Griard et aux angoisses qu'elle pouvait avoir sur le lendemain. Comme elle avait été bête, tout ce temps, de s'angoisser pour des choses qui n'avaient absolument aucune importance pour elle.


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