5.2
Est-ce qu'il suffit de sortir les gens du cadre du travail et de la société consumériste pour qu'ils deviennent d'un coup tous lumineux et agréable ? C'est ce qu'il semblait être. On croit toujours que pour s'améliorer, il faut ajouter quelque chose alors que, peut-être, pour atteindre la meilleure version de soi, il faudrait juste retirer des choses. C'est ce qu'avait dit monsieur Bardi lors de son discours d'accueil, d'ailleurs. Le bon est déjà là en nous, il est juste recouvert et pollué par tout ce que nous impose la société. Il n'y a pas besoin de travailler énormément ou de s'entrainer assidument pour devenir quelqu'un de meilleur ; il faut juste se débarrasser de tout le superflu qui nous aliène. Ce séjour était le meilleur moyen de le réaliser et d'en prendre pleinement conscience.
Monsieur Bardi n'avait été là que lors du discours d'accueil. Ensuite, ils avaient constitué des groupes de sept ou huit, et chaque groupe était parti sur son propre chemin. Ils devaient tous se retrouver à la fin, ce qui était censé illustrer que, peu importe le chemin que l'on prend, l'important est de savoir arriver à bon port et surtout de savoir se retrouver les uns les autres. Monsieur Bardi n'était parti avec aucun des groupes, mais il serait bien évidemment à l'arrivée lui aussi. Il restait présent car, dans chaque discussion, ses enseignements étaient évoqués. Il y avait tellement de citations, et Gaëlle se sentait un peu bête de le connaître si peu.
Apparemment, monsieur Bardi avait écrit plusieurs livres, et, si Gaëlle voulait se les procurer, elle pourrait aisément les acheter à la fin du séjour. Plusieurs des participants les avaient déjà et, à la lueur de leur lampe torche, le soir dans leur tente, ils les lisaient ou les relisaient. Cela semblait être des lectures qui faisaient du bien. L'une des participantes, Jenna, avait dit à Gaëlle que, même si les choses qu'on y lisait semblaient parfois être des banalités ou des évidences, on avait besoin de les voir rassemblées et couchées sur le papier pour comprendre réellement ce qu'elles signifiaient. Gaëlle trouvait ça extrêmement bien pensé, et ça lui donnait envie de se procurer ces livres. Elle voyait très bien ce que Jenna voulait dire. Il y a beaucoup trop de choses que l'on sait déjà, au fond de soi, mais auxquelles on ne prend pas assez le temps de penser. Monsieur Bardi avait l'air d'avoir le talent de savoir mettre ces choses en valeur et au premier plan, pour permettre à tous de prendre conscience de l'importance qu'elles ont vraiment.
Jenna était vraiment toute mimi, et Gaëlle avait déjà envie d'en faire sa nouvelle meilleure amie. Enfin, apparemment, ce ne serait pas spécialement bien vu. Madame Reva, qui animait leur randonnée, avait expliqué qu'il fallait essayer de lier lien avec tous. Avoir des préférences, ce serait faire preuve d'une forme de partialité. Tous les êtres humains ont une égale valeur, même s'il faut reconnaître leur individualité et le fait qu'ils peuvent différer par certains aspects. Il faudrait apprendre à reconnaître la valeur de chacun, et s'entrainer à apprécier les gens de manière égale mais différenciée, en se concentrant sur les choses qui rend chacun d'entre eux unique et lumineux. Enfin, ces vérités étaient surtout valables pour les participants du séjour, et pour les autres personnes qui connaissaient monsieur Bardi et adhéraient à sa philosophie. En théorie, c'était aussi valable pour les gens de l'extérieur, bien évidemment, mais pas en pratique. En pratique, les gens de l'extérieur sont bien trop masqués derrière toutes leurs couches de rôles et de soumission. On ne peur pas avoir accès à eux tant qu'ils n'acceptent pas de s'en dégager.
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