4.1
Comment une bonne nouvelle pouvait-elle être source de tant de tracas ? Miranda venait de décrocher de beaux partenariats avec plusieurs écoles, afin que son cabinet puisse contribuer à l'orientation de leurs étudiants. Comment allait-elle donc faire ? Toivoiose, aujourd'hui, était strictement incapable d'assurer toutes ces prestations. Pourtant, elle avait tenté ce coup de bluff. Enfin, elle n'avait pas menti non plus ; c'est juste qu'aucun d'eux ne lui avait directement posé la question. Elle avait dit qu'ils avaient les compétences, et c'était vrai. Elle n'avait juste pas précisé que les compétences en question n'étaient portées que par elle-même et Léna, qui n'avaient ni l'une ni l'autre le temps nécessaire pour assurer tous ces entretiens supplémentaires.
Il fallait recruter. Ce n'était pas un problème en soi ; car elles avaient aussi les compétences pour ça. Mais ça faisait peur aussi, et il ne fallait pas se précipiter. Il fallait pouvoir choisir les bonnes personnes, comme Miranda avait pris le temps de le faire avec Noah, puis avec Léna. Il fallait des personnes qui aient les compétences, mais aussi le bon état d'esprit. Quel était d'ailleurs cet état d'esprit ? Il allait falloir le définir. Que voulait-elle, aux juste ? Elle voulait des personnes qui aient l'envie de l'aider à construire. Des personnes qui aient envie de développer de nouvelles compétences, de se développer et d'apprendre en permanence. Des personnes qui questionnent, qui donnent leur avis, et qui s'impliquent pour que le cabinet puisse rester excellent sur tout les plans. Des personnes qui ne se contentent pas d'appliquer, mais qui proposent, qui aident à innover, qui sachent s'adapter, et qui s'assurent que leur service reste toujours au plus près des besoins des gens, quelques soient les évolutions que ces besoins connaîtront.
Pas de panique. Miranda était totalement capable d'identifier toutes ces caractéristiques, et de constituer une équipe solide. Ce qui était compliqué, c'était que, même si elle arrivait à trouver ces talents, elle aurait peu de temps à leur consacrer. Elle ne pourrait pas investir avec eux autant de temps individuel qu'elle l'avait fait avec Léna ou avec Noah. Donc, elle ne pourrait pas les connaître vraiment, appréhender leur façon de penser, savoir comment ils se sentiront dans le cabinet, et s'assurer véritablement que leur intégration se passe bien. Elle ne pourra prendre soin d'eux que partiellement, faire confiance dans l'adéquation qu'elle aura pressenti lors du recrutement. Ou, pire, elle devrait recourir à des indicateurs pour sonder comment ils vivent leur arrivée dans l'entreprise, mais, ça, il en était strictement hors de question. Miranda trouverait le temps, même si elle ne savait pas comment. Elle voulait garder avec chacun de ses salariés une relation individuelle et complète.
Miranda avait vaguement conscience que ce ne pourrait pas être possible pour toujours, si le cabinet continuait à grandir, mais il lui semblait de son devoir de chercher à garder ce modèle au moins tant que ça restait du domaine du réalisable. Après tout, de combien de personnes avaient-ils besoin ? Cinq ou six pour assurer les contras déjà conclus, et sept ou huit s'ils voulaient parier sur des réussites futures. A ces chiffres, il était encore possible d'appréhender chacun d'une manière individuelle. Qu'en serait-il ensuite, si le cabinet continuait à se développer ? Ça, c'était encore une toute autre question.
Mais, déjà, il fallait trouver ces cinq à huit là, et il allait aussi falloir pouvoir les former. Il allait falloir que Miranda s'appuie sur Léna ; c'était indispensable. Qui plus est, ce serait un excellent moyen de lui démontrer toute la confiance qu'elle avait en elle, et ce serait aussi une forme de gratitude pour le travail que Léna avait déjà accompli jusque là. Noah aurait, de son côté, beaucoup d'aspects administratifs et logistiques à gérer pour préparer toutes ces nouvelles arrivées. Par contre, Miranda allait gérer elle-même tous les recrutements. Elle avait peur d'avoir oublié un potentiel critère essentiel à identifier. Elle avait sa vision de l'entreprise clairement inscrite en elle, alors, si se présentait un candidat qui n'était pas en adéquation avec ça, elle le ressentirait forcément. Si c'était Léna qui le faisait, elle ne pourrait qu'évaluer ce qui aura été anticipé sur le papier, mais pas forcément présager d'autant d'incompatibilités potentielles.
En revanche, Léna allait pouvoir former les gens. A terme, elle pourrait même peut-être devenir manager de certains d'entre eux, si Toivoiose continuait à grandir. Enfin, peut-être pas non plus ; ou pas tout de suite en tout cas. Léna avait toutes les compétences pour ça ; il n'y avait aucun doute. Mais elle n'avait pas non plus énormément d'expérience, et ça pourrait sembler injuste aux gens qui en auraient plus qu'elle ou presque autant. Quoi que, Miranda était bien tentée d'embaucher plutôt des personnes ayant peu d'expérience professionnelle. Après tout, c'était un beau moyen de donner leur chance à des jeunes talentueux. Et puis, ils arriveraient vierges de toutes les bêtises qu'on peut apprendre "par expérience" dans d'autres entreprises. Dans tous les cas, avec les salaires restreints qu'elle pouvait se permettre d'offrir, Miranda n'avait pas trop d'autres choix que d'embaucher des alternants ou des jeunes diplômés. Avec ses presque deux ans d'expérience, Léna serait légitime pour les former et, plus tard, pour devenir responsable de l'équipe accompagnement. En attendant, pour marquer quand même que son rôle était important, Miranda pourrait lui donner un titre de référente, ou quelque chose comme ça. C'était important de marquer le coup officiellement.
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