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20.3


En entendant les remords de Gaëlle, Jenna avait ri aux éclats. Il ne fallait pas que Gaëlle s'inquiète ; elle n'avait rien fait de mal et ce n'était pas à cause d'elle que Jenna avait baissé (au moins temporairement) dans l'estime de monsieur Bardi. Apparemment, Jenna avait ses propres hypothèses. Quelques semaines après leur séjour dans les bois, Jenna avait rencontré quelqu'un ; une jeune femme encore plus intelligente et sympathique qu'elle était jolie, mais qui, très probablement, avait été la source de sa déchéance. Jenna savait que monsieur Bardi l'avait appris, et elle savait aussi que c'était juste après ça qu'il l'avait informée du fait que les ateliers seraient repoussés pour elle. Monsieur Bardi n'avait même pas semblé vouloir cacher le lien entre les deux évènements, même s'il ne l'avait jamais explicitement formulé. Il avait semblé vouloir que Gaëlle comprenne, et c'était probablement une forme de mise en garde.

Sur le moment, en entendant ça, Gaëlle avait eu un moment de choc. Elle ne comprenait pas. La philosophie du groupe était pourtant tellement axée sur l'ouverture et l'acceptation. Monsieur Bardi avait-il vraiment pu être contrarié que Jenna sorte avec une jeune femme ? Face à l'incompréhension de Gaëlle, Jenna avait ri encore plus fort que face à ses remords. Est-ce que Gaëlle était encore tellement imprégnée d'anciens mode de pensées ? Bien évidemment que le problème n'était pas que Jenna ait rencontré quelqu'un qui soit une fille. Le problème était que Jenna avait rencontré quelqu'un, tout simplement. D'après Jenna, pour monsieur Bardi, une personne extérieure était soit une recrue potentielle, soit un danger.

Jenna n'avait jamais mentionné son amie, Judith, à monsieur Bardi, car elle savait très bien qu'elle ne pourrait pas être une recrue potentielle. Judith était très engagée dans plusieurs associations, très entourée par une famille de six frères et sœurs extrêmement unis, et globalement assez heureuse dans sa vie (malgré un job qu'elle considérait comme purement alimentaire). Judith avait beaucoup trop d'attachements extérieurs pour les rejoindre, et aussi beaucoup trop d'attachements extérieurs à proposer à Jenna. Gaëlle était très surprise d'entendre Jenna lui dire tout ça. Pensait-elle vraiment que monsieur Bardi refusait qu'ils aient d'autres attachements ? Certes, sa philosophie ne parlait que de se séparer de tous ses attachements, mais c'était car c'était des attachements futiles et vide de sens. Pouvait-il considérer comme mauvais qu'ils aient des engagements associatifs, familiaux ou romantiques ? Au nom de quels principes ?

Jenna avait rigolé devant ce qu'elle semblait considérer comme de la naïveté chez Gaëlle. Bien évidemment, il n'était plus question de philosophie. Monsieur Bardi pouvait toujours trouver des pseudo-raisons philosophiques s'il le souhaitait, mais, en réalité, il était question d'autre chose. Monsieur Bardi pourrait dire qu'il avait besoin d'être certain de leur loyauté, qu'il avait peur que leur énergie ne soit dissipée ailleurs, ou qu'il craignait les potentielles influences toxiques qui pourraient être exercées sur eux s'il n'avait pas de contrôle sur leurs fréquentations. La vérité, selon Jeanna, c'était probablement juste qu'il était jaloux. Elle disait que monsieur Bardi était merveilleux par bien des aspects, mais qu'il avait aussi ses défauts. Il aimait avoir une sorte de maîtrise sur ce qu'ils pensaient et faisaient, et il était complètement dépassé lorsqu'ils faisaient leurs propres choix, d'une manière qui lui échappait.

Gaëlle ne comprenait pas. Si Jenna pensait tout ça, avait-elle vraiment envie de continuer de s'investir dans leur groupe ? Jenna disait que oui, car, d'après elle, il n'y avait rien de perverti dans la philosophie. Il y avait leurs idées qui étaient bénéfiques, leurs actions qui l'étaient tout autant, et le prix à payer pour tout ça, qui était de satisfaire les attentes de celui qui était aux commandes de tout ça. Pour Jenna, c'était similaire à être dans une entreprise ; si on croyait en la boîte et en son action, on n'était pas obligés d'admirer le patron, mais on était quand même obligés, au quotidien, de faire comme si. Gaëlle ne comprenait vraiment pas. Jenna allait forcément finir par devenir folle. Est-ce qu'elle avait quittée Judith, ou est-ce qu'elle avait juste fait semblant pour contenter monsieur Bardi ? Si Jenna ne croyait pas en ce qu'il demandait, comment pouvait-elle se sentir entière et pas fausse au quotidien ? N'était-elle pas en train de vivre de nouveau avec eux ce qu'elle vivait dans son entreprise ? Ça semblait un véritable cauchemar. Jenna allait-elle un jour finir par rêver de participer à des groupes de travail pour décrier tout ce qui n'allait pas dans les initiatives qu'ils organisaient ?

Jenna continuait de rigoler. Pour elle, rien n'était pas si horrible ou sérieux que ça. Elle disait que monsieur Bardi avait beau se prendre pour un Dieu, il restait avant tout un humain et que, si on choisissait de partir devant cette simple évidence, c'était qu'on ne croyait pas vraiment en ce qu'on était en train de créer collectivement. Il y avait des idées, un projet, un groupe, et, même si Bardi était à l'origine de tout ça, toutes ces choses le dépassaient aussi. Il pouvait être un être capricieux qui avait du mal à concevoir que les gens qui croient en son projet aient aussi leur propre besoin de liberté en parallèle, mais ça n'enlevait pas la valeur du projet. Jenna semblait voir à quel point Gaëlle était choquée de tout ça, mais elle continuait quand même de rire. Elle semblait avoir pris beaucoup de recul et, quelque part, elle semblait surtout ne plus croire à rien. Peut-être que Jenna s'était si bien détachée de tout qu'elle avait fini par se détacher même des choses qui avaient de l'importance, y compris du groupe lui-même.

Jenna disait qu'elle n'était plus avec la fameuse Judith, mais Gaëlle ne la croyait qu'à moitié. D'après ce que Jenna racontait, c'était Judith qui l'avait quittée, après avoir rencontré monsieur Bardi. Elles se seraient souvent disputés concernant les activités de Jenna, Judith ne trouvant pas normal le secret que celle-ci gardait obstinément sur ce qu'elle faisait tout les week-end. Judith aurait fini par suivre Jenna alors qu'elle avait un déjeuner avec monsieur Bardi, et elle les aurait interrompus en leur faisant une scène de jalousie. Après ça, monsieur Bardi aurait demandé à Jenna pourquoi elle ne lui avait jamais parlé de sa petite-amie, et la mauvaise nouvelle concernant les groupes de travail serait intervenue peu après. Quant à Judith, Jenna aurait essayé de lui expliquer la vérité, et, après l'avoir écoutée, Judith aurait répondu qu'elle aurait encore préféré apprendre qu'elle la trompait. Elle aurait traité monsieur Bardi de gourou, et dit qu'elle ne pouvait pas rester avec Jenna tant qu'elle continuait à voir ces gens. Jenna aurait trouvé qu'elle exagérerait, et tenté de reconnaître les défauts de monsieur Bardi tout en insistant pour préserver son investissement dans le groupe et ses activités. Ça n'aurait pas été suffisant pour Judith, et elle aurait quitté Jenna. Peut-être que c'était vrai.

Mais Gaëlle ne savait pas si elle pouvait vraiment croire ce que Jenna lui racontait. Peut-être qu'elle disait avoir rompu juste pour éviter à Gaëlle d'avoir un secret de plus à garder pour elle. Peut-être aussi que c'était pour éviter de choquer davantage Gaëlle en montrant jusqu'à quel point elle pouvait mentir et être hypocrite. Maintenant que Gaëlle savait que Jenna faisait preuve de duplicité envers monsieur Bardi (pensant de lui des choses qu'elle ne lui dirait jamais en face), c'était dur de lui faire totalement confiance. Si elle pouvait avoir ce double jeu envers monsieur Bardi, elle pouvait aussi probablement l'avoir envers toute autre personnes. Si ça se trouvait, tout ça était un test, et Jenna était complice de monsieur Bardi, racontant toutes ces choses juste pour voir comment Gaëlle allait réagir, et ce qu'elle allait ou non choisir de garder pour elle. Décidément, ça aurait été tellement plus simple de ne pas croiser Jenna. Tout ça pour un œuf à la coque, que la serveuse avait finalement accepté d'apporter mais que Gaëlle n'avait même pas pu apprécier.

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