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2.1

Gaëlle avait besoin de ralentir. Tout allait trop vite, et elle avait l'impression de ne faire que courir. Peut-être que ça n'aurait pas été un problème si elle avait été en train de courir derrière ses propres buts, ou derrière des choses qu'elle souhaitait vraiment. Le problème, c'est que Gaëlle ne savait même pas ce derrière quoi elle était en train de courir, ni ce qu'elle souhaitait vraiment. Elle ne le savait pas car, trop occupée à courir, elle n'avait même plus le temps d'y réfléchir. Il fallait qu'elle se pose. Il fallait qu'elle prenne du recul. Il fallait qu'elle se retrouve et qu'elle s'écoute. Il fallait que Gaëlle se coupe totalement de toutes ces attentes qui n'étaient pas les siennes, et auxquelles elle était soumise au quotidien.

Gaëlle avait le sentiment de ne plus s'appartenir à elle-même. Elle appartenait à sa boîte, ou, pire, elle appartenait à son manager. En fait, elle avait surtout l'impression d'appartenir à ce fichu téléphone, qui guidait sa vie et la direction de son esprit. Même le week-end, quand elle s'appartenait de nouveau un petit peu à elle-même, elle n'arrivait pas à décrocher totalement. Pourtant, elle avait tenté de couper. Elle avait toujours coupé son téléphone professionnel le week-end, mais, depuis que monsieur Griard était arrivé en tant que manager, elle avait réalisé que couper son téléphone lui apportait plus de stress que de sérénité.

La première semaine, il avait décidé d'instaurer une réunion d'équipe les lundis à neuf heures mais, comme il avait transmis l'information pendant le week-end, Gaëlle avait été en retard. Elle était arrivée tranquillement ce lundi-là à neuf heures à son bureau, avait ouvert ses e-mails et avait commencé à répondre à certains d'entre eux, pour, à neuf heures et quart, tomber sur celui qui l'informait qu'elle était attendue à neuf heures tapantes à l'autre bout du bâtiment. Les dimanches suivants, Gaëlle avait rallumé son téléphone, brièvement, avant de se coucher, pour vérifier si la réunion du lendemain n'était pas avancée, ou si son téléphone ne contenait pas d'autre information urgente dont prendre connaissance avant le de débuter la semaine. Le problème c'était que de découvrir tous ses e-mails le dimanche soir, en plus de lui prendre une demi-heure de sa soirée, faisait passer à Gaëlle une nuit horrible, ou elle peinait à trouver le sommeil. Elle ne pouvait pas s'empêcher de penser à toutes les nouvelles informations et à leur impact sur l'organisation de sa semaine. Elle pensait encore plus aux messages qu'elle n'avait que brièvement survolés, s'interrogeant sur leur contenu précis et se demandant quelle mauvaise surprise ils pouvaient potentiellement renfermer.

Gaëlle avait fini par conclure qu'il était moins stressant de garder son téléphone professionnel allumé pendant le week-end. Elle ne restait pas non plus collée dessus, mais elle y jetait un œil de temps en temps, ou le consultait quand elle entendait retentir la sonnerie annonçant la réception d'un e-mail ou d'un SMS. Elle avait découvert que les messages étaient moins effrayant, découverts un par un, au fur et à mesure, que découverts tous en masse le dimanche soir. Et puis, quand elle se retenait de les regarder le dimanche soir, ça ne changeait pas grand chose, car, même sans être lus, ces messages empêchaient quand même son sommeil. Gaëlle imaginait ce qu'elle pourrait découvrir le lendemain, le redoutait, et ne pouvait s'empêcher d'y songer. Les messages imaginaires étaient encore plus stressants que les messages réels.

Gaëlle avait choisi de laisser son téléphone allumé le week-end, mais ce n'était pas vraiment le fond du problème. Le fond du problème, c'était surtout la réactivité que son téléphone lui imposait la semaine. Dans son travail comme dans sa vie, Gaëlle aimait s'organiser, anticiper, optimiser ; et c'était devenu impossible. Monsieur Griard changeait d'avis sur les priorités toutes les cinq minutes, et il fallait être à l'affut de toutes ses demandes. Gaëlle commençait à rédiger une note et, pendant ce temps, elle recevait un SMS lui demandant d'interrompre cette tâche pour prioriser la réponse à la demande de monsieur Bidule ou de madame Truc. Ou bien, elle recevait un e-mail dans lequel monsieur Griard expliquait qu'il était tombé sur tel ou tel article lui faisant réaliser que la note devait prendre une orientation totalement différente de celle dont ils avaient convenu ensemble (et sur laquelle Gaëlle avait débuté son travail).

Ce n'était que ça tout le temps, mais ce n'était même pas de la faute de monsieur Griard. Si le manager avait changé, c'est parce que l'organisation avait changé. Si l'organisation avait changé, c'est parce que la stratégie de l'entreprise avait changé. Si la stratégie de l'entreprise avait changé, c'est parce que les besoins de la société avaient changé. Et les besoins de la société imposaient plus de réactivité à tout le monde. Etait-ce vraiment vrai ? N'y avait-il pas moyen de faire autrement ? Gaëlle ne le savait pas, car elle n'avait pas eu le temps d'y penser. Elle n'avait pas eu le temps d'y penser, car elle n'avait plus le temps de penser. Elle avait besoin de ralentir. Elle avait besoin de se poser et de penser mais, pour ça, il fallait arrêter de réagir sans cesse.


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