19.2
N'empêche que ce qu'il arrivait à Gaëlle faisait réfléchir Miranda. Ce qui semblait inquiétant, c'était d'être passionnée par quelque chose au point d'en oublier de prendre soin de soi. Gaëlle savait bien qu'elle ne pouvait pas passer des semaines entières à se nourrir exclusivement de fruits et de biscottes. Pourtant, elle s'était retrouvée à faire ce genre de choses, semble-t-il juste parce qu'elle avait eu l'esprit trop concentré sur d'autres choses pour vraiment penser à ce qu'elle choisissait de consommer. Quelque part, c'était effrayant et, en même temps, Miranda se rendait compte que ça pourrait facilement lui arriver à elle aussi. Elle aussi, sans en faire un choix philosophique, il lui arrivait de passer des journées si occupée à travailler qu'elle ne se nourrissait qu'en mangeant des barres de céréales et des fruits, ou n'importe quoi qu'elle pouvait facilement avoir à portée de main au bureau.
Miranda se disait qu'elle-même aurait pu se retrouver à l'hôpital comme Gaëlle, juste par manque de temps et par oubli de se souvenir que prendre soin de son corps était quelque chose d'important. D'ailleurs, si Gaëlle parvenait à composer des menus composés exclusivement de petites collations mais parvenant néanmoins à conserver un équilibre alimentaire sur la journée, Miranda serait intéressée. Les repas traditionnels, ça prenait beaucoup trop de temps et, quand c'était seule qu'il fallait les prendre, ça présentait peu d'intérêt. Une alimentation équilibrée composée exclusivement de grignotages rapides à dispatcher sur la journée, ça semblait à Miranda une bonne façon de gagner du temps tout en préservant sa santé.
Au delà de cette histoire de repas, Miranda se disait quand même qu'il serait important de rappeler à ses salariés de prendre soin de leur santé. Si elle-même se rendait compte qu'elle pouvait négliger ces aspects, n'y avait-il pas un risque qu'eux aussi en fassent autant ? Après tout, ils avaient exprimé cette envie de faire toujours au mieux, parfois associée à un certain sentiment de pression, et il était important qu'ils puissent savoir aussi mettre un frein si un jour ça devenait trop. Du coup, Miranda avait préparé un petit discours sur ce sujet. Elle avait d'abord expliqué qu'elle appréciait l'investissement et que jamais elle ne chercherait à réguler par le bas en demandant un niveau médiocre de réalisation pour être sûre que tous puissent l'atteindre. Elle savait qu'être sous-estimé, s'ennuyer au travail, ou ne pas pouvoir mettre en œuvre ses idées ou exprimer son potentiel, c'était aussi une source de souffrance. Cependant, Miranda savait aussi que certains avaient des besoins différents des autres, que ce soit en termes de sommeil, de repos, de vie sociale, ou par les responsabilités qu'ils pouvaient avoir à côté. Alors, elle avait rappelé qu'elle ne jugerait jamais qui que ce soit pour avoir exprimé ses besoins parce que, même si ça lui avait toujours semblé évident, ça ne l'était peut-être pas pour eux.
Il était important de prendre soin de soi et de savoir estimer ses limites. Miranda ne pouvait pas être dans la tête des ses salariés et estimer à partir de quel moment ça devenait trop, donc il était important qu'ils puissent l'alerter lorsque c'était le cas. Il était aussi important, bien évidemment, qu'ils se souvienne qu'il y avait d'autres choses importantes que le travail, et notamment que l'alimentation et le sport étaient essentiels pour que leur corps reste leur allié. En ce sens, Miranda avait proposé qu'un groupe de volontaires puissent s'emparer du sujet et proposer des initiatives pour la santé physique. Il y avait déjà le club footing du mercredi, et il pourrait en plus y avoir des rappels sur l'alimentation, un annuaire des restaurants du quartier les plus sains pour les pauses déjeuner, ou encore des séances de gym au bureau en début de matinée, ou n'importe quoi d'autres qu'ils souhaiteraient proposer dans cet esprit.
Les salariés semblaient avoir accueilli favorablement ce discours, et c'était sans peine que des volontaires avaient été trouvés. En fait, tous ceux qui faisaient partie du club footing avaient immédiatement levé la main. Miranda s'était souvenue de la promesse qu'elle leur avait faire de venir courir avec eux au moins une fois par mois, et qu'elle n'avait pas respectée. Ils partaient du bureau pour une course d'une heure chaque mercredi à dix-huit heures, et, à chaque fois, elle se disait qu'elle avait trop de travail pour partir avec eux. Pourtant, il fallait bien qu'elle fasse du sport elle aussi. Avant, elle en faisait avec Michel mais c'est vrai que, depuis qu'il était parti, c'était beaucoup plus difficile de se motiver. Et puis, à vrai dire, la dernière année, Michel avait très souvent déjà couru seul, tellement Miranda était occupée par son travail.
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