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17.3

Gaëlle avait retenu jusqu'au bout son envie de trop en dire à Michel. Elle voyait si clairement ce qu'ils pourraient faire ensemble. L'écologie lui semblait, maintenant qu'elle y pensait, trop absente de la philosophie du groupe, malgré la racine commune entre les difficultés rencontrées par la planète et celles rencontrées par l'humanité. Dans ses ouvrages comme dans les séminaires, monsieur Bardi parlait d'équilibre intérieur, d'équilibre au sein d'un groupe de pairs, d'équilibre avec la nature, mais Gaëlle n'avait, jusqu'ici, rien lu ou entendu de sa part concernant le sombre avenir qui se dessinait. Monsieur Bardi parlait quand même, d'une certaine façon, du sombre avenir qui se dessinait, car il parlait du fait qu'on risquait de devenir tous des robots formatés et voués à la seule productivité, incapables de reconnecter à ce qui comptait vraiment. Mais il ne parlait pas de la température qu'il allait faire dans quelques années et du sentiment de désespoir qu'on pouvait ressentir face à ça. Il ne parlait pas du fait que ces conséquences tangibles et démontrables étaient le fruit des mêmes écueils que ceux qui menaçaient leurs droits et leur humanité. C'était pourtant tellement vrai, et tellement percutant comme argument.

Gaëlle ressentait dans son cœur que la logique de la société était incompatible avec la notion qu'elle pouvait se faire d'une humanité vraiment humaine, mais elle comprenait que tout le monde ne puisse pas forcément capter ça. Tout le monde n'était pas sensible à la philosophie, mais tout le monde était sensible à la température qui montait, et le réchauffement climatique était la preuve indiscutable que leur philosophie avait raison. Parler d'aliénation, c'était peut-être subjectif, mais la crise climatique était une preuve objective que leur société, en poursuivant sa logique actuelle, allait dans le mur. Il fallait que Gaëlle en parle avec monsieur Bardi. Il serait si heureux de voir tout ce que ces nouvelles idées pourraient apporter au groupe. Il ne pourrait qu'être ravi de réaliser à quel point ces arguments leur donneraient du poids et leur permettraient de toucher plus de monde. Il allait être tellement fier d'elle !

Heureusement, Michel avait dû partir avant que Gaëlle ne puisse plus résister à l'envie de trop lui en dire. Il valait probablement mieux attendre d'avoir l'avis de monsieur Bardi, mais Michel était tellement plein de potentiel qu'il était difficulté de se retenir de trop en dire. Pourtant, d'une certaine manière, ça avait été facile, car ils avaient parlé idées et philosophie, sans jamais vraiment avoir à raconter leurs vies ou ce qu'ils pouvaient faire au quotidien. Aussitôt Michel parti, Gaëlle avait immédiatement dégainé son téléphone pour écrire à monsieur Bardi. Elle avait indiqué qu'elle venait d'échanger avec une personne pleine de potentiel et que, si monsieur Bardi voulait en discuter avec elle, il pouvait l'appeler dans l'après-midi.

Gaëlle était encore restée au restaurant une petite demi-heure, seule, à prendre une tasse de café en regardant désespérément son téléphone et en attendant qu'il sonne. Il n'en avait rien été mais, une fois qu'elle était retournée au bureau, monsieur Bardi l'avait finalement rappelée. Peut-être qu'il y avait bien un test, et que c'était ça. Peut-être que monsieur Bardi attendait de Gaëlle qu'elle trouve par elle-même comment mettre à profit les moments d'attente en identifiant des initiatives utiles. Si c'était un test, elle l'avait problèmes réussi. Peut-être qu'elle avait mis une ou deux semaines de trop, mais Michel était si génial que ça compensait probablement. Gaëlle avait dû s'enfermer dans les toilettes pour prendre le coup de fil de monsieur Bardi, ne souhaitant pas que ses collègues l'entendent. Ils allaient probablement penser qu'elle avait mangé un plat avarié ou qu'elle avait la diarrhée, mais tant pis. Gaëlle, assise sur la cuvette des toilettes, avait discuté avec monsieur Bardi pendant une bonne demi-heure, et elle était ressortie de la cabine très déçue.

Monsieur Bardi avait félicité Gaëlle pour l'identification de Michel, et avait accepté qu'elle puisse commencer à lui parler du groupe et envisager de le convier à un séjour, mais elle avait espéré mieux. Gaëlle avait espéré que monsieur Bardi soit emballé par ses idées sur l'intégration des problématiques écologiques dans leur philosophie, et elle s'était sentie affreusement bête face à sa réaction. Gaëlle avait parlé avec excitation et enthousiasme, monsieur Bardi l'écoutant sans rien dire. Elle avait dû paraître tellement stupide et prétentieuse, ayant le sentiment d'être à l'origine d'une révélation révolutionnaire. La première réaction de monsieur Bardi avait été positive, et la phrase qui avait suivi avait tout annulé et s'était révélée destructive pour l'estime que Gaëlle avait d'elle-même et de ses idées. Quand monsieur Bardi avait pris la parole, il avait d'abord approuvé tout ce que Gaëlle avait dit, affirmant qu'il partageait totalement ses idées et ses convictions. La seconde d'après, Gaëlle s'était sentie complètement déstabilisée, et affreusement idiote. Elle ne savait même plus quels mots il avait choisi, mais monsieur Bardi lui avait donné le sentiment que tout ce qu'elle venait de dire était absolument évident, voir complètement banal. Et il n'avait pas vraiment tort : c'était évident et banal.

Apparemment, même si nulle part monsieur Bardi ne parlait directement d'écologie ou de la crise planétaire qui se préparait, toute personne suffisamment éclairée et intelligente pouvait lire entre ses lignes que c'était exactement ce dont il était question dans sa philosophie. Au téléphone, monsieur Bardi n'avait certainement pas dit ça comme ça, parce que ça aurait sous-entendu que Gaëlle était insuffisamment éclairée et intelligente, ce qu'il n'aurait jamais dit de façon si explicite. Dans tous les cas, quelques soient les mots qu'il avait utilisés, c'est exactement ce que Gaëlle avait ressenti. Non seulement elle n'avait pas été suffisamment éclairée et intelligente, mais en plus elle avait eu l'orgueil de croire que ses idées puissent aller plus loin que celles de monsieur Bardi. Elle se sentait affreusement bête, et c'est dans cet état psychologique qu'elle avait dû retourner à son bureau, n'arrivant même pas à se réjouir des trois e-mails reçus pendant son absence, dans lequel monsieur Griard lui faisait certaines des réponses qu'elle attendait depuis le début de la semaine.


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