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17.2

Michel avait écrit à Gaëlle pour lui demander des nouvelles de Miranda, expliquant que celle-ci ne répondait pas à ses messages et qu'il s'inquiétait pour elle. Il avait ajouté une petite phrase indiquant qu'il espérait que Gaëlle allait bien elle aussi, et qu'il serait heureux de savoir ce qu'elle devenait ou d'échanger avec elle. Gaëlle s'était toujours bien entendue avec son beau-frère, et, même si elle avait assez peu pensé à lui depuis qu'il s'était séparé de Miranda, elle réalisait qu'il lui manquait. Michel était par essence ce que Gaëlle espérait pouvoir devenir elle-même : une personne lumineuse, respirant la sagesse et toujours dans la transmission. C'était quelqu'un qui faisait du bien, et c'était avec plaisir que Gaëlle avait accepté de le retrouver, un midi, pour déjeuner près de son bureau. C'est vrai qu'ils travaillent proche l'un de l'autre et, pourtant, ils ne s'étaient jamais croisés par hasard.

Ce serait la première fois depuis le début du mois que Gaëlle allait prendre un véritable déjeuner. Comme plus rien dans son quotidien ne la rattachait au groupe, en particulier depuis qu'elle avait fini toutes les lectures qu'elle avait pu se procurer, elle avait dû trouver d'autres moyens pour se rappeler qu'elle était bel et bien des leurs. Elle avait commencé par faire son grand ménage de printemps, mettant de côté tout un tas de choses à donner. D'ailleurs, ça lui avait fourni une occasion d'écrire à monsieur Bardi, espérant que ça le relancerait indirectement pour qu'il lui parle du reste. Malheureusement, il lui avait juste transmis l'adresse du lieu où elle pouvait déposer sa télévision et ses autres objets à donner, qu'une association s'occuperait de donner ou de revendre au profit du groupe. Une fois le grand ménage terminé, Gaëlle s'était attaquée à l'alimentation, repensant l'ensemble de ses placards et de ses habitudes pour se nourrir selon un rythme de sept petites collations par jour. Gaëlle s'était plutôt bien habituée à ce nouveau mode d'alimentation, mais c'était quand même avec joie qu'elle faisait une exception pour déjeuner avec Michel.

Michel lui avait demandé des nouvelles de Miranda, et il avait semblé triste quand Gaëlle lui avait décrit à quel point sa sœur restait toujours aussi investie dans son travail. Il semblait content de la réussite de Miranda, mais triste du caractère uniface de son existence. C'est quand Michel avait dit ça que ça avait fait tilt dans l'esprit de Gaëlle. Michel était parfait. Michel comprenait ; il semblait avoir en lui la philosophie du groupe, sans même avoir jamais lu une seule page de monsieur Bardi. Il était des leurs même sans en être ; Gaëlle pouvait lui faire confiance, lui expliquer ce qu'elle vivait, et peut-être même qu'il souhaiterait intégrer l'aventure avec elle. Michel n'avait pourtant pas l'air malheureux dans sa vie. Gaëlle ne savait même pas s'il pouvait avoir besoin du groupe mais, ce qui était certain, c'était qu'il pouvait leur être utile. Il avait une telle faculté de compréhension et de transmission, associé à une sensibilité si proche de la leur et si éveillée sur les écueils du monde.

Gaëlle écoutait Michel parler, et elle se sentait nourrie presque plus encore que par un livre de monsieur Bardi. Michel pourrait probablement écrire pour eux ; il avait un tel talent pour mettre les mots sur ce qui se jouait réellement. Ce n'était pas pour rien qu'il était professeur ; et c'était probablement un excellent professeur. Ses élèves ne savaient probablement pas la chance qu'ils avaient d'avoir quelqu'un comme lui pour les aiguiller sur le chemin de la vie. Michel voyait les pièges. Michel avait su reconnaître que le piège dans lequel Miranda était en train de tomber était exactement le même que celui dans lequel leur société était tombée depuis longtemps. Michel avait quitté Miranda car, pour lui, cette attitude ne pouvait que conduire dans le mur. N'étant pas parvenu à la raisonner, il avait ressenti le besoin de quitter le véhicule avant qu'elle n'en arrive dans ce mur qu'il voyait face à eux. Michel semblait voir exactement quel était le problème, même si les termes qu'il employait pour le décrire variaient sans cesse. Il parlait parfois de logique de la croissance, d'autres fois de vitesse effrénée, et souvent de folie des grandeurs, mais Gaëlle, en l'écoutant, sentait qu'il y avait derrière tout ça une même erreur.

L'erreur, c'était le refus d'accepter qu'il existait certaines limites à respecter. Michel, en tant que compagnon de Miranda, avait trop longtemps accepté qu'elle dépasse les limites qui étaient pour lui nécessaires au maintien d'une relation harmonieuse. Il l'avait accepté jusqu'au moment où ça n'avait plus été possible pour lui de l'accepter, les limites ayant été beaucoup trop dépassées beaucoup trop longtemps. D'après Michel, Miranda croyait en l'idée qu'on doive sans cesse repousser nos propres limites, et elle était probablement en train d'exploser les siennes. Gaëlle était tout à fait d'accord avec ça, même si elle ne pouvait pas dire à Michel qu'elle était impatiente que ce jour arrive. Miranda ne pouvait que s'écrouler sous la charge de travail et le stress qu'elle s'imposait, et ce serait à ce moment seulement qu'elle serait prête à entendre la sagesse qu'ils pouvaient avoir à lui apporter. Gaëlle avait pris conscience de ça depuis un moment, mais elle n'avait jamais fait le lien avec l'éducation qu'elles avaient reçue. Leurs parents les avaient toujours poussées à développer leurs talents et, pendant que Gaëlle parcourait les concours de piano, Miranda avait fait de la gymnastique de haut niveau. Si l'absence de prix remportés avait fini par ramener Gaëlle à une existence moins pressurisée, Miranda avait au moins été encouragée à dépasser ses limites jusqu'à la fin du lycée. Encore que, si Miranda avait arrêté la gymnastique au lycée, c'était uniquement parce qu'elle avait intégré une classe préparatoire où elle avait continué, d'une autre façon, à toujours plus repousser ses limites.

Michel savait ce qu'il en était. Il savait que ce qu'il s'était passé à l'échelle de son couple était aussi ce qu'il se passait à l'échelle du monde, où les gens et les entreprises dépassaient sans cesse les ressources limitées de notre planète et aussi celles qu'on avait en nous. Les gens, pas plus que la planète, ne disposaient en aucun cas de ressources illimitées. Personne ne pouvait dépasser sans cesse ses limites, tout comme on ne pouvait pas, collectivement, dépasser les ressources de notre environnement. Il fallait arrêter de délirer, arrêter de vouloir toujours aller plus vite et plus loin, et revenir à la raison. Visiblement, Michel n'avait pas pu rester avec une personne qui représentait à ses yeux l'erreur fondamentale de notre humanité, et c'est pour cette raison qu'il avait été obliger de quitter sa sœur, l'abandonnant à ses propres choix et à leurs conséquences inévitables. Gaëlle voyait aussi que Michel consacrait sa vie à essayer de réintégrer un peu de raison dans le monde en formant une nouvelle génération d'esprits éclairés et, en ce sens, elle se sentait semblable à lui, aspirant à davantage matérialiser cette similitude par ses propres actes.


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