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16.3


Miranda était dans sa cuisine, et elle n'arrivait pas à arrêter de penser au travail. Elle se mettait à s'imaginer que ses salariés ne l'aimaient pas, qu'ils la craignaient, ou, pire, qu'ils tenaient tellement à la satisfaire qu'ils faisaient semblant d'être heureux pour entretenir ses illusions. Et si toute la satisfaction de Miranda ne venait que d'illusions ? Si Toivoiose était un fantasme dans lequel elle vivait, et en lequel elle était la seule à croire vraiment ? Peut-être qu'ils faisaient tous semblant d'y croire aussi, juste pour ne pas lui faire de la peine. Non, c'était absurde, ça ne pouvait pas être possible. Les gens qui composaient l'équipe croyaient forcément à leur projet et à leur possibilité collective de réussir ; sinon ils seraient partis depuis longtemps. Ils ne pouvaient pas l'aimer assez pour les pousser à rester seulement pour elle et pour ne pas lui faire de la peine, s'ils ne croyaient pas vraiment être dans un cabinet susceptible de leur procurer épanouissement. Miranda croyait vraiment en Toivoiose, et elle ne pouvait pas être la seule à y croire ; c'était absurde.

Pendant qu'elle pensait à tout ça, Miranda était en train de mettre sa cuisine complètement sans dessus-dessous. Elle voulait juste manger quelque chose de réconfortant, et elle avait fini par trouver dans ses placards une boîte de cassoulet qui lui semblait être exactement ce dont elle avait besoin ce soir-là. Le problème, c'est qu'il lui fallait un ouvre-boîte, et qu'elle n'arrivait pas à mettre la main dessus. Elle avait vidé tous les tiroirs, et il n'était nulle part. Elle allait devoir renoncer au cassoulet, et se contenter d'une assiette de pattes avec de la sauce tomate industrielle. C'était une vraie déception qui, ce soir-là, ne pouvait que faire écho à la déception qu'avait suscité la conversation avec Charlotte.

En plus, maintenant que Miranda y pensait, elle savait où était ce fichu ouvre-boîte. L'ouvre-boîte était avec Michel, très probablement. Si le reste de la vaisselle avait été achetée avec lui et qu'il lui avait tout laissé en partant, l'ouvre-boîte et les couverts à salade, tout comme la collection de verres illustrés, faisaient partie de ce qui venait de l'ancien appartement de Michel, et avec lequel il était reparti. En fait, au début, Michel lui avait tout laissé, et Miranda l'avait supplié de venir récupérer ces affreux verres illustrés qui étaient d'anciens pots à moutarde. Il en avait profité pour récupérer aussi l'ouvre-boîte et les couverts à salade, disant que, s'il devait récupérer ce qui était à lui, il le faisait totalement et pas juste sur ce qui arrangeait Miranda. Elle avait trouvé ça ridicule, parce que ça sous-entendant qu'elle avait besoin d'ouvre-boîte et de couverts à salade, comme si ceux-ci risquaient de lui manquer. Aujourd'hui, Miranda se sentait, elle, ridicule, parce que, finalement, cet ouvre-boîte lui manquait.

Et puis, comme si le fait de penser à Michel l'avait invoqué, Miranda avait reçu un SMS de sa part. En fait, les premiers mois de son départ, il lui en avait envoyé régulièrement, demandant de ses nouvelles ; mais elle n'avait jamais répondu. Michel lui avait annoncé qu'il partait, il avait récupéré ses verres à moutarde, et ils ne s'étaient pas reparlés ensuite. Miranda ne considérait pas qu'ils s'étaient séparés en mauvais termes, mais elle n'avait pas envie de continuer de lui parler, ni même de penser à lui. Le SMS de Michel, ce soir-là, disait qu'il avait vu sur les réseaux sociaux les posts de Toivoiose sur la nouvelle équipe désormais au complet, et qu'il la félicitait. Il lui demandait si elle allait bien, et disait que ça lui ferait plaisir de pouvoir lui reparler et d'avoir de ses nouvelles. Miranda n'avait pas envie de rendre des comptes à Michel. Oui, le cabinet se portait bien, et ça prouvait que Miranda avait eu raison de persévérer pour donner vie à son projet et le faire grandir. Michel pouvait voir tout ça sur les réseaux sociaux, et tant mieux. De quelles autres nouvelles pourrait-il avoir besoin ?

Même si Miranda acceptait de revoir Michel, elle n'aurait rien à lui raconter d'autre que ce qu'il pouvait voir sur la page de Toivoiose. Peut-être qu'elle aurait pu accepter de lui parler pour prendre de ses nouvelles à lui, mais elle n'en avait pas l'énergie. Ce ne serait pas une démarche sincère. Pourtant, elle espérait que Michel allait bien, sincèrement. Elle en voyait assez sur les réseaux sociaux, elle aussi, pour savoir qu'il enseignait toujours, ce qui l'avait toujours comblé. Il était responsable pédagogique dans une école de commerce et il semblait même enseigner maintenant un nouveau cours sur l'entreprenariat social. Il était toujours heureux dans son boulot : elle pouvait le voir depuis son ordinateur. Qu'est-ce que Michel pourrait bien lui dire de plus ? S'il avait rencontré quelqu'un d'autre, Miranda n'avait pas envie de le savoir. S'il était malheureux à cause de leur rupture, elle avait encore moins envie de le savoir. Non, décidément, il valait mieux ne pas lui répondre. En plus, clairement, ce soir-là, ce n'était pas le moment de s'engager là-dedans et de se faire du mal. Miranda allait mettre un film, et tenter d'oublier toutes ces contrariétés en mangeant ses pattes à la sauce tomate.

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