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11.3


Heureusement, il n'y avait pas que le renoncement ; mais il y avait aussi la création. Apparemment, créer était à interpréter dans un sens très large, qui intégrait par exemple l'idée de transmission. Transmettre des idées, c'était créer de la liberté d'esprit, de la remise en question et de la révolution intérieure. D'ailleurs, le premier après-midi sur le thème de la création avait intégralement été dédié à la transmission. Il était question de savoir comment transmettre des bribes de sagesse à des personnes qui n'étaient pas déjà initiées à la philosophie du groupe.

Ce n'était pas monsieur Bardi qui avait parlé, mais un participant qui semblait être considéré comme une figure modèle sur le sujet de la transmission. Il expliquait avoir un rôle important dans le service RH de son entreprise et, depuis ce poste, être en très bonne position pour identifier les personnes auxquelles il pouvait apporter de l'aide et de la sagesse. Il avait eu accès aux campagnes d'évaluation annuelles et, à partir de ces documents, il avait repéré à la fois des problématiques récurrentes et des personnes intéressantes. Il allait leur présenter ces résultats et, à partir de là, ils pourraient travailler à proposer des idées d'actions utiles à ces personnes.

Sur les problématiques récurrentes, il ne semblait pas y avoir grand chose à faire. Monsieur Bardi avait levé les sourcils en expliquant que ce semblait être les mêmes points qui revenaient dans toutes les entreprises, et il avait expliqué que la vraie solution ne pouvait être que de remplacer toutes les personnes en position de direction par des gens sensés et bienveillants. Ils avaient tous rigolé, et, plus sérieusement, un participant avait demandé si quelque chose ne pouvait pas être fait au niveau intermédiaire du management. Ils avaient parlé de concevoir des formations, à partir d'éléments qui leur semblaient assez pétris de bon-sens pour que les managers ne puissent que voir le bien fondé qu'il y aurait à les intégrer à leur pratique. Monsieur Bardi avait adoré l'idée. Il avait proposé que, dans les semaines qui viennent, un groupe de personnes intéressées puisse se concentrer sur cette idée de concevoir un cursus de formation des managers centré sur leur propre bien-être ainsi que celui de leurs salariés.

Quelqu'un avait demandé si les managers pouvaient vraiment améliorer les choses, face aux objectifs et aux logiques de profits que leurs imposaient leurs directions. Tous avaient convenu que changer le management ne suffirait pas totalement à changer les choses, mais que ce serait toujours un premier pas. Les managers pouvaient au moins essayer de défendre leurs équipes face à la direction ; il y aurait toujours une part de pression qui arriverait d'en haut, mais elle serait toujours moindre que s'ils n'essayaient même pas de faire tampon. Les managers pouvaient transmettre des astuces utiles, formuler les choses de manière respectueuse, monter de l'intérêt à leurs collaborateurs, être soucieux d'équilibrer les charges entre les différentes personnes. Tout ça comptait déjà énormément, et donner de quoi alimenter aisément un cursus d'une ou deux journées de formation.

Quelqu'un avait souligné qu'il y avait probablement des experts de ces sujets qui proposaient déjà des formations, et monsieur Bardi avait froncé les sourcils. Selon lui, tous les soi-disant experts, aussi soucieux qu'ils puissent être du bien-être des salariés, restaient désespérément ancrés dans le modèle inculqué par nos sociétés. Ils pouvaient peut-être parler d'expériences scientifiques, d'outils de mesure ou de choses qui leur donnaient un air sérieux, mais ils manquaient de philosophie et de la capacité à changer de paradigme. Eux, ils pourraient apporter la philosophie et le changement de paradigme dont les entreprises avaient besoin. Il fallait juste se pencher sur la question et trouver comment, mais on ne pouvait pas se permettre de mettre en doute l'idée que leur philosophie puisse avoir quelque chose d'utile à apporter. Décidément, Gaëlle était bien contente de ne pas avoir formulé cette remarque à voix haute. Elle y avait aussi pensé, mais monsieur Bardi avait raison : leur philosophie était une chose d'utile à réinjecter dans les entreprises ; une chose que personne d'autre ne peur proposait aujourd'hui.

Ils avaient parlé de ces histoires de formation et, ensuite, ils s'étaient penchés sur les personnes intéressantes qui avaient été identifiées au sein de cette entreprise. C'était des personnes qui étaient dans des situations de mal-être ou dans des situations de conflit avec leur supérieur hiérarchique. Ils avaient été considérés comme suffisamment déçus par leur présent professionnel pour être susceptibles de remise en question, et il était question de leur proposer de participer à l'un des séjours organisés par le groupe. Sur les quatre personnes identifiées, il y en avait une qui avait été exclue de la liste, car c'était un jeune père de famille. Il aurait probablement été trop attaché à son nourrisson et à ses responsabilités familiales pour prendre, aujourd'hui, le risque d'un saut existentiel. Il ne fallait pas non plus proposer des séjours à tout et n'importe qui, car, après, on risquait d'avoir dans les groupes, pendant les séminaires, des personnes toxiques qui suscitaient du doute ou un état d'esprit négatif.

Gaëlle avait demandé à monsieur Bardi pourquoi il lui avait proposé un séjour sans même la connaître, et ce qui lui avait permis de savoir qu'elle était suffisamment en mal-être professionnel ou qu'elle n'avait pas d'enfant un bas âge. Monsieur Bardi avait rigolé. Il avait dit qu'une femme attendant seule dans un bar un vendredi soir ne pouvait pas avoir d'enfant en bas-âge. Il avait aussi dit que le caractère empressé des mouvements de Gaëlle était le symptôme pathologique d'un emploi sollicitant une réactivité exacerbée et qui, s'il ne suscitait pas de mal-être aujourd'hui, finirait indéniablement par le faire. C'était déjà de bons signes d'un besoin potentiel et, en discutant avec Gaëlle, monsieur Bardi avait eu confirmation qu'il s'était adressé à une personne qui avait besoin d'eux et qui pouvait aussi leur apporter beaucoup.

C'était quelque chose qu'il ne fallait pas négliger. Etre utile aux autres, c'était bien, mais on ne pouvait pas maintenir un collectif uni et solidaire si seuls certains participaient et que les autres ne faisaient que bénéficier. Il fallait trouver des personnes qui avaient besoin d'eux, mais qui avaient aussi quelque chose qui leur permettrait de contribuer au collectif de manière bénéfique. En général, ils ne s'attardaient pas trop sur cet aspect, car tout le monde avait presque toujours quelque chose qu'il pouvait apporter ; ne serait-ce qu'un potentiel de transmission, ou la connaissance de situations problématiques susceptibles d'enrichir leur réflexion. Mais, avec Gaëlle, semblait-il, monsieur Bardi avait tout de suite vu qu'il y avait un potentiel supérieur.

« Potentiel supérieur », c'était vraiment ce que monsieur Bardi lui avait dit, même si Gaëlle n'arrivait pas tout à fait à y croire. Il le lui avait dit seul à seul, bien évidemment, car il n'aurait jamais pris le risque de susciter des jalousies au sein du groupe, mais il semblait vraiment le penser. Gaëlle voyait bien qu'il lui consacrait pas mal de temps et qu'ils avaient des échanges individuels qui étaient toujours extrêmement positifs. Il ne semblait pas trop la challenger ou la mettre en question mais, au contraire, il semblait avoir toute confiance en elle et chercher essentiellement à faire en sorte qu'elle se sente bien. Monsieur Bardi lui parlait tout le temps de son sourire communicatif et de l'impact positif qu'elle avait sur le groupe, alors qu'elle ne voyait rien de tout ça.

Comment avait-elle pu avoir, par exemple, un impact positif en disant qu'elle n'avait renoncé à rien ? Monsieur Bardi lui avait expliqué qu'elle ne voyait pas tout, mais que lui était capable d'apercevoir des effets d'interaction. S'il fallait reprendre cet exemple, l'intervention de Gaëlle avait poussé certains à se souvenir de leurs premiers pas dans le collectif et de tout le chemin parcouru depuis : c'était extrêmes important. D'autres avaient cherché à prendre un rôle rassurant et d'accompagnement, posture qu'ils n'avaient pas forcément prise jusque là et qui constituait un progrès essentiel. Puis il y avait eu tous ces commentaires sur les renoncements dont l'on ne se rend pas compte, qui avaient été extrêmement féconds. Tous avaient cherché à mettre en avant ce à quoi Gaëlle avait renoncé sans le réaliser, et ça les avait aussi amenés à penser à tout ce à quoi eux aussi avaient renoncé sans que ce ne soit forcément de manière consciente. C'était encourageant pour tout le monde et, tout ça, Gaëlle l'avait suscité par son petit commentaire apparemment anodin, associé à l'énergie extrêmement positive qu'elle dégageait. Enfin, tout ça, c'était monsieur Bardi qui le disait. Mais, puisqu'il le disait, ça devait être que c'était vrai.

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