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1.2

Miranda avait posé sur le bureau de son responsable une jolie lettre de démission qui mettait fin à dix années de collaboration. Elle se souvenait avec émotion de la première fois qu'elle avait foulé le pas de la porte cette entreprise, lors de son stage de fin d'études. Elle adorait alors ce qu'elle faisait, et avait chaque jour le sentiment d'apprendre quelque chose de nouveau. Elle rencontrait des gens qu'elle écoutait, qu'elle cherchait à comprendre et qu'elle aidait à trouver leur voie. Quelle ironie ! Quelle ironie, quand notre métier est d'aider des gens à s'orienter dans leur vie professionnelle, que de ne pas parvenir à s'orienter soi-même dans la sienne. Miranda s'était laissée désorienter. Elle avait appris, réussi, et progressé dans l'entreprise au point d'en arriver à ne plus faire ce qu'elle aimait. Les seules personnes qu'elle rencontrait désormais étaient les salariés qu'elle était censée manager, et la seule aide qu'elle leur apportait était une transmission de petites astuces visant à être plus efficient.

Etre plus efficient, encore et toujours, ça ne voulait pas dire mieux travailler. Ça voulait dire mieux satisfaire les indicateurs. Miranda avait pourtant fait se son mieux pour adapter certains de ces indicateurs afin qu'ils soient le moins injustes possible, mais ils le restaient toujours. Elle se souvenait assez de ses débuts pour se souvenir que le sentiment de satisfaction qu'on pouvait ressentir à la fin d'une journée venait souvent une personne en face de soi qui a l'impression d'avoir été comprise, à qui l'on a accordé le temps nécessaire, ou chez qui on a déclenché des réflexions intéressantes. Cette satisfaction, celle d'un travail bien fait et dont on a le sentiment qu'il a apporté quelque chose au monde, ce n'est pas ce que mesurent ces indicateurs. Ce que Miranda, par le biais des indicateurs, contrôlait, c'était un nombre de personnes repositionnées sur un nouvel emploi (peu importe combien de temps il durera), un nombre de rendez-vous et une durée d'échanges à réduire au minimum (peu importe ce que ce temps supplémentaire aurait pu apporter d'autre que de l'efficience), et les notes de satisfaction des questionnaires que remplissent les bénéficiaires (peu importe s'ils jugent de la taille du sourire plus que de la pertinence du soutien apporté).

Tout cela n'avait plus aucun sens pour Miranda. Devoir elle-même rendre des comptes sur des indicateurs en lesquels elle ne croyait pas ne pouvait que la faire douter de la qualité de son propre travail, auquel elle ne trouvait, de fait, plus de sens. Elle avait même pensé demander à revenir en bas de la chaîne. Cependant, être soumise elle-même à la dictature insensible de ces indicateurs ne l'aurait pas comblée non plus. Elle aurait moins eu la satisfaction d'être à l'origine d'interactions humaines sincères à certains moments de la journée, mais ça n'aurait pas été suffisant. Alors, Miranda avait posé sa lettre de démission sur la table, avait expliqué à ses responsables ce qu'elle avait sur le cœur, et était partie ouvrir son propre cabinet d'orientation.

Ses responsables avaient compris son choix, et l'avaient même soutenue. Après tout, elle ne leur faisait pas concurrence, car elle allait conseiller des salariés extérieurs à l'entreprise, alors qu'eux s'occupaient uniquement des demandes de réorientations internes. Elle pourrait même conseiller à certains salariés un poste au sein de leur entreprise ; alors ils avaient tout intérêt à rester en bons termes avec elle. Qui plus est, elle avait eu le bon goût de ne débaucher aucun des membres de son équipe, et de ne pas voler leurs outils et indicateurs (ça, il n'y avait pas le moindre risque). Elle avait même accompagné pendant plusieurs mois une salariée qu'elle avait sélectionnée avec soin pour reprendre sa suite.

Ses responsables ne pouvaient rien lui reprocher ; contrairement à Michel. Enfin, ils pourraient toujours lui reprocher de les avoir abandonnés, mais ce n'était pas leur genre. Ils croyaient au fait que chacun doit pouvoir choisir son parcours dans la vie, et prendre des décisions compatibles avec ses aspirations du moment. Ils proposaient ce dispositif pour ces raisons, et, pour ces raisons aussi, ils comprenaient qu'un salarié puisse considérer que ses aspirations du moment ne pouvaient être satisfaites qu'en dehors de l'entreprise. Miranda avait besoin de pouvoir choisir comment les choses allaient fonctionner. Elle n'en pouvait plus de faire partie d'un grand groupe et de devoir obéir à des normes venues du dessus. Elle n'en pouvait plus de rendre compte selon des critères qui ne faisaient pas sens pour elle. Alors, elle était partie.


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