Chapitre 2 (Joan)
Je passai la tête par la fenêtre et observai cet environnement se détériorer de jours en jours. Sur Terre en effet, la vie de l'homme, des animaux et des plantations était menacée. Là-bas, les inondations, les tempêtes, les canicules ou même les feux de forêt étaient de plus en plus fréquents.
Ce matin, le vent continuait de souffler à notre grand regret. En effet, quand nous ne contrôlions pas notre propre élément sur notre propre continent, cela signifiait qu'il se déchaînait là-bas, sur Terre. Pour nous, c'était un grave problème, car c'était la marque de notre échec quant à la préservation de la planète bleue.
Les catastrophes naturelles ravageaient le monde. Que ce soit sur le clan de la terre, du feu ou de l'eau, la problématique était la même, en ce moment. Et nous, apprentis guerriers ou bien apprentis agents secrets, pour les plus doués d'entre nous, notre but n'était plus seulement de protéger notre clan en cas de guerre, mais aussi de réparer les erreurs des humains qui n'avaient pas su prendre soin de leur propre territoire. Et, si nous ne prenions pas le relai en grande envergure, les conséquences pourraient s'avérer catastrophiques.
Mais il ne fallait pas penser au pire.
Soudain, j'entendis un bruit. Je compris très rapidement qu'il s'agissait de mon chien Rétine. Alors que je m'apprêtai à quitter ma demeure pour aller le promener - normalement, mes parents s'en chargeaient, mais ils s'éternisaient au travail aujourd'hui - ma meilleure amie sonna à la porte.
Mon chien me conduisit jusqu'à elle.
J'ouvris donc la porte.
- Qu'est ce que tu fais ici ? demandai je.
- Je viens te parler de quelque chose concernant tes parents.
- J'allai justement les appeler, ils m'avaient dit qu'ils devaient arriver ce matin.
- J'ai une mauvaise nouvelle pour toi Joan. Il va falloir que tu sois courageux. Je préfère que tu l'apprennes maintenant plutôt que par toi-même. Je serai toujours présente à tes côtés. Tu le sais.
- Tu commences à me faire peur... Allez dis moi s'il te plait !
- Ils.... Tes parents ont été arrêtés. Pour avoir tenté de traverser le mur de séparation.
Les larmes me montèrent aux yeux, et je m'effondrai bientôt dans les bras d'Emma.
Quelques minutes plus tard, après avoir pris conscience de ces informations, je demandai :
- Don... don... c ... donc je ne les reverrai plus jamais ? sanglotai je. Ils vont être bannis de la planète ? Envoyés sur terre ? Mais pourquoi est-ce qu'ils ont fait ça ?
- Tu sais à quel point la législation est stricte sur ce point. Le crime que tes parents ont commis est très grave... Je veux dire pour le gouvernement, car je suis mal placée pour penser la même chose, tu le sais. Mais tes parents y travaillent, peut-être bénéficieront ils d'un peu de clémence. Et tu les reverras avant le bannissement, ne t'inquiète pas.
- J'espère.
- En attendant, tu veux venir vivre à la maison ? Dans deux semaines, lorsque tu seras majeur tu pourras si tu le souhaites revenir chez toi, mais pour l'instant je te propose de séjourner chez nous. Qu'en penses tu ?
- Si ça m'empêche d'aller vivre dans un foyer, même pour deux semaines, je suis d'accord.
- Parfait, suis moi, il y a du chemin à faire.
Pendant le trajet, j'observai les oiseaux qui chantonnaient, ainsi que les animaux qui venaient boire près de la cascade. Ma tristesse et ma rage s'atténuant petit à petit, je pus retrouver mes esprits. Et une question vint me troubler. Je la posai à Emma :
- Dis-moi, comment est-ce que tu as fait, toi, en tant que citoyenne du clan de la terre, pour revenir ici, vivre avec tes parents, sans te faire prendre ?
- Je ne sais pas. Pour tout te dire, quand la déesse de la paix est arrivée et qu'elle a ordonné la séparation des clans en quatre sections, j'ai paniqué. Je suis un spécimen rare, comme j'ai des parents qui ne sont pas du même clan que moi. Je suis allée, la nuit, au mur des séparations, et je l'ai escaladé pour rejoindre la section de l'air. Peut-être qu'ils ne m'ont pas arrêtée parce que c'était le début du système et qu'il n'était pas au point. Ou alors, ils ont eu pitié de moi. Ah ! On est arrivés.
Je parcourus les derniers mètres qui me séparaient de la maison d'Emma et arrivai devant la porte.
- Tes parents sont au courant de mon problème ?
- Oui. Ce sont même eux qui ont proposé de t'héberger.
La porte s'ouvrit alors.
- Bonjour, Joan, m'accueillit une voix pleine de pitié.
- Bonjour, répondis je poliment.
- Tu n'es pas chamboulé par tous ces changements ? demanda la mère d'Emma avec compassion.
- Si. dis-je, tristement. Je... vais devoir rentrer pour apporter mes valise, m'exclamai je pour changer de sujet.
La mère d'Emma hocha la tête.
- Reste pour dîner, d'abord.
Après le dîner, comme prévu, je me mis sur le chemin du retour. Une fois arrivé chez moi, je pris le temps de faire mes valises et j'emportai toutes sortes de choses : mon porte bonheur, une photo de mes parents pour ne pas oublier pourquoi je faisais cela, mon chien Rétine, sa laisse ainsi que sa nourriture, mes habits, mon livre contenant tous les réponses de la vie de tous les jours et mon équipement pour escalader le mur. Eh oui, pour escalader le mur. Je savais que je ne devais pas faire ça, mais cette nouvelle terrible m'avait rongée de l'intérieur. J'avais le sentiment d'être étouffé et c'était plus que vital pour moi d'avoir un sentiment de liberté, d'avoir l'impression de maîtriser ma vie.... Alors, ce soir, je voulais partir pour escalader le mur de séparation. En faisant en sorte de me faire prendre. C'était ma seule chance de partir avec mes parents sur Terre. De vivre avec eux pour toujours.
En pensant à tout ça, je me rendis compte que j'étais fou. J'allais tout perdre. Mon amie, ma vie. J'espérais au moins qu'ils me laisseraient prendre mon chien, mais c'était loin d'être sûr. Même impossible. Dans ce cas-là, je devrais le confier à Emma.
Emma. Cette fille blonde aux yeux noisette, mais tellement clairs qu'ils étaient presque transparents, si bien que nous pensions qu'ils étaient gris, ce qui lui avait permis de se fondre dans la masse du le clan de l'air.
Je sortis de chez moi après avoir admiré une dernière fois ma maison. Il était vingt-deux heures pétantes et la lune venait de se lever. Je retournai chez Emma et je lui expliquai mon plan.
- Tu es fou Joan, fou !
Mon amie était hors d'elle.
- C'est ma seule chance de les revoir.
Elle leva les yeux au ciel.
- J'ai juste peur que tu fasses ça par tristesse... Sur le coup, tu vois. Et que tu le regrettes après. Mais, concéda-t-elle, même si je suis triste que tu partes, sache que quoi que tu fasses, je te soutiendrai à cent pour cent.
Je souris.
- Merci.
C'était l'heure. Je lui fis mes adieux, puis je me mis en route avec mon sac à dos chargé. Il y avait longtemps, Emma m'avait donné, pour faire de la randonnée, une carte sur laquelle on pouvait apercevoir le mur des séparations des clans. Je marchai longtemps et au bout d'un moment je me rendis compte que je tournai en rond. J'aperçus alors une femme habillée étrangement et lui demandai mon chemin. Après me l'avoir indiqué, elle m'attrapa le bras et me susurra à l'oreille :
- Tu souhaites connaitre ton futur ?
- Non merci ! dis-je, pressé.
- Je n'en peux plus, plus personne n'a besoin de voyante maintenant qu'il y a la déesse de la paix. Elle m'énerve !
- Je pensais que tout le monde l'appréciait.
- C'est loin d'être le cas. Regarde, elle a apporté la sécurité, donc les gens n'ont plus peur et ne me sollicitent plus.
- Si vous le souhaitez, vous pouvez me lire mon avenir, si ça vous fait plaisir. Mais je vous préviens, je n'ai pas d'argent.
- Ce n'est pas grave, maintenant ne parle plus, la boule magique va essayer de lire ton futur. Je vois une jeune fille qui va changer ta vie, cheveux châtains, yeux verts et peau mâte.
Un native du clan de la terre.
- Et ? demandai je, même si tout ça m'intriguait.
- Et c'est tout, la boule magique est trouble.
Agacé, je balayai tout ça d'un geste de la main.
- Je réfléchirai à cela. Au revoir.
Je repris le chemin que m'avait indiqué la voyante et finis par arriver au mur des séparations des clans. Je sortis alors mon équipement et grimpai. La première chose que je vis, de l'autre côté du mur, c'était un groupe de personnes. Alors que j'allais faire un maximum de boucan pour qu'ils me voient et me dénonce, je remarquai leur attitude étrange. Paniqués, ils criaient, pleuraient et tous étaient bouleversés. Et c'est là que j'entendis :
- La déesse de la paix a été enlevée...
C'était catastrophique, la déesse de la paix représentait l'union entre nos quatre sections. Personne ne savait plus quoi faire, et moi, perché en haut du mur, je sus que mon plan tombait à l'eau. Et que ma vie était sur le point d'être bouleversée, bien plus qu'elle ne l'était déjà...
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