Chapitre 5: Incertitude et dragons à bord
J'attendis qu'il me croque ou bien qu'il me brûle vivante mais rien ne se passa. Après de longues secondes j'ouvris les yeux et découvrit le dragon qui mangeait tranquillement les kiwis que contenait mon panier. Quand il vit que je le regardais, un air coupable traversa ses yeux. Ce n'était peut-être que mon imagination, à moins que je ne devienne folle. Avec son museau, il fit rouler un fruit à mes pieds que je ramassa. J'étais consternée.
La bête rugit et deux autres dragons sortirent de l'ombre. Un tout petit qui devait encore être un jeune enfant et un énorme, encore plus gros que le violet. Le plus petit était doré, tandis que le plus grand était rouge. Ils ressemblaient étrangement à une famille.
Le dragon violet me regarda dans les yeux.
— J'ai faim.
Je sursauta, il venait de parler dans ma tête. Mais une seule pensée me vient: on dirait Lyana. Sa voix était étrangement douce... Une voix plutôt féminine. Le dragon était peut-être une dragonne?
— Bha va manger, tu veux que je te dise quoi?
— On n'a plus rien à manger. Nous avons peur de sortir. Tu es gentille et tu vas nous apporter de la nourriture.
Toute sorte de courage disparu. Je hochais la tête et partais en courant.
C'est le monsieur aux lunettes qui me vit en première.
— Je peux savoir ce qui s'est...
— Un lion. C'est un lion qui m'a surprise à l'intérieur de la caverne alors que je tenais votre panier. Je lui ai balancé dessus et il a mangé tous les kiwis pendant que je partais en courant, dis-je essoufflée.
— Ah, je vois. Nous allons nous occuper de son cas. Je suis content que vous n'ayez rien.
— Non, non, non! Cela ne servirait à rien! Il n'y a plus rien d'intéressant dans cette grotte.
— Bien. Je dis alors que cet incident est clos. Le soleil est déjà en train de se coucher. Vous pouvez aller dormir. Je vous rappelle qu'à partir de minuit plus personne ne peut sortir.
— Je ne le savais pas mais merci pour l'info. Je vais aller me reposer.
— Un buffet est organisé ce soir aussi, si jamais.
Je repartis vers notre cabane et y découvris Lyana assoupie. Je fouillais dans mon sac mais ne trouvai rien pour les dragons. Je me laissa tomber sur mon lit.
— Il y'a un buffet ce soir, dis-je tout haut.
Elle se redresse d'un coup.
— Je pensais que tu dormais.
— Je reposais mes yeux, c'est différent.
Elle se leva et courut à l'extérieur comme si la nourriture l'appelait.
Je pris le sac à bandoulière discrètement et la suivit jusqu'à trouver une grande table avec dessus toute sortes de choses. Comme je n'avais pas vraiment faim, je ne mangea qu'une tranche de pain avec un peu de confiture à la framboise. J'observais un peu autour de nous mais ne vit pas grand chose. La plupart du monde avait fini et rentrait chez eux et ne nous portait pas grande attention. Malgré tout, je n'arrivais pas à prendre quoi que ce soit et à le cacher dans mon sac. J'avais honte d'envisager de voler.
— Vous pouvez prendre plus. De toute façon, les restes seront jetés en dehors des habitations, me dit une dame en robe de toutes les couleurs.
— Vous allez jeter?
— On ne sait pas faire autrement. Sinon, ça pourrit.
On trouve toujours des solutions. Bon, ok pas toujours mais souvent.
— C'est gentil de vous inquiétez mais je n'ai plus faim, répondis-je en tournant les talons.
Je rejoignis notre petite cabane en croisant les doigts pour que Lyana revienne vite. Je l'attendis pendant dix minutes avant qu'elle ne pointe son nez et qu'elle s'écroule littéralement sur son lit.
— Bonne nuit, marmonna-t-elle.
— Bonne nuit.
Je fis semblant de chercher après mon pyjama et formais une silhouette humaine avec mon sac et les objets qu'il contenait.
J'observais le ciel, on voyait les étoiles. Aucun bruit ne vint percer le silence pendant les trois prochaines heures. Je me décida d'y aller à la quatrième.
Je me faufila entre les habitations sans fenêtre. Arrivée à l'extérieur du hameau, je vis un gros tas au loin. Il fait trop sombre pour que je remarque de quoi il est fait mais je me décide de m'approcher. Je reconnais peu à peu des pastèques coupées et des gros morceaux de viandes inconnus.
Je pris le plus de choses possibles et me dirigea péniblement vers l'entrée de la caverne. Je déposais tout devant et faisait des allers-retour. Une fois sûre que personne ne me regardait, je rentrais à l'intérieur et après plusieurs trajets, tous les déchets de nourriture se trouvaient chez les dragons qui ne tardaient pas à apparaître.
— Manger?
Je hochai la tête et me recula pour les laisser manger tranquillement. Je devrais partir, ce serait plus prudent mais je n'en avais pas envie. Je me sentais bien ici. Ils me protègaient en quelque sorte et puis je commençais à apprécier leur présence. Mais, j'avais tout de même encore un peu peur d'eux.
Le dragon violet fit rouler une orange vers moi et me regarda avec une bienveillance qui me fit fondre. Je mangeais le fruit avec eux et je sursautais quand le bébé dragon posa sa petite tête sur mes genoux pour dormir. Le sol était froid et l'air humide, malgré la chaleur de dehors mais je me sentais bien ici et ça m'effrayait.
Comment pouvais-je leur faire du mal? J'en serais totalement incapable! Je ne pourrais même pas laisser quelqu'un d'autre le faire et garder les bras croisés. Le prix pour retourner chez moi était trop élevé. J'envisageais sérieusement de ne pas retourner chez les azalés. Mais, Lyana est la future reine. Me laissera-t-elle foutre sa vie en l'air? Je ne crois pas.
— Opale!? C'est quoi ce bordel? Demanda Lyana en couvrant sa bouche de ses mains, prête à vomir.
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