Chapitre 1: les nouvelles bannies
J’étais assise sur le sable, regardant les vagues s'écraser au loin. J'essayais de me vider un peu la tête mais rien à faire, le stress ne me quittait pas d'une semelle. Ce soir je jurerais allégeance à mon clan mais surtout je me verrai attribuer une quête. La quête qui prouverait que je suis digne d'être une azalée.
Je soufflais et me levai. Cela ne servait à rien de ruminer ici. Je retournai chez moi et je me dirigeai tout de suite vers ma chambre. Devant mon miroir je me coiffa, mit des boucles d'oreilles puis revêti la tenue traditionnelle du clan Azèle. C’était une robe large et droite bleue clair avec des manches et une ceinture tressée dorée.
Si jamais je ne réussissais pas le test alors je serais jugée indigne ou au pire des cas bannie. Être indigne cela signifiait que l'on pouvait rester avec notre famille mais nous n'avions aucun droit, nous restions au stade d'enfant. Pas le droit d'exercer un métier, d'avoir de l'argent… Et être bannie, cela reviendrait à marcher pendant de longues heures pour essayer de trouver le peuple de nomade appelé “Morville”. Peut-être que ceux-ci seront sympas et me permettront de me joindre à eux. Il paraît qu'ils étaient très intelligents et qu'ils avaient des cartes très détaillées pour ne pas rentrer dans le territoire des Hornes. Un clan très barbare aux opinions très rustres. C’étaient en quelque sorte nos ennemis, même si on ne s'était jamais déclaré la guerre. Encore heureux d'ailleurs.
Soudain, j’entendit quelqu'un courir dans les escaliers et ouvrir ma porte en grand.
— Ina! Tu m'as fait une de ses peurs, m’exclamais-je en portant ma main à sur mon cœur.
— Tu pensais que c'était qui? J'allais sûrement pas rater ta cérémonie! Tu sais qui est ton juge?
— Personne ne le sait, c'était pareil pour toi.
Ma meilleure amie avait passé son test avec brio l'année passée. Sa tâche était assez simple: ramasser cent fleurs pour le faiseur de potion. Étant donné qu'on appartenait au clan Azèle et qu'on s'appelait Azalée, les fleurs étaient partout.
Je pris un oreiller et le plaqua sur ma tête. Le stress allait me faire exploser.
Ina me le repris des mains et me dévisagea.
— Tu n'es même pas un peu maquillée?!
— Je n'en avais pas trop envie.
— Voyons, le maquillage sert à sublimer ton beau visage. Pourquoi s'en priver? Assieds-toi là, répondit-elle en pointant le tabouret en bois de ma coiffeuse.
— Tu me promets que tu resteras ma meilleure amie même si ça tourne mal?
— Ça ne tournera pas mal, Opale.
Je ne demandait qu'à la croire mais malheureusement, j’étais toujours autant angoissée. Le jury contenait quatre juges. Ces quatre personnes étaient des gens importants dans le clan.
Il y avait notamment le vieux Kel, qui était un gardien des prophéties.
Ou bien Nineya, veuve très fortunée qui avait beaucoup investi dans l'enseignement.
Et puis Lyana et son père qui était la princesse et le roi de notre clan.
Lyana et moi, nous étions dans la même classe. Tout allait bien entre nous, puis du jour au lendemain elle me parlait et se comportait comme si j'étais le mal incarné. Juste après le jour des prophéties. C'était un moment dans l'année ou le conseil demandait à Kel de réaliser une seule et unique prophétie par personne sous forme d'image. Nous ne connaissons jamais la nôtre pour ne pas interférer avec le destin.
— Je pense qu'il est temps, Opale.
Ina me prit la main et m'entraîna à travers la ville pour me laisser devant un grand bâtiment en pierres blanches. Mes parents m'attendaient et m'ouvrirent la grande porte du bâtiment où siégeait le conseil. Je déglutit difficilement et tirai sur ma robe qui me semblait peser une tonne. J'inspirais un grand coup et les suivit dans des couloirs sinueux.
— Je sais que tu dois être stressée ma Opale chérie mais je te jure que ça va aller, dit mon père en coinçant une mèche de mes cheveux bruns derrière mon oreille. Ton avenir sera encore plus brillant que la nacre. Tu as toutes les qualités pour être des nôtres.
Sur ces paroles réconfortantes, ses yeux verts pareils aux miens se remplirent de larmes.
— J'ai une crasse dans l'œil, rigola-t-il en cherchant un mouchoir.
Ma mère me souria et m'ouvrit la porte.
La salle du conseil n'était pas du tout comme je l'avais imaginée. Elle était immense, toute blanche, bleue et or elle contenait une grande table en marbre derrière laquelle trônaient quatre grandes chaises. Des lustres illuminaient la pièce d'une couleur chaude et mes pieds s'enfonçaient légèrement dans un tapis qui semblait si doux.
— Mademoiselle Calcidy, vous pouvez vous installer sur ce fauteuil, ordonna le roi en pointant un siège en velour bleu marine.
Je regardais le sol et esquissait une révérence avant d'effectuer sa demande. J’avais relu la procédure des dizaines de fois pour être sûre de ne pas me foutre la honte mais, j'en avais encore peur.
— Nous allons procéder à l'ouverture de la caisse qui contient votre prophétie puis nous allons savoir votre nom de code. Enfin, nous allons décider de votre quête. Une fois votre tâche accomplie, vous serez digne de votre clan.
Je hochai la tête suite aux paroles de Kel qui me regardait de ses yeux perçants. Il sourit satisfait de ma réponse silencieuse.
— Dans le cas contraire, tu seras exilée ou bien indigne, chantonna presque Lyiana.
— Exactement, confirma son père.
Un drap tomba du plafond et j'entendit le bruit d'une caisse qui s'ouvrait. Le silence se fit et je remuais mal à l'aise. Je ne pouvais voir les conseiller à cause du tissu mais j’avais envie d'arracher la toile pour voir mon dessin, ma prophétie.
Après quelques longues minutes, j'entendit un mot dans mon esprit. Clair et net comme de l'eau glacée. Il résonnait dans ma tête.
Wyverne
C'était littéralement un dragon sauf qu'au lieu d'avoir quatre pattes elle en avait deux.
Le rideau se leva et l’expression du visage des conseillers ne m'aida pas à calmer l'angoisse qui me collait à la peau.
Les yeux embués de larmes, Kel n’osait pas croiser mon regard.
C’était le seul en qui j’avais confiance dans cette salle. On s’était rapprochés pendant sa maladie. C’était un peu comme mon grand-père.
— Mademoiselle Calcidy, vous avez été jugée dangereuse. Votre nom de code pourra peut-être vous sauver. Quel est-il? Demanda Nineya.
— Wyverne, chuchotais-je sous le choc.
— Cela ne te sauve absolument pas, tu vas donc être bannie sauf si tu réussis la quête que je vais te donner, annonça fièrement Lyana en me souriant de toutes ses dents.
Je hochai la tête, je ne serais même pas capable de parler. Qu'ai-je fait? Que ferais-je?
— Tu vas devoir tuer chaque dragon qui existe sur cette planète, annonça-t-elle en souriant.
Je ne pouvais pas faire ça! C'était sûrement un test, jamais je ne tuerais.
— Mais…mais…Je ne peux pas! Ils ne m'ont rien fait et puis je vais finir par mourir, m'exclamais-je en me levant de mon siège. Ce n'est pas possible!
— Princesse, s’exclama Kel en se levant à son tour de son siège. Ce n’est absolument pas ce que nous avions convenu!
— Il est trop tard à présent, soupira le roi. La quête à été choisie, nous ne pouvons pas faire marche arrière.
— Lyana devra accompagner la petite, informa Nineya. Dois-je vous rappeler qu’une mineure ne peut en aucun cas être confrontée à un grand danger en réalisant sa quête? Le juge ayant dérobé à la règle se doit donc d’accompagner la personne en danger. Lui aussi est temporairement banni. Lyana doit donc accompagner Opale dans son aventure.
Le regard de la princesse devenait de plus en plus livide. J'ai cru qu'elle allait tomber dans les pommes mais elle resta consciente. Suffisamment consciente en tout cas pour me lancer un de ses regards assassins.
— Mais vous ne pouvez pas, je serai votre future reine! Quand mon père me passera le pouvoir je ferai en sorte que vous soyez indigne, hurla la princesse en pointant du doigt la vieille dame.
— Il faut encore que vous surviviez à votre tâche, lui répondit-elle.
— Ma fille n’est pas majeure non plus! Elle ne peut pas partir, s’insurgea le souverain.
— Les règles sont les règles, souffla Kel.
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