
24
Enfin nous y sommes. St.Croix
Plusieurs jours que nous conduisons chacun et la fatigue se faisait énormément ressentir. La route était plus longue que prévu et le temps n'était pas souvent de notre côté mais nous y sommes finalement. Bien entendu, avec les années passé à cause du virus, la ville s'est vite transformé et les dernières images que j'avais de cette ville est complètement différente. Que ce soit au niveau de la beauté de cette ville ou bien des tendances, tout et surtout comme partout, la nature a repris ses droits. Certaines rues sont utilisables et nous les empruntons avant de se décider rapidement à se reposer.
On en avait besoin et c'était un bon endroit pour se cacher. Aurélie qui était au volant, se gare dans le coin d'une ruelle, avant d'éteindre le moteur et de retirer la clé du contact. Val récupère son sac et sort suivie de Ludo puis moi. Nous fermons les portières, cachons aux maximum la voiture puis passons par l'arrière d'un bâtiment pour trouver un appartement potable. Ludo ouvre la voie er Valentin prends le relai. Nous empruntons les escaliers dans un silence de plomb, évitant de faire du bruit pour attirer des infectés. Certains appartements sont bloqué depuis l'extérieur et nous évitons de déplacer quoique ce soit. Nous montons encore plus haut et arrivons enfin devant la dernière porte de l'étage. On se regarde, sans savoir quoi dire puis je décide d'ouvrir sans une once d'hésitation. Nous avons besoin d'un endroit pour dormir et les minutes passent. Nous ne connaissons pas comment la ville fonctionne la nuit ainsi que les infectés et je tiens à dormir sur un lit. Ces dernières semaines, dormir au sol a légèrement endommage mon épaule. Bien que je n'ai rien dit à ce sujet aux autres, j'ai cette impression que Ludo est au courant mais je ne veux pas lui demander quoi que ce soit et garde tout pour moi.
J'active le poignet de la porte, arme à la main et entre dans l'appartement. La première chose que je sens, c'est une forte odeur de pourriture qui attaque mes narines, m'empêchant d'avancer plus. Les autres comprennent sans que je dise quelque chose, et mettent un masque à gaz. Nous entrons après cinq bonne minutes et fermons la porte derrière nous. Val fait un signe à Ludo de le suivre et tous les deux tournent à gauche. Nous les suivons du regard puis décidons d'un mouvement de tête de fouiller la salle de bain et la cuisine. Je m'attaque à la cuisine et allume ma lampe torche. La pièce est sombre, sales, la fenêtre est recouvert de carton et certains placards sont détruits ou abimés avec le temps. J'observe aux alentours, ouvres les placards et sort les boites de conserves. Une fois que j'a fini la fouille dans la cuisine et que j'ai sorti les couteux qui pourront nous être utiles. Je sors de la cuisine pour avancer vers le salon et commence à faire la même chose lorsque je constate une photo de famille brisé au sol. La photo est sorti du cadran et elle a jauni. Les cotés sont pliés mais il reste quand même intacte ce qui est étonnant. Je m'accroupis lentement, ramasse délicatement la photo avant de la rapprocher. Les enfants sont au centres de la photo, heureux et souriant tandis que les deux parents les entourent de leurs bras. L'arrière de la photo est un jardin assez connu, mais le nom m'échappe. Une larme s'échappe, ce que je m'empresse d'essuyer lorsque je sens une arme sur ma tempe.
C'est quoi ce bordel ?
Je n'ai rien entendu lorsque j'ai fermé la porte et que j'ai regardé autour de moi. Je n'ai même pas entendu les garçons m'appelaient. Ni Aurélie répliquait.
_ Retourne toi lentement ma jolie, ajoute une voix grave derrière moi.
Je souffle doucement, gardant la photo de famille dans ma main et me retrouve face à un homme d'une cinquantaine d'année. Ses habits sont plus usées que lui, il transpire beaucoup et semble essoufflé. Je fronce des sourcils, et continue de l'observer. L'arme est toujours sur ma tempe.
_ Qu'est-ce que tu fais seule ici ? Ce n'est pas une bonne idée tu sais..tu pourrais tomber sur des types..comme moi.
_ Je cherche de la nourriture, je réussis à dire doucement.
_ Tout cela m'appartient, dit-il froidement. Mais..je peux te faire une faveur..si tu restes.
Je grimace.
_ Je te donne toute cette nourriture à la condition que tu restes jouer avec moi.
Je ricane. C'est ça son deal ? Jouer avec lui ? Ce porc croit sincèrement que je vais rester avec lui pour des jeux sordides ? Dans ces rêves.
_ Je n'ai pas besoin de rester juste pour ce peu de nourriture, je peux trouver mieux ailleurs.
_ Le monde est différent maintenant tu le sais ?
_ Tu me prends une gamine ? Je n'en veux pas de tes conneries pour survivre, maintenant recule.
Il commence à perde son sourire et appuie un peu plus l'arme sur ma tempe. Il tremble légèrement mais ne bouge pas pour autant. Il se croit supérieur et profite du fait qu'il a quelque chose que je n'ai pas pour assouvir son pouvoir. Ce deal est complètement tordu et si ce n'était pas moi, ici, dans ce salon avec lui, quelqu'un d'autre aurait sûrement accepté juste pour de la nourriture mais après ?
_ Tu crois que tu vas t'en sortir dehors ? Hahaha !! Quel conne tu fais ! Dehors c'est le carnage assuré !! Tu ne tiendras pas une seule seconde !!
_ J'ai vécu beaucoup plus de chose que toi alors crois moi, je peux m'en sortir ! Je dis sèchement
_ La ferme !! Tes poignets !!
Ses tremblements deviennent plus intenses et je commence à comprendre qu'il consomme des substances. Je tente de reculer, mais le canapé m'en empêche et il appuie un peu plus le flingue au niveau de ma tempe.
_ Tu n'as pas d'échappatoire.
La tension est palpable dans la pièce. Je n'ose pas prononcer un mot, pour éviter une confrontation. Étant donné la situation, je devais lui obéir. C'était ma vie qui était en jeu. Après un moment de silence, je tends mes poignets vers lui et souffle de lui donner plus de pouvoir à mon encontre. Il sort un scotch grisâtre sous la table basse et commence à les entourer. Une fois que c'est fait et que c'est bien serré, il ricane et me pousse vers le canapé pour que puisse m'asseoir. Il s'assoit en face de moi, un sourire triomphant sur le visage et profite de cet instant pour m'observer davantage.
Le pervers n'est pas si grand que je le pensais. Il porte une veste noir qui est passé au gris au fil du temps et a deux t-shirt sous sa veste. Il ne fait pas si chaud que ça, cependant il a froid. Ses chaussures sont vieilles et abîmées, légèrement boueuses sur le côté, il sort de temps en temps mais évite de trop s'éloigner j'imagine. L'arme qu'il utilise pour me menacer depuis le début est un flingue assez vieux. Il lui reste sûrement quelques balles au vue du vieux modèle. Je l'ai rarement vue lorsque j'allais faire des recherches dans les armurerie ce qui signifie que j'ai une chance de m'en sortir vivante mais à quel prix ? Je ne connais pas exactement le nombre de bal qu'il a dans son chargeur ou sa poche et je ne peux pas faire de signe aux garçons aux risques de les mettre dans le même pétrin. Je suis seule.
Je ricane intérieurement
Ça ne change pas d'avant. Le temps où je faisais mes rondes seule pour surveiller les alentours et faire en sorte de me réapprovisionner n'est pas si loin tout compte fait. Mon planning de départ a été bouleversée, je le conçois mais j'ai eu des rencontres importantes et intéressantes et par dessus tout j'ai redonné l'espoir à ceux qui nous en avait donné auparavant. Je suis fière du parcours que j'ai eu mais je ne peux pas abandonner maintenant..c'est hors de question.
L'homme traine le flingue sur mon visage pour mieux profiter de la vue avant le placer entre ma poitrine ce qui me donne un haut le cœur. Je ne montre rien pour autant et ne lâche pas son regard. Je vois derrière lui du mouvement mais garde les yeux fixés sur le pervers. Il continue son manège et descend de plus en bas, ce que je ne voulais absolument pas et au moment où il allait s'approcher de cette zone, un coup a la tête le fait tomber sur le côté, lâchant au passage le flingue qui s'éloigne de quelques mètres. Je prends une bouffée d'air puis regarde immédiatement celui qui l'a frappé pour rencontrer le regard froid de Ludovic. Il respire lui aussi, dépose le flingue avant de quitter l'appartement pour aller sur le toit de l'immeuble prendre l'air.
Aurélie profite de cet instant pour une . vérification si je n'ai pas eu de blessure superficielle puis vérifié l'état de l'homme. Elle passe de moi à Valentin avant de souffler. Une flaque de sang apparaît sur la moquette, signe que le coup a été fatal et qu'il n'était pas allé de main morte.
Il m'avait sauvé la vie.
Je ne bouge pas du canapé depuis qu'on a déplacé le corps de cet homme. Ludovic n'est toujours pas revenu et c'est une dispute qui a éclaté dans la cuisine malgré la porte fermée. Je n'entends pas tout mais je suis certaine que c'est au sujet du coup que Ludo a porté à ce pervers. J'ai ma petite idée sur ce qu'en pense Val mais je ne veux m'avancer trop. Un dernier regard au paysage à ma droite, et je me force à quitter cette pièce et rejoindre Ludovic sur le toit.
Le temps s'assombrit et le vent se lève légèrement. J'ai gardé ma veste depuis le début mais j'ai changé le t-shirt. Je ne supportais pas de le garder. J'avais cette impression qu'il me touchait encore même si c'était avec l'aide d'une arme. La peur, la frustration et la colère s'enchaînent mais je ne le montre pas. D'autres émotions viendront et tous cela va éclater mais pour l'instant, je reste calme et rassuré d'être en vie. En fermant la porte derrière moi, je constate que Ludo est assis, la tête dans les jambes.
Il ne bouge pas, donnant l'impression qu'il dort sur place. J'avance tranquillement, profitant de la vue avant d'arriver près de lui et de m'asseoir à ses côtés. Il lève la tête, me regarde puis soupire avant de regarder en face de lui. Pas de mot, juste un silence. Il est étrange, je n'ai pas de mot pour le définir. Notre relation est bancale, sans fondement. Il n'y a pas énormément de confiance, pas d'explication sur ce que nous ressentons et encore moins sur le statut de notre relation. C'était presque un forcing sa présence mais je l'ai accepté. Et aujourd'hui..je suis là, a me demander ce que nous sommes. Alors que ce n'est absolument pas ça le plus important mais je veux avoir un début.. quelque chose.
_ Merci.. pour cet après-midi, je dis doucement.
Il hoche la tête.
_ Les autres se disputent.. Val n'a sûrement pas aimé ta conception de me sauver.
Il ricane. C'est déjà ça.
_ Le mec est mort..il n'avait aucune chance de survivre après ce coup, je dis doucement.
_ C'était lui ou toi..et entre nous tu connais la réponse.
_ Je ne te juge pas.. absolument pas..ce que je voulais ..c'est que ce cauchemar s'arrête aussi petit soit-il.
_ Je l'ai fait, rajoute-t-il.
Nous nous regardons, en accord avec nos propos. On voulait que ça s'arrête.
Il pose son front sur le mien et prend une bouffée d'air frais. Il carresse ma joue délicatement, les yeux fermés comme pour apprécier ce moment avant de me demander.
_ On est quoi nous ?
J'aurais répondu, des survivants si la situation n'était pas aussi sérieuse. Mais la réelle réponse c'est un couple.. peut-être..je ne sais pas. Ça serait ma première fois, et je ne savais pas du tout comment réagir. Je n'ai jamais vraiment cherché à me mettre en couple auparavant. Ce n'était pas un objectif important, j'avais déjà ce que je voulais pourquoi ça ?
_ On se cherche et on s'éloigne..on est chien et chat c'est.... frustrant mais attirant à la fois. Je ne veux pas ressentir ça si ce n'est pas la même chose de ton côté. Je ne veux pas continuer à flipper de te perdre si ce n'est pas réciproque. J'ai perdu ma mère..je ne veux pas te perdre.
Sa voix se brise sur la dernière phrase. La perte de sa mère n'est pas la même que la mienne. Sa signification est différente. Elle est morte soit en devenant l'un des leurs ou bien en étant tués par les chasseurs. Mais au fond de moi, je crois connaître la réponse.
Je recule et regarde l'horizon tout en lui répondant.
_ Ce que je ressens est fort..ça fait presque mal. J'ai jamais eu ça auparavant..je ne sais pas comment réagir..ni quoi dire..j'ai toujours été seule..mais je veux essayer..je veux ressentir la même chose..ensemble.
Je n'ai eu qu'une seconde pour tourner la tête et le regarder qu'il fonce sur mes lèvres avec une intensité incroyable.
Le baiser est puissant, exprimant ce que nous n'avons pas tout dit, la peur, l'angoisse, la volonté d'essayer et surtout, ce sentiment que nous n'avons toujours pas mis au tapis, l'amour.
Ce n'est qu'un début entre nous mais on s'attire. Tenir sa main m'a fait du bien, rire avec lui, m'a fait du bien, apprendre qu'il s'inquiète pour moi m'a aussi fait du bien.
Au bout d'un certain temps il recule à bout de souffle et sourit, un réel sourire apparaît sur ses lèvres. Je rigole doucement et secoue la tête face à son changement si soudain mais j'apprécie le voir ainsi. J'apprécie le fait que c'est moi qui le rend comme ça.
Il entremêle nos mains et dépose un baiser sur la paume de ma main avant de continuer à regarder devant lui.
C'est officiel, on est ensemble.
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