Les dénominations d'Aziz
Les deux gendarmes prirent leurs effets avant de sortir à pied de la brigade. Il se dirigèrent vers un petit café restaurant décoré à la marocaine. Chemin faisant Célestin garda le silence et Aishan restait aux aguets du plus petit propos.
Le Major poussa la porte du commerce et salua l'assistance. Cette dernière installée dans un environnement aux tons maghrébins rouges, blancs et or plus prononcés encore répondit. Aishan constata que d'autres gendarmes et des civils étaient déjà installés. Sur un téléviseur, non loin du bar, une chaine d'information en continue tournait en boucle.
Célestin s'installa au bar, Aishan l'y suivit. Le cafetier, un homme au teint hâlé, sec et mal rasé l'accueillit avec un immense sourire chargé de chaleur humaine. Vêtu d'une Djellaba blanc cassé, l'homme lui souhaita la bienvenu avec un fort accent d'Afrique du nord.
- Deux thés Aziz s'il te plaît.
- Pas de problème chef, fit ce dernier en allant chercher la théière.
Célestin attendit quelques instants que le téléviseur passe un sujet sur Carolina Marchal avant de demander au tenancier qui revenait avec des verres, de la menthe et le thé :
- Dis-moi Aziz, qu'est-ce que tu penses de cette affaire ?
Aishan, cru voir des sourires se former sur les visages des clients dans le petit bistrot.
- L'assassinat de cette pauvre fille ? Demanda-t-il avant de poursuivre avec une colère non feinte : Diwala, J'espère que vous allez l'attraper cet enfoiré de fils de chien. Ce salopard de fils de chèvre fini à la pisse. N'amenez pas ce porc fumé au fumier à un juge. Pendez plutôt ce ramassis d'ordures et de viscères d'arrière-boutique de boucher par les glaouis sur la place publique...
Sous la surprise de la violence des propos, Aishan avala de travers.
-... Halala, une si jolie fille, si jeune. Sa vie n'aurait pas dû finir maintenant. Trouvez et écartelez la chèvre galeuse sans cœur qui a fait ça. Celui-là n'a pas d'âme, ce n'est même pas un animal. Il mériterait la lapidation avec des gravillons et du verre pilé ! Tout va bien cheffe ? Demanda-t-il soudain inquiet et plus calme en entendant la brigadière tousser.
- Oui, répondit-elle en reprenant son souffle. Ne vous inquiétez pas.
Appelé ailleurs, Aziz les laissa seuls avec un 'je reviens tout de suite' rapidement prononcé.
- Voilà, tu sais maintenant quelles sont les 'Dénominations d'Aziz'. Et encore, tu as eu la version courte...
Aishan allait parler mais Célestin continua :
-... Ça n'a rien à voir avec une caricature ou du racisme. C'est plutôt de l'envie envers cet homme. En tant que Gendarmes, nous sommes tenus au devoir de réserve. On ne peut pas exprimer nos sentiments, nos convictions ou commenter les actions de telles ou telles personnes. Ce n'est pas à nous de décider si une personne doit être punie ou non, c'est le travail du juge. Nous constatons et réunissons les preuves sans prendre parti. C'est souvent dur, comme dans notre situation. Lui, il a le pouvoir d'exprimer ses opinions à notre place, mais nous n'en pensons pas moins. Alors il est devenu notre référence, à Nice pour exprimer notre colère entre nous, mais de manière discrète.
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