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+ Partie 3

DÈS que la calèche s'arrêta devant l'impressionnante maison de ville, la porte s'ouvrit pour que Gray puisse descendre. Une fois au sol, il se retourna et, en tant que bon gentleman, il tendit la paume de sa main vers Juvia qui timidement l'utilisa pour s'appuyer et rejoindre le sol à son tour.

Elle frissonna à son contact mais fit tout pour ne rien laisser paraître. Son simple toucher était devenu encore plus enivrant. Ou alors, elle était encore submergée par l'adrénaline et l'angoisse de tout à l'heure. Elle s'était faite du souci pour ce beau comte qui était encore à ses côtés pour la protéger de tout et n'importe quoi.

Pendant que le propriétaire des lieux payait le cocher pour les deux voyages en calèche, Juvia leva les yeux et ne fut pas étonnée de découvrir la demeure secondaire de Gray en face de Big Ben, la nouvelle horloge de Londres tout juste terminée.

Ce fut quand Gray resserra sa prise sur la main de la jeune femme qu'elle se rendit compte qu'elle ne l'avait pas lâché. Rougissant jusqu'aux oreilles, elle fut soulagée qu'il fasse assez noir autour d'eux pour que ce riche homme ne la voit pas. Gênée, Juvia s'apprêtait à dégager sa main au moment où Gray croisa ses doigts aux siens. Une nouvelle vague de chaleur, bien plus puissante que les autres, envahit la belle demoiselle.

Le souffle court, elle ne dit rien, effrayée de s'évanouir. Plus Juvia essayait de ne pas penser à leur contact, plus le froid de la main de Gray lui brûlait la paume. Comment était-ce possible ?

Sans rien ajouter, le jeune homme tira gentiment Juvia vers sa porte d'entrée. Leurs talons sur les pavés de l'allée étaient le seul bruit qui déchirait le calme des rues autour d'eux.

Une fois devant la porte, Gray frappa plusieurs coups puissants contre le bois. Essayait-il de prévenir quelqu'un qu'il était là ? D'ailleurs, où étaient Natsu et Lucy ?

Juvia avait prétendu qu'il n'y avait pas assez de place dans la première calèche pour laisser les deux amoureux profiter du premier voyage et pour qu'elle puisse attendre et voir si Gray allait bien.

Tout à coup, des aboiements de chiens furent entendus et au même moment, un des deux battants de la porte en bois grinça pour laisser apparaître une tête à lunettes pourtant un haut chapeau noir pointu sur ses cheveux châtains.

-Vous êtes enfin là monsieur ! Mademoiselle Heartfilia est vraiment secouée, vous savez.

-Où est Natsu ? demanda le comte.

-Avec mademoiselle Heartfilia, répondit la jeune femme en redressa ses lunettes.

-Dans ce cas, elle se remettra de ses émotions bien assez vite.

Ne faisant pas attention à la discussion, Juvia regarda la domestique, tout de noir vêtue, reculer tout en ouvrant un peu plus le passage pour que Gray et elle puissent s'engouffrer dans le hall d'entrée lumineux, éclairé par les bougies accrochées aux murs.

Clignant plusieurs fois des yeux pour rester accrochée à la réalité, Juvia se laissa emporter une nouvelle fois par la magie du moment. Dès qu'elle était avec Gray, elle trouvait tout magnifique. Était-ce par qu'il était riche et qu'il pouvait s'offrir tout ce qu'il voulait ? Ou était-ce juste la présence du jeune comte qui suffisait à donner vie aux choses qui l'entourait, elle comprise.

-J'aimerai que tu prépares des chambres, Evergreen.

-C'est déjà fait monsieur. Cependant je ne pensais pas que vous oseriez inviter quelqu'un autre que monsieur Dragneel et mademoiselle Heartifilia, dit-elle en regardant Juvia qui ne faisait toujours pas attention à eux. Va-t-elle partager votre couche ?

-Bien sûr que non ! glissa-t-il fermement à voix basse pour ne pas affoler la femme qu'il tenait toujours par la main.

-Dans ce cas, si vous n'avez plus besoin de moi, je vais de ce pas faire mon travail.

-Il y a bien quelque chose que tu pourrais faire pour moi avant tout..., commença Gray.

Soudain, jappant à tue-tête, cinq énormes molosses arrivèrent en courant vers leur maître. Impressionnée par cette brusque arrivée, Juvia lâcha la main de Gray et recula d'un pas pour se mettre à l'abri derrière lui. Ces chiens étaient si grands qu'elle était sûre qu'un coup de tête de leur part la ferait tomber sur les fesses.

Remarquant ce geste, le jeune homme lança un regard menaçant à la bande de canidés qui s'arrêtèrent brusquement avant de s'asseoir devant lui, remuant la queue et montrant leurs langues.

-Qu'est-ce que les chiens font à l'intérieur ?! grogna Gray. Bixrow !

-J'arrive ! J'arrive !

-Ne lui en voulez pas, monsieur, défendit la domestique tout en jouant avec le bout de son balai. Je laverai la maison de fond en comble demain si vous...

-Nous avons des invités Evergreen, coupa Gray sans la regarder. Les chiens doivent rester dehors, c'est la règle.

De nouveaux bruits de précipitations et des tremblements de terre attirèrent l'attention de Juvia et elle vit arriver vers eux trois immenses ombres. Si elle avait été frappée par la grandeur des chiens, elle le fut encore plus devant les hommes qui arrivèrent vers Gray. Jamais Juvia ne s'était sentie aussi petite.

-C'est mad'moiselle Heartifilia qui a d'mandé à avoir les chiens près d'elle tant qu'vous n'étiez pas d'retour, informa le premier homme aux cheveux bleus accompagnés de reflets noirs.

Vu qu'il était le seul à se justifier, Juvia en déduit qu'il était Bixrow. Il était habillé d'une large chemise blanche et d'un short brun. De grosses bottes de pluie cachaient ses pieds et un immense chapeau de paille était retenu par une corde. Ses impressionnants yeux verts brillaient à la lueur des bougies et sa façon de parler indiquait qu'il venait de la campagne Française.

Malgré l'accoutrement du deuxième domestique, Juvia n'eut aucun mal à voir son imposante carrure s'abaisser légèrement devant le regard mécontente de son maître.

-Vous savez comment sont les chiens lorsqu'ils ressentent l'angoisse de quelqu'un qui vous est très proche, monsieur, intervint un des deux autres hommes. C'est très difficile de les garder sous contrôle quand vous n'êtes pas là. De plus, nous avons répondu à toutes les exigences de mademoiselle comme vous nous l'avez ordonné.

Portant son regard bleu sur celui qui venait de parler, Juvia fût impressionnée par la longueur et l'aspect de ses cheveux verts qui contrastaient avec son costume noir. Ils masquaient tout une partie de son beau visage blafard aux traits fins et leur couleur faisait penser à la moisissure du fromage Roquefort ce qui cachait presque le faites qu'ils étaient brillants, signe que leur propriétaire prenait bien soin d'eux.

Devant la jeune femme, Gray se pinça l'arête du nez. Il ne pouvait pas en vouloir à ses domestiques, il savait que Lucy était impitoyable alors il imaginait déjà le pire.

-S'est-elle assez calmée pour qu'on puisse tous se coucher et finir enfin cette nuit ? demanda-t-il d'un ton las.

Un nouveau tremblement secoua les murs de la maison et Juvia découvrit que la source de tout cela était le dernier homme qui s'avança vers Gray, plongeant dans la lumière de la pièce.

-J'ai préparé le thé de mademoiselle et cela l'a détendu. Dois-je en préparer pour votre nouvelle invitée ?

Toujours légèrement cachée derrière Gray, Juvia observa celui qui venait de parler. Mais où avait-elle atterrie ?

Le blond portait une tenue de chef de cuisine alors qu'une énorme cicatrice lui traversait l'œil droit. Sa musculature était impressionnante mais ce qui étonna le plus la jeune femme fut sa taille. C'était un géant. Même Bixrow semblait faiblard à ses côtés.

En les regardant attentivement, Juvia se rendit compte qu'ils avaient tous une particularité bien à eux, les rendant différents des autres. Elle ne savait pas pourquoi, mais ils lui semblaient tous trop beaux, trop parfaits, trop puissants pour être humain. Était-ce possible ?

Soudain, elle remarqua que tout le monde la regardait dans un silence sourd, même les chiens avaient arrêté de gesticuler dans tous les sens.

-C... Comment ? bégaya-t-elle trouvant sa réaction très impolie.

-Nous voulions savoir comment vous vous sentez, répéta Gray avec un doux sourire.

-J... Je suis désolée..., fit-elle en baissant la tête. Tout va bien pour moi, je vous prie de ne pas vous faire de soucis pour moi mais plutôt pour mademoiselle Heartfilia.

-En tant qu'hôte, votre inconfort est ma faute. Excusez-moi, je ne vous ai même pas présentée. Vous devez être perdue, mademoiselle Juvia.

Elle sentit Gray glisser une nouvelle fois sa main dans la sienne ravivant des rougeurs sur ses joues mais malgré ce très léger contact, elle sentait très bien qu'elle n'appartenait pas à ce cadre si féerique. Même les domestiques respiraient la jeunesse et la beauté, sans parler de Gray qui n'avait jamais été aussi splendide.

-Voici mes quatre fidèles domestiques, commença Gray en les désignant à tour de rôle. Evergreen, Bixrow, Fried et Luxus. Ils répondront à tous vos besoins, quels qu'ils soient.

Comme pour confirmer les dires du maître de maison, les quatre domestiques sourirent à la jeune femme. Pourquoi n'essayaient-ils pas de refuser auprès de Gray ? Dans la hiérarchie de la société, Juvia était encore plus bas que les domestiques de maison et de jardin. Alors pourquoi feraient-ils le moindre geste pour elle, pour la prostituée qu'elle était ?

-Je... Je ne pense pas qu'ils devraient faire ça pour moi...

-Vous n'avez pas votre mot à dire, mademoiselle, coupa le comte d'un ton décidé. Ils travaillent pour moi et je souhaite que votre séjour ici se passe pour le mieux.

-Mon... Mon séjour... ?

Gray lui sourit mais n'ajouta rien de plus car Luxus avait déjà pris la direction de la cuisine avant même que l'ordre ne passe les lèvres de son maître.

-Mademoiselle Juvia, souhaitez-vous vous reposer le temps qu'Evergreen prépare votre chambre ? demanda le dénommé Fried.

Il tira de sa poche une petite montre reliée à son costume avant de se tourner vers Bixrow.

-Vu que monsieur est revenu, tu devrais aller coucher les chiens. Leur heure est déjà bien passée à cause de mademoiselle Heartifilia.

Le maître-chien sourit et secoua la tête avant d'appeler les cinq chiens par leur noms respectifs.

-Fifi, Fafa, Féfé, Fofo et Fufu c'est l'heure d'y aller.

Il salua Juvia de ses mots mâchés, lui assurant que la maison était bien gardée. Sans attendre les instructions du majordome, la seule domestique redressa ses lunettes avant de prendre la direction de l'étage pour préparer les appartements de Juvia.

Seulement en compagnie de Gray et de Fried, Juvia fut conduite vers une grande porte donnant sur le salon de la maison.

A chaque pas qu'il faisait, le jeune homme resserrait un peu plus son emprise sur la main de son invitée comme s'il avait peur qu'elle prenne ses jambes à son cou. Cependant, les présentations de ses domestiques s'étaient bien passées, elle ne s'était pas encore enfuit.

Devant lui, Fried ouvrit la porte et se décala pour les laisser passer.

-Gray !

Une tornade blonde sauta sur le comte étonné de voir son amie ici.

-Lucy ? Mais... Natsu ? Que faites-vous ici ?

-On était inquiet, avoua l'auteur.

-Comment va mon père ? Que s'est-il passé ? Est-ce que tout le monde va bien ? demanda-t-elle en attrapant la main libre de Juvia. Que va-t-il se passer maintenant ?

Gray envoya un regard mécontent à son majordome qui était tout aussi étonné que son maître. Apparemment, Lucy et Natsu s'étaient déplacés dans la maison sans accompagnateurs. Qui sait sur quoi ils seraient tombés s'ils avaient ouvert la mauvaise porte.

Tirant Juvia vers lui pour la faire asseoir dans un immense fauteuil à côté du sien, Gray proposa à Lucy et Natsu de s'asseoir près du feu. Tout de suite après, Luxus entra avec un plateau, proposant du thé chaud à la menthe et des biscuits.

Sans faire attention à lui, les trois nobles continuèrent leur discussion pendant que Juvia l'observait, bouche-bée. Comment un homme de sa corpulence pouvait faire des gestes aussi mesurés ? Comment arrivait-il à ne pas casser la porcelaine chinoise de ses immenses mains ? C'était sûrement le résultat de nombreuses années d'entraînement.

-Merci beaucoup, remercia-t-elle quand il lui tendit sa tasse avec un sourire.

Une fois tout le monde servit, il s'inclina et quitta la pièce, passant devant Fried qui notait quelque chose dans un petit carnet. Beaucoup plus silencieuse que Lucy, Juvia trempait ses biscuits dans sa tasse tout en écoutant les autres débattre de la suite des événements.

-Pour ta sécurité, Lucy, tant que l'agitation ne sera pas redescendue, tu resteras ici avec moi. Plus de fêtes, de visites d'amis ou de sortie sans mon autorisation.

-Ici ? Sans policiers ? Sans gardes ?

-J'ai confiance en mes domestiques. Ce sont les meilleurs qu'il soit.

Gray nota l'échange de regard silencieux entre les deux tourtereaux puis soupira.

-Etant donné que Natsu sait que tu es ici, il aura le droit de venir te rendre visite mais seulement en début d'après-midi.

Ils sourirent tout en remerciant leur hôte quand soudain, une quinte de toux attira leur attention sur la jeune femme recroquevillée dans son siège.

-Excusez-moi, j'ai avalé un morceau de mon biscuit de travers, mentit-elle.

Pendant que Natsu la charriait gentiment, Gray pinça ses lèvres. Il allait aussi devoir s'occuper de Juvia. Il jeta un coup d'œil vers Fried qui hocha la tête comprenant ce que le comte lui demandait silencieusement.

Le quatuor resta encore quelques minutes autour du feu tout en discutant pour oublier les événements passés puis quand Evergreen revient pour informer que tout était prêt, ils se levèrent à l'unisson, soulagés de pouvoir se coucher le cœur plus léger. Accompagnés de la domestique, Lucy et Natsu laissèrent Gray et Juvia au premier étage de la maison pour rejoindre leurs chambres respectives.

Dans les escaliers du deuxième étage, Juvia garda la tête en l'air pour ne perdre aucune miette de ce qui l'entourait. Elle savait qu'elle verrait la même chose le lendemain matin mais la curiosité était trop forte.

Elle s'arrêta même pour observer les différents tableaux accrochés au mur, laissant Gray et Fried prendre de l'avance. Il y en avait beaucoup de Gray seul, debout ou alors sur une chaise, entouré de papiers affichant un regard froid et impénétrable. Juvia préférait ceux où il était entouré de ses domestiques. Il ne souriait pas plus mais un semblant de joie illuminait son visage.

Satisfaite, elle reprit la montée des marches mais malheureusement ne regardant pas où elle allait, le bas de sa robe s'enroula autour de ses chevilles. Son pied glissa sur le tapis rouge et Juvia se sentit tomber vers l'arrière en accéléré. Elle fut tellement surprise qu'elle ne s'exclama même pas cependant, son corps s'était déjà tendu pour essayer de résister au choc.

Elle ne sortit de sa stupeur que lorsque son dos rencontra en une puissante collision un torse dure et froid comme la pierre. Les talons plantés dans le sol pour ne pas tomber en arrière, Gray enroula rapidement ses bras autour de Juvia pour la retenir de s'effondrer.

Maintenant que tout autour d'eux ne bougeait plus, Juvia se rendit compte de ce qui aurait pu se passer et de ce qui était en train de se passer en ce moment même. Rougissante, gênée et encore un peu tremblante, les mots eurent du mal à sortir.

-Je... Je suis désolée... Je suis désolée monsieur le comte.

-Là, là, c'était juste un accident. Je vous ai rattrapé c'est l'essentiel.

Il s'autorisa à caresser très faiblement ses longs cheveux bleus si soyeux pour la calmer. Il leva les yeux vers Fried et prit soudain conscience de la distance qu'il venait de parcourir. Son majordome le regardait d'ailleurs avec des yeux ronds.

Comment allait-il expliquer à la jeune femme qu'il l'avait entendu glisser silencieusement alors qu'il avait eu le dos tourné ? Et comment s'en sortirait-il quand elle lui demanderait comment il avait réussi à l'atteindre avant qu'elle ne tombe ?

Heureusement, Juvia était beaucoup trop chamboulée pour réfléchir à tout ça. D'ailleurs, sa proximité avec Gray n'arrangeait pas son état. Elle s'éloigna gentiment pour ne pas contrarier Gray avant de se tourner et d'offrir son plus beau sourire à son hôte.

"Un ange..." pensa-t-il

-Merci... Merci... Vous m'avez encore sauvé la vie, monsieur Fullbuster. Qu'est-ce que je ferai sans vous ?

A ses mots presque intimes, Gray ne put s'empêcher de piquer un fard. Il n'avait jamais été suffisamment proche de quelqu'un, pour qu'on lui adresse les paroles que venait de prononcer Juvia. Il sentait ses jambes trembler et son ventre se serrer (nouer ?) de joie.

"Seraient-ce ces sensations que les humains ressentaient quand ils étaient heureux ? C'est merveilleux"

Cependant, un raclement de gorge retentit et le comte leva les yeux vers Fried. La réalité rattrapa alors Gray qui se referma sur lui-même mais pas assez rapidement. Il savait que son homme de main était perspicace et qu'il avait vite compris que la jeune humaine était en train de s'incruster petit à petit dans leur vie cachée aux yeux de tous.

***

LA première personne qui avait découvert que Gray était un des démons de minuit était Natsu.

Le jeune écrivain s'était perdu près de la demeure du comte de Transylvanie. Tenant sa lampe à bout de bras et tremblant comme une feuille, il avait croisé la route des cinq chiens de Bixrow qui accompagnaient leur Alpha lors de la chasse nocturne des cinq démons.

Gray qui se tenait un peu plus loin derrière le groupe de canidés avait entendu le cri de détresse de Natsu puis les aboiements des chiens. Après s'être précipité vers la source du bruit, Gray était arrivé au pied de l'arbre dans lequel le jeune intrus s'était réfugié pensant qu'il serait en sécurité en hauteur.

Après avoir calmé et envoyé ses troupes un peu plus loin, Gray avait aidé Natsu à redescendre. Une fois sur terre, le jeune écrivain s'était excusé plusieurs fois avant d'expliquer son histoire.

En panne d'inspiration, il était venu trouver sa muse hors de Londres ou plutôt, loin de l'Angleterre. Il avait alors décidé de partir vers les Indes par la terre. L'aventure l'aiderait sûrement à écrire un incroyable livre qui lancerait sa carrière d'écrivain. Mais, son budget ne lui avait pas permis de payer un guide et ne connaissait rien aux cartes et aux directions, il avait tourné au mauvais croisement et s'était retrouvé sur un chemin très peu entretenu. Sa calèche était garée un peu plus loin et une de ses roues s'était brisée à sa rencontre avec un trou. Cherchant de l'aide, Natsu était rentré sans l'avoir remarqué sur le domaine du comte Fullbuster.

Pris de compassion pour ce petit humain, Gray l'avait aidé.

Il avait accueilli l'écrivain aux cheveux roses chez lui puis le lendemain, ses quatre domestiques avaient ramené la calèche chez lui pour mieux voir les dégâts. Pendant le temps de la réparation du moyen de transport du voyageur, Gray avait passé du temps avec Natsu et c'était surement grâce à lui que le comte développât un intérêt pour la race humaine.

Surtout après avoir été témoin du comportement de Natsu face à sa révélation.

Sans le vouloir, l'écrivain avait vu le comte se nourrir de sang et malgré une peur bleue et de très longues explications, Natsu avait accepté Gray tel qu'il était. Il avait même accepté de faire l'entremetteur lors de la rencontre des cinq démons et des humains. Pour cela, il avait écrit son livre en remplaçant le nom des personnages, créant le puissant vampire Dracula.

-Vous devriez venir me voir à Londres. Cette ville est pleine de ressources et en grand développement, dit-il à Gray le jour de son départ.

-Dans ce cas, on se verra là-bas mon ami.

Malheureusement, l'ambiance à Londres n'était pas pareille à sa petite vie tranquille dans sa demeure en Roumanie. Il y avait tellement de monde que c'était dur pour les nouveaux arrivant de se contrôler. Et un soir, Gray transforma quelqu'un d'autre en vampire pour la première fois.

Cela fut le début des problèmes. Plusieurs autres vampires apparurent et entreprirent de tuer des femmes en série. Chaque jour, la police se mettait à enquêter mais ils ne trouvèrent jamais rien.

De plus, le livre Dracula qui était censé introduire les vampires au nouveau monde n'intéressait personne soit parce que les Londoniens avaient peur soit parce qu'ils prenaient ça pour une blague.

Triste du tournant qu'avait pris son arrivée dans le monde humain, Gray repartit en Roumanie pour encore plusieurs années, le temps de se préparer comme il le fallait.

Malheureusement, les meurtres enregistrés comme étant ceux de Jack l'Éventreur furent la preuve qu'une entité maléfique vivait parmi les hommes. Gray eut alors vent, grâce à Natsu, qu'un détective connu sous le nom de Inbel Yura s'occupait de ces affaires afin de remonter à la source.

-Vous devez faire quelque chose monsieur. Vous ne pouvez plus donner votre dos à vos responsabilités. Ces vampires que vous avez créés portent votre marque et sont liés à vous, rappela Fried. Pourquoi nous avoir gardé, nous, et les avoir abandonnés, eux ?

-J'ai paniqué, craqua Gray.

-Vous ne pouvez plus faire ça, monsieur. Vous avez eu assez de temps pour réfléchir, maintenant, il faut agir.

Ce jour-là, Gray revint à Londres et prit une place importante dans la Police afin de garder ce détective à l'œil. Non pas pour l'empêcher de découvrir sa nature mais plutôt pour éviter qu'il ne tue ces pauvres vampires qui n'avaient rien demandé. Tout ce que le comte Fullbuster voulait, c'était l'entente entre les démons qu'il avait protégée et les humains.

Gray voulait faire comprendre aux Londoniens puis au reste du monde que les démons n'étaient pas une menace mais un bénéfice pour l'évolution humaine.

Or, rien ne se passa encore comme prévu et le comte écarta cette idée quand un groupe de Protestants radicaux s'attaquèrent aux vampires innocents, pour les éradiquer pour de bon. Ce qui arriva puisque l'un de leur groupe tua le dernier vampire que Gray avait transformé, Dan Straight.

Voilà pourquoi il se tenait ce soir devant la cellule de Loki, le domestique des Heartifilia, tout juste éclairé par la lampe sur la table derrière Gray. Gajeel lui faisait maintenant assez confiance pour le laisser interroger les captifs seul.

Assis sur une chaise, les jambes croisés et son chapeau sur la cuisse, il attendait patiemment que le détenu se calme pour lui poser des questions.

Maintenant qu'il était redevenu le seul vampire sur terre, il avait un nouvel objectif : protéger Juvia. Il savait très bien qu'il lui restait peu de temps à vivre à cause de la tuberculose mais s'ils échangeaient leur sang, il serait capable de la transformer et donc de lui éviter la mort. Il avait longtemps hésité à la faire devenir comme lui mais cette jeune femme pure ne méritait pas cette fin tragique alors pour qu'elle puisse vivre la vie qu'elle méritait, il devait aussi la protéger des tueurs de vampire et donc découvrir qui était leur leader, même s'il en avait déjà une petite idée.

Il soupira en entendant les cris du prisonnier.

-Je n'ai rien à vous dire ! hurlait le roux. Je ne veux pas vous voir ! Je vous avais dit que j'étais innocent ! Mais vous avez monté ce coup contre moi !

-S'il te plaît, personne ne nous regarde alors arrête de jouer ton rôle et assume ton acte, assura Gray le regard fermé.

-Sinon quoi ? Vous allez me tuer ?! Boire mon sang ?!

-Non, je peux faire pire. Je peux t'arracher les ongles de tes doigts un par un, ensuite je m'occuperai de tes pieds avant de te couper les mains. Je pourrai aussi te laisser marcher pieds nus et vu l'état des rues de la ville, tu finirais surement à attraper quelque chose de mortel.

-J'en rien à faire ! Torturez-moi autant de fois que vous voulez je ne dirais rien !

-Comme tu voudras. Au moins, j'aurai essayé la manière civilisée avant tout.

Les yeux de Loki s'écarquillèrent mais il était déjà trop tard. En un battement de cil, Gray s'était levé, avait ouvert la grille avec la clé et avait plaqué l'ancien domestique contre le mur. Avec effroi, il regarda le comte se transformer en vrai monstre sous ses yeux larmoyants.

Sans hésiter, Gray mordit la peau de son cou, lui arrachant quelques gouttes de sang qu'il lécha avec gourmandise. La dernière fois qu'il avait goûté au sang humain était après avoir ramené Juvia chez elle. Il était si énervé après Bora qu'il était retourné sur ses pas, brisant sa règle de ne jamais boire de sang en ville.

Malgré la douleur de la morsure, l'homme essaya de se dégager de l'emprise de Gray. Grognant, les yeux rouges du vampire s'assombrirent.

"Ne bouge pas."

Tel un pantin, Loki stoppa tout mouvement, facilitant les gorgées du démon. Après s'être assuré d'avoir assez de son sang dans son système pour que leur lien psychique ne puisse pas s'interrompre pendant l'interrogation, Gray le relâcha sans qu'aucune goutte de sang ne glisse sur son menton. Il lécha ses lèvres et retourna s'asseoir sur sa chaise, soupirant bruyamment, les papilles frémissantes.

"Je t'en prie Loki, prends place."

Obéissant, l'homme s'assit, les yeux dans le vide, toute peur ayant disparu de son visage. Croisant les doigts devant son visage, un sourire en coin apparut sur les lèvres du comte.

-J'ai bien vu ton petit jeu. Tu voulais me faire sortir de mes retranchements pour m'exposer au grand jour mais comme j'ai dit, personne ne nous regarde tu es donc la souris et je suis le chat. Maintenant que je t'ai bu de ton sang, tes pensées et actions sont miennes. Donc, reprenons. Qui t'as demandé de tuer Dan Straight ?

-Les Spriggan, répondit docilement le roux reprenant peu à peu une allure humaine.

-Qui sont-ils ?

-Un groupe de Protestants qui rappelle que Dieu a banni l'armée de Satan.

Les doutes de Gray étaient donc confirmés.

-L'armée de Satan ? reprit-il.

-Tous les êtres indésirés qui osent fouler la terre de Dieu.

-Sois plus précis.

-Tous les vampires sans oubliés l'Originel, les sorcières, les Géants d'origine grecque mais aussi Frankenstein et la bête du Gévaudan.

Pris de surprise, Gray écarquilla les yeux. Il ne s'était pas attendu à ce que les hommes soient au courant des autres démons. Cela ne disait rien qui vaille. Ses protégés étaient eux aussi en danger. Mais il devait penser à ça plus tard. Pour l'instant tout le monde allait bien dans sa maison secondaire.

-Que faites-vous quand vous en rencontrez un ?

-On le purifie bien sûr. Tout le monde a droit au pardon divin, répondit Loki comme si c'était une évidence. Nous les délivrons du Mal sans torture.

Malheureusement, ce n'était pas le cas. Leur méthode était douloureuse pour ceux comme Gray. Chacun ayant son point faible qu'il devait éviter à tout prix afin de ne pas mourir dans d'affreuses souffrance. Le comte frissonna à cette pensée.

-Qui est le dirigeant de ton groupe ?

La réponse ne vint pas tout de suite. Gray fronça les sourcils. Pourquoi Loki luttait ? C'était inutile, il était trop faible par rapport à ses pouvoirs de vampires. Depuis que qu'il avait bu son sang, il était à sa merci.

"Qui est le dirigeant ?" répéta-t-il de manière plus menaçante.

-Monsieur... le détective Inbel Yura, lâcha Loki à bout de souffle.

Gray serra les dents. Il avait eu raison de ne jamais faire confiance à cet homme trop sûr de lui. Pour une fois, il aurait aimé s'être trompé car cet homme avait beaucoup trop de connexions pour être pris à la légère. Il allait devoir se pencher sur son cas avec Fried ce soir.

-Est-il au courant pour moi ?

-Il a ses doutes, répondit difficilement Loki.

Les deux hommes avaient chacun eu leurs suspicions. Gray ne pouvait pas sous-estimer cet homme, ce Inbel Yura.

-Comment va-t-il confirmer ses déductions ?

-Une attaque sera lancée dans toute la ville de Londres. Chaque recoin, chaque maison, chaque rue, chaque bordel seront inspectés avec l'accord de la Police et de la Reine.

-Quand ? s'empressa de demander le compte.

-Le 31 octobre, le jour de la création de notre religion. Celle qui nous illumine la voie vers Dieu.

En octobre ? Cela laissait beaucoup de temps pour se préparer à une contre-attaque ou peut-être juste une riposte. Ça aussi, il allait devoir en discuter avec les autres.

Il n'avait pas le choix, la survie de Luxus, Evergreen, Bixrow, Fried et surtout Juvia en dépendait.

***

"March 27th 1891 : Meurtre chez les Heartfilia - Après l'agression de monsieur Bora de Prominens voilà maintenant qu'un incident se produit chez monsieur Jude Heartfilia qui organisait une fête pour l'anniversaire de sa fille, Lucy Heartfilia."

"April 9th 1891 : Suite aux différentes affaires que la Police et monsieur Gray Fullbuster, ami de la Reine, rencontrent, le détective privé Inbel Yura prend la charge du dossier touchant les personnes importantes à protéger."

"May 28th 1891 : Après un communiqué de Inbel Yura, un premier suspect a été amené au poste de Police pour un interrogatoire qui se dit musclé par les forces de Police. La rumeur voudrait que monsieur le comte de Transylvanie, Gray Fullbuster, soit présent."

"June 19th 1891 : Le suspect a été relâché après vérification de son mobile plus que solide. La tension dans la pièce pendant l'interrogatoire entre monsieur Yura et monsieur Fullbuster était intense mais personne ne pouvait ne pas être d'accord avec leurs arguments."

Le titre du journal du matin posé sur la table basse au loin faisait de l'œil à Juvia qui essayait tant bien que mal de manger sans se tacher.

Cela faisait déjà plusieurs mois que Lucy et elle vivaient dans la maison secondaire de Gray Fullbuster, ayant de temps en temps la visite de Natsu qui leur racontait les ragots qui courraient les rues.

Comme prévu, la blonde avait été en sécurité à l'intérieur des murs pendant que Juvia suivait un traitement pour sa toux qui n'avait heureusement pas évolué. Vu son état, elle avait accompagné Gray au bordel afin de voir madame Polyussica.

<< Honteuse, Juvia invita le jeune comte à pénétrer le bâtiment sous les yeux éberlués de ses copines et des autres prostituées. Même la patronne n'en était pas indifférente. Mais comment ne pas être fascinée par la beauté presque surnaturelle de Gray ? Malgré cela, Juvia sentit son cœur se serrer de jalousie.

-Juvia ! s'exclama Erza en la serrant dans ses bras pendant que Gray s'entretenait avec la plus âgée. Tu es enfin là !

-E... Erza, murmura-t-elle en serrant son amie disparaissant presque dans son décolletée. Kanna.

La brune se joint au câlin de ses deux meilleures amies tout en caressant les boucles bleues de son amie.

-Alors c'est lui ton promis, souffla-t-elle. J'espère qu'il t'a bien courtisé.

-K... Kanna... Il n'est pas mon promis, s'étrangla Juvia.

-Vraiment pourtant il n'arrête pas de te manger des yeux.

-C'est vrai ? demanda Erza.

-Ne... Ne regarde pas... protesta Juvia les joues et les oreilles en feu tout en retenant son amie. C'est juste lui qui va s'occuper de moi le temps que j'aille mieux... enfin non, c'est pas lui qui va s'occuper de moi... ce sont plutôt les médecins... monsieur Fullbuster ne fait que les payer...

-Tu es malade ? releva Kanna en brisant leur câlin.

-Rien de grave mais je ne vais pas revenir avant un petit moment alors monsieur Fullbuster vient proposer à madame Polyussica une somme d'argent pour compenser mon absence ici.

La brune et la rousse se regardèrent avant de poser leurs yeux sur leur amie.

-Il fait tout ça pour toi ? Tu es sûre qu'il n'est pas intéressé ? demanda Erza. >>

Juvia mentirait en disant qu'elle n'avait pas repensé à la conversation qu'elle avait eu avec ses amies. Heureusement, malgré leur manque de temps pour venir voir la jeune femme, les trois amies s'écrivaient souvent et Erza et Kanna la poussait toujours à être plus sûre d'elle-même en présence du comte.

Mais ce dernier était très rarement libre dû à ses occupations. Voilà pourquoi, sous les directives de Gray, les quatre domestiques prirent bien soin de leurs invitées.

D'ailleurs, lorsque Lucy voyait Natsu, Juvia adorait passer ses après-midis avec les fidèles du Fullbuster. En premier, la jeune femme aux cheveux bleus aidait Bixrow à s'occuper des chiens. Au début, en plus de son horrible odeur de chien mouillé, elle avait eu du mal à comprendre le maître-chien parler avec son accent de campagnard français mais au fur et à mesure, à force de faire des efforts, elle avait assimilé les mots qu'il utilisait. Grâce à ça, elle avait aussi appris à le connaître.

Né au nord du Gévaudan, Bixrow était un fils de fermiers français qui avaient péri lors de l'attaque d'une bête sauvage et sanguinaire qui rodait dans les environs de leur village. Pour survivre, le petit garçon aux yeux vert brillant bien plus que la normal avait dû travailler jusqu'à pas d'heure dans les champs ce qui le priva de l'apprentissage de l'écriture et de la lecture. Mais tout cela, c'était avant de rencontrer le comte Gray Fullbuster. Ce dernier avait entendu les rumeurs qui courraient et il était venu voir de ses propres yeux cet animal indomptable.

-A-t-il pu le voir ? demanda Juvia les yeux brillants.

-Bien sûr ! s'exclama Bixrow dévoilant ses canines pointues. M'sieur Gray réussit tous c'qu'il décide d'faire.

Juvia avait bien vu le respect immense que le jeune homme vouait à son maître. Après tout, il l'avait sauvé de la misère en l'amenant avec lui un soir de pleine lune.

Après s'être amusée avec le groupe de canidé, Juvia partait à la recherche d'Evergreen.

Toujours accompagnée de son plumeau, la domestique s'amusait à nettoyer la maison secondaire de fond en comble malheureusement, elle était très maladroite à cause de tous ses tiques. Elle redressait toujours ses lunettes ou réajustait son chapeau noir et pointu alors qu'elle avait les mains pleines. En général, tout se cassait sur son passage. Sauf depuis que Juvia l'aidait dans ses tâches. Cela devient leur secret à toutes les deux même si depuis que l'invitée de Gray suivait la brunette, beaucoup moins de bruit de porcelaine brisée se faisait entendre. De plus, pendant leur ronde, les deux filles discutaient de tout et de rien, devenant amies.

Née en Angleterre, Evergreen descendait d'une famille très montrée du doigt car les habitants de son village pensaient que toutes les femmes étaient des sorcières. Entre tortures et bûchers qui lui arrachèrent sa mère et ses tantes, la petite fille aux cheveux bruns réussit à avoir une éducation à peu près convenable avant de tomber amoureuse d'un héritier bourgeois. A cause de ça, elle fut menacée de mort et décida de s'enfuir, ayant toujours rêvée de visiter Londres. Ce fut donc dans les rues sombre de la capitale qu'elle rencontra Gray Fullbuster qui l'accueillit sous son toit.

Après s'être dégourdie les jambes avec Evergreen, Juvia suivait Luxus qui revenait à la cuisine après avoir apporté le thé et les biscuits aux amoureux dans le salon. Elle était toujours autant fascinée de voir cet homme de deux mètres bouger avec aisance entre les meubles de la cuisine sophistiqué de la maison pour préparer le dîner. Les premiers jours, elle l'observait cachée derrière la porte en bois, apeurée par son physique mais un jour, il l'avait appâté jusqu'à lui avec une part de gâteau au chocolat. Depuis, elle s'asseyait sur une chaise, loin du feu, pour être au centre et bien voir les pôles, la pâte ou la farine voler dans le ciel pendant qu'elle discutait avec le balafré.

Né en Grèce d'où ses cheveux blonds comme le soleil et sa peau bien bronzée, Luxus avait toujours su qu'il deviendrait un jour cuisiné pour créer ses propres recettes mais vu sa carrure, ses parents l'avaient forcé à devenir sportif de haut niveau. Pour leur faire plaisir, il s'était donné à fond mais rien de fonctionnait car le cœur n'y était pas. Alors sans que personne ne soit au courant, il avait ouvert un petit restaurant au coin d'une rue sombre qui ne marchait pas du tout car les gens étaient trop apeurés pour s'approcher. Tous sauf un qui Gray Fullbuster. Après avoir goûté à sa cuisine, ce dernier le couvrit d'éloges puis l'embaucha.

Après avoir bien grignoté avec Luxus, Juvia montait au premier étage, passait devant le bureau de Gray qui était fermé à double tours et rejoignait celui de Fried.

Le majordome en chef préparait déjà l'emploi du temps des domestiques pour le lendemain. La toute première fois que Juvia était venue dans cette partie de la maison, elle cherchait Gray. Mais au lieu de voir le maître des lieux, elle était tombée sur cet homme toujours impeccablement bien habillé. Dès le début, il était méfiant envers elle mais Juvia ne lui en voulait pas. Elle était une charge en plus pour tout le monde surtout avec sa condition. A cause de sa toux, une liste de médecins venait la voir mais aucun d'eux n'avait l'air de vraiment savoir ce qu'il disait.

Puis un jour, il lui avait fait subir un interrogatoire des plus poussés sur ses raisons d'être ici et sur sa relation avec Gray. Bien entendu, la jeune femme avait failli s'évanouir quand elle entendit la question mais elle reprit contenance et répondit en lui disant la vérité, elle n'était pas là pour l'argent. Cela dut le satisfaire car depuis ce jour, il fut beaucoup moins froid et distant avec elle, l'autorisant à venir discuter avec elle. Fried était tellement cultivé que Juvia en apprenait tous les jours avec lui, lui donnant l'impression de se coucher moins bête.

Malheureusement son intelligence ne pouvait lui rendre sa mémoire perdue. Personne n'avait connaissance du passé de cet homme aux cheveux verts. La dernière chose dont il se rappelait était qu'un monstre avait attaqué lui et son père un soir d'orage en Suisse. Les autorités avaient essayé de le faire parler mais se prenant mal, le jeune garçon tout juste traumatisé s'était renfermé sur lui-même avant de voir Gray Fullbuster parmi les enquêteurs. Dès qu'il avait posés ses yeux sur lui, Fried l'avait trouvé gracieux et n'avait jamais douté qu'il était un homme de haut rang. Ce fut donc à ce jeune comte qu'il raconta ce dont il avait encore le souvenir.

Dès que les deux avaient fini avec la paperasse, ils redescendaient pour que Juvia puisse dîner en compagnie de Lucy et de Natsu si ce dernier avait le temps.

Tout ce programme donnait à la jeune femme aux cheveux bleus l'impression de regarder quelqu'un d'autre dans le miroir quand elle se levait le matin. Était-ce bien elle qui vivait ici ? Elle, qui dormait dans un lit si grand qu'elle pourrait dormir avec Kanna et Erza ? Elle, qui mangeait si bien qu'elle avait peur de prendre du poids ? Elle, qui portait des vêtements si beaux qu'elle n'osait même pas bouger de peur de les abîmer ?

"Heureusement que Lucy est avec moi." pensa-t-elle tout en portant son verre d'eau à ses lèvres.

La blonde s'était bien amusée à transformer Juvia en poupée et lui avait appris toutes les bases de la vie en haute société. Les deux nouvelles amies s'amusaient toujours bien ensemble.

-Quand est-ce que je vais pouvoir sortir, Gray ? demanda Lucy en posant son couteau et sa fourchette de chaque côté de son assiette. Je n'en peux plus d'attendre. Ça fait des mois maintenant que...

-J'attends que monsieur Yura nous donne son accord, coupa-t-il.

C'était une des rares soirée où Gray était présent avec elles et Lucy avait une tonne de questions. D'ailleurs, elle les lui posa sans prendre deux secondes pour respirer entre chaque interrogation. Avec contenance, Gray lui répondait de sa voix grave tout en savourant sa maigre portion de repas que Luxus avait préparé.

Dans son coin, Juvia n'osait rien dire. Elle aussi aurait aimé savoir quand elle serait en meilleur forme, pour ainsi pouvoir de sortir. Ses amies lui manquaient, le bordel lui manquait presque. Mais comment pouvait-elle se plaindre alors qu'elle vivait les meilleurs mois de toute sa vie ?

L'interrogatoire de Lucy continua jusqu'au dessert et se finit au moment du thé.

-Et qu'est-ce que mon père a à dire sur la situation ?

-Jude me fait confiance. Il sait qu'il ne t'arrivera rien ici.

Juvia continuait de les observer. Elle commençait à connaître Gray et à l'expression qu'il affichait, elle sentait qu'il cachait quelque chose. Avait-il une idée derrière la tête ? Leur disait-il toute la vérité ?

Elle aurait bien voulu savoir pourquoi il agissait comme ça, pourquoi il voulait alourdir ses épaules d'un secret. Cependant, elle pensait que cela serait déplacée si elle aussi, comme Lucy, commençait à lui poser des questions.

-A quoi pensez-vous mademoiselle Juvia ?

La question de Gray la sortit de ses pensées et elle se rendit compte qu'ils n'étaient à présent que tous les deux auprès du feu, le thé dans la théière avait refroidi.

-Je... A rien..., dit-elle en calant une mèche de cheveux derrière son oreille.

-Pourquoi me mentez-vous ? dit Gray d'un ton léger.

Juvia l'observa. Les jambes croisées en train de touiller son thé dans sa tasse, il semblait détendu, ouvert à la conversation.

-Je m'inquiétais pour votre santé, murmura-t-elle en jouant avec le bout de son nœud bleu attaché à sa robe.

-Ma santé ? répéta Gray étonné.

-Depuis que je suis là, je ne vous vois pas beaucoup. Dormez-vous assez ? Mangez-vous assez ? Je sais que les affaires de Police vous inquiètent mais n'oubliez pas que vous êtes juste une aide extérieure. Pensez à votre corps et votre psychologie, monsieur Fullbuster.

Le jeune comte observa son invité qui venait de parler avec son cœur. La vérité et l'inquiétude étaient peintes sur son visage pendant que ses yeux bleus innocents papillonnaient devant lui. Éclairée par la lumière du feu de bois, elle était vraiment magnifique.

-Votre sollicitude me touche beaucoup, mademoiselle Juvia mais ne vous inquiétez pas pour moi, sourit-il timidement. Je suis assez résistant.

Une nouvelle vague de chaleur monta sur les joues de Juvia qui se détourna légèrement.

-Dans ce cas..., chuchota-t-elle.

Gray était encore surpris de l'attitude de la jeune femme et pourtant, il l'avait beaucoup observé quand il le pouvait. Il n'avait plus l'habitude que quelqu'un se soucis de lui depuis qu'il n'était plus humain. Lui qui prenait la vie des autres sans rien demander pour qu'il puisse rester jeune et fonctionnel comme un engin.

<< -Vous devez lui dire qui vous êtes monsieur, rappela Fried. Sinon l'échange de sang ne sera pas correct. Elle prendra votre sang contre son gré et je sais bien que ce n'est pas ça que vous voulez car cela voudra dire devenir le monstre que tout le monde pense que vous êtes, vous le premier. >>

Il voulait la soigner avec son consentement mais il avait peur de voir le regard de Juvia changer à son égard. Elle sera sûrement apeurée et il perdrait à tout jamais sa sincérité qu'elle venait de lui témoigner une nouvelle fois en cet instant.

Gray se mordit la lèvre, prenant son élan.

-Mademoiselle Juvia, vous savez je suis... Comment dire... ?

-Je suis désolée ! s'exclama-t-elle en se levant pour s'incliner. Je ne voulais surtout pas être désagréable. Vous êtes riches, vous avez le droit de faire ce que vous voulez.

Voyant qu'elle avait mal interprété ses mots, Gray posa sa tasse et se mit rapidement sur ses pieds. Juvia se redressa légèrement pour le voir plonger sa main gantée dans sa poche.

-Redressez-vous mademoiselle, demanda-t-il en sortant une petite pièce de son pantalon.

Maintenant droite, la jeune femme glissa curieusement ses yeux bleus sur son visage et découvrit un vrai sourire, dévoilant ses longues canines.

-Que faites-vous ? demanda-t-elle.

-Faites-moi confiance et regardez.

Concentrée sur ses doigts, Juvia fronça les sourcils et fixa la pièce de sou dans la main droite de Gray. Soudain, après plusieurs jeux de doigts, la pièce passa comme par magie dans sa main gauche. Elle écarquilla les yeux.

-Comment avez-vous fait ça ?

-Voulez-vous que je vous le dise ?

-Non. Refaites-le s'il vous plait.

Gray s'exécuta mais Juvia lui demanda de recommencer. Elle voulait vraiment trouver la solution par elle-même, mais le jeune homme bougeait ses doigts tellement rapidement qu'elle n'arrivait pas à suivre.

-Alors ? demanda-t-il d'un ton rieur.

-Encore... s'il vous plaît.

-Vous devriez changer de perspective.

Juvia ne comprit pas ce qu'il entendait par là alors Gray lui fit signe de se retourner. Lui donnant à présent dos, elle ne voyait toujours pas comment elle pouvait voir son tour vu que ses yeux bleus étaient posés sur le feu de la cheminée.

Soudain, de puissants bras l'entourèrent et un corps maintenant familier dur comme de la pierre se colla à son dos. Un menton se posa sur le sommet de sa tête alors que le manque de chaleur corporelle la fit frissonner. Cependant, son sang bouillait littéralement dans ses veines, colorant ses joues et lui donnant des vertiges qu'elle voulut apaiser en posant sa tête contre son épaule. Elle mordit sa lèvre pour que la douleur calme son cœur mais rien ne fonctionna pas même le mouvement de doigts de Gray qui avait recommencé à jouer avec la pièce.

-Avez-vous compris maintenant ?

Trop figée pour bouger, elle essaya de calmer sa respiration avant de lui demander de recommencer. Elle avait oublié l'objectif de cette position, tout ce qu'elle voulait à présent, c'était de se laisser fondre contre ce corps si différent de celui d'un humain.

-Recommencez s'il vous plaît, murmura-t-elle pour la énième fois.

-Je vais commencer à croire que vous le faites exprès.

Au ton de sa voix, Juvia était sûre qu'il était en train de sourire en ce moment même. Rien ne pouvait la rendre plus heureuse. Secrètement, elle espérait être la seule à qui il réservait ce traitement si attentionné. Elle repensa aux encouragements de ses amies.

-Est-ce que cela vous dérange que je le fasse exprès ? s'entendit-elle dire.

A peine eut-elle dit ses mots, que Gray se raidit, prenant soudain compte de leur proximité. Si son cœur avait pu battre, il aurait tambouriné avec force contre sa cage thoracique.

A sa réaction négative, Juvia regretta tout de suite ce qu'elle venait de dire. S'arrachant à ses bras, elle se retourna, les joues à présent rouges de honte.

-Je suis désolée. Je ne voulais pas dire ça comme ça. Je...

Elle s'arrêta quand l'atmosphère de la pièce se refroidit, la faisant frissonner d'inconfort. Elle n'arrivait pas à lire l'expression qu'affichait le visage de Gray mais à aucun moment la peur ne vint même quand elle sentit l'aura sombre qui se dégageait de lui.

"Dis-lui bonne nuit, Juvia et vas-t-en, tu ne fais que dire des bêtises ce soir."

-Je...

-Je dois vous dire quelque chose, coupa Gray en apparaissant devant elle sans prévenir.

Pour la dernière fois, il lui prit les mains entre les siennes gantées mais à l'air grave qu'il affichait, Juvia sentit l'angoisse la gagner. Inquiète, son cœur battait tellement fort dans ses oreilles qu'elle avait peur de ne pas pouvoir entendre ce qu'il comptait lui confesser.

Elle vit ses lèvres bouger mais impossible pour elle de percevoir le doux son de sa voix grave.

-Pardon ? fit-elle pour lui demander de répéter.

Gray ne comprenait pas sa réaction. Pourquoi n'avait-il pas de peur dans ses yeux, dans sa voix, dans son être. Son odeur n'avait pas changé et certes, depuis tout à l'heure les battements de son cœur étaient plus rapides mais ils ne s'étaient pas arrêtés ou affolés lorsqu'il avait enfin avoué la triste vérité sur sa nature.

"Pourquoi n'était-elle pas terrifiée ? Pourquoi me regarde-t-elle encore avec ses yeux innocents qui me serrent l'estomac ?"

Soudain, la porte du salon s'ouvrit sur Evergreen qui tenait dans sa main une boule en cristal. Surpris, ils s'éloignèrent et tournèrent la tête vers l'intruse. Gray avait les sourcils relevés de surprise alors que Juvia ne s'arrêtait plus de rougir.

-Monsieur, c'est affreux... souffla la domestique au chapeau pointu comme si elle venait de courir pour sauver sa peau.

Comprenant que la situation n'était pas normale, Gray se tourna complètement vers elle, en position de défense devant la petite femme aux cheveux bleus.

-Que se passe-t-il Evergreen ?

-Les Spriggan, monsieur... Ils sont devant la porte d'entrée, prêts à attaquer.

***

Dédicace à Bixrow, Evergreen, Fried et Luxus les oubliés de Fairy Tail

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